
L'orgue de Sierentz, l'un des plus marquants de la
production de Jacque Besançon.
Jacque Besançon (né à St-Ursanne, CH) appartient à l'école alsacienne de facture d'orgues
classique (seconde moitié du 18ème) : il était dépositaire de la tradition laissée par
Joseph Waltrin et son fils Jean-Baptiste, acquise après avoir travillé avec Louis Dubois. Il
y avait bien un style haut-rhinois de facture d'orgues, inpiré par l'orgue classique
français, mais ouvert à de nombreuses influences. Bien entendu, la fin de la carrière et
l'oeuvre de Besançon fut, comme celle de beaucoup d'autres facteurs, impactée par la
Révolution. Mais il ne semble pas avoir été l'auteur de travaux significatifs après 1784.
Décédé en 1811, Besançon ne verra jamais le renouveau amené par le 19ème.
Besançon (que Jean-André Silbermann prenait pour un Lorrain) a dû quitter la Suisse et
rejoindre Louis Dubois et Jean-Baptise Waltrin dès 1750. Il s'instralla à Kaysersberg après
la mort de Louis Dubois en 1766 : la veuve de ce dernier lui avait transmis l'outillage de
l'atelier. Silbermann cite un travail à Villé en 1768, puis aux Dominicains de Sélestat en
1769. Besançon est probablement resté à Kaysersberg jusqu'en 1775. [PMSAEA83]
[ArchSilb]
Principaux travaux
1767 :
Villé, Eglise de l'Assomption de la B.V.M.
Remplacé par Martin Wetzel
(1840).
La construction de cet instrument, probablement le
premier de Besançon, s'étale sur de nombreuses années (1759 à 1767 selon Jean-André
Silbermann). Seule une partie du buffet subsite. La partie instrumentale a été remplacée en
1840, mias l'opération quelque peu inachevée, puisqu'elle laissa le soubassement...
inexistant. Le (demi) buffet abrita par la suite un bien bel orgue (1913), qui n'eut pas
plus de chance, une longue suite de modifications et de "mises au goût du jour" se sont
succédées.
[ArchSilb:p92]
[PMSAEA83:p239-240]
[ArchSilb:p92,278-279]
[Barth:p373]
[ITOA:4p809]
[IHOA:p212a]
1766 :
Bergholtz (région de Guebwiller), St-Gall
Remplacé par Georges et Nicolas Verschneider
(1865).
Cet instrument existe toujours ; et a été transformé
et complété (de bien belle façon) par Nicolas Verschneider en 1865 (petit récit, console
indépendante). Le relevage de 1990 l'a bien entendu et heureusement laissé en l'état de
1865.
[IHOA:p35a]
[ITOA:2p31]
1766 :
Meyenheim (région d'Ensisheim), Sts-Pierre-et-Paul
Détruit par incendie le 27/08/1981.
Remplacé par Daniel Kern
(1987).
Jean-André Silbermann rapporte que l'instrument
avait été costruit par deux jeunes élèves de Dubois. Besançon étaitr l'un d'eux. Cet orgue
avait une structure voisine de celui de
Hunawihr
(II/P 26j) (des photos subsistent). Le buffet était constitué d'un grand corps en 4 pieds, à
trois tourelles à entablements, la petite au milieu. Plates-faces à lignes supérieures
courbes. Le positif était en homothétie du grand, mais pourvu de couronnements (fleurons).
Réparé à plusieurs reprises entre 1800 et 1868, la partie instrumentale fut classée le
27/04/1979. L'instrument devait être dans un état d'authenticité assez remarquable lorsqu'il
disparut dans les flammes, en 1981. Sa composition est connue.
[PMSAEA83].
[ArchSilb:p105-6]
[IHOA:p112a]
[Caecilia:1987-4p30-1]
[PMSAEA83:p235-7]
1769 :
Sélestat, Dominicains
L'instrument fut confisqué puis vendu en 1792 par
la Révolution. Il a disparu depuis. (L'hypothèse proposant qu'il s'agit de l'orgue de
Schwobsheim a été infirmée : la similitude de la facture avec Bossendorf, donc
Dubois, est flagrante.)
[ArchSilb:p73]
1770 :
Kaysersberg, Ste-Croix
Remplacé par Martin Rinckenbach
(1880).
En 1770, Besançon reconstruisit la partie instrumentale de l'orgue
(Waltrin) de Kaysersberg. Il est "d'usage" d'attribuer l'instrument actuel à Waltrin, mais
il serait sûrement plus juste de rendre à Besançon ce qui est à Besançon : seule une partie
de la tuyauterie fut conservée. L'écho de l'orgue actuel est de Besançon.
En 1771, Silbermann apprit que Besasançon se faisait aider par Melchior Munsch. Il précise
toutefois que ce dernier ne pouvait pas beacop l'aider, et qu'il ne lui aurait pas transmis
de connaissance. Silbermann avait aussi noté, l'année précédente, que Besançon a accordé
l'orgue des Dominicains de Colmar. [ArchSilb:p285]
1776 : St-Ursanne (CH)
En 1774, Besançon commença une
importante réparation pour St-Ursanne (CH), sa ville natale. Finalement ce fut pratiquement
un orgue neuf qu'il livra, en 1776. Entre temps, il s'était marié (le 08/04/1877), avec
Marie Barbe Quailain. Il était donc "rentré au pays".
[OFSG]
1778 :
Ferrette, St-Bernard-Menton
Remplacé par Edmond-Alexandre Roethinger
(1926).
En 1892, cet orgue était qualifié de
"misérable" ("armselige Orgel"). Et en 1911, à l'occasion de la reconstruction de la nef,
l'instrument vendu par la commune. L'édifice fut achevé en 1914, et on se servit d'un
harmonium jusqu'à la construction de l'orgue Roethinger. L'orgue Besançon a disparu.
[IHOA:p60a-b]
[ITOA:2p111]
[PMSAEA83:p253-5]
1779 : Maîche (25)
La maison Callinet de Rouffach y
installa un Cornet et une Trompette. Dunnand, de Villeurbanne, releva l'instrument en 1976.
Il est utilisé pour le festival du plateau de Maîche (ainsi que celui du Russey, qui est un
Callinet). Composition actuelle de l'orgue de Maîche (1779): Grand-Orgue: Montre 8',
Prestant 4', Doublette 2', Bourdon 16', Bourdon 8', Nasard 2 2/3', Tierce 1 3/5', Cornet 5r,
Trompette 8', Clairon 4', Fourniture 4r, Cymbale 5r. Récit: Bourdon 8', Flûte 4', Principal
2', Sifflet 1', Salicional 8', Trompette 8'. Pédalier: Soubasse 16', Flûte 8', Flûte 4',
Trompette 8'. Accouplement I/II. Tirasse pour le Grand Orgue.
[OrguesVitraux]
1783 : Temple allemand (Saint-Benoit) de Bienne (Biel) (CH)
L'instrument est daté du 20/09/1783. Une inscription sur un sommier
attestait de sa construciton par Besançon. Réparé en 1875, et totalement reconstruit en
1943, il a été remplacé le 31/07/2011 par un orgue neuf.
[PMSAEA83]
[Biel]
En 1784, il y eut un projet pour Zillisheim. La même année, après le décès de
son épouse (ils ne semblent pas avoir eu d'enfant), Besançon a probablement pris une sorte
de retraite. On ne connaît pas de travaux à lui attribuer après celui du projet pour
Zillisheim. Cette retraite fut longue : Jacque Besançon mourut à 79 ans.
Le mystère 'Linsbach'
Marie-Pierre Hamel a publié une note bibliographique pour
Besançon : "Besançon, facteur d'orgues à Belfort, département du Haut-Rhin, a
construit les orgues de Saint-Hippolyte (Doubs), de Linsbach, de Milbach, de Sierentz et
de Munster, département du Haut-Rhin." On s'interroge sur "Linsbach". Une telle
localité existe bien en Allemagne du Nord, mais cela fait un peu loin... On a pu y voir
"Leimbach", mais Pie Meyer-Siat n'y a trouvé aucune trace d'un orgue avant 1835. [Hamel:3p388]
[IHOA:p100b]
Webographie :
Sources et bibliographie :
-
[PMSAEA83] Pie Meyer-Siat : "Jaque Besançon, facteur d'orgues", in "Archives de l'Eglise d'Alsace", vol 42., éditions de la société Haguenau, 1983, p. 232-56
-
[OFSG] , vol. 103
-
[ArchSilb] Marc Schaefer : "Das
Silbermann Archiv", éditions Winterthur, 1994, p. 278-9,92,105-6