Cet orgue est l'opus 27 de Martin Rinckenbach, logé dans un buffet néo-gothique de la maison Klem. Caractérisé par de nombreuses spécificités esthétiques, cet instrument est également intéressant par son authenticité : à part la façade, tous les éléments d'origine sont encore là.
Historique
Un premier orgue est arrivé à Husseren-les-Châteaux après 1840, et avant 1869. On ne sait rien d'autre sur cet instrument. [IHOA]
Historique
C'est en 1890 que fut posé l'opus 27 de Martin Rinckenbach. Avec 23 jeux sur deux manuels et pédale, il est résolument inscrit dans l'esthétique symphonique, tout en présentant certaines spécificités. [LR1907] [IHOA] [Barth]
L'instrument fut acclamé lors de sa réception, et décrit comme "in jeder Beziehung vortrefflich" ("excellent sur tous les plans"). [Barth]
C'est une des dernières fois que Rinckenbach place une Flûte 2' (Piccolo harmonique) au grand-orgue. C'était pourtant une de ses "marques de fabrique". A Neuwiller (certes daté de 1891, mais qui est l'opus 23), il y en a encore un, mais pas dans les suivants. Il est possible que l'orgue de Niederbronn-les-Bains (1894) ait été doté d'un 2' harmonique au grand-orgue. Après sa disparition, ce jeu revint plus tard au récit, où il devint une "signature" de Joseph Rinckenbach.
La composition se distingue par un grand équilibre entre l'héritage symphonique français et les dispositions plus germaniques. Le Hautbois au récit, les Flûtes harmoniques renforçant les aigus, et la disposition générale sont directement inspirés de Cavaillé-Coll. La Trompette au grand-orgue, la Tierce dans la Mixture, et la façon spécifique d'harmoniser les Gambes sont plus germaniques. Le résultat n'est en aucune façon une "synthèse" entre deux styles, mais bien une démarche esthétique spécifique, comme en témoignent les deux Mutations : Quinte au grand-orgue, et Grande quinte (résultante de 16') à la pédale. On retrouve ce jeu de pédale à Niederhergheim, sur l'opus 24, qui est pratiquement contemporain. Autre spécificité de l'orgue de Husseren : la Gambe 4' du récit ("Viola 4'").
Pour le jeu de Basson/Hautbois du récit ("Basson Oboe" à la console), seuls les tuyaux du Hautbois (c'-f''') semblent avoir été posés à l'origine. [ITOA]
Comme cela arrive parfois (Balgau en 1874, Werentzhouse en 1889, Fouchy en 1896, Magstatt-le-Bas en 1890), Rinckenbach appelle "Ophicléide" et non "Trombonne" sa Trompette de pédale.
Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités le 04/04/1917. [IHOA]
En 1997, Christian Guerrier fit un relevage, et remplaça la façade qui avait été placée après 1917 par une neuve en étain. Une octave a été ajoutée au Basson/Hautbois (c-h). Le ventilateur a été remplacé. Ces travaux firent l'objet d'une inauguration, le 16/12/1997, par Nicolas Beuque et Alexandre Urechia. [IHOA] [Caecilia]
Le buffet
Le buffet, néo-gothique, a été construit par la maison Klem. (C'est le cas pour la grande majorité des orgues Rinckenbach.) Une fois de plus, c'est un dessin à trois tourelles (la plus grande au milieu) avec deux plates-faces doubles qui a été retenu. Les plates-faces doubles (ici munies de gâbles) sont une "signature" forte des buffet des orgues de Martin Rinckenbach. Les tourelles sont prismatiques (base en demi-hexagone), et les couronnements très développés, avec crochets et pinacles. Les jouées, fines, verticales et munies d'un petit pinacle, sont aussi conformes au canons du style (comme à Ensisheim).
La façade actuelle est de Christian Guerrier, 1997. De façon surprenante, la ligne des bouches dans les plates-faces est en "V", alors qu'on s'attend à la trouver horizontale.
Caractéristiques instrumentales
Console indépendante face à la nef. L'expression du récit n'a que deux positions : ouvert et fermé.
Sommiers à gravure, en chêne.
Sources et bibliographie :
"Häuseren 15"
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