Depuis 1899, on trouve à Rosteig un orgue Jean-Frédéric Verschneider, qui avait construit en 1826 pour Oermingen. L'instrument a été considérablement modifié au cours de son histoire, mais a récemment repris le chemin d'une belle cohérence.
Historique
En 1899, Franz Xaver Kriess installa ici l'orgue Jean-Frédéric I Verschneider, 1826, d'Oermingen, St-Rémy. [IHOA] [ITOA]
La première église catholique de Rosteig était provisoire : elle fut installée après la révolution dans une ferme réaménagée. La communauté protestante se rendait à WimmenauWimmenau. L'église fut achevée en 1899. Elle dut représenter un effort considérable ; aussi, pour l'ameublement, on eut recours à l'occasion. pour le maître-autel, ce fut celui de l'église St-Pierre-le-Jeune à Strasbourg. Pour l'orgue, ce fut donc celui d'Oermingen, que Kriess avait remplacé par un orgue neuf (21 jeux, avec une façade à 5 arcs et un récit expressif). L'instrument, qui avait déjà fait l'objet d'une transformation dès 1830 (qualifiée de "nouveau positif") fut vraisemblablement complété une première fois à l'occasion de son déménagement (ceci peut être déduit du prix). Sinon, cela a été fait en 1913. [PMSCS125]
Ce "nouveau positif" pourrait avoir été un clavier incomplet, placé dans le soubassement, à la manière d'un écho comme à l'orgue Chaxel de Limersheim. Des trous de tirants de jeux (rebouchés) sont visibles dans le soubassement. [HVernet]
Il n'y a pas, comme on a pu le lire, d'orgue Cavaillé-Coll à Rosteig. L'origine de la confusion provient peut-être du fait qu'à Oermingen, il reste encore un orgue Jean-Frédéric Verschneider de 1826 : celui de l'église protestante. Du coup, il est possible que la provenance de l'instrument ait été remise en cause. Une particularité de l'instrument actuel (depuis 1954) est de disposer d'une console indépendante mécanique "retournée" "alla Cavaillé-Coll". Serait-ce la source de la confusion ?
En 1913, Franz Xaver Kriess compléta l'instrument. Voici la composition en 1914 : [PMSCS125] [ITOA]
Cet orgue Verschneider/Kriess était donc réellement un instrument plein de possibilités, et absolument exceptionnel pour une commune de moins de 800 habitants ! Un 8 pieds (II/P 25j), avec un 16' ouvert, et un répertoire accessible extrêmement étendu. Les 5 fonds de 8' du grand-orgue sont parfaitement adapté aux acoustiques des petits édifices : un mélange de fonds fait merveille pour pallier à l'absence de réverbération.
Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités en mai 1917. (Alors que l'orgue n'était pas entièrement payé...) [PMSCS125]
En 1919, il fallut faire des travaux à la soufflerie, réalisés par la maison Kriess. [PMSCS125]
Les tuyaux de façade ont été remplacés en 1926. [PMSCS125]
L'instrument a subi des dégâts (par faits de guerre) en 1945. [PMSCS125]
Ceux-ci ont été réparés en 1947. [PMSCS125]
En 1954, Jean-Georges Koenig reconstruisit l'instrument dans un style néo-classique. [IHOA] [PMSCS125] [ITOA]
Les sommiers manuels ont été refaits, une boîte expressive installée pour le récit, et la traction était mécanique à Machine Barker. L'orgue avait alors la composition suivante : [HVernet]
Les Flûtes 8' et 4', la Gambes 8' et la Voix humaine du grand-orgue furent donc supprimées. Ainsi que le Quintaton 8' et le Gemshorn du récit. Tout cela pour placer deux mutations (Nasard et Tierce) ainsi que l'inévitable Cymbale (complètement étrangère à l'esthétique de l'instrument). La pédale eut aussi à payer un lourd tribut : disparition du 16' ouvert (!) et de tout caractère gambé au profit d'un second Bourdon 16' et d'une Flûte 4'.
En 1980, à l'occasion d'un relevage par Jean-Georges Koenig remplaça le Bourdon 16' de pédale par une Trompette d'occasion, une moitié de provenance Stiehr, une autre, plus fine, que l'on peut dater de la fin du 19ème. [PMSCS125] [ITOA] [IHOA] [HVernet]
L'orgue a été relevé en 2024 par Hermès Vernet : les ornements du buffet ont été restitués, et la pédale dotée d'un Tuba 16'. [HVernet]
Ce Tuba est vraiment une bonne idée ! Il fait référence à un jeu qui fait partie de la tradition post-symphonique alsacienne, en proposant des basses rondes et colorées.
Ce Tuba n'est pas à anches libres. La paroisse d'Hochfelden a fait don des boîtes d'anches. Les deux pots à feu des tourelles, qui se trouvaient dans le grenier de la sacristie, ont retrouvé leur place. [HVernet]
Le buffet
Le buffet ressemble beaucoup à celui de Dehlingen (1822, le premier Verschneider d'Alsace). Ses tourelles latérales plus petites que la partie centrale, et ses plates-faces "retombantes", sont une évolution du style sarrois (et du Palatinat) à la fin du 18ème siècle.
Par rapport à Dehlingen, l'ornementation diffère un peu : les jouées sont plus néo-classiques (celles de Dehlingen sont figuratives, et sont constituées de trophées d'instruments de musique). Les plates-faces sont ici doubles car plus larges (c'est par elles que se faisait donc le "réglage" en largeur). Les culots des tourelles, avec leur segment cylindrique, sont caractéristiques des Verschneider.
Caractéristiques instrumentales
Console indépendante face à la nef, disposée à fleur de tribune, fermée par un rideau coulissant. Tirants de jeux à porcelaines, disposés en 3 gradins de part et d'autre des claviers. Claviers blancs. Plaque d'adresse en couleurs, de Koenig.
Activités culturelles :
Sources et bibliographie :
Photo du 06/07/2024 et données techniques (Tuba).
Photos de la console et du buffet, du 08/04/2017.
On y trouve mention du faux Cavaillé-Coll. Dans la "liste Kriess", Rosteig figure au n°22 des reconstructions (28 registres) : 'ROSTEIG, Kt. Neu willer. - 1898, Bau der kathol. Filialkirche, heute kathol. Pfrki., mit O. von Cavaille-Coll, Kriess, Roethinger, 2 Clav., Ped. MATHIAS 46. - Nach Liste Kriess von 1924, O. von ihm rep., mit 28 Reg., 2 Clav., Ped.'
216. Rosteig Cavaillé-Coll, Kriess, Roethinger, 2 Clav. Péd., 1. Clav. méc., 2. Clav. à piston.
Localisation :