Cet instrument a été construit par Edmond-Alexandre Roethinger en 1928, puis reconstruit par la même maison en 1959. Il a malheureusement été transformé en 2012, et a depuis perdu toute authenticité, et en particulier une très originale Clarinette labiale, dont l'élimination et vraiment regrettable.
Historique
C'est en 1928 qu'Edmond-Alexandre Roethinger posa cet orgue à la chapelle de l'hôpital. Sa transmission était bien entendu pneumatique à l'origine. [IHOA]
Deux articles du "Nouvel Alsacien" relatent l'acquisition et l'inauguration de l'instrument. Le premier, daté du 30/01 (et paru le 01/02), indique que l'orgue a été fourni par la maison Roethinger de Strasbourg, et remplace un harmonium qui était utilisé jusque là. Le financement a été assuré de façon totalement privée, par des dons de patients et du personnel hospitalier. L'inauguration était prévue le dimanche 12 février, par l'aumônier de l'hôpital, l'abbé A. Meyer. [NAlsacien]
Le second article, daté du 13/02, est un compte-rendu très enthousiaste de l'inauguration de la veille. On apprend que 6 jeux étaient déjà posés, et 3 en attente, et que l'église était pleine. C'est le chœur de l'église Ste-Geneviève, sous la direction de Ch. Dussourd, qui avait été invité pour la partie vocale du concert. L'orgue été tenu par Aimé Dussourd. L'inévitable discours a été prononcé par François Auguste Goehlinger (1877 - 1958), professeur de musique au séminaire de Zillisheim, musicologue et historien. La réception elle-même a été menée par le chanoine Lutz de Strasbourg, avec le professeur Goehlinger de Zillisheim et l'abbé Meyer, aumônier de l'hôpital. Au programme du concert : "Voici l'agneau si doux" de J.M. Erb, "Hymne an die hl. Cäcilia" de (Karl) Kammerländer, l'Ave Maria de (Johann Baptist) Singenberger, le Tantum ergo de César Franck, ainsi qu'un chant final, interprété avec enthousiasme, mais non identifié par l'auteur de l'article... [NAlsacien]
En 1959, Max Roethinger électrifia la traction et procéda à une ré-harmonisation. [IHOA]
Voici la belle composition qu'on trouvait encore en 2005 :
La Clarinette labiale
Une Clarinette est normalement un jeu d'anche. Mais dans la seconde moitié du 19ème, on vit des Voix humaines, des Hautbois ou des Clarinettes construits avec des tuyaux à bouche, qui étaient traités de façon à produire des harmoniques se rapprochant d'un jeu d'anches. A Strasbourg, St-Maurice, Friedrich Weigle plaça deux de ces jeux en 1899: un Hautbois à bouche au récit et une Clarinette à bouche au positif expressif. Ils ont malheureusement tous les deux disparu en 1962. Après cette date, la Clarinette à bouche de l'hôpital de Mulhouse était la seule d'Alsace.
Voici deux tuyaux de cette fameuse Clarinette "à bouche" (ou "labiale").Il faut aussi noter que la Soubasse, certes logée sur un sommier spécifique, est placée à l'intérieur de la boîte expressive. La pédale est donc expressive. Cette caractéristique semble être héritée des racines de la Réforme alsacienne de l'orgue, et en particulier des idées d'Albert Schweitzer. On trouve une Soubasse dans la boîte du récit à Cronenbourg, St-Sauveur en 1907.
En 2012, l'orgue a été transformé par Michel Gaillard. [SiteGaillard]
Deux jeux aigus (d'inspiration néo-classique) ont été ajoutés du grand-orgue, et le récit a été totalement recomposé, avec Doublette (!) et suppression (ou décalage en 4' ?) de la Flûte harmonique 8'. Mais le pire a été la suppression de la Clarinette à bouche, la seule d'Alsace, qui faisait toute l'originalité et tout le charme de l'instrument. A la place, il y a une Trompette, on ne peut plus "standard".
Cet orgue avait une histoire à raconter, et il était original. Il est devenu banal. Il faudrait vraiment lui rendre sa belle composition, et espérer que la Clarinette à bouche n'a pas été envoyée à la chaudière... Pourquoi ne peut-on pas juste laisser les beaux orgues en paix ?
L'inauguration a eu lieu le 06/10/2012.
Caractéristiques instrumentales
La console indépendante.Consle indépendante face à la nef, fermée par un rideau coulissant. L'intérieur est un acajou. (Sûrement du Sipo, dont Roethinger semble avoir eu des stocks impressionnants.)
Contrairement à ce qu'on a pu lire, cette console n'a pas été remplacée en 1959 par un modèle électrique : elle a simplement été électrifiée. Le meuble et la disposition sont caractéristiques des années 1920. Il y a des consoles très ressemblantes à Marlenheim (1925), Batzendorf (1926), Saint-Bernard (Brinighoffen/Enschingen, 1927) ou Liebsdorf (1929).
Tirage des jeux par dominos, placés en ligne au-dessus du second clavier. Ils ont visiblement été remplacés en 1959, et sont groupés par plans sonores par des séparateurs en bois réalisés plutôt maladroitement. Les accouplements sont commandés par dominos. Claviers blancs.
Sur les consoles de cette série, les "plaques d'adresses" n'en sont pas : s'agit de grandes lettres dorées, normalement imprimées de chaque côté des dominos : "E.A. Roethinger" / "Strasbourg". A Marlenheim, les lettres sont presque complètement effacées : il est probable qu'elles réagissent mal à certains produits d'entretien. C'est peut-être aussi ce qui est arrivé à Sengern. Elles sont très lisibles à Batzendorf , Liebsdorf et Saint-Bernard.
La plaque d'adresse, imprimée en lettres dorées.Sommiers à cônes.
Webographie :
Sources et bibliographie :
Remerciements à Sébastien Braillon
L'auteur se pinçant à l'évidence le nez en présence des instruments du début du 20ème siècle, l'article fait en tout et pour tout... 3 lignes. Des lignes qui n'ont même pas été relues, puis qu'elles annoncent que l'orgue avait 10 jeux en 1929 : 3 (g.o.) + 5 (récit) + 1 (ped.). 3+5+1=10. Ce sont sûrement des "calculs" de cette trempe qui ont abouti à la fameuse "structure saine de l'orgue", théorie fumeuse décrétée à l'époque, dans le but de démolir les orgues romantiques.
228. (Egl. du Hasenrain) Roethinger, 1929, 10 Jeux, 2 Clav., Péd., sommier à pistons, tract, tub., soufflerie électr.
Hôpital civil (Hasrenrain). - O. von Roethinger, 1929, 10 Reg., 2 Clav., Ped. MATHIAS 66, u. Liste Roethinger.
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