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Les orgues de la région d'Ensisheim
Niederentzen, Ste-Agathe
1752 proj > Projet
Partie instrumentale classée Monument Historique, 2003.
Buffet classé Monument Historique, 2003.
Niederentzen, l'orgue des frères Callinet dans son buffet plus ancien.
Toutes les photos de la page sont de Roland Lopes, le 22/08/2012.Niederentzen, l'orgue des frères Callinet dans son buffet plus ancien.
Toutes les photos de la page sont de Roland Lopes, le 22/08/2012.

Identifiable par son clocher octogonal terminé par un clocheton, l'église a gardé des éléments fort anciens, et un mobilier baroque fort intéressant. L'auteur des autels est connu des amateurs d'orgues, puisqu'il s'agit d'Anton Ketterer, qui construisit les buffets de certains orgues d'André Silbermann. Quant à l'orgue du lieu, son buffet (et probablement aussi ses tuyaux de façade) remontent à la toute fin du 18 ème.

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Le projet de 1752
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Historique

Il y avait déjà un projet pour doter l'église de Niederentzen d'un orgue en 1752. [IHOA]

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L'orgue Joseph Rabiny,
1791
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Historique

En 1791, Joseph Rabiny construisit un orgue neuf : [IHOA]

[PMSCALL]

La Flûte 8' de ce récit est très intéressante : elle deviendra la "signature" des Callinet en se transformant en un dessus de Principal (Flûte traversière), souvent complété dans les basses en 4'. Mais ce n'était pas une exclusivité, d'autres facteurs, comme Dallery, pratiquant ce jeu à l'époque.

Il est "communément admis" que Joseph Rabiny était "héritier de la tradition Riepp", et qu'il légua celle-ci à François Callinet, qui fonda à Rouffach l'extraordinaire maison que l'on connaît, maison dont la réputation était telle qu'elle fournit des orgues jusqu'à Moulins, le Puy, ou Marseille. Mais... des travaux de Rabiny, on ne savait pas grand chose. Cela s'explique :
On a cru longtemps que l'instrument de l'abbaye de Schuttern (D) fut réalisé par Rabiny en collaboration avec Riepp. En fait, le réel auteur semble bien avoir été Louis Joseph Weber, un "homme de l'ombre" aussi talentueux que modeste.
On avait postulé que si Rabiny a eu le marché pour un orgue monumental à Guebwiller, c'est qu'il avait dû présenter de sérieuses références, ou disposer d'appuis très haut placés. Il est clair que Rabiny avait de bons réseaux et savait parler. Là aussi, si on se limite aux faits, il faut avouer qu'on ne sait pratiquement rien de l'instrument de Guebwiller : on en ignore jusqu'à la composition, et il n'en reste que le buffet, puisqu'il fut totalement remplacé en 1908. Dépassa-t-il seulement le cadre du buffet et de quelques jeux ? Car ce genre de remplacement d'un orgue par un neuf ne s'explique souvent pas seulement par les évolutions en matière de goût.
En ce qui concerne les autres témoignages des activités de Rabiny, ils ne sont pas nombreux : d'après les inventaires, il n'y a guère qu'à Zimmersheim et Hirtzfelden où on puisse encore trouver quelques tuyaux de lui. Mais, une fois sur place, on découvre que l'orgue de Hirtzfelden, certes fort réussi, est clairement de Martin Rinckenbach (1879) ; sa qualité ne doit absolument rien à un soit-disant génie du 18ème !

- De son orgue de Cernay (n°2 ; les numéros font référence à la liste de Pie Meyer-Siat, pp.89-111) il ne reste rien, puisqu'il fut détruit lors de la première Guerre mondiale. Mais on sait qu'il avait dû, comme les autres, être "revu" (en 1843) par les Callinet.

- L'orgue Rabiny de Ste-Marie-aux-Mines (Ste-Madeleine, n°3) a été déménagé à Faucogney-et-la-Mer (70) (partie instrumentale et buffet classés, respectivement en 1972 et 1974). Restauré en 1976 par Jean Deloye et Philippe Hartmann, il fit beaucoup pour l'image de Rabiny. Mais, à nouveau, c'est grâce aux bons soins de Joseph Callinet, qui avait été chargé de son installation là-bas, et... de Deloye et Hartmann...

- L'orgue Rabiny de Sentheim (n°9) était de toutes façons devenu trop petit pour la nouvelle église ; il a été remplacé. Là aussi, le devis des frères Callinet de 1839 est révélateur...

Le reste s'effiloche au fur et à mesure que les erreurs d'attributions sont corrigées et les historiques précisés. La liste des "travaux Rabiny" données dans le "Callinet" de Meyer-Siat est évocatrice. Pourtant, l'auteur assurait (p.24) "Au fur et à mesure que les archives seront dépouillées, on retrouvera sûrement encore d'autres traces de cet artisan. Le cadre provisoire, tracé ici, n'élucide pas tous les problèmes qui se posent à son sujet." De fait, au fur et à mesure que les archives ont été dépouillées, la liste des ouvrages de Riepp ne cessa de se restreindre, pour finalement se limiter à 1 ou 2 attributions "coutumières". [PMSCALL]

- Voegtlinshoffen (n°4, "vers 1800") ? C'est un orgue Jacque Besançon, qui doit beaucoup, lui aussi, à François Callinet (1818).

- Berrwiller (n°5) ? C'était un orgue Martin Bergäntzel (1784).

- Oberentzen (n°7)? C'est un orgue Louis Dubois (1752).

- St-Amarin (n°8) ? C'était aussi un orgue Louis Dubois (1760). Mais une publication locale continuer d'assurer "Malheureusement, le chef-d’œuvre de Maître Rabiny a été détruit par un incendie qui s’était déclaré dans la nuit du 25 novembre 1895." Comment peut-on qualifier de chef d'oeuvre un orgue qui n'a jamais existé.

- Hunawihr (n°10) ? C'est un orgue Jacque Besançon (1765).

- Beaucoup de travaux de la la liste sont en fait des réparations, ou de simples conjectures (n°11, 12), et rapidement à partie du n° 13, ils ne concernent pus que François Callinet.

Tous ces exemples, concordants, laissent à penser que la réputation acquise par Joseph Rabiny à la fin du 20ème siècle était essentiellement due au fait... qu'il a eu de bons et tolérants successeurs, soucieux d'écarter toute menace de scandale. Or, la "charge de preuve" permettant de déclarer qu'un facteur du 18ème était un "Maître" ou un "génie" incombe normalement... aux découvreurs de génies ! Nous attendons toujours ces preuves. En attendant, on ne peut que regretter qu'au détours de certains pages internet, on retrouve encore des expressions du style "grand maître Rabiny" ou "chef d'œuvre du célèbre facteur Rabiny" recopiées sans avoir pris le soin de recouper. En fait, il ne reste pratiquement rien de la production de Rabiny.

En 1799, l'instrument nécessita déjà une réparation, menée par Joseph Rabiny lui-même. [IHOA]

En 1829, il y eut une autre réparation. [IHOA]

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L'orgue Callinet,
1841 (instrument actuel)
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Historique

En 1841, les frères Callinet reconstruisirent l'instrument. [IHOA]

Les deux premières réparations n'avaient probablement rien à voir avec les événements révolutionnaires (surtout pour un orgue construit... pendant la Révolution). Que n'eût-on entendu de la part des historiens de l'orgue alsacien si cet instrument n'avait pas été construit par un facteur du 18 ème, mais par Heinrich Koulen, par exemple ? Finalement, cet orgue connut un destin très voisin de celui d'Oberentzen : sur la base d'un instrument du 18 ème de "à bout" dans les années 1830 (Dubois là-bas, Rabiny ici), Joseph Callinet construisit un orgue cohérent.

Il s'agissait de déplacer l'instrument en avant (à fleur de tribune), de reconstruire des sommiers pour les manuels, de refaire les claviers et la mécanique, et de "convertir" la basse de Basson par une base de Trompette (cela signifie probablement que seules les anches ont été changées). L'essentiel de la tuyauterie allait donc être conservée, mais, on le verra, tout n'était pas récupérable, en particulier à la pédale. Le travail fut reçu le 16/12/1841 par François Antoine Haumesser (Rouffach) et François Schiffmacher (Niederentzen). Dans le procès-verbal de réception, on apprend que les Callinet ont ajouté "à leur frais" un Salicional neuf, remplacé les "anciennes flûtes de pédale par des neuves". On parle aussi de plusieurs tuyaux neufs (probablement dus à l'extension du claver d'écho, et du passage du grand-orgue de 51 à 54 notes). [PMSCALL]

Voici donc à quoi devait ressembler l'orgue des frères Callinet en 1842

Cette fois, pour le coup, ce devait être un joli petit instrument : avec la qualité de facture de Joseph Callinet et cette disposition à la fois originale et simple, cet instrument était idéalement adapté à son environnement. Malheureusement, pas au répertoire, en raison d'une pédale limitée à 15 notes, donc, en pratique, inutilisable.

C'est vers 1895 que Berger fit quelques travaux. Il posa une Voix céleste au grand-orgue sur la chape vide originellement destinée à un Clairon, et une Gambe de pédale à la place du Clairon. Peut-être est-ce lui qui passa la Fourniture de 4 à 3 rangs. [ITOA] [RDott]

Ensuite, pendant la période d'abandon de l'orgue, à la fin du 20 ème siècle, des tuyaux (en particulier du Cornet, où il manquait 3 rangs) ont disparu.

En 2012, Richard Dott restaura l'instrument dans son état de 1841 (Callinet, frères), et posa un Clairon sur la chape qui avait été prévue pour ça. [RLopes] [RDott]

Une chape de 15 notes...

L'orgue a été inauguré le 07/10/2012 par Marc Baumann.

Le buffet

La structure est la même qu'à Faucogney-et-la-Mer : l'instrument devait avoir un soubassement à l'origine. Tourelle centrale plate. Façade du 18 ème, d'origine.

Caractéristiques instrumentales

Composition, 2012
Grand-orgue, 54 n. (C-f''')
C-H conduits dans la Flûte
Basses bouchées
C c c' c''
1' 2' 2' 4'
2/3' 1'1/3 2' 2'2/3
1/2' 1' 1'1/3 2'
2012
Tiroir
Echo, 42 n. (c-f''')
Pédale, 15 n. (C-d)
2012
[RLopes]
Console:

Console latérale : l'orgue est disposé à fleur de tribune ("à la lorraine") depuis 1841.

Ordre et orthographe des étiquettes à la console :

Hautbois
Récit.
Flûte 8 pieds.
Récit.
Cornet 8 pieds.
Montre 8 pieds.
Salicional 8 p.
Doublette
Fourniture
Trompette 8 p.
Clairon 4 pieds
Prestant 4 pds.
Récit.
Bourdon 8 pds.
Récit.
Bourdon 8 pieds.
Prestant 4 pieds.
Flûte 4 pieds.
Trombonne 8 p.
Pédale.
Flûte 8 pieds.
Pédale.
Flûte 4 pieds.
Pédale.
Clairon 4 pieds
Pédale.
[RLopes]
Transmission: mécanique à équerres.
Sommiers: un sommier chromatique commun aux manuels, mais à laye double : les jeux des deux manuels sont donc groupés chacun de leur côté. Il est disposé orthogonalement à la façade, basses à l'avant.
Tuyauterie:
La signature, à la pointe sèche, de Rabiny sur un des tuyaux.Bien sûr, tous les tuyaux du 18 ème n'ont pas la qualité de la production imaginées par les hagiographies (soudures, épaisseur du métal)... mais l'intérêt historique des orgues provient aussi de ces témoignages.Il est fort heureux que cette pièce marquante de notre patrimoine ait pu être entretenue et mise en valeur de cette façon en 2012.La signature, à la pointe sèche, de Rabiny sur un des tuyaux.
Bien sûr, tous les tuyaux du 18 ème n'ont pas la qualité de la production imaginées par les hagiographies (soudures, épaisseur du métal)... mais l'intérêt historique des orgues provient aussi de ces témoignages.
Il est fort heureux que cette pièce marquante de notre patrimoine ait pu être entretenue et mise en valeur de cette façon en 2012.

Références Sources et bibliographie :

Carte Localisation :

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Immatriculation de l'orgue actuel : F680234001P03
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