Cet orgue a été installé à Niederroedern par la maison Stiehr en 1862. Il venait de l'ancienne église de Soultz-sous-Forêts. Pratiquement reconstruit à l'occasion de son déménagement, cet orgue devrait logiquement être attribué à la maison Stiehr Frères, et daté de 1862.
Historique
En 1862, la maison Stiehr Frères installa à Niederroedern un orgue venant de Soultz-sous-Forêts, église protestante, qui avait été construit en 1754. Cet instrument est aujourd'hui attribué à Johann Carl Baumann, mais sans certitude. [IHOA]
Il pourrait aussi être l'œuvre de Johann Friedrich Alffermann de Landau. (D'après le style du buffet). [IHOA] [ITOA] [HOIE]
Johann Carl Baumann (1714 - 1794) était établi à Annweiler-am-Trifels (à 25 km de la frontière française, Annweiler est situé à 45 km de Niederroedern). C'est probablement le deuxième instrument que Baumann posa en Alsace (sur 6 ou 7). Lorsqu'en mai 1754, Jean-André Silbermann se rendit à Woerth pour y construire un orgue, il entendit beaucoup parler du projet de Baumann pour Soultz. La composition lui a été fournie par le maître d'école de Woerth, qui la tenait lui-même du curé de Langensoutzbach, Erhard Stephan :
L'appellation "Hohlpfeife oder Bourdon" est curieuse, car une Hohlpfeife (flûte creuse) désigne usuellement une flûte ouverte, donc pas un Bourdon. Comme il y avait déjà une Bassflöte (Flûte 8') et que ce premier jeu était en bois, il est probable que c'était un Bourdon.
Pie Meyer-Siat attribue l'instrument à Baumann, mais un doute subsiste : Silbermann attribue l'orgue de Soultz à Baumann sur la foi de l'instituteur de Woerth. Mais l'analyse de la facture de l'orgue actuellement à Niederroedern tend à faire croire que l'orgue est plutôt de Johann Friedrich Alffermann, de Landau. C'est donc soit que l'instituteur de Woerth se trompait, soit qu'il y a eu méprise sur l'orgue que Stiehr a déménagé (et que ce n'est pas l'orgue de Soultz qui est ici), soit que l'orgue est bien de Baumann, mais qu'il a utilisé des techniques spécifiques, éloignées de celles de sa "maturité". [IHOA]
A l'occasion du déménagement, la maison Stiehr fit plusieurs transformations. De nouveaux sommiers, une nouvelle mécanique, et trois nouveau jeux : Flûte 8', Salicional 8' et Prestant, ce dernier en partie en Montre). Six jeux anciens ont été conservés : Bourdon, Flûte (4'), Cornet, Fourniture 3 rgs, ainsi que le Bourdon 16' et la Flûte 8' de pédale. [HOIE]
Le "Cahier Mockers" indique une réparation par Louis Mockers en janvier 1906. [PMSSTIEHR]
Les tuyaux de façade (de Stiehr) ont été réquisitionnés par les autorités le 07/08/1917. [HOIE]
Ils ont été remplacés en 1922 par Edmond-Alexandre Roethinger. [HOIE] [ITOA] [Mathias] [Barth]
Ensuite, l'entretien a été assuré par Georges Schwenkedel, qui répara une première fois l'instrument en 1928. [IHOA] [HOIE] [ITOA]
Lors de cette réparation, Schwenkedel plaça une Doublette d'occasion célèbre, car elle venait de l'orgue Jean-André Silbermann de Strasbourg, St-Thomas. [ITOA]
L'orgue a subi des dommages de guerre en 1945. [HOIE]
Ils ont été réparés en 1946, par Georges Schwenkedel. [IHOA] [ITOA] [HOIE]
Puis c'est Curt Schwenkedel qui fit une réparation en 1953. [IHOA] [ITOA] [HOIE]
Peu avant 1972, Pie Meyer-Siat nota la composition suivante (la fameuse Doublette, probablement oubliée lors de ce relevé, était bien présente en 1974 lors de l'étude de Marc Schaefer) :
La Doublette de Silbermann réintégra l'orgue de St-Thomas en 1979. [ITOA]
Après la fermeture de la maison Schwenkedel, l'entretien passa à Alfred Kern qui fit une transformation d'envergure en 1981. [IHOA] [ITOA] [HOIE]
L'orgue a été relevé par Rémy Mahler en 2024. [www.niederroedern.fr]
L'inauguration eut lieu pendant les Journées du Patrimoine, le 22/09/2024, avec Rémy Kalk, Michel Rohrbacher, Jean-François Strasser, Reine Biri et Manuela Bastian aux claviers. [www.niederroedern.fr]
Lors du concert, le public a été invité à deviner le nombre de tuyaux de l'instrument. La réponse "juste" annoncée était 758. Mais on sait que ces décomptes sont la pluart du temps faux. Dans l'orgue de Niederroedern, il y a 9 rangs de 54 notes (B8, S8, M4, F4, D2, CT8 et 3 pour la Fourniture), 1 de 42 notes (F8), 5 de 30 notes (Cornet), et 4 de 18 notes (pédale), soit 9*54 + 42 + 5*30 + 4*18 = 486 + 42 + 150 + 72 = 750. Le chiffre de 758 est peut-être atteint avec 8 chanoines dans la façade, mais encore faudrait-il s'entendre sur la définition de "tuyau", car intuitivement, il s'agit de tuyaux sonores.
Le buffet
Le buffet, fidèle au style 18ème d'Allemagne du sud, présente trois tourelles rondes à entablement (la plus grande au centre) et deux plates-faces en tiers-point. Les tourelles ont chacune 7 tuyaux, la plate-face droite 15 et celle de droite 14.
L'ornementation est plutôt simple, avec des culots pour les tourelles, et des claires-voies à motifs végétaux. Il n'y a pas de couronnements, ni sur les tourelles latérales, ni sur la centrale, qui de toutes façons touche le plafond.
On peut comparer le style de buffet avec les orgues d'Altenstadt (Johann Carl Baumann, 1764) ou Hunspach (Johann Carl Baumann, 1782). Ces deux autres buffet sont plus tardifs, plus complexes et plus ornés, mais on distingue quand même une unité de style.
Caractéristiques instrumentales
C | c | c' | c'' |
1' | 2' | 2'2/3 | 5'1/3 |
2/3' | 1'1/3 | 2' | 4' |
1/2' | 1' | 1'1/3 | 2'2/3 |
Console en fenêtre frontale. Claviers blancs, de Stiehr.
Mécanique suspendue de Stiehr, 1862.
Sommiers à gravures de Stiehr, 1862. La pédale est placée derrière le buffet, diatoniquement, en mitre (basses au centre).
Tuyaux ouverts coupés au ton. Bourdons à calottes soudées. Diapason : Sib ~440Hz.
Webographie :
Sources et bibliographie :
Photos du 12/07/2012.
NIEDERROEDERN, Kt. Seltz. - Simult.-Ki. hatte vor der Revolution 1789 keine O. Vgl. Fridolin RUHLMANN, Niederroedern während der Schreckenszeit, Rixheim 1911, 186. - Ohne O. noch 1840 (Liste). - Nach Visit.-Bericht von 1892 mit O. - O. von Rinckenbach (sic) 1862, rep. von Roethinger, 1922, 13 Reg., Clav., Ped. MATHIAS 51.
350. Niederoederen Rinckenbach, 1862, rép. par Roethinger, 1922, 13 Jeux, Clav. Péd., sommier méc., traction méc., soufflerie méc.
PM67001062 (buffet) et PM67000204 (partie instrumentale), avec l'arrêté de classement de la partie instrumentale du 14/10/1974
Localisation :