L'histoire des orgues de Balbronn ressemble à celle des instruments "de ville", qui sont fréquemment modifiés afin d'être mis aux goûts du jour. Elle commence au milieu du 18ème par un tout petit instrument (dont il reste le buffet), et, au long du 19ème et du 20ème, on rencontre à Balbronn de nombreux acteurs majeurs de l'orgue Bas-Rhinois : Stiehr, Wetzel, Koulen, Link, Schwenkedel, Muhleisen. En poussant les portes de cet édifice (fortifié), on sait que c'est un véritable livre d'histoire que l'on ouvre. On peut y voir un des copies de la fameuse main de fer du chevalier Von Mittelhausen, réalisées par le ferronnier Von Zschokk (l'original date environ de 1530).
Historique
En 1747, Jean-André Silbermann posa ici un tout petit instrument de 8 jeux, à un seul manuel et sans pédale. [IHOA] [ITOA] [PMSLINK]
Le diapason choisi était le "ton d'opéra" (La 392 Hz).
L'église de Balbronn était "mixte" depuis 1687 (donc en conséquence des actions de Louis XIV), et le resta jusqu'en 1906. Mais c'est bien - et logiquement - un petit orgue conçu pour l'accompagnement du Choral que nous avons là, et pas une version plus adaptée à "commenter" la liturgie, où aurait sûrement figuré un Cromorne. D'où le plein-jeu très fourni, et la Quinte principalisante qui se démarque d'un Nasard.
C'est justement pour cette raison (puissance nécessaire pou accompagner l'assemblée) que l'orgue de la clinique de la Toussaint, à Strasbourg pressenti un moment pour être acheté et installé à Balbronn, fut considéré comme inadapté, et que la solution d'un petit orgue entièrement neuf fut retenue.
En 1801, Jean Nicolas Toussaint (de Westhofen) fit des travaux, à l'occasion... "des fêtes républicaines". [IHOA] [PMSLINK] [PMSSTIEHR] [Barth] [ITOA]
En 1827, Joseph Stiehr et Xavery Mockers firent des travaux. [PMSLINK] [PMSSTIEHR] [ITOA]
D'après le devis, il s'agissait d'effectuer des réparations (des fuites et cornements exigeaient des travaux au sommier), et de remplacer la Tierce par un Salicional. [PMSSTIEHR]
En 1846, Martin Wetzel fit des réparations. [PMSLINK] [PMSSTIEHR] [ITOA]
En 1862, Joseph Stiehr revint faire des travaux "de fond". [IHOA] [PMSLINK] [PMSSTIEHR] [ITOA]
En effet, on souhaitait donner à l'orgue une "nouvelle intonation" (donc le réharmoniser) et y ajouter une Flûte [4'] "qui a toujours manqué et qui remplacera un autre registre trop bruyant dit cymbale". [PMSSTIEHR]
En 1883, c'est Heinrich Koulen fit des transformations. [IHOA] [PMSLINK] [PMSSTIEHR] [Barth]
Historique
En 1908, la maison Gebrüder Link construisit un nouvel orgue pour Balbronn, en le logeant dans le buffet de 1747 (agrandi en profondeur). Ce fut l'opus 485 de la maison de Giegen-an-der-Brenz. Pour que l'opération ne soit pas trop coûteuse, la maison Link employa des jeux anciens (18 ème et 19 ème), venant d'Allemagne du sud, ainsi que 78 tuyaux de l'orgue Silbermann (venant essentiellement de la Quinte et de la Doublette) ; ils ont évidemment été réharmonisés, puisque les nouveaux sommiers étaient à pistons. [IHOA] [RLopes] [ITOA] [PMSLINK]
Curieusement, et malgré l'impressionnante documentation disponible sur les orgues de Balbronn, la composition d'origine de son orgue Link ne semble pas avoir été publiée. Et pourtant, cette étape représente la première où Balbronn disposa d'un orgue à la fois en rapport avec l'édifice (les 8 jeux sans pédale de 1747 étaient probablement nettement insuffisants, ce qui est sûrement la principale explication le cortège de modifications ultérieures) et cohérent dans son esthétique sonore. Cela dura 52 ans, de 1908 à 1960. On peut déduire la composition de l'orgue Link (sauf un jeu, mais qui est probablement le Geigenprincipal) de l'état de 1986 :
En 1928, Georges Schwenkedel fit des travaux, incluant la pose d'un ventilateur électrique. [PMSLINK] [PMSSTIEHR] [ITOA]
En 1960, Ernest Muhleisen fit des travaux, et remplaça trois jeux romantiques par des jeux néo-baroques. La boîte expressive fut démontée (!). [PMSLINK] [ITOA]
Dans son ouvrage sur les travaux alsaciens des frères Link, Pie Meyer-Siat commente alors de façon plutôt péjorative : "Viele Köche verderben den Brei". (Qu'on peut traduire par : "A trop la cuisiner, on gâte la purée".) [PMSLINK]
En 1984, Alfred Kern fit une réparation. [ITOA]
Après cela, l'instrument ne bénéficia plus d'entretien majeur, et commença à se dégrader (vers à bois dans la pédale). En 2002, à l'occasion d'un mariage, l'orgue a été remis en état de marche, grâce à Christian Lutz (organiste titulaire et paroissien). L'instrument fut alors à nouveau utilisé occasionnellement pour les cultes de fêtes. Défendu par les pasteurs René Gerber et Eddy Schimberlé, ainsi que Christian Lutz, un projet de rénovation a été monté avec l'association des Amis de l'orgue de Balbronn et du second organiste titulaire Jean-François Haberer. [VWeller]
Il existe des videos de l'époque, témoignant des sonorités de l'orgue Link : même en mauvais état, l'orgue ne manquait pas de charme !
Historique
Le projet de rénovation aboutit finalement à la construction d'un orgue neuf, par la maison Guerrier/Bücher, qui fut achevé en 2016. L'harmonisation a été réalisée par Marianne Bücher. [RLopes]
Le grand-orgue du nouvel instrument est doté de la composition du Silbermann de 1747, et le second manuel un positif intérieur, inspiré par l'esthétique classique germanique (Pays de Bade, Würtemberg). Il reste 255 tuyaux de l'orgue de 1908, dont 76 de Link (la Flûte 4' et la Soubasse) ; ils ont évidemment été complètement réharmonisés, puisque les nouveaux sommiers sont à gravures. [RLopes]
Le nouvel orgue a été inauguré les 21 et 22/05/2016 par François Ménissier. Il y eut un culte de dédicace, célébré par Christian Albecker (président de l'UEPAL) et Gérard Janus (pasteur de la paroisse), puis un concert donné par François Ménissier. [RLopes] [VWeller]
Caractéristiques instrumentales
C | c | c' | c'' |
1' | 2' | 2'2/3 | 4' |
2/3' | 1'1/3 | 2' | 2'2/3 |
1/2' | 1' | 1'1/3 | 2' |
C | c | c' | c'' |
2/3' | 1'1/3 | 2' | 2'2/3 |
1/2' | 1' | 1'1/3 | 2' |
1/3' | 2/3' | 1' | 1'1/3 |
Console en fenêtre frontale, de 2016. Tirants de jeux de section carrée à pommeaux tournés, repérés par des étiquettes et disposés en deux fois deux colonnes de part et d'autre des claviers. Claviers noirs. Disposition des tirants à la console :
mécanique su pendue au grand-orgue, à doubles balanciers pour le positif.
Diapason : La 392 Hz. Tempérament : Bach par Émile Jobin.
Sources et bibliographie :
pm67000983 ; pm67000984
Localisation :