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Les orgues de la région de Masevaux
Sentheim, St-Georges
Sentheim, l'orgue Martin et Joseph Rinckenbach, le 19/08/2012.Sentheim, l'orgue Martin et Joseph Rinckenbach, le 19/08/2012.

Cet instrument est l'une des perles de l'Orgue alsacien. Il a été construit en 1909 par Martin et Joseph Rinckenbach dans un buffet fourni par la maison Boehm qui lui est idéalement adapté. Juste avant le premier conflit mondial, la facture d'orgues atteint une maturité et une assurance exceptionnelles. A l'entrée de la vallée de la Doller, si chère au cœur de tous les amateurs d'Orgue, Sentheim est aux avant-postes : elle accueille le visiteur par l'un des plus beaux orgues jamais construits, fort bien préservé, qu'il faut connaître et faire connaître.
Tout d'abord, il faut souligner que cette église est ouverte (c'est devenu très rare), comme toutes (sauf une !) du Dollerthal. L'affiche de l'opération "Eglises d'Alsace ouvertes", avec les mots "Bienvenue dans cette église", figure à côté de la porte (ouverte). Une opération à saluer, qui vient fort à propos rendre à ces édifices une de leurs fonctions premières : l'accueil.

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L'orgue de facteur inconnu (1808)
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Historique

Il y avait sûrement déjà un orgue à Sentheim avant la Révolution, car Hamel rapporte la construction d'un orgue Rabiny (l'édifice date pour partie de 1778). En 1808, la présence d'un organiste est attestée par son payement. En 1825, l'organiste s'appelait Claude Emberger. [IHOA] [PMSCALL] [Barth]

Hamel cite en effet "Sendheim" dans sa liste de travaux de Rabiny : "RABINI, grand-père maternel de Claude-Ignace Callinet, travaillait en Alsace vers le milieu du XVIIIè siècle. Il a construit les orgues de Berviller, département du Haut-Rhin (un clavier et dix-huit jeux); de Cernay, Haut-Rhin (deux claviers et vingt-quatre jeux); de Saint-Maurice, à Besançon (deux claviers et vingt-quatre jeux); de Saint-Amarin, Haut-Rhin (trois claviers, trente jeux); de Sendheim (deux claviers, vingt-deux jeux); de Niderentzen (deux claviers, vingt jeux); de Bergholz-Zell (un clavier, 14 jeux), et d'Oberentzen (un clavier et seize jeux)." Notons qu'il est établi que Rabiny n'a jamais construit d'orgue neuf, ni à Berrwiller, ni à Oberentzen, et encore moins à St-Amarin. Et probablement pas à Bergholtz-Zell non plus. [Hamel]

On se sait pas exactement si c'est cet orgue qui fut finalement reconstruit en 1841 par les frères Callinet, mais vu ce que l'on sait des modestes éléments laissés par Rabiny, l'instrument était certainement "à bout" depuis des années. La composition trouvée par les frères avant leur intervention (d'après leur devis), est très éloignée du 2-claviers/22 jeux dont parle Hamel. Il n'est donc pas exclu que l'orgue Rabiny ne soit jamais arrivé jusqu'en 1841, et qu'il a en fait été remplacé par un orgue d'occasion glané au cours de la Révolution. L'orgue que trouvèrent les frères était un instrument à un seul manuel, et de 12 jeux seulement :

Composition, 1839
Manuel, 51 n. (C-d''')
Pas d'origine / à remplacer
Pédale, 15 n. (C-d)
[PMSCALL]

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L'orgue Callinet,
1841
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Historique

En 1841, les frères Callinet reconstruisirent (sommiers neufs) et complétèrent l'instrument, en lui ajoutant un petit positif de dos. [IHOA] [PMSCALL] [Barth]

Le devis est daté du 18/06/1839, et proposait l'instrument suivant :

Composition, 1841
Positif de dos, 54 n. (C-f''')
Grand-orgue, 54 n. (C-f''')
1841
(c-f''')
1841
Refaite en 1841
Pédale, 18 n. (C-f)
Refaite en 1841
Refaite en 1841
[PMSCALL]

Le positif de dos avait deux tourelles et une place-face centrale double. Le travail fut reçu par Joseph Schirck (Soppe-le-haut) et Alexandre Stutz (Sentheim) le 26/04/1841. [PMSCALL]

L'orgue avait donc 17 jeux *après* la transformation. Il est donc possible qu'avec quelques ajouts effectués après le devis (un 16' de pédale paraît bien nécessaire... et le Nasard, qu'il était prévu de remplacer par le Salicional a peut-être finalement été gardé), plus des coupures en basse+dessus, et un tremblant, il est tout à fait possible que le nombre de "registres" se soit trouvé à 22, ce qui expliquerait l'erreur d'Hamel ! [JGUhlrich]

Notons que, même si l'actuelle façade de l'église peut faire penser qu'il s'agit d'un édifice entièrement du 18ème, elle fut en fait très agrandie, du côté ouest, en 1889. Même s'il fut probablement ré-installé dans la nouvelle église, l'orgue, déjà augmenté par les Callinet, était sûrement à nouveau devenu trop petit.

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Historique

En 1909, Martin et Joseph Rinckenbach posèrent à Sentheim leur opus 115, logé dans un buffet en chêne réalisé par la maison Boehm. [IHOA] [ITOA] [Barth] [Sentheim1980]

C'est à l'automne 1908 que le conseil de fabrique décida de faire construire un orgue neuf "le plus tôt possible". Et de préférence par un facteur local. Le devis de Rinckenbach est daté du 17/12/1908 ; il prévoit un orgue de 19 jeux à deux claviers (18 jeux selon la chronique, mais il s'agit probablement d'une erreur). La composition prévue (c'est l'actuelle mais sans le Quintaton du récit) fut soumise à l'approbation de Martin Mathias (Strasbourg, Cathédrale) qui ne trouva rien à redire. Le plan du buffet, à réaliser par la maison Boehm, fut pour sa part soumis à une commission de l'évêché, qui ne retoucha que quelques détails. Probablement en "geste commercial", Rinckenbach ajouta un jeu au récit : il était question d'un Clairon ou d'un Quintaton 8', et c'est ce dernier jeu qui fut finalement retenu. Il fit également une offre pour reprendre le vieil instrument, y-compris son buffet (environ 9% du prix de l'orgue neuf). [Sentheim1980] [JGUhlrich]

L'orgue Rinckenbach fut reçu le 02/09/1909, et béni le dimanche suivant, 05/09/1909, au cours d'une messe animée par la Caecilia de Lauw. Une retraite aux lampions fut organisée à cette occasion. [Sentheim1980]

Voici ce que relate la chronique paroissiale : "A la réunion de l'automne 1908, le conseil de fabrique, sur la proposition de M. le maire, résolut de remplacer, au plus tôt, ce vieil instrument par un nouveau. Il fut convenu qu'on s'adresserait de préférence à un facteur du pays. Le 17 décembre 1908, M. Rinckenbach nous envoyait un devis se montant à 8.600 MK pour un orgue de 18 jeux, pneumatique, avec deux claviers. La disposition des registres fut soumise à M. Mathias, l'organiste de la cathédrale de Strasbourg, qui la trouva irréprochable. Le plan du buffet d'orgue que proposa M. Boehm, entrepreneur à Mulhouse, fut soumis à la commission de construction de l'évêché qui l'adopta avec quelques modifications insignifiantes. Aux 19 registres, M. Rinckenbach ajouta comme 20è un quintaton. Le facteur accepta l'ancien instrument, y compris le buffet, à raison de 800 F. L'expertise du nouvel orgue eut lieu le 2 septembre 1909. Le dimanche suivant, à 5 heures, au salut solennel chanté avec le concours de la Caecilia de Lauw, après une allocution de M. Dornstetter, doyen de Masevaux, le nouvel orgue fut solennellement béni. Une retraite aux lampions organisée par la compagnie des pompiers avec tambours et clairons clôture la fête d'inaugurations." [Sentheim1980]

La composition retenue est encore fortement "romantique française" : l'orgue romantique germanique aurait placé la Trompette, avec une Mixture-tierce, au grand-orgue. Mais ici, c'est bien au récit qu'on va trouver les anches et le "Plein-jeu", avec un Octavin 2'. Ce dernier constitue encore, en 1909, un nouveauté qui allait faire son chemin.

Le grand-orgue est construit autour du "carré d'or" romantique de jeux de 8 pieds : un Principal, un Bourdon, une Flûte ouverte et un jeu gambé. Ce dernier est ici un Salicional, car une Gambe est nécessaire au récit, pour adosser la Voix céleste ; un autre choix eut été de placer la Gambe au grand-orgue, à la place du Salicional, et de mettre une Aeoline au récit. Les quatre 8' sont logiquement complétés par un Bourdon 16' (indispensable dans cette esthétique) et un Principal 4'. Il en résulte un grand-orgue de 6 jeux seulement, mais par le jeu des accouplements (octaves aiguës sur lui-même, récit à l'unisson, récit en octave graves), il reste le "clavier maître".

Pour composer le récit, il faut choisir le type de 4' (soit une Flûte - à l'idéal harmonique-, soit un jeu plus Principalisant, comme une Fugara). C'est ici la Flûte harmonique qui a été retenue, qui fera le lien entre celle en 8' du grand-orgue et l'Octavin. Puisqu'on a fait le choix d'avoir le 2' (un Octavin, forcément !) et la Mixture en boîte, le reste de la composition se déroule tout naturellement : la Voix céleste, sa Gambe, un Bourdon doux (Cor de nuit, de grande taille) pour servir de fondement le tout, épaulé par ce fameux Quintaton. On a vu que ce Quintaton était le dernier entré dans l'élaboration de la composition (il n'était pas présent au projet initial). Il était donc le "moins indispensable", mais donc aussi le "plus souhaitable". Il présente l'avantage de produire l'harmonique naturelle en 2'2/3, ce qui en fait une alternative au Nasard. Le couronnement harmonique est assuré par l'Octavin, la Mixture, la Trompette et le Hautbois. Les deux jeux qui "signent" l'orgue (i.e. pour lesquels le choix était plus libre) sont la Flûte traversière 8' qui ajoute encore son timbre inimitable au chœur de fonds, et le Nasard 2'2/3, qu'on aurait pu mettre au grand orgue, mais qui peut ici jouer le rôle de soliste (8' + Nasard) accompagné ad libitum par un des 8' du grand-orgue.

La pédale, dans ce style, n'est pas forcément très fournie. Deux 16' (un ouvert, un bouché) et l'indispensable 8' sont suffisants. Gageons que s'il y avait eu une anche, la Bombarde serait venue avant la Trompette, qu'on peut emprunter au récit avec la tirasse.

Fondamentaux, dans ce type de composition, sont les accouplements à l'octave. Le Prestant devient une Doublette avec l'accouplement I/I 4', le Salicional un "Jeu céleste" romantique. Et surtout, l'accouplement II/I 16' permet de créer un chœur de Voix célestes très particulier, ou de réaliser un chœur de Fûtes impressionnant (I/I 4', II/I et II/I 16' peuvent faire jouer ensemble la Flûte harmonique 8' et 4', la Flûte traversière en 16' et 8', la Flûte octaviante en 8' et 4' et l'Octavin en 2' et 4').

Il y eut une réparation en 1933, mais guère plus. L'orgue fonctionna 70 ans sans intervention majeure. [IHOA] [Sentheim1980] [JGUhlrich]

Les faits, une fois de plus, démentent catégoriquement les détracteurs de la transmission pneumatique ! Quand elle n'est pas bricolée par des incompétents, la pneumatique est aussi fiable que la mécanique. Ceux qui décrient les pneumatiques tubulaires et les sommiers à membranes n'ont à l'évidence qu'une expérience limitée à des instruments mal entretenus, souffrant d'un chauffage inadapté (qui endommage aussi les mécaniques). Ce sont aussi, parfois, ceux qui trouvent un intérêt dans les juteuses "reconstructions en mécanique", ces opérations qui ont signé l'arrêt de mort de dizaines d'orgues remarquables.

En 1980, les frères Steinmetz procédèrent à un relevage. Le pédalier, très usé, dut être remplacé. (Ce qui nous apprend que les organistes de Sentheim faisaient grand usage de la pédale.) La bénédiction de l'orgue relevé eut lieu le 28/09/1980. [IHOA] [ITOA] [JGUhlrich] [Sentheim1980]

Années 1980 oblige, il fut question d'une "mécanisation" (c'est à dire le remplacement des sommiers à membranes par des sommiers à gravures, avec pour conséquence la perte de l'instrument au profit d'un modèle "néo-baroque", comme il en existe tant de fades exemples). Heureusement, l'organiste en poste, Jean-François Mattauer, s'opposa catégoriquement à la destruction de cet instrument et résista aux "experts". C'est donc grâce à lui que Sentheim conserva ce magnifique instrument post-romantique : il fut finalement décidé de procéder à une simple remise en état, en conservant la transmission pneumatique. Avec ces directives, les frères Steinmetz, alors établis à Dachstein, firent un relevage très respectueux. [Sentheim1980] [JGUhlrich]

En 2007, l'orgue a été confié à Hubert Brayé pour un relevage qui fut lui aussi absolument exemplaire : changement des peaux des soufflets et membranes, et réglage de la transmission. Exactement ce qu'il fallait pour que l'orgue vive son centenaire comme il a vécu ses premières années. A l'issue de ce travail, il y eut une inauguration, le 15/06/2008, assurée par Daniel Roth et l'ensemble vocal du Pays de Thann dans le cadre du festival de Masevaux. [SiteBraye]

Le buffet

Détail des ornements.
Photo d'Eric Eisenberg, 05/05/2018.Détail des ornements.
Photo d'Eric Eisenberg, 05/05/2018.

Le buffet est l'œuvre de la maison Boehm de Mulhouse. De style néo-classique, ses deux tourelles en tiers-point rendent un hommage aux buffets d'Allemagne du nord.

La partie centrale est constituée d'une grande tourelle dessinant un arc plein cintre et flanquée de colonnes corinthiennes (cannelées jusqu'à mi-hauteur). Un trophée floral, avec des guirlandes retombantes, constitue le couronnement, et les colonnes sont surmontées de pots.

Entre cet élément central et les tourelles en tiers-point, il y a deux petites plates-faces retombantes, ornées de guirlandes placées en rinceaux et en claires-voies.

Les tourelles latérales disposent également d'un couronnement. Il y a des culots, en forme de petites consoles. Les jouées sont constituées d'une guirlande descendant le long de la tourelle, et rejoignant un pot à placé sur un élargissement au niveau de la ceinture du buffet.

La façade (d'origine) est entièrement écussonnée.

Caractéristiques instrumentales

Composition, 2018
Grand-orgue, 56 n. (C-g''')
(C-g''')
C-dis' en bois, puis spotted
F- (donc 6') en Montre ; d'origine
C-a' en bois, puis métal
I/I
Appel grand-orgue
C-g''
Récit expressif, 56 n. (C-g''')
Grosse taille ; entièrement bouché
Oreilles et frein dans la même pièce de métal
Harmonique à partir de f'
fis''-g''' harmoniques
Pédale, 30 n. (C-f')
Vrai jeu
I/P
Pédale basculante partagée avec l'expression
Appel Trompette et Hautbois II
[ITOA] [Visite]
Console:
La console. Photo de Martin Foisset, 05/05/2018, comme les 3 suivantes.La console. Photo de Martin Foisset, 05/05/2018, comme les 3 suivantes.

Console indépendante face à la nef, fermée par un rideau coulissant. Tirage des jeux par dominos à porcelaines, placés en ligne, au centre, au-dessus du second clavier. Les porcelaines des jeux du grand-orgue sont blanches, celles du récit ont un fond rose, et celles de la pédale un fond bleu pastel. Claviers blancs. Joues moulurées de la même essence que le reste de la console.

Commande des appels, tirasses et accouplements par pédales-cuillers à accrocher. Elles sont repérées par des porcelaines rondes : "Zungen stimmen" (appelle la Trompette et le Hautbois s'ils ne sont pas tirés ; ne les retire pas s'il sont déjà tirés), "Collectiv koppel" (toutes tirasses et accouplements, y-compris aux octaves), "Pedal koppel II", "Pedal koppel I", "Koppel II a I", "Sub octav koppel II a I", "Super octav Koppel I", puis l'appel grand-orgue "G.O.".

Commande des combinaisons fixes par pistons blancs situés sous le premier clavier, et repérés par de petites porcelaines rondes disposées entre les deux claviers : "PP.", "P.", "MF.", "F.", "FF." et "0." (annulateur). Comme souvent chez Rinckenbach le "M" et le "F" de "MF" partagent la même jambe montante.

Commande de l'expression du récit par pédale basculante, disposée au-dessus du "c'" du pédalier, et repérée par une porcelaine blanche "Expression". La même pédale sert aussi à piloter le crescendo, lorsque celui-ci est appelé, ce qui se fait au moyen de deux pistons identiques à ceux des combinaisons, mais placés un peu plus à gauche, et repérés par "Generalcrescendo" et "O." (annulateur). Crescendo et expression peuvent donc être parfaitement synchronisés, sans qu'on ait besoin, comme d'habitude, de mettre le pied entre les deux pédales pour les bouger simultanément. La pédale basculante est surmontée de deux porcelaines rondes : "Expression", et "Crescendo". Les porcelaines ont un liséré doré.

Le Hautbois ne fait pas partie du crescendo. Et la Trompette vient après le Plein-jeu du récit. Les accouplements à l'octave sont sélectionnés dès la 3ème étape (avec l'entrée du Bourdon 16' du grand-orgue).

La plaque d'adresse occupe l'espace entre les dominos et le second clavier : elle est donc allongée horizontalement. Grandes lettres en laiton, incrustées sur fond noir. Elle est du même modèle que celle de Bourbach-le-Haut ou St-Hippolyte. La première ligne est en italique, et la seconde, en petites capitales, se trouve juste derrière les feintes du second clavier.

La plaque d'adresse Rinckenbach à Sentheim.La plaque d'adresse Rinckenbach à Sentheim.
M. & J. Rinckenbach
AMMERSCHWEIER i. ELS. OP.115

Pédalier de Steinmetz (marches trop étroites, concave et feintes teintées). Banc d'origine, dont les montants figurent une lyre.

Transmission:

pneumatique tubulaire. Extrêmement précise et agréable.

Sommiers:

à membranes (Taschenladen, Registerkanzelle).

Le grand-orgue est situé à l'endroit habituel, derrière la façade. Sommiers chromatiques, avec aigus à gauche (pour pouvoir passer sous le récit).

Les sommiers du récit sont chromatiques, placés en hauteur et légèrement sur la gauche, avec aigus à droite. La boîte présente un décrochage et deux hauteurs différentes. Elle dispose de jalousies sur la face mais également sur un côté. Comme souvent chez Rinckenbach, les jeux du récit sont partagés sur deux sommiers.

La pédale est logée à l'arrière, les basses à droite pour éviter le récit.

Tuyauterie:

La tuyauterie est de très belle facture, entièrement authentique. Elle respecte tous les "canons" de la facture post-romantique : entailles de timbre pour les tuyaux ouverts, bourdons à calottes mobiles, biseaux à dents, basses à bouches arquées.

Une vue sur la tuyauterie du grand-orgue.
De gauche (accès) à droite (façade) :
le Principal 4' (parce qu'il n'y a pas d'anche au grand-orgue),
le Bourdon 8' (basses en bois), le Salicional,
la grande Flûte harmonique, au centre de l'image
le Bourdon 16' (basses en bois), et la Montre 8'.Une vue sur la tuyauterie du grand-orgue.
De gauche (accès) à droite (façade) :
le Principal 4' (parce qu'il n'y a pas d'anche au grand-orgue),
le Bourdon 8' (basses en bois), le Salicional,
la grande Flûte harmonique, au centre de l'image
le Bourdon 16' (basses en bois), et la Montre 8'.
Une vue sur la tuyauterie du récit.
Partie gauche (fond) : la grande Flûte harmonique 8', la Gambe, le Cor de Nuit,
et le Quintaton.
Partie droite (de la passerelle vers les jalousies) :
Le Hautbois, la Trompette (14 tuyaux sont harmoniques, de longueur double),
le Plein-jeu, l'Octavin, le Nasard, la Flûte octaviante 4' et la Voix céleste.Une vue sur la tuyauterie du récit.
Partie gauche (fond) : la grande Flûte harmonique 8', la Gambe, le Cor de Nuit,
et le Quintaton.
Partie droite (de la passerelle vers les jalousies) :
Le Hautbois, la Trompette (14 tuyaux sont harmoniques, de longueur double),
le Plein-jeu, l'Octavin, le Nasard, la Flûte octaviante 4' et la Voix céleste.

La Voix céleste et la Gambe (destinée à l'adosser) sont donc très éloignées.

Le portrait de Joseph Rinckenbach sur le côté du buffet.
Photo de Victor Weller, 05/05/2018.Le portrait de Joseph Rinckenbach sur le côté du buffet.
Photo de Victor Weller, 05/05/2018.

On l'aura compris, c'est un orgue extraordinaire, et on est ici clairement dans le "top 10" alsacien. Il n'a "que" 20 jeux sur le papier, mais ses prestations sonores et ses possibilités de registration le placent loin devant des instruments beaucoup plus importants. Ce qui le rend unique, c'est l'équilibre atteint dans l'élaboration de tous ses composants : console, transmission, tuyauterie, buffet. L'ensemble est rigoureusement cohérent, bien pensé, bien réalisé, et entièrement dévolu à la musique.

C'est un instrument que tous les organistes enthousiasmés par la facture alsacienne - et le répertoire qui va avec - devraient visiter et connaître. Ne serait-ce que pour se débarrasser, une fois pour toutes, de tous les vieux préjugés instillés par l'organologie du 20ème siècle. C'est bien à la Belle époque que la facture d'orgues alsacienne a atteint son apogée. Car c'est à ce moment qu'elle a été populaire et a produit des orgues fait pour plaire à tous ; pas seulement à une élite, comme ce fut le cas au 18ème. C'est un moment ou l'Alsace a su définir et faire évoluer un style spécifique, qui n'est ni "copié" ni issu d'une "synthèse" : il s'agit bien d'une démarche de création originale et unique.

Cela permet aussi de comprendre pourquoi il faut absolument militer pour faire arrêter les "mécanisations" d'orgues post-romantiques, et sauver les parties instrumentales de grande valeur, comme celles de St-Hippolyte, La Broque, Bourg-Bruche. De Sentheim, on repart encore plus enthousiasmé qu'en arrivant, en se demandant juste quand on va pouvoir revenir. Si on a le temps, on peut aller voir le "petit frère" à Bourbach-le-Haut.

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Immatriculation de l'orgue actuel : F680304001P03
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