L’église Saint Barthélémy de Gumbrechtshoffen date de 1905, fut fut dotée d'un orgue dès 1908. Cet instrument a été construit par l' "étoile montante" de l'orgue alsacien au début du 20ème siècle : Edmond-Alexandre Roethinger, en intégrant des éléments plus anciens.
Historique
En 1908, Edmond-Alexandre Roethinger construisit un orgue neuf, en réutilisant des éléments plus anciens. [FLechene]
L'instrument est bien daté de 1908, et non amené en 1912, comme on peut le lire dans certaines sources. Il ne vient pas d'Ettendorf.
l'histoire commence en 1754 à Langensoultzbach, quand Johann Carl Baumann y construisit un petit (I/P 15j) orgue logé dans un buffet à trois tourelles, orné de petites sculptures. C'était très clairement un orgue destiné à soutenir le chant : [FLechene]
Dès 1758 (alors que l'orgue n'avait que 4 ans), le facteur Möller effectua des transformations de jeux. [FLechene]
La maison Möller fit aussi des réparations en 1822. [FLechene]
En 1847, l'église de Langensoultzbach ayant été reconstruite, on commanda à la maison Stiehr un orgue quasiment neuf. (C'est l'orgue actuel.) La maison de Seltz ré-employa peut-être quelques sculptures - dont les fameux angelots - placées sur le buffet neuf. Aucun élément de tuyauterie de Baumann ne fut intégré à l'orgue Stiehr : ils ont soit été intégré dans un orgue placé ailleurs, soit stockés. [FLechene]
Après avoir disparu pendant plus de 60 ans, les pièces de l'orgue Baumann/Stiehr de Langensoultzbach refirent surface, et, en 1908, Edmond-Alexandre Roethingerput s'en servir pour les utiliser dans son orgue neuf. Il s'agit d'une douzaine de jeux, d'un réservoir Stiehr (probablement placé après 1847), de deux panneaux du buffet, et peut-être de sommiers. Le buffet de 1908 est neuf, excepté ces deux panneaux, mais c'est peut-être là qu'il faut chercher l'explication du dessin un peu atypique du buffet pour une orgue du début 20ème. [FLechene]
La traction était très probablement mécanique, ce qui est surprenant pour l'époque, et ne peut guère s'expliquer que par la récupération de sommiers. La console, vraisemblablement, était tournée face à la nef.
Voici la belle composition de l'orgue Roethinger de Gumbrechtshoffen. Pour 1908, il était en avance sur son temps, avec ses couleurs néo-classiques, associées à un solide fondement romantique :
C'était donc un témoin de la gestation de ce que l'on appellera plus tard la Réforme alsacienne de l'orgue. L'instrument avait donc une grande valeur historique et patrimoniale. Pourquoi n'a-ton pas pu, ou pas voulu le laisser en l'état sans l'altérer reste un mystère... Toujours est-il qu'après 1908 l'histoire de l'orgue de Gumbrechtshoffen n'est qu'une suite de fausses bonnes idées, de ratages et de déconvenues :
Les tuyaux de façade (Roethinger, 1908) ont été réquisitionnés par les autorités en 1917. [FLechene]
De 1929 à 1931, Adolphe Blanarsch transforma l'instrument. [FLechene] [IHOA] [ITOA] [Barth]
Blanarsch remplaça la transmission par un système pneumatique que, malheureusement, il ne paraissait pas maîtriser. Les registres ajoutés à la pédale étaient des emprunts, pas des nouveaux jeux. Les interventions qu'il fit sur la tuyauterie, également, sont fort douteuses. Le Quintaton 16' (fondement traditionnel des récits expressifs) a été déplace au grand-orgue... partiellement : ses 30 tuyaux graves ont été placés à la pédale pour constituer un "Salicet-Basse", et sont empruntés par le grand-orgue. Evidemment, il y avait une Voix céleste, et des accouplements à l'octave - plutôt logiques pour une pareille composition post-symphonique. Mais pour le reste, l'instrument avait perdu toute cohérence, et le bel orgue Roethinger, à coup sûr, n'en sortit pas grandi : [FLechene]
La transmission, mal réalisée en pneumatique, contribua malheureusement plus tard à la mauvaise réputation de ce système. Une mauvaise pneumatique, tout comme une mauvaise mécanique, est juste mauvaise. Cela ne doit pas conduire à l'amalgame de tout généraliser. Il y a de bonnes mécaniques même si on en trouve des calamiteuses. Et d'excellentes pneumatiques, même si pendant longtemps, trouver un facteur compétent pour les régler (et ne pas proposer à la place un astronomique devis de "reconstruction en mécanique") était une tâche fort ardue.
La console, par contre, à l'évidence achetée en sous-traitance, est très belle. Notons que cette fois, elle est tournée vers l'instrument, en disposition "organiste / chef de chœur".
Le journal "Der Elsässer" du 12/05/1931 relate l'inauguration de l'orgue, le 19/04, et sa réception de l'orgue, le 06/05, par Louis (Obernai), Münck (Haguenau), et Hanns (curé de Schweighouse). Les experts louèrent la disposition de la console, et l'harmonisation des Flûtes et des Anches. Il n'est fait aucune référence à Roethinger, dont la prestation en 1908 semble avoir été purement et simplement oubliée. [NAlsacien]
Médard Barth et F.X. Mathias attribuent l'orgue à Blanarsch. [Barth]
En 1960, les travaux de Curt Schwenkedel se soldèrent surtout par la disparition de ses plus beaux jeux ! (Voix céleste, Gambe, et Trompette Harmonique.) [FLechene] [ITOA]
Mais les malheurs de l'orgue de Gumbrechstoffen n'était pas terminés. En 1977, à la demande et aux frais de Charles Gast, l'organiste titulaire, le fameux Robert Kriess (dont la qualité des travaux n'a rien à voir avec celle de son doué grand-père Franz Xaver) plaça 4 jeux neufs sur des chapes alors vide, et en remplaça un 5ème. [FLechene]
...laissant un orgue baroquisé, mutilé, et toujours au fonctionnement défectueux. La composition devint alors une vraie vision d'horreur :
L'inventaire technique de 1986 trouva l'improbable composition de 1977, où le Chalumeau (I) était appelé "REGAL" (peut-être car ledit Chalumeau sonnait comme une Régale, peut-être dans un élan d'ironie.), et l'inénarrable Ranquette 16' remplacée (ou décalée) en Cromorne 8'. Et il y avait une chape vide au "récit", probablement consécutive à l'évacuation du Plein-jeu. La Mixture de pédale, parangon de la génialitude des années 70, était toujours en place. [ITOA]
Robert Kriess ayant modifié la composition des jeux en 1977 sans ajuster la composition des combinaisons, ces dernières sont de fait inutilisables.
En 1989, après des années sans entretien, l'orgue a été réparé par Gaston Kern. L'état général de l'instrument aurait nécessité une opération de bien plus grande envergure. Sans elle, la poursuite de la dégradation de l'orgue était inéluctable. [FLechene]
En 1990, une étude étudia deux scénarios : la restauration dans l'état de 1908 (Roethinger avant Blanarsch), ou la construction d'un néo-baroque neuf en ré-employant les tuyaux du 18ème. Finalement, une réparation semble avoir été menée par les frères Steinmetz, pour un résultat fort douteux. [FLechene]
En 1997, l'orgue a été confié à Yves Koenig de Sarre-Union. il ne s'agissait pas d'un relevage, mais de réparations a minima. Ces travaux, financés par la paroisse avec le soutien du Conseil Général du Bas-Rhin et de la Commune, et sous le contrôle de l’expert diocésain répondaient à l'urgence de réparer l'orgue, mais n'étaient aucunement de nature à assurer un fonctionnement durable. Il semble que le remplacement intégral des membranes (de 1931 !), par exemple, n'a jamais été effectué. [FLechene]
Rappelons que ces membranes sont des pièces d'usure. Va-t-on reprocher à une voiture munie de pneus de plus de 60 ans de ne pas tenir la route ?
En 2010, l'instrument était (évidemment) quasi injouable. [FLechene]
Caractéristiques instrumentales
Sources et bibliographie :
Photos du 22/05/2009 et 23/12/2010, historique de l'instrument et données techniques.
226. Gumbrechtshoffen Blanarsch, 1931, 18 Jeux, 2 Clav., sommier pneu., traction pneu., soufflerie électr.
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