L'histoire de Richwiller restera marquée par l'exploitation de la potasse, découverte ici en 1904. L'église du lieu est plus ancienne, puisqu'elle remonte aux années 1870. Elle abrite de nombreux éléments encore plus anciens, dont des boiseries (venant de Soultz), une pietà du 15 ème siècle, la statue de Ste-Catherine d'Alexandrie (17 ème siècle) et, on le verra, un buffet d'orgue de Rabiny. Le patrimoine de la localité de Richwiller s'illustre aussi par son orgue Martin et Joseph Rinckenbach de la plus belle époque, logé dans un buffet très orné, et récemment restauré dans son état de 1898.
Historique
Il y avait déjà un orgue à Richwiller avant 1824, mais on en ignore la provenance, sa présence n'étant attestée que par des comptes (solde de payement, en 1824), et le payement d'un organiste, François-Joseph Bürgentzle (1825). Un de ses successeurs écrivit en 1858 plusieurs lettres à l'évêché pour se plaindre de de ne pas avoir été payé. L'instrument était installé dans l'ancienne église, dite "du cimetière", et il était probablement trop petit pour la nouvelle, achevée en 1876. [IHOA] [PMSSUND1980]
Historique
En 1874, Richwiller reçut l'orgue Grégoire II Rabiny, 1788, de Wittelsheim, St-Michel. [IHOA]
Le buffet
Le buffet de positif de ce buffet se trouve toujours à Richwiller, et se trouve à droite du chœur. C'est l'œuvre de Grégoire II Rabiny (1766-1837). (Il y a deux Grégoire Rabiny : le frère et le fils de Joseph. Le frère a quitté l'Alsace en 1766.) Son instrument a été acquis par Richwiller en 1874, car Joseph Merklin l'avait repris en 1861, au moment de placer son orgue de Wittelsheim, et l'a mis en vente. Lors de la construction du Rinckenbach, en 1898, on décida de garder le buffet comme décoration, et on le plaça à son emplacement actuel.
Cette boiserie a 3,20 m de large pour 3 m de haut. [Palissy]
Historique
En septembre 1898 fut inauguré l'opus 58 de Martin Rinckenbach. [LR1907] [IHOA] [Barth] [ITOA] [PMSSUND1980]
L'opus 58 de la maison d'Ammerschwihr est inscrit dans une lignée prestigieuse initiée par Martin dans le style de son maître, Aristide Cavaillé-Coll. Le style romantique français trouve une évolution alsacienne en se dotant de fonds plus étoffés (Gambes spécifiques, Geignenprincipal...) et la présence systématique d'une pédale indépendante. La Trompette est au grand-orgue, pas au récit, laissant ce clavier avec le Hautbois comme seule anche.
De 1913 à 1933, l'organiste (et directeur d'école) de Richwiller était Eugène Wacker (1878-1943). Egalement historien, il était originaire de Knoeringue. C'est aujourd'hui l'une des rares localités d'Alsace dépourvue d'orgue, mais il y en avait un - dont on ignore à peu près tout - entre 1869 et 1926. Wacker tenait déjà ce mystérieux instrument de Knoeringue à l'âge de 12 ans. Entré à l'école normale de Colmar en 1893, il fut instituteur (et donc probablement organiste) à Lautenbach (1898), Orschwihr (1901), Huningue (1902), Waltenheim (1909), puis Richwiller. [SUND1939]
Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités le 12/03/1917. [ITOA]
On ne sait pas qui a remplacé cette façade. Ce fut probablement fait vers 1920. [Richwiller2010]
Suite à cela, la ligne de bouches était fausse : ce type de buffet demande une ligne horizontale dans les plates-faces, mais ce sont des lignes en forme de "V" qui ont été réalisées dans les plates-faces. [ITOA]
Il y eut vraisemblablement une transformation, en 1949, par Georges et Curt Schwenkedel. on ne dispose pas de beaucoup de détails sur cette opération, à part le "découpage" du malheureux Violoncelle de pédale, pour en faire un incongru 4'. Toujours est-il qu'au début des années 1980, outre ce 4' de pédale, une Quinte 2'2/3 remplaçait la Gambe 8' d'origine (!), et, au récit, la Flûte traverse avait peut-être été remplacée. (Il y a un doute pour ce dernier jeu, car sa présence est encore relevée en 1986.) La Fourniture avait aussi été remaniée, puisqu'on y trouvait des tuyaux qui n'avaient rien à voir avec la qualité Rinckenbach. En 1986, lors de l'inventaire, la Fourniture était notée "2 pieds", alors qu'on s'attend à trouver, dans un pareil instrument, une Mixture grave (2'2/3) avec peu de reprises. Il n'est pas établi que toutes ces transformations soient les conséquences de l'opération de 1949. [Richwiller2010] [ITOA] [PMSSUND1980]
En 1982, Christian Guerrier fit un relevage de l'instrument, et apporta une Gambe 8' de Rinckenbach pour remplacer la Quinte étrangère à l'instrument : c'était une étape vers une restauration en l'état de 1898 (chose vraiment peu courante dans les années 1980). Voici la composition en 1986 (où, curieusement, apparaît la Flûte traverse 4' du récit). [ITOA]
En 2010, l'orgue a été restauré dans son état de 1898 par Nicolas Martel, de Montmirey-le-Château (Jura), sous la maîtrise d'œuvre de Christian Lutz. [Richwiller2010]
Le projet avait été lancé dès 2005. Outre un relevage des sommiers, il a fallu reconstruire le Violoncelle de pédale, la Fourniture du grand-orgue et la Flûte traverse du récit (le tout en copie de jeux conservés de Martin Rinckenbach). La façade neuve dispose les bouches en lignes horizontales dans les plates-faces. [Richwiller2010]
Le buffet
Le buffet est apparenté à ceux de Buethwiller (1883) ou Hoenheim (1885). Ce dessin a été réalisé à plusieurs reprises, mais ici, l'ornementation atteint un développement très particulier. Le couronnement est à rapprocher de celui de Houssen. Le fronton interrompu (aussi présent à Houssen) figurait déjà sur l'un des premiers orgues Rinckenbach, à Ste-Marie-aux-Mines, St-Louis. A Richwiller, l'orgue a été muni de jouées à motifs en feuillage, et de claires-voies finement ouvragées. Ce ne sont pas seulement les tympans des tourelles néo-romanes (arcs plein cintre), mais toute une frise supérieure qui est sculptée. Les plates-faces comportent à leur base des frises en piécettes. Les colonnettes séparant les plates-faces, caractéristiques de ce type de buffet, sont tournées, et munies d'un motif floral. La maison Boehm a signé ce buffet, comme en atteste une inscription "würtz praeposito parocho boehm frater sculpsit 1898".
Le buffet mesure 4,40 m de large pour 4,50 m de haut. [Palissy]
Caractéristiques instrumentales
Console indépendante face à la nef, fermée par un couvercle basculant. Tirants de jeux de section ronde, à pommeaux tournés munis de porcelaines, disposés en trois gradins de part et d'autre des claviers. Selon l'habitude de Martin et Joseph Rinckenbach dans les années 90, les jeux de pédale sont disposés en haut à gauche, et leur nom apparaît en bleu. Ceux du récit sont en haut à droite, écrits en rose. Les jeux du grand orgue sont placés sur les gradins inférieurs, des deux côtés, et leur nom est en noir. Claviers blancs, touches du récit à frontons biseautés (droits au grand-orgue). Commande des tirasses et de l'accouplement par pédale-cuillers à accrocher, repérées par des porcelaines rondes à liséré doré placées au-dessus du second manuel. De gauche à droite : II/P ("Pedale koppel à II.M."), I/P ("Pedale koppel à I.M."), commande de la boîte du récit par pédale basculante (d'origine) ("Expression"), II/I ("Manual koppel"). A l'exception de quelques porcelaines (méticuleusement restituées), la console est entièrement d'origine.
Plaque d'adresse noire à lettres dorées disposée sur la traverse de la console, au-dessus du second clavier et au centre, disant :
Le mot "Ammerschweier" ondule sur deux lignes.
Activités culturelles :
Sources et bibliographie :
Photos à la console et composition après 2010.
"Reichweiler 17"
Localisation :