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~ Les orgues de la région de Brumath ~

Gambsheim, Sts Nazaire et Celse
Jean-Georges KOENIG, 1958


KOENIG Après...

Composition, 1995
Grand orgue
56 notes
Récit expressif
56 notes
Pédale
32 notes
Montre 8' Principal 8' Soubasse 16'
Bourdon 8' Cor de nuit 8' Basse 8'
Prestant 4' Flûte 4' Montre 8'
Doublette 2' Nasard 2'2/3 Montre 4' (ext.)
Fourniture 4 rgs Principal 2' Flûte 4'
Trompette 8' Tierce 1'3/5 Bombarde 16'
Clairon 4' Cymbale 3 rgs Trompette 8' (ext.)
II/I (16', 8', 4') Trompette 8' Clairon 4' (ext.)
  Cromorne 8'  
  II/II (4')  

     Cet instrument a été construit en 1958 par Jean-Georges KOENIG, ce qui en fait l'un des premiers orgues neufs posés par cette Maison en Alsace.

     L'église moderne de Gambsheim a été construite en 1954, et conçue par l'architecte F. GURI. L'ancien sanctuaire, baroque (il était en fait situé à Bettenhoffen, et datait de 1764) a été détruit en 1945.

L'orgue Jean-André SILBERMANN, 1767

     Dans ce premier édifice, il y eut d'abord un orgue Jean-André SILBERMANN, datant de 1767. En voici la Composition probable, sur la base de ce que rapporte Silbermann dans ses archives, et ce que trouva Michel STIEHR en 1803 :

Composition, 1767
Manuel Echo Pédale
Bourdon 8' 6 Jeux Flûte 8'
Prestant 4'   Flûte 4'
Flûte 4'   Trompette 8'
Doublette 2'    
Nasard 2'2/3    
Tierce 1'3/5    
Cornet ( rgs    
Fourniture 3? rgs    
Cromorne 8' (B+D)    
Il y avait un Tremblant fort et un Tremblant doux.
Quant au 6 Jeux du Récit, c'était probablement un Cornet de 5 rangs décomposé, et une Trompette d'Echo.

     Pendant la Révolution, l'édifice servit d'hôpital. En 1803, l'orgue Silbermann "dans un état absolu de délabrement" fut réparé par Michel Stiehr.

Le projet STOLTZ, 1858

     Il y eut un projet de réparations d'envergure en 1856, mais ce n'est qu'en 1858 que Gambsheim obtint un original projet de la Maison STOLTZ et SCHAAF de Paris, (22 Jeux) qui fit couler beaucoup d'encre :

Composition, Stoltz
Manuel
54 notes
Récit expressif
42 notes
Pédales 'séparées'
18 notes
Bourdon 16' Bourdon 8' Flûte 16'
Montre 8' Flûte harmonique 8' Flûte 8'
Bourdon 8' Gambe 8' Bombarde 16'
Salicional 8' Voix céleste 8' Trompette 8'
Violoncelle 8' Flûte octaviante 4' I/P
Prestant 4' Cor anglais 16'  
Doublette 2' Hautbois 8'  
Cornet 5 rgs (D) Voix humaine 8'  
Trompette 8' Trémolo  
Clairon 4'    
II/I    

     C'était un orgue "à trois claviers, savoir Manual, Récit (dont il manque, comme souvent à cette époque, l'Octave grave) et clavier de pédales séparées" - autrement dit un deux-claviers...
Il y avait les "pédales de combinaisons" (Appels et Accouplements) qui étaient tant à la mode.
Cette fort intéressante Composition (pas de Mixture, pas la moindre Fourniture, pas d'Anche conique au Récit) suscita un commentaire extraordinaire de la part de l'architecte d'arrondissement MORIN :
"En moyenne, les 924 notes coûteront chaque 11,364 f.
J'ai fait connaître dans un rapport du 16 février 1858, que les prix ordinaires de Wetzel de Strasbourg étaient 5,60 f par note ; ceux de Rivinach de la Meurthe 6,90 f ; Stiehr de Seltz 8,10 f ; Alexandre de Paris 16,45 .
[...]
On peut admettre de la part des facteurs de Paris, une plus grande perfection dans la qualité des sons ; mais dans cette supposition même, la différence qui pourrait exister, ne motive pas un semblable excédent de dépense pour une commune rurale où peu de personnes peuvent apprécier le mérite supérieur d'un instrument de Paris"
.

Ce mélange de modestie contrite face à ce qui venait de la Capitale, et de condescendance un rien méprisante à l'égard des "paysans" incapables de profiter des magnifiques sons parisiens est révélateur des mentalités. De fait, le projet d'un orgue parisien pour Gambsheim ne rencontra pas le soutien populaire escompté. On fit valoir que Stoltz et Schaaff exportaient des orgues en Angleterre, et en Chine, et en d'autres pays. Quant à la contestation, elle était bien sûr l'oeuvre "d'ignobles ivrognes".

     En 1869, ce fut GROSS, professeur de musique à l'Ecole normale, et membre de la Commission des orgues qui fit définitivement pencher la balance dans le sens du refus de l'instrument parisien. Bien qu'il avait été invité à visiter les atelier parisiens de la firme, il conseilla de ne pas procéder à l'achat de cet orgue "par le triple motif que le prix est trop élevé, le devis incomplètement exécuté et que le clavier du positif et les registres correspondants ne sont pas complets".
De fait, Gross, en bon organiste alsacien, ne trouvait pas beaucoup d'avantage dans les "pédales de combinaisons" introduisant une complication inutile. Par contre, il ne voyait pas bien à quoi pouvait servir un "Positif" (Récit) amputé de son octave grave (les orgues parisiens étaient conçus pour jouer Lefébure-Wély, et pas des fugues).

     L'affaire de Gamsheim fut tout de même un intéressant précédent. Elle fut le baptême du feu de la Commission des orgues Bas-Rhinoise, et l'histoire des orgues parisiens en Alsace commença tout de suite après, à Mulhouse.

L'orgue STIEHR, 1864

     Le devis Stoltz ayant été refusé par le Préfet, c'est finalement la Maison Stiehr qui posa un orgue neuf à Gambsheim. Les doctes experts de 1862 décidèrent qu'il serait opportun, pour les 538 mètres carrés de l'église (un paramètre d'entrée incontournable à l'époque) de prévoir 28 Jeux (G.O 13, Pos 8, Ped 7), dont 6 conservés de Silbermann du Grand-orgue (tous sauf le Cromorne, qui avait probablement beaucoup souffert, et les deux Mutations qui étaient passées de mode). Le Buffet devait être conservé mais agrandi. Et effectivement, Morin et sa Commission approuva d'un inénarrable : "La Commission admet 29 registres pour des édifices de 470 mères de surface, et 32 registres pour 660 mètres de surface [...] Or, l'église de Gambsheim a 538 mètres carrés et on prévoir 28 jeux [...] La soumission est donc convenable et peut être approuvée". Voilà qui mérite bien un coup de tampon. L'approbation préfectorale est datée du 11/02/1863 et l'orgue Stiehr fut reçu le 15/07/1864.

Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités allemandes en Mai 1917.
En 1936, Georges SCHWENKEDEL visita l'instrument pour proposer d'électrifier la Soufflerie. Il le trouva à 25 Registres.

     En 1945, l'église fut totalement détruite. Le Maître autel fut sauvé, et placé à Neuf-Brisach, St-Louis. De l'orgue, on ne récupéra rien.

     C'est un orgue sans Buffet, dont la façade est constituée d'alignements de tuyaux dessinant des paraboles. Les guides touristiques parlent d'orgues "asymétriques" (!) (C'est vrai qu'il n'est pas symétrique ; surtout à gauche.) L'ensemble est plutôt fourni, avec un grand Récit Néo-classique. Il a été fait usage d'Extensions à la Pédale.

En 1978, la Maison Koenig procéda à une réparation d'envergure (Sommier du Grand-orgue). Il y eut aussi un relevage, par Yves Koenig, en 1995. A cette occasion, la Composition fut légèrement revue : Bombarde et Clairon (qui n'étaient que des Extensions du Rang de Trompette) ont été remplacés par un Cromorne.

Transmission : électrique (Console indépendante face à la nef). Sommiers à Cônes.
Il y a cinq Combinaisons fixes (Piano, Mezzo Forte, Forte, Fortissimo, Tutti) et une Combinaison libre, ainsi que l'Appel des Mutations, Mixtures et Anches. Il y a aussi un Crescendo.

Sources :

  • Remerciements à Yves KOENIG.
  • P. MEYER-SIAT, "Stiehr-Mockers", AEA XX (1972-73)
  • P. MEYER-SIAT, "La doctrine officielle de la Préfecture du Bas-Rhin dans le domaine de la facture d'orgues vers 1860", in "La musique en Alsace".
  • Archives Silbermann
  • Sur l'Alsace et ses orgues parisiens : Y. MERLIN "Orgues et organistes parisiens en Alsace, de 1860 à 1908" in "L'Orgue" (Paris), Bulletin des Amis de l'Orgue, 2003 [sic pour 2004]-IV, n° 265, p.3-112.

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Dernière mise à jour : 05/09/2005 20:50:08

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