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Les orgues de la région de Wissembourg
Wissembourg, église luthérienne St-Jean
avant 1700 atte > Orgue attesté
1917 degr > Dégâts
L'orgue de l'église protestante de Wissembourg.Photo
        de Roland Lopes, le 28/06/2015.L'orgue de l'église protestante de Wissembourg.
Photo de Roland Lopes, le 28/06/2015.

L'édifice est chargé d'histoire, et a abrité des orgues depuis le 17ème siècle.

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L'orgue de facteur inconnu (avant 1700)
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Historique

Un orgue est attesté ici avant 1700, mais on ne sait rien d'autre à son sujet. [IHOA]

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Historique

Le dimanche 21/07/1720 fut joué pour la première fois un orgue neuf d'André Silbermann : au culte par Johann-Conrad Huttner (propriétaire du Moulin Zorn de Strasbourg, élève de Pachelbel et voisin de Silbermann), et à la messe par l'organiste Hugler. (L'église servait aux deux cultes). L'instrument avait été commandé presque 3 ans auparavant. En voici la composition : [IHOA] [ITOA] [VWeller] [ArchSilb]

[ArchSilb]

Le buffet avait 3 tourelles (la grande au milieu, dessin voisin de celui de Molsheim), avec le Dis (premier Ré# grave) de la Montre 8' en vue. La pédale était logée sur une petite tribune à l'arrière de l'instrument. Le Cornet d'écho était logé dans le soubassement. Il y avait 3 soufflets. [ArchSilb]

Les six rangs de plein-jeu et le 2'2/3 étaient destinés à accompagner le chant de l'assemblée (quand l'orgue était utilisé par les Protestants) tandis que l'écho correspondait mieux à l'usage des Catholiques, l'orgue se voyant confier des versets en soliste avec son Cornet. L'écho était placé directement derrière la console, à cause du manque de place en hauteur. Les 3 soufflets étaient abrités dans un édifice à l'extérieur de l'église. Contrairement aux instruments que Silbermann a construits à Strasbourg (Ste-Aurélie, St-Nicolas, église protestante St-Pierre-le-Vieux) l'orgue était accordé au "ton d'Opéra" (en Sib). [VWeller]

Un relevage fut effectué en 1758 par Johann Ignaz Seuffert qui... ne retrouva pas le tempérament de Silbermann. [VWeller]

En 1779, il y eut une réparation par Ferdinand Stieffell [IHOA] .

Stieffell est, rappelons-le, l'homme à qui l'Alsace doit l'installation de la dynastie Stiehr. Il s'agissait probablement d'un travail à la soufflerie.

Jusque là "église mixte", St-Jean fut, après la Révolution, consacrée exclusivement au culte protestant. Les catholiques purent en effet utiliser l'ancienne abbatiale Sts-Pierre-et-Paul comme église paroissiale. L'autre édifice abritant le culte protestant à Wissembourg, l'ancienne église St-Michel, fut détruite à la Révolution (avant 1803). Cette dernière était elle aussi dotée d'un orgue Silbermann, mais de Jean-André, 1765, et l'instrument avait été démoli par des fanatiques dont on a du mal à croire qu'ils étaient inspirés par les "lumières".

En 1831, Jacob Moeller ajouta un positif de dos à l'orgue Silbermann, pour en faire un 3 claviers. [IHOA] [ITOA] [PMSMOELLER]

A l'occasion de la réouverture de l'édifice, un nettoyage avait été effectué par Michel Stiehr. En 1830, quatre facteurs ont été consultés pour le rajout d'un positif de dos : Jacob Moeller, Joseph Stiehr, Théodore Sauer et Martin Wetzel. Le travail, effectué par Moeller, fut réceptionné par le pasteur Bosch (Schweighouse) qui trouva le clavier un peu dur. [VWeller]

L'orgue a été réparé en 1851 par Adam Blum. [IHOA]

Puis il y eut aussi deux campagnes de travaux menés par la maison Stiehr, la première en 1865, la seconde en 1883 (relevage) : en 1865, les frères Stiehr remplacèrent la Tierce et la Cymbale du grand-orgue par une Gambe 8' et une Fugara 4', et le Cromorne du positif par une Clarinette. Ils ré-harmonisèrent le positif en élargissant les tailles. Ils ajoutèrent aussi un Violoncelle à la pédale. [IHOA] [VWeller]

L'orgue Silbermann/Moeller fut profondément transformé en 1893 par la maison Dalstein-Haerpfer. Outre une transmission pneumatique et une nouvelle console (latérale, du côté gauche quand on regarde l'orgue en face), la composition a bien entendu été changée. [IHOA] [ITOA]

En 1892, l'organiste Duchmann avait en effet écrit à la ville pour se plaindre de l'instrument. Ce fut l'un des premiers orgues pneumatiques de la maison de Boulay, et, 5 ans plus tard, Frédéric Haerpfer dut revenir pour remplacer la traction, qu'il paya en grande partie (la paroisse contribua aussi un peu). [VWeller]

Une fois de plus, cela confirme que les transmissions pneumatiques n'ont été réellement maîtrisées à partir de 1898-1899. Celles d'avant souffraient probablement d'un manque de recul sur le comportement des matériaux dans la durée. L'organologie de la fin du 20ème siècle utilisa cette période pour alimenter une opération de désinformation sur les transmission pneumatiques, afin de favoriser la construction exclusive de sommiers à gravures. Cela permettait d'imposer de juteux marchés de "mécanisation", finalement aussi onéreux que nuisibles pour notre patrimoine. L'histoire évoquée ici montre que Haerpfer, engagé dans ces innovations, assumait ses responsabilités, et corrigeait les défauts quand il y en avait. L'orgue Dalstein-Haerpfer de Wissembourg, quoiqu'on a pu en dire avec les oeillères hérités du 20ème siècle, devait être un bien bel instrument. Sa composition "Schweitzerienne" lui donnait plein de possibilités, une belle dynamique, et, au moins il semblait doté de fondamentales sérieuses.

L'orgue a été réparé en 1911, et en 1917, les tuyaux de façade (de Silbermann) ont été réquisitionnés. Ils ont été remplacés par Schwenkedel en 1930 (en zinc). Sous l'impulsion du pasteur Fehn, la composition fut à nouveau modifiée en 1942. [VWeller]

L'instrument fut détruit par faits de guerre le 22/01/1945 (soit 3 jours seulement avant l'arrêt de l'opération "Nordwind", l'ordre de repli ayant été donné aux forces allemandes le 25 janvier). L'édifice avait été atteint par deux bombes. [IHOA]

Sur la photo de l'orgue Silbermann/Moeller/Haerpfer publiée par l'inventaire des orgues d'Alsace, l'instrument ne paraît pas si irrécupérable que ça. Mais il faut se souvenir que l'édifice ne put être reconstruit qu'en 1958. Après 13 ans d'exposition aux intempéries ou enfermé dans les caisses, on peut imaginer l'état dans lequel se trouvait le matériel restant. De plus, quelques personnes devaient bien savoir ce qui se trouvait *réellement* à l'intérieur du buffet "Silbermann" : avouons-le, les orgues Dalstein-Haerpfer n'avaient plus la cote. Une "remise à plat" d'autant plus fondamentale qu'elle serait tardive n'était sûrement pas considérée comme une catastrophe.

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Historique

L'église fut reconstruite en 1958, et dotée en 1961 d'un orgue Ernest Muhleisen. [IHOA] [ITOA]

En fait, la construction s'étala sur 3 ans, l'orgue Muhleisen accompagnant son premier culte dès 1958. Cet instrument, accroché au mur de l'édifice, était d'un dessin très réussi, et l'un des derniers de la lignée "néo-classique". Un témoin précieux, donc, d'un certain aboutissement d'une pensée esthétique.

Wissembourg, l'orgue Muhleisen.Photo
                    d'Eric Adam, le 20/11/2011.Wissembourg, l'orgue Muhleisen.
Photo d'Eric Adam, le 20/11/2011.

La restauration de l'édifice, menée sous la direction des Monuments Historiques eut pour objet de supprimer tous ce qui n'était pas "gothique" (!) Cela incluait donc le buffet de l'orgue. Frédéric Haerpfer, alors expert au Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme (M.R.U.), s'y opposa fermement, et adressa une lettre à Muhleisen. "Ce serait tout de même dommage de ne pas réutiliser le beau buffet Silbermann en particulier là où le positif de dos est encore présent. Le M.R.U. payera la réparation et j'affirme qu'il doit être conservé ! On ne jette pas un buffet de Silbermann ! Je vais écrire au pasteur Appel car je tiens absolument à ce que ce beau buffet soit conservé". Outre le fait qu'on avait un peu oulié d'où venait le positif, le pasteur André Appel ne fut pas convaincu, et l'architecte Fernand Guri refusa de reconstruire la tribune et de restaurer le buffet de Silbermann. L'orgue aurait fini à la décharge, et on dit que quelques amateurs ont pu récupérer des éléments du buffet baroque. [VWeller]

Actuellement, le réservoir de Dalstein-Haerpfer et le sommier d'écho de Silbermann sont conservés dans le grenier au dessus de la sacristie. Muhleisen réutilisa les sommiers de Haerpfer et le Bourdon 8' de Silbermann pour l'orgue neuf, qui prit place sur une tribune en béton armé. Le nouvel orgue, commandé en 1954 ne fut mis en chantier qu'en 1958, et construit en 2 étapes sous la maîtrise d'oeuvre de Jean Daniel Weber, alors expert pour l'ECCAL. Le récit fut monté en décembre 1959, et le grand-orgue et la pédale en juin 1961. L'instrument fut consacré le 15/10/1961 par l'inspecteur ecclésiastique Knorr, le pasteur Fehn, Melle Erhesmann (Wissembourg, St-Jean), ainsi que Jean Daniel Weber. Le récital inaugural fut donné par Marc Schaefer le 05/11/1961. [VWeller]

L'instrument a été relevé par la manufacture Muhleisen en 1988. [IHOA]

C'était un des plus beaux orgues construits dans les années 60 (la qualité de la production de cette époque a été un peu inégale, à force de tâtonnements). On a longtemps espéré qu'il trouve, ailleurs, et en conservant son intégrité, la place que mérite un instrument d'une telle valeur, que beaucoup de paroisses auraient assurément aimé accueillir. De plus, sa disparition n'augurait rien de bon : si on éliminait les meilleurs, on voyait mal ce qu'allaient devenir les autres, et bientôt, il ne resterait plus rien pour témoigner de cette époque.

Il a été démonté "pour pièces" en 2013 par Jean Bruggeman. [EAdam] [VoixDuNord]

Jean Bruggeman a ensuite construit un buffet neuf pour l'église St-Joseph à Castries (34), et la partie instrumentale doit beaucoup, dit-on à l'orgue Muhleisen de Wissembourg.

Cet instrument, qui est le tout premier orgue de Castries (et ça, c'est beaucoup plus réjouissant !) a été inauguré les 28/02 et 01/03/2015, par Alain Bouvet (Caen, St-Etienne), puis l'équipe d'organistes soutenant le projet : Othar Chedlivili, Irène Randrianjanaka, Pierre Seyte (Montpellier), Pierre Staehlé (Annecy), Isabelle de Courtois, Thierry Febvre (Castries). [Castries]

Le buffet

Esthétiquement, c'est l'un des plus beaux
                instruments construits à son époque.Photo d'Eric Adam, le 20/11/2011.Esthétiquement, c'est l'un des plus beaux instruments construits à son époque.
Photo d'Eric Adam, le 20/11/2011.

Dans les années 1950, les orgues se concevaient sans buffet. La plupart étaient entourés d'un simple soubassement, surmonté d'un alignement de tuyaux donnant libre court à la fantaisie du dessinateur. Monté sur sa dalle, pratiquement en "nid d'hirondelle", cet instrument faisait exception. D'abord par ses lignes arrondies, son imposante "tourelle" centrale, et l'impression de profondeur donnée par les deux plans de façade. Les arcs d'hyperbole étaient adoucis par une ligne de bouches horizontale. La façade était en étain.

La forme de la tribune voulue par le pasteur André Appel symbolisait la Bible ouverte, et la Colombe de la Création : "Schopfung der Himmel und Erde". [VWeller]

Caractéristiques instrumentales

Composition, 2011
Grand-Orgue, 56 n. (C-g''')
Dessus
Récit expressif, 56 n. (C-g''')
Pédale, 30 n. (C-f')
I/P
blanche
jaune
[EAdam]

Il y a des tuyaux Silbermann, provenant de l'instrument précédent, dans le grand Cornet, la Quarte de Nasard 2' du récit et le Principal 4' de pédale. Noter le Cromorne au grand-orgue, pour laisser les anches de batterie (Trompette et Clairon) au récit expressif.

Console:
Commande des jeux (et combinaisons) par
                    "langues de chat".Photo d'Eric Adam, le 20/11/2011.Commande des jeux (et combinaisons) par "langues de chat".
Photo d'Eric Adam, le 20/11/2011.

Console indépendante électrique, placée au sol. Tirage de jeux par "langues de chat". Sélection des jeux appelés par les combinaison libres par languettes blanches ou jaune. Plaque "E. Mühleisen" en bakélite blanc, à gauche. Voltmètre. Commande des combinaisons et annulateurs par poussoirs placés sous les claviers.

Transmission: électrique, pour les notes et les jeux.
Sommiers: à cônes.
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L'orgue Dominique Thomas,
2015 (instrument actuel)
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Historique

En 2009, un projet d'orgue neuf fut élaboré. 5 facteurs ont répondu à l'appel d'offres. La délibération du Conseil Municipal en date du 15 septembre 2011 attribua le marché relatif à la construction et à l'installation d'un orgue dans l'église protestante St-Jean à la manufacture d'orgues Dominique Thomas, de Ster-Francorchamp (B). L'orgue neuf a été inauguré le 28/06/2015. [DelibCM] [EAdam] [RLopes]

Caractéristiques instrumentales

Sites Webographie :

Références Sources et bibliographie :

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Immatriculation de l'orgue actuel : F670544002P04
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