A cœur du 19ème siècle, les maisons Stiehr et Wetzel ont contribué à populariser l'orgue, en dotant de nombreuses paroisses de petits instruments de grande qualité. Ici, comme ailleurs, il fallut trouver une solution pour remédier aux limitations originelles de l'instrument : un seul manuel et une pédale trop restreinte pour donner accès à un répertoire significatif. Ce fut fait en deux fois : une première en 1934, par une reconstruction sûrement un peu trop "ambitieuse", et en 1993, par l'élaboration d'un instrument intégrant 80% de la tuyauterie Wetzel originelle, et conforme à ce qui aurait pu être réalisé, en 1855, avec plus de moyens.
Historique
Un premier instrument avait été placé ici sous l'ancien régime, car sa présence est encore attestée en 1789. On en ignore la provenance, mais on connaît le nom de son organiste en 1825 : François-Michel Speth. [IHOA] [HOIE]
Historique
En 1855, Martin Wetzel dota Osthouse d'un des petits orgues dont il avait le secret. [IHOA]
Un peu comme les Verschneider ou Stiehr pour une grande majorité de ses orgues, Wetzel adressait le marché des "petites" paroisses. La spécificité alsacienne vient du fait qu'au 19ème siècle, toutes les communautés voulaient d'un orgue, et pas seulement les grands centres urbains. Ces facteurs avaient donc conçu de petits instruments, abordables car de taille limitée, mais sans faire aucune concession sur la qualité. Le résultat fut toute une génération d'instruments, sonnant magnifiquement, mais dotés d'un seul manuel et une petite pédale (18 notes, et parfois moins) en pratique - et quoi qu'on ne dise - impraticable pour exécuter l'essentiel du répertoire.
L'orgue Wetzel d'Osthouse appartenait à une petite série de cinq instruments légèrement déclinés en taille, et vraisemblablement construits "à l'avance", sans savoir où ils seront posés. C'est révélateur du caractère florissant du marché à l'époque. Il ont été posés : [HOIE]
- à Osthouse, 1855
- A Schaeffersheim, 1859 (un peu plus petit), qui a été reconstruit sur deux manuels dès 1945.
- A Lochwiller, 1860 (également très petit, avec une pédale de 12 notes seulement).
- A Urbeis, 1860, qui est resté très authentique.
- A Kriegsheim, 1861, qui a connu un destin pratiquement équivalent à celui d'Osthouse.
En 1868, les frères Wetzel durent faire des réparations au sommier. [ITOA] [PMSRHW]
Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités en 1917. [HOIE]
Ils ont été remplacés après 1917 (peut-être juste après le démontage de l'ancienne façade) par Franz Xaver Kriess. La ligne des bouches était alors horizontale dans les plates-faces. C'est probablement au cours de la même opération qu'un Bourdon 16' manuel a été ajouté, que le Nasard a été remplacé par une Gambe, et que la pédale a été complétée, tant pour l'étendue (25 notes) que la composition (Violoncelle 8' et Flûte de 4'). C'est en effet une telle configuration que Schwenkedel nota en 1934. [HOIE]
Historique
En 1934, Georges Schwenkedel construisit un orgue neuf dans le buffet Wetzel, en ré-employant des jeux de 1855. [IHOA] [ITOA]
L'opus 54 de Georges Schwenkedel devait être un instrument intéressant, issu d'une approche alsacienne très spécifique de l'esthétique que l'on a plus tard appelée "néo-classique". L'instrument était doté d'un récit expressif, avec Voix céleste, Flûte harmonique et Trompette, et donnait donc accès au répertoire romantique français. D'ailleurs, l'instrument était doté de grands claviers de 56 notes (allant jusqu'au sol) et d'un pédalier de 30 notes. Conformément à une habitude de l'époque, qui aimait doter les instruments de jeux de Mutations, il y avait un Nasard et une Tierce au récit, un un Gros Nasard 5'1/3 (résultante de 16') à la pédale. [ITOA]
De plus, grâce à la transmission pneumatique, il y avait deux accouplements à l'octave : II/I 4' et II/I 16', multipliant les possibilités de l'instrument. La console était doté d'un crescendo, de combinaisons fixes, et même d'une combinaison libre. [ITOA]
Si l'orgue de 1855 avait été "un peu juste", celui de 1934 souffrait probablement du problème inverse : il n'y avait pas de place pour tant de jeux dans le buffet, si bien que les tuyaux du récit et de la pédale ont été disposés de façon très pragmatique à la tribune.
Caractéristiques instrumentales
La console était indépendante, dos à la nef, fermée par un rideau coulissant. Tirage des jeux par dominos.
à membranes. La pédale était logée sur le côté droit, hors du buffet, transversalement, aigus en avant Le récit était à l'arrière, en hauteur, et décalé sur le côté gauche.
Historique
En 1993, Yves Koenig reconstruisit l'instrument, toujours sur deux manuels (et avec un pédalier compatible avec le répertoire classique), mais cette fois avec une transmission mécanique. [IHOA] [Caecilia]
L'idée directrice était de reprendre la composition de Wetzel, mais en distribuant les jeux du manuel sur deux claviers, et d'ajouter deux jeux de pédale (un Violoncelle et un 4') tout en l'étendant à 27 notes.
L'instrument a été inauguré le 20/03/1994, par Marc Baumann et la chorale de la cathédrale, dirigée par Robert Pfrimmer, avec la participation d'Eliane Deiber (prélude) et la chorale d'Osthouse (Joseph Simler, dir.) [Caecilia]
Caractéristiques instrumentales
Console en fenêtre frontale (de 1993). Tirants de jeux de section carrée à pommeaux tournés noirs munis d'un point central blanc (selon une habitude de Wetzel), disposés en deux colonnes, une de chaque côté des claviers. Claviers noirs. Commande de l'accouplement des claviers par tiroir (déplacement du second). Commande de la tirasse par tirant.
Sources et bibliographie :
Photos du 20/03/2019.
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