Voici l'un des derniers orgues Roethinger : construit en 1968, il est presque contemporain de celui de celui de la Ste-Famille de Schiltigheim qui fut le "chant du cygne" de la maison strasbourgeoise.
Historique
Un premier orgue a été placé à Klingenthal avant 1840. L'inventaire de 1840 le confirme. Une photo figurant dans l'inventaire technique des orgues d'alsace montre un buffet à deux tourelles plates encadrant une plate-face double. Il paraît dater des années 1820-1840. Mais comme, à l'époque de la prise de vue, ce buffet abritait déjà un autre instrument (Roethinger, 1927), il est possible que la plate-face ait été élargie par l'adjonction d'un élément central. Il n'est pas non plus exclu qu'en 1927, Roethinger fournit un buffet d'occasion venant d'ailleurs. [IHOA] [ITOA] [Barth]
Ce buffet ressemblait à ceux produits par Michel Stiehr, ou aux premiers de Joseph Stiehr (Thanvillé).
Il y eut une réparation, par la maison Stiehr, en 1846. [IHOA]
C'est un peu surprenant puisque deux ans auparavant, c'est Martin Wetzel qui posa un orgue à l'église protestante. Un explication possible serait que la maison Stiehr avait construit l'orgue de l'église catholique, et qu'elle a donc été préférée pour en assurer l'entretien.
Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités en mai 1917. [IHOA]
Cet instrument n'était probablement pas très apprécié, car on évita de consacrer trop d'argent à sa réparation, préférant la solution d'un orgue neuf. En 1927, l'avis du conseil municipal de Boersch est sans appel : "Orgel so schlecht, daß sie nicht mehr repariert werden kann. Neue Orgel dringend notwendig." ("L'orgue est si mauvais qu'il n'est plus question de le réparer. L'acquisition d'un nouvel orgue est indispensable et urgente.")
Historique
En 1927, Edmond-Alexandre Roethinger fournit un orgue post-romantique, a priori logé dans le buffet de l'instrument précédent (en tous cas dans un buffet des années 1820-1840). La partie instrumentale bénéficie dans sa toalité d'une boîte expressive. Il était déclaré à 6 jeux (Mathias), mais on sait qu'il y avait 8 jeux en 1952, sur deux manuels et pédale (2+5+1) et 9 accouplements (donc a priori II/I, I/P, II/P, une tirasse à l'octave aiguë, octaves graves et aiguës II/I et I/I (ou II/II) et peut-être un accouplement général. Il y avait peut-être deux chapes vides. Les claviers avaient 56 notes et la pédale 30. [IHOA] [Barth]
Voici un essai de restitution de sa composition, sur la base de celle de 1952, et un supposant que seuls 6 jeux avaient été posés.
Ce devait être un instrument très intéressant, construit dans la lignée d'une légende de l'Orgue alsacien : celui de l'ancienne Synagogue (place des Halles) de Strasbourg, réalisé par Roethinger en 1925. La facture et l'esthétique sonore étaient à l'époque encore très inspirées par la Réforme alsacienne de l'orgue. Pour se faire une idée des couleurs musicales que l'on pouvait entendre à Klingenthal entre 1927 et 1968, on peut aller à Sengern qui sa su conserver un Roethinger de 1927 entièrement authentique.
En 1952, Max Roethinger "baroquisa" l'instrument, en plaçant une Doublette et Larigot au récit... donc de façon totalement étrangère à l'esthétique d'origine. [IHOA]
Ainsi défiguré, l'instrument allait avoir du mal à passer le cap des noires années 1960. Il ne le passa pas.
Historique
En 1968, Max Roethinger fournit un petit orgue de semi-série, et l'instrument de 1927 (ainsi que son buffet) fut malheureusement perdu. [IHOA]
Max Roethinger a construit plusieurs instruments sur le même modèle, dont la conception semble remonter à 1957. Par exemple pour :
- St-Amand à La Meinau (1957, à l'origine au séminaire d'Essey-lès-Nancy ; la Mixture est au second clavier).
- Bourgheim (1963).
- Colroy-la-Roche (1965).
- Saint-Léonard (Vosges) (1965).
- La chapelle du séminaire des Jésuites à Lyon (1967).
- La chapelle de la clinique St-Anne à La Robertsau (1968, identique à celui de Klingenthal).
- Le couvent des Pères Carmes d'Ixelles (B) (orgue de chœur, 1968, un peu plus grand).
Evidemment, ces petits orgues sont "fonctionnels", mais ne laissent pas beaucoup de place au rêve... Pour Klingenthal, la décision de remplacer un instrument déjà historique (témoin de la Réforme alsacienne d l'Orgue) et doté d'une forte personnalité (sûrement sous le prétexte fallacieux que la transmission était pneumatique) a été vraiment regrettable.
En mars 2014, Emmanuel Uhry fit un relevage. [RLopes]
Une attaque de parasites avait causé pas mal de dégâts : le ver, parcourant les faux-sommiers, a même réussi à percer des trous dans les pieds des tuyaux métalliques (réalisés dans un alliage d'étain et de plomb). L'origine de ces trous est confirmée par leur position exclusive à hauteur de la trace des faux-sommiers, ainsi que par la présence de restes de parasites dans le pied d'un tuyau.
Caractéristiques instrumentales
C | d | e' | fis'' |
1' | 1'1/3 | 2' | 2'2/3 |
2/3' | 1' | 1'1/3 | 2' |
1/2' | 2/3' | 1' | 1'1/3 |
Console frontale, claviers saillants. Le tirage des jeux est effectué par des glissières métalliques horizontales. (Celles du second clavier sont à droite.) Commande des tirasses et de l'accouplement par pédales-cuillers à accrocher, décentrées vers la gauche.
Sources et bibliographie :
Visite de l'orgue en cours de relevage le 19/03/2014.
Localisation :