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Les orgues de la région de Strasbourg
Strasbourg, ancien conservatoire (Salle de concert)

Cette page concerne les orgues des salles de concert des anciens conservatoires de Strasbourg. L'actuel est décrit sur la page spécifique consacrée à la grande salle d'orgue de la Cité de la Musique.

Le conservatoire fut fondé en 1855, grâce au legs du riche avocat Louis Apffel, dont le père avait amassé une immense fortune lors de la Révolution. Mais l'institution prit son réel essor après 1870. Jusque là installé au 3, quai Lezay-Marnésia, on lui fit une place au coeur de la ville : salle de l'Aubette, place Kléber. En ces temps-là (1877), la musique était un élément central de la vie sociale, et l'implantation géographique d'une institution est un bon indicateur de l'intérêt que la société porte au sujet concerné. En 1922, le conservatoire fut déménagé dans les locaux de l'ex-"Parlement régional" (Landtag), situé place de la République, face aux pelouses et aux magnolias. Vers 1995, il fut décidé que ce bâtiment prestigieux n'était pas adapté à l'enseignement de la musique. Les élèves, professeurs et leur administration se retrouvèrent plus ou moins SDF, répartis entre des annexes et la fameuse friche industrielle de la Laiterie (dans le quartier de la gare). En 2006 on construisit de nouveaux locaux, modernes et fonctionnels, non loin de la place de l'Etoile (qui était alors un quartier "à promouvoir") : c'est la "Cité de la Musique".

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Historique

C'est en 1890, qu'Heinrich Koulen termina pour le conservatoire son fameux orgue à transmission électro-pneumatique, auquel, dit-on, il consacra 3 années de travail. [Rupp]

Voici un synoptique des orgues qui ont équipé le conservatoire :

1890 orgue neuf, Heinrich Koulen.
vers 1896
1896 2 orgues neufs, Carl Weigle, 3j.
1900 orgue neuf, Carl Weigle, II/12.
avant 1910 dégâts des eaux.
1920 Grande salle Salle 8 Salle 6 Salle 9 Autres Le conservatoire s'installe place de la République.
1922 orgue neuf, Charles Mutin, II/P 32j.
1943 orgue neuf, Georges Schwenkedel, op. 76, II/3.
1944 destruction par faits de guerre.
1956 Salle 9: électrification par Ernest Muhleisen.
1964 Concerts: orgue neuf, Curt Schwenkedel.
Salle 9: repris par Gaston Kern.
1965 Salle 9: orgue Mutin, 1900 de St-Benoît/Loire.
1971 Salle 8: orgue neuf, Curt Schwenkedel.
1976 Salle 6: orgue neuf, Gaston Kern.
1977 Salle 7: orgue neuf, Marc Garnier.
1983 Concerts: transformation par Gaston Kern.
1984 Salle 7: orgue repris par Marc Garnier.
Salle 8 -> Salle 3-24 de la Cité de la musique.
Salle 6 -> Salle 3-25 de la Cité de la musique.
Salle 9 -> 2ème étage de la Cité de la musique.
2013 orgue Schwenkedel toujours enfermé dans l'édifice.

A la Cité de la Musique :

2006 orgue neuf, Muhleisen.
Salle 3-24: orgue Schwenkedel, 1971.
Salle 3-25: orgue Gaston Kern, 1976.
2ème étage: orgue Mutin.
Salle 3-27: orgue Garnier 1985 de la rue Brûlée.

Emile Rupp écrit d'ailleurs "des Verfasser selbst hat 3 Jarhre auf dem Instrument des Konservatoriums geübt.". "geübt" et pas "arbeitet", "üben" signifiant plutôt "s'exercer" ou "étudier" que "travailler". [Rupp]

Si le principe de la transmission pneumatique était bien maîtrisé, les technologies permettant de la réaliser l'étaient moins. Le choix des matériaux, surtout celui des membranes, était hasardeux : on ne savait pas comment ces tissus caoutchoutés allaient vieillir. De fait, ils vieillirent mal ; il est des progrès qu'on ne peut faire qu'après plusieurs années d'observation de la résistance des matériaux à l'usure et au temps. Koulen était élève de Merklin. Il était très inventif, et il est probable que, comme Merklin, ce n'est pas de pneumatique, mais d'électro-pneumatique dont il rêvait : une transmission adaptée aux grand instruments. La "pneumatique tubulaire" est très efficace pour de petits et moyens instruments, quand la distance entre les claviers et les sommiers n'excède pas quelques mètres. Mais maîtriser l'électro-pneumatique, c'est encore une autre affaire, et, dans la dernière décennie du 19ème, trouver du courant fiable - a fortiori continu - n'était pas une chose aisée. (Voir à ce sujet les aventures de Joseph Rinkenbach à Altkirch, quelques décennies plus tard.)

Le conservatoire de Strasbourg était à l'époque installé à l'Aubette (place Kléber) et au centre d'une activité intense. Vers 1896, on passa commande de deux orgues Weigle. L'orgue Koulen ne resta probablement pas en fonction très longtemps : c'était un "orgue-concept" (comme ces véhicules visionnaires que l'on montre parfois aux salons de l'auto), et pas vraiment un instrument destiné à l'enseignement. C'était d'ailleurs plutôt la mission des Ecoles normales. Il a disparu, mais on ne sait pas trop quand.

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Historique

Depuis 1920, le conservatoire était installé dans les nouveaux locaux de la place de la République. Les deux petits orgues Weigle y avaient été déménagés, mais il restait à doter la nouvelle institution d'un instrument "de prestige". Ce fut fait en 1922, quand on passa commande à Charles Mutin. [IHOA]

C'était un instrument plutôt important (II/P 34j), logé dans la salle de débats de l'ex-"Parlement régional" (Landtag). [IHOA]

Au conservatoire, c'était l'époque de Guy Ropartz ! Ce Breton (1864-1955), ami de César Franck et élève de Dubois et Massenet, avait déjà dirigé le conservatoire de Nancy pendant 25 ans. Il avait été appelé à Strasbourg après l'Armistice. Alors, évidemment, on peut comprendre que pour l'orgue et dans ce contexte, il fallait quelque chose de très... Français. Donc, on décida de ranger les Gemshorns et les Aéolines, et d'appeler un taxi pour l'avenue du Maine (voir composition ci-dessous). Le nombre de 34 jeux pour un 2-claviers seulement peut paraître surprenant, mais, paraît-il, c'était justement un choix délibéré. Autre choix délibéré : la transmission mécanique et les sommiers à gravures. Souvenons-nous que quelques années plus tôt, la mécanique et les gravures étaient qualifiées de "Deutschfeindlichkeit" ou de "französische Propaganda" ! Quant à Emile Rupp, un rien taquin (comme à son habitude), il note que dès 1923, Mutin mit une "Eoline" à l'écho expressif de son orgue de St-Pierre de Douai. Et un Gemshorn au positif.

Cet orgue fut détruit dans le bombardement du 25/09/1944. [IHOA]

Caractéristiques instrumentales

Transmission:

mécanique à machine Barker. Tirage des jeux mécanique.

Sommiers:

à gravures.

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Historique

En 1964, Curt Schwenkedel plaça dans la grande salle de concerts un orgue neuf de 43 jeux, harmonisé "à plein vent". [IHOA] [ITOA]

L'architecture était originale : c'est un peu comme un orgue de tribune qui aurait vu sa console "descendue" au niveau du sol (emportant le récit). De fait, le "positif de dos" est en balustrade, et serait "de dos" si la console était en tribune. Du point de vue de l'organiste, c'est plutôt un "Brustwerk". L'orgue est très "néo-baroque", avec sa disposition en "Werkprinzip" (la structure extérieure respecte l'organisation intérieure), son buffet à caissons, ses sommiers à gravures, sa mécanique, ses chamades, ses "trompes" de pédale (façade en cuivre) séparées, et son "positif de dos". Mais, puisque c'est un orgue de conservatoire, il fallait aussi une petite concession à l'époque romantique, prenant la forme d'un récit expressif. Le tout donnait donc un côté "néo-classique" à ce grand ensemble. L'instrument a été inauguré par Helmut Walcha. [ITOA]

En 1983, Gaston Kern effectua un relevage, ainsi que les transformations suivantes : [ITOA] [JNO1991]

- Réharmonisation du positif.

- La Ranquette 16', originalement au positif a été déplacée au récit.

- Elle y remplace un Hautbois 4' qui a été supprimé.

- Installation d'une Sesquialtera (avec reprise d'une octave sur les deux rangs au premier Sol).

- Suppression du "Zinck" 2' de la Pédale.

- Les pavillons de la Posaune, qui étaient en cuivre à l'origine, ont été remplacés par de nouveaux pavillons en étain.

- La Cymbale-tierce du grand-orgue a probablement été modifiée (mais ce jeu était déjà là en 1964).

Avec cette Tierce, les deux Sesquialtera, la Tierce du récit et la Grosse tierce (harmonique de 16') du grand-orgue, il n'y a pas moins de 5 Tierces dans cet instrument. Les anches de grand-orgue, celles de la pédale et les mixtures peuvent être appelées ou annulées indépendamment au moyen de commandes doubles "au pied" ou par tirant. Il en va de même des 2 combinaisons ajustables permettant de pré-programmer une registration.

Suite au déménagement du conservatoire dans la nouvelle Cité de la musique, l'orgue a été bâché par la maison Kern (Hattmatt), les 18 et 19/12/1995, en attendant de savoir ce qu'il allait devenir. Ensuite, il fut littéralement enfermé dans son édifice, inaccessible, pendant 20 ans. [APlatz]

En 2012, il fut à nouveau question de cet orgue, lorsqu'il devint enfin évident pour tous que le machin électronique de l'église St-Maurice de Strasbourg était à bout. Parmi les nombreuses options envisagées (le grand Weigle ayant été déclaré "inadapté à la liturgie" (!)), on avança le déménagement de cet instrument à St-Maurice. C'était oublier les difficultés liées à la structure toute particulière de l'orgue du conservatoire (en laissant de côté toute considération esthétique). Finalement, à St-Maurice, il fut décidé de rempiler pour un autre machin électronique...

Pour les anciens élèves du conservatoire, ayant auditionné face à ces tuyaux de cuivre, cet instrument fait un peu "madeleine de Proust". L'édifice majestueux, aux couloirs obscurs et aux innombrables escaliers, face à la place de la République et ses magnolias, était quand même un endroit magique, plein de souvenirs.

En 2016, l'orgue revint à la vie, et fut installé à St-Etienne de Strasbourg (où on pourra lire la suite de l'histoire). [VWeller] [WebBlumenroeder]

Caractéristiques instrumentales

Transmission:

mécanique à équerres. Tirage des jeux électrique.

Sommiers:

à gravures. Le récit est logé derrière la console, dans le soubassement. Vu sa composition spécifique, il peut aussi être considéré comme un clavier écho.

Références Sources et bibliographie :

Carte Localisation :

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Immatriculation de l'orgue actuel : F670482012P00
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