Accueil
Candide
Jeux
Architecture
Esthetiques
Facteurs
Avant18
Bergantzel
Callinet
Dubois
Herbute
Moeller
Rinckenbach
Silbermann
Stiehr
Waltrin
Repertoire
Bas-Rhin
  Drulingen
Haut-Rhin
Credits
An2000
An2001
Photo
~ Les orgues de la région de Drulingen ~

Berg, Eglise protestante
George WEGMANN, 1845


Avant... WEGMANN Après...

Composition, 1986
Positif de Dos
54 notes
Grand-orgue
54 notes
Pédale
30 notes
Bourdon 8' Bourdon 16' Soubasse 16'
Montre 4' Montre 8' Flûte 8'
Nasard 2'2/3 Bourdon 8' Prestant 4'
Doublette 2' Salicional 8' Bombarde 16'
Tierce 1'3/5 Prestant 4' Trompette 8'
Fourniture 3 rgs (1'1/3) Flûte conique 4' I/P
Cromorne 8' Quinte 2'2/3 (B+D) II/P
  Doublette 2'  
  Cornet 5 rgs  
  Fourniture 3 rgs (1'1/3)  
  Trompette 8' (B+D)  
  I/II  

     L'orgue de l'église protestante de Berg a été construit en 1845 par George WEGMANN. C'est, avec Fegersheim, l'un des rares orgues qu'il nous reste de ce facteur strasbourgeois qui a sûrement été fort sévèrement jugé, même si on ne sait finalement de lui que peu de choses.

Orgue de l'église protestante de Berg

Berg, l'orgue Wegmann.
Photo Creative Commons, de Ralph Hammann, 2012.

     Il convient d'abord de s'attarder sur l'édifice, qui, avec sa grande façade blanche à cinq fenêtres, ses chaînages de grès apparents et son porche surmonté d'un tympan rectangulaire, ne ressemble pas beaucoup à une église. La première église de Berg, celle du Kirchberg, dédiée à St-Martin, était l'une des plus anciennes d'Alsace. Elle fut plus tard consacrée à St-Jean Baptiste, et Classée en 1904 et 1930. Malheureusement, elle fut presque entièrement détruite pendant la Seconde Guerre mondiale. Restaurée depuis, l'église du pèlerinage semble ne jamais avoir été dotée d'un orgue.

L'église protestante date de 1771. Elle a été dessinée par l'architecte Friedrich-Joachim STENGEL pour les communautés de Berg et de Thal. Après l'entrée, située au milieu de la façade (l'orgue est situé juste au-dessus), l'édifice déploie une nef transversale, avec une aile de chaque côté.

C'est en 1840 que les premières démarches en vue de l'acquisition d'un orgue furent entamées. Le Devis de Wegmann date de Janvier 1843. MAESTLE, architecte de l'arrondissement de Saverne, prit part au projet, en particulier en dessinant le Buffet. Celui-ci est muni de Tourelles prismatiques, d'un Positif de dos rectangulaire, et l'ensemble est... trop petit pour masquer les pavillons en bois de la Bombarde.

     L'accord fut conclu le 27/02/1843.
Voici la Composition apparaissant au Devis :

Composition, Devis
Positif de Dos
54 notes
Grand-orgue
54 notes
Pédale
18 notes
Bourdon 8' Bourdon 16' (au Sol) Soubasse 16'
Salicional 8' Montre 8' Violoncelle 8'
Flûte traverse 8' (au La) Bourdon 8' Bombarde 16'
Montre 4' Gambe 8' (au Fa) Trompette 8'
Flûte à cheminée 4' Prestant 4' Clairon 4'
Flageolet 2' Flûte pointue 4' II/P
  Doublette 2'  
  Cornet 5 rgs  
  Fourniture 3 rgs (reprises aux octaves)  
  Trompette 8' (B+D)  
Wegmann refit ici "le coup" de la Copula "Gratis" (d'après les traces dans l'instrument il s'agit plutôt d'une Tirasse Grand-orgue par Soupapes doubles), comme à Fegersheim, en ajoutant ici un Tremblant dans le même geste commercial. L'instrument fut reçu le 22/05/1844 - avec réserves. Le Procès-Verbal ne fut signé que le 28/01/1845 - mais l'orgue avait déjà été inauguré, le 09/04/1844, comme en atteste un petit poème rédigé au-dessus de la Console par un boulanger de Strasbourg.

Il y a quelques maladresses (coquilles) dans le devis, dont une Soubasse appelée "Dessus de basse de 16 pieds". La Trompette manuelle est fort curieusement décrite : "Trompette basse de 8 pieds, les corps en étain, les pieds en composition, les embouchures et languettes en composition, partagée en deux registres, Discant et Basse".

Les orgues de Georges WEGMANN

     La période d'activité de Wegmann s'étend de 1833 à 1853. L'orgue de Berg occupe donc une position centrale dans la production de ce facteur, juste entre ceux de Mackwiller (détruit en 1944) et Steinbourg (remplacé en 1921). C'est donc un témoin précieux.

Car la liste d'orgue neufs de Wegmann n'est pas particulièrement longue. Wegmann acquit sa réputation en reprenant les ateliers de Théodore SAUER, puis en ayant accès à la Cathédrale de Strasbourg. Après avoir effectué plusieurs réparations, il semble que Wegmann posa son premier orgue neuf à Mulhouse :

  • Mulhouse, St-Jean, 1835 (le Silbermann ne s'y trouvait pas, à l'époque, il était encore à St-Etienne). Cet orgue (I/P, 13 Jeux) alla à Sausheim en 1867, et il fut complètement détruit en Janvier 1944.
  • Grendelbruch, 1836
  • Thann, temple réformé, 1837. L'affaire fut obtenue sur recommandation du pasteur TACHARD, de Mulhouse St-Jean. Cet orgue a été remplacé en 1912.
Ensuite, la carrière de Wegmann passa par la Lorraine, grâce à l'organiste de la cathédrale de Metz, Louis-Auguste BOUR. Ce dernier avait été conseillé à Paris par... Louis CALLINET, et les facteurs alsaciens lui furent recommandés. Wegmann avait achevé une transformation somme toutes assez réussie (pour l'époque) du grand orgue Silbermann de la Cathédrale. La référence suffit. Wegmann proposa un projet pour la cathédrale de Metz, avec la Composition suivante :
A part la Fourniture, on ne peut pas dire que le projet débordait d'imagination, et cette Composition est bien curieuse pour un orgue de cathédrale. Wegmann n'était pas débordant d'ambition pour ses instruments : comme en de nombreux endroits, il cherchait à faire le moins cher possible. Quant au Buffet proposé par le projet, il était soit très en retard, soit très en avance sur son temps, puis-qu'il était tout en lignes gothiques.
Wegmann n'eut pas le marché, mais il avait mis un pied en Lorraine :
  • Biberkirch (Troisfontaines, Moselle, non loin de Sarrebourg), 1838. Ici, c'est grâce à ses projets pour la Cathédrale de Metz que Wegmann obtint cette commande, qui fut financée par un don privé (de l'abbé AMEREIN). L'instrument fut complètement reconstruit en 1909 par DALSTEIN-HAERPFER, à part deux Jeux (Doublette et une partie du Cornet, intégrés dans la Mixture) et la façade qui, grâce à une peinture aluminium, ne fut pas réquisitionnés en 1917. En trouve donc à Troisfontaine un exemplaire de Montre de Wegmann. Le Buffet aussi fut conservé, il est particulièrement réussi et plutôt atypique dans la production de Wegmann.
    Wegmann fit aussi une transformation profonde de l'orgue de Dieuze (Moselle), qu'il qualifia d'orgue neuf.
  • Lorquin (Moselle), 1839. Il en reste 7 Jeux et le Buffet, après la reconstruction par Henri DIDIER en 1895. L'orgue est muni (semble-t-il dès le début) d'un épouvantable "Positif de dos" constitué d'un panneau en trompe l'oeil. Il a été réparé par Jean-Georgues KOENIG en 1961.
  • Vendenheim, 1839. Orgue actuel de l'église catholique (où il a été amené en 1894 ; il était placé à l'origine dans l'église mixte) : cet instrument a été restauré par la Maison Gaston KERN en 1984.
  • Bisten-en-Lorraine, 1840. Il en reste le Buffet et environ 7 Jeux, après plusieurs transformations successives.
  • Fénétrange, 1841 (reconstruction).
  • Fegersheim, 1841. L'orgue actuel.
  • Oberstinzel (Moselle), 1842. L'orgue actuel. Cet instrument est très authentique, mais son Buffet a été fortement amputé en hauteur (il avait d'ailleurs été construit en sapin, contrairement aux habitudes de Wegmann) et la Mécanique n'est plus suspendue. L'instrument a été relevé par Michel GAILLARD en 1989.
  • Mackwiller, 1844. Cet orgue fut détruit en 1944.
  • Berg, église protestante, 1844
  • Metz, Temple réformé (Trinitaires), 1844. Wegmann travailla la même année à Puttelange. L'orgue du Templ-Neuf de Metz avait 10 Jeux (Manuel de 54 notes avec Montre 8', Bourdon 8', Salicional 8', Prestant, Flûte 4', Doublette, Flageolet et Trompette, Pédale avec Soubasse 16' et Flûte 8'. L'instrument fut revendu en 1876 à Brouderdorff, où il disparut dans un incendie en 1914.
  • Steinbourg, 1845. Cet orgue fut remplacé en 1922.
  • Adamswiller, 1846. L'orgue actuel, qui a été restauré par Gaston KERN en 1987.
  • Schalkendorf, 1846. L'orgue actuel.
  • Saverne, église protestante, 1847. Ce petit instrument eut un destin assez peu commun et plutôt malheureux : lorsque l'édifice actuel fut construit, en 1897, l'instrument fut déclaré "insuffisant". Il fut envisagé de le vendre à Klingenthal (qui préféra garder son orgue Martin WETZEL, 1844), puis au Temple de La Broque. Mais il ne convenait pas, car le Buffet aurait caché la Rosace (cela justifia l'achat d'un orgue neuf en deux corps à la Maison Gebrüder LINK en 1901). L'orgue fut alors proposé à Neuwiller-la-Roche (qui acquit finalement un ROETHINGER en 1899), puis, en désespoir de cause, offert à l'église protestante de Monswiller. Mais là-bas, une subvention gouvernementale avait permis l'achat un orgue neuf DALSTEIN-HAERPFER, et on ne voulut pas non plus du petit orgue Wegmann. Il fut finalement vendu pour le prix des matériaux à un fabricant de poëles et fourneaux de Saverne.
  • Sûrement Eywiller, église protestante, 1849. Mais cet orgue n'existe plus.
  • Hérimoncourt (Doubs), 1850. L'instrument était jumeau de celui de Thann (une Plate-face encadrée par deux Tourelles plates), et a été complètement "reconstruit" par Charles MICHEL, MERKLIN et KUHN.
  • Menchhoffen, 1852. L'instrument avait été logé dans un Buffet François CALLINET, 1803, que Wegmann avait repris à Fegersheim. Cette partie instrumentale a disparu lors d'une pneumatisation par la Maison Link, mais la mécanique avait déjà été refaite par STIEHR en 1863.
  • Enfin, l'orgue de Rottelsheim est souvent attribué à Wegmann.

     A partir des années 1850, Wegmann avait perdu ses appuis (dont WACKENTHALER), au profit de Stiehr et surtout Martin WETZEL, qui saura gagner la confiance de Théophile STERN. Wetzel sera par la suite, et durant plusieurs années, le seul facteur d'orgues de Strasbourg.

     De 1899 à 1912, l'orgue de Berg fut régulièrement accordé par Edgard WETZEL.
En 1932, Georges SCHWENKEDEL fut appelé au chevet de l'instrument, lui trouva curieusement 18 Registres, et proposa, en plus du remplacement de la façade, les changements suivants :

Ces modifications n'ont pas été réalisées. En 1941, Schwenkedel revint à Berg, puis nota la Composition suivante :

Composition, 1941
Positif de Dos
54 notes
Grand-orgue
54 notes
Pédale
18 notes
Bourdon 8' Bourdon 16' Contrebasse 16'
Salicional 8' Montre 8' Octavebasse 8'
Flûte traverse 8' (au La) Bourdon 8' Posaune 16'
Montre 4' Gambe 8' Trompette 8'
Flûte à cheminée 4' Prestant 4' Clairon 4'
Flageolet 2' Flûte 4'  
Cromorne 8' (neuf) Quinte 2'2/3 (neuve)  
  Doublette 2'  
  Cornet  
  Fourniture  
  Trompette 8'  
  I/II  
Typiquement dans l'esprit Néo-classique, Schwenkedel proposa cette fois :
  • de placer au Positif une Sesquialtera décomposée (Nasard 2'2/3 et Tierce 1'3/5), à la place des Flûtes 8' et 4',
  • et de remplacer Trompette et Clairon de Pédale par des fonds de 8' et 4', ainsi que l'Octavebasse 8' par une Soubasse 16'.
  • Bien entendu une extension de la Pédale à 30 notes.
("Contrebasse" et "Posaune" étaient une façon de parler : il s'agissait bien des Jeux de Wegmann, qui sont d'ailleurs toujours là.)

     L'instrument fut endommagé par la Seconde Guerre mondiale, mais surtout en raison d'un probable vol de tuyaux. En 1947, le Clairon manuel avait disparu, ainsi qu'une bonne partie de la Trompette manuelle. A la Pédale, sûrement plus accessible, manquaient complètement la Trompette et le Clairon. Le Positif aussi avait été vidé de bon nombre de ses tuyaux métalliques (dessus du Bourdon). Ce n'est qu'en 1956 que Schwenkedel répara enfin l'instrument, en lui donnant la Composition actuelle. Le 4 pieds de Pédale est un Prestant de Stiehr.

     Il reste donc dans cet orgue une bonne partie du matériel Wegmann, essentiellement au Grand-orgue et à la Pédale.

Mécanique : à Equerres, sauf Pédale (électrique). Sommiers à Gravures d'origine pour les Manuels, et à Cônes pour la Pédale.
Buffet en chêne, avec ornements peints et dorés.
Les Accouplements sont commandés par cuillers (Schwenkedel), avec, de gauche à droite, l'Accouplement, la Tirasse Positif, puis la Tirasse Grand-orgue.

Sources :

  • P. MEYER-SIAT, "George Wegmann, Facteur d'orgues", AEA XXXVIII (1975)
  • P. MEYER-SIAT "L'orgue Wegmann de Berg" Pays d'Alsace (Cahiers de Saverne) 88, 1974-IV
  • P. MEYER-SIAT "L'orgue Wegmann de Biberkirch" Pays d'Alsace (Cahiers de Saverne) 90, 1975-II
  • Christian LUTZ et François MENISSIER, Inventaire des Orgues de Lorraine, Moselle A-G (Bisten, Fénétrange)
  • Christian LUTZ et François MENISSIER, Inventaire des Orgues de Lorraine, Moselle H-Mi (Lorquin, Metz Temple-Neuf)
  • Christian LUTZ et François MENISSIER, Inventaire des Orgues de Lorraine, Moselle Mo-Sa (Oberstinzel)
  • Christian LUTZ et François MENISSIER, Inventaire des Orgues de Lorraine, Moselle Sc-Z (Biberkirch/Troisfontaines)
  • L'orgue a été oublié dans l'ouvrage de Médard BARTH (il s'agit de Thal).

Si vous recopiez des éléments de cette page pour des articles, plaquettes ou pages Web, citez vos sources. D'abord par simple honnêteté intellectuelle, mais aussi pour pouvoir pister d'éventuelles erreurs.
Dernière mise à jour : 12/12/2012 14:32:25

F670029001P01