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Les orgues de la région de Molsheim
Molsheim, Trinité St-Georges
1917 degr > Dégâts
Partie instrumentale classée Monument Historique, 2003.
Buffet classé Monument Historique, 15/11/1977.
Molsheim, le 25/04/2004. L'orgue Silbermann trône sur sa
        tribune, dans son environnement gothique.Molsheim, le 25/04/2004. L'orgue Silbermann trône sur sa tribune, dans son environnement gothique.

La première église paroissiale de Molsheim (si l'on fait exception du fameux Dompeter) a été construite en 1530. Consacrée à Saint Georges, elle était située place du marché. Elle a abrité un orgue avant 1615 et a été démolie à la Révolution. L'église dite "des Jésuites" dont il est ici question, date de 1615-1617. Construite dans l'enceinte du Collège par Christophe Warmser, elle devint église paroissiale en 1791, consacrée à la fois à Saint Georges et à la Trinité. C'est un endroit remarquable, à visiter absolument. Les vitraux du choeur ont été récemment restaurés.

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L'orgue de facteur inconnu (1618)
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Historique

Un premier orgue avait été placé dès 1618 dans l'église des Jésuites. Contemporain de l'édifice, c'était un don de la comtesse Johanna de Honau. Sur le plan technique, on ne sait seulement de cet instrument qu'il disposait d'une octave courte, ce qui est fort dommage, car c'est sûrement celui qui était joué par le compositeur Georges Muffat (1653-23/02/1704), qui fut élève du Collège de Molsheim, et entre 1671 et 1674 organiste du grand choeur. [RMuller] [HOIE] [IHOA] [RSA] [MSAM71]

Cet orgue a été réparé en 1714... [IHOA]

...pour finalement disparaître en 1781. [IHOA]

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Historique

Jean-André Silbermann construisit cet instrument en 1781. Il avait déclaré l'ancien orgue irréparable, et avait été en concurrence avec Jean-Pierre Toussaint, de Westhoffen. Le montage, l'harmonisation et l'accord furent finis en mai et juin. [IHOA] [ITOA] [RSA] [HOIE] [MSAM71]

C'est l'un des derniers Silbermann d'Alsace, et de fait un instrument assez éloigné de la facture classique française telle que l'avait apprise André, le fondateur de la lignée. On y trouve certaines des tendances qui allaient se développer au 19 ème, comme ce Bourdon manuel de 16', et surtout l'écho complet (4 octaves), précurseur des récits romantiques (qui eux-mêmes n'ont souvent pas été dotés d'octave grave).

Silbermann construisit en tout 4 claviers d'écho complets : à Villigen (D) en 1758, à Arlesheim (CH) en 1761, à Strasbourg, St-Jean en 1763 (orgue aujourd'hui disparu), et à Molsheim en 1781. [MSAM71]

Loin des choeurs d'anches à la française (cette influence est ici limitée à la Trompette et au Cornet), Jean-André Silbermann signe là un 55 ème orgue particulièrement fourni en mixtures et un mutations "principalisantes". Au Sifflet du grand-orgue, véritable rang séparable du plein-jeu (comme l'est la Quinte 2'2/3), répond le dessus de Flageolet de l'écho. Ce second clavier, complet, constitue réellement l'originalité de l'instrument.

Les jouées, ornées d'instruments de musique, sont probablement celles de l'orgue de l'ancienne église St-Georges (celle de la place du marché) : elles ne sont pas du tout dans le style Silbermann. [RSA] [ITOA]

L'instrument a été inauguré le 17/06/1781 par Jacques-Frédéric Neumeyer (1750-20/07/1814), alors organiste à St-Pierre-le-Jeune de Strasbourg, et qui était originaire de Molsheim. [EEschbachEJM]

Clôture, avec le trou qui laissait passer le
                    porte-vent principal,et la fenêtre (fermée) qui permettaient à l'organiste
                    et au souffleur de se voir.Clôture, avec le trou qui laissait passer le porte-vent principal,
et la fenêtre (fermée) qui permettaient à l'organiste et au souffleur de se voir.

La soufflerie était logée dans la partie droite de la tribune. L'endroit, servant aujourd'hui de débarras, est encore fermé par une clôture, dans laquelle on peut voir le trou qui laissait passer le porte-vent principal (au-dessus et à gauche de la porte). Une "fenêtre" en forme de passe-plats permettait au souffleur et à l'organiste de se voir.

La composition d'origine n'avait pas été notée par Silbermann, mais on est sûr du Bourdon 16', car il cause des problèmes d'alimentation en vent. Le reste a néanmoins pu être reconstitué facilement. [MSAM71]

Il y eut de petites réparations en 1816 (Joseph Stiehr), ainsi qu'en 1838 et 1854. [IHOA] [HOIE] [ITOA]

En 1886, arriva à Molsheim un nouveau facteur d'orgue : Franz Xaver Kriess. Dès lors, c'est à lui, en tant que voisin, qu'on confia tous les travaux. Puis à son fils Franz Heinrich et son petit fils Robert. Et les modifications furent nombreuses. Cela commença en 1887 par une réparation, et continua régulièrement jusqu'en 1941 (vers 1893, 1910, 1941...). L'écho de Silbermann fut tout d'abord transformé en un récit expressif (mais Kriess en avait noté la composition). L'étendue des manuels est passé à 54 notes, et celle de la pédale à 27. La pression, et malheureusement le diapason ont été changés, ainsi que la composition (au moins 5 jeux neufs, ainsi que des compléments sur sommiers pneumatiques). Le pédalier et le banc ont été remplacés. Évidemment la tuyauterie a été malmenée lors de ces modifications, les Bourdons étant découpés pour les munir de calottes mobiles comme c'était l'usage à l'époque. [RSA] [HOIE] [MSAM71]

Contrairement à la plupart des façades Silbermann, épargnées pour le grande valeur historique, celle de Molsheim fut réquisitionnée par les autorités allemandes en 1917. [HOIE] [ITOA]

Voici la composition après toutes ces modifications :

La restauration dans l'état de 1781

De 1969 à 1971, Alfred Kern restaura l'instrument de Silbermann dans l'état de 1781. Il fallut refaire les sommiers de l'écho et sa mécanique, et reconstruire toutes les mutations et mixtures, que les trois générations de Kriess avaient supprimées : Nasard, Tierce, Sifflet, Fourniture et Cymbale du grand-orgue. La façade aussi fut reconstituée. Kern a reconstruit l'écho selon la composition relevée par Kriess. Bourdon, Flûte et Nasard sont quand même de Silbermann. L'écho est en fait constitué de deux demi claviers, sur deux plans sonores différents : [AAOSMols]

Les dessus se trouvent à la place habituelle, dans le Soubassement de orgue. Les basses sont à l'arrière, entre la Pédale et le Grand-orgue (plus exactement entre la Trompette et les Fonds de Pédale). Une Basse de Basson servait à marquer la Basse continue. Au cours de cette restauration, d'énormes efforts visant à l'authenticité ont été produits : mécanique, console, diapason, mais aussi tempérament. Même les couronnements du Buffet (tourelle centrale) ont été reconstitués.

L'orgue de Molsheim peut donc être considéré comme l'un des (trop rares) témoins de ce qu'à réellement dû être le son d'un orgue de Jean-André Silbermann (les instruments les mieux conservés ayant été réalisé par André, son père).

Le buffet

Les jouées, probablement reprises de l'orgue
                précédent.Les jouées, probablement reprises de l'orgue précédent.

Les orgues Silbermann d'Alsace sont dotés de deux sortes de buffets : ceux, qui comme à Ebersmunster sont de style classique français (qu'André avait appris à connaître à Paris chez François Thierry), et ceux, de couleur plus locale, qui ont été inspirés par l'orgue Ring/Legros du Temple-Neuf (en fait l'église des Dominicains, instrument qui se trouve aujourd'hui à Ribeauvillé). Le buffet de Molsheim appartient clairement à la seconde catégorie, et il est fortement apparenté à celui de l'église protestante St-Pierre-le-Jeune de Strasbourg (1780, qui n'avait pas de positif de dos à l'origine).

Le trophée orant la tourelle centrale ayant disparu à la Révolution, il fut décidé de s'inspirer du buffet de l'orgue de l'église réformée St-Jean de Mulhouse, pour réaliser un fleuron représentant les armes de Molsheim dans un style cohérent. La réalisation fut confiée à Valentin Jaeg, de Neudorf, qui s'occupa aussi du traitement des bois lors de la restauration. [Palissy] [MSAM71]

Caractéristiques instrumentales

Console:
La console en fenêtre.La console en fenêtre.

Console en fenêtre, de Kern, fermée par des volets. Claviers noirs, pédalier reconstitué sur le modèle de pédaliers Silbermann existants (l'un d'eux est encore en fonction à Altorf). Tirants de section rectangulaires, à pommeaux tournés. Il n'y a ni tirasse (c'est normal pour un Silbermann), ni accouplement (si le clavier secondaire avait été un positif, il y aurait sûrement eu un accouplement à tiroir).

Transmission:
Vue sur le grand abrégé. A gauche, la
                    mécanique des jeux, avec en particulier un pilote de section octogonale. Au
                    fond, les équerres pilotant l'écho.Vue sur le grand abrégé. A gauche, la mécanique des jeux, avec en particulier un pilote de section octogonale. Au fond, les équerres pilotant l'écho.
Mécanique suspendue, de Kern, pour le grand-orgue, et à balanciers pour l'écho.
Soufflerie:
Une vue de l'arrière du buffet.Une vue de l'arrière du buffet.

Réservoir à lanterne, placé derrière l'orgue, contre le mur, à la hauteur de la tuyauterie.
Pression: 82 mm.

Il y a aujourd'hui un seul tremblant "fort" (c'est-à-dire "à vent perdu", "der schnelle" comme disait Silbermann). Il est peu probable que ce soit la configuration d'origine : Silbermann plaçait souvent les deux types de tremblants : un fort et un "doux" (c'est-à-dire "dans le vent", ou "der langsame"). Mais quand il n'y en avait qu'un c'était un "doux".

Tuyauterie: Diapason : Sib 400 Hz (La 415 Hz). Tempérament : réalisé selon le document d'Ignace Bruder (document de 1829 paru en 1978), sensé décrire la réelle partition d'octave utilisée par Silbermann.

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Immatriculation de l'orgue actuel : F670300002P02
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