On attribue souvent ce petit instrument à Johann Georg ROHRER, et sa provenance est encore obscure. En tous cas, l'essentiel de la Partie instrumentale est de Michel STIEHR. C'est un pièce très intéressante du patrimoine organistique alsacien.

Un des ornements situés sur les Culots du Buffet, photo d'Yves KOENIG.

     Nous disposons de trois hypothèses :

André SILBERMANN, 1732, l'orgue des Cisterciennes de Koenigsbrück.      Koenigsbrück est situé près de Leutenheim. André Silbermann y construisit, pour l'abbaye aujourd'hui disparue, un Positif dont Jean-André rapporte deux fois la Composition : Bourdon 8', Prestant 4', Flûte 4', Nasard 2'2/3, Doublette2', Tierce 1'3/5, Cornet 5 rgs, Fourniture 3 rgs Jean-André avait participé au montage, en Octobre 1732. Le clavier avait 48 notes. Les Soufflets étaient intégrés au Buffet, et manipulés à l'arrière de celui-ci (se qui laisse supposer que le clavier se situait à l'avant). Jean-André a aussi eu écho d'une désastreuse tentative pour descendre le Diapason, vers 1777. Tentative qui a dû laisser des traces sur la tuyauterie. L'abbaye a été détruite vers 1790 avec une rare application. On ne sait pas ce que devint l'orgue. En tous cas, ce n'est sûrement pas celui de Wintzenbach.

L'orgue Johann Georg ROHRER, 1736, du château de Neuenburg.      Ce Positif de 8 Jeux (dont un Cromorne) avait été construit pour la résidence de l'abbé de Murbach à Guebwiller. Il avait 2 tourelles et 2 Plates-faces. L'instrument a disparu au 19 ème siècle.

L'orgue Johann Georg ROHRER, 1737, des Jésuites de Molsheim.      Ce positif de 8 Jeux (dont une Flûte 4') avait le clavier à l'arrière. Il était conçu pour la salle "de réunion" du Collège des Jésuites. C'est de loin l'hypothèse la plus plausible.

     C'est donc probablement l'orgue Rohrer de Molsheim qui fut posé à Wintzenbach, et muni d'une Pédale par Michel Stiehr, qui remplaça aussi l'intégralité de la tuyauterie. Pour placer la Console à l'avant, il fallut réaliser un Abrégé assurant le complet retournement des notes (graves à gauche au Sommier).

Voici la probable Composition de l'orgue Stiehr :

Le Buffet, aux ornements rocaille remonte en partie au 18 ème. Il faut le rapprocher, par exemple, de celui de Haguenau, St-Nicolas (c'était l'orgue Rohrer de l'abbaye cistercienne de Neubourg). Le soubassement fut profondément remanié, probablement par Stiehr, en raison du changement de disposition de la Console. Les Jouées semblent être d'un autre style : elles sont peut-être encore plus anciennes que l'orgue.

     Des tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités allemandes en Juillet 1917 mais certains, dans les Plates-faces sont visiblement restés en place. Les tuyaux manquants furent remplacée en 1929 par Edmond-Alexandre ROETHINGER. C'est fort probablement lui qui retira le Cromorne pour poser une Gambe.

En 1966, l'orgue fut réparé par Louis BLESSIG.

     L'instrument a été Relevé par Yves KOENIG en 2000.
Outre la découverte sur les tuyaux de façade, il fut remarqué que les Soufflet sont... de Silbermann. Ceci pourrait relancer la "polémique" sur l'origine de l'instrument, mais il est clair que Michel Stiehr a très bien pu les récupérer ailleurs (Strasbourg ?), les pièces d'orgues ayant pas mal bougé lors de la tourmente révolutionnaire. A l'intérieur des Soufflets se trouvent des imprimés très intéressants d'un imprimeur de Strasbourg.

Sources :

• Remerciements à Yves KOENIG.
• M. BARTH, "Elsass, 'Das Land der Orgeln' im 19. Jahrhundert", AEA XV (1965-66)