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~ Les orgues de la région d'Illzach ~

Ottmarsheim, Prieuré St-Bernard
Georg STAHLHUTH, 1912
Seul orgue Stahlhuth d'Alsace.
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Le prieuré Saint-Bernard (autrefois connu sous le nom de "Bénédictines d'Ottmarsheim") est l'une des implantations des Serviteurs de Jésus et de Marie, congrégation fondée en 1830 par le Père Jean-Edouard LAMY.
L'édifice, situé tout à côté de l'église d'Ottmarsheim comprend une hôtellerie du 18 ème siècle.
A la chapelle, se trouve un orgue peu commun.
Il s'agit du seul orgue d'Alsace dû à la Manufacture-martyre d'Aix-la-Chapelle, STAHLHUTH.
Témoin d'une facture "romantique allemande" tempérée par l'influence belge et française, il est tout de même caractéristique de son époque de construction : 1912. |
 Ottmarsheim, le 29/03/2003 |
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La Maison STAHLHUTH (parfois orthographiée "STAHLHUT"), d'Aix-la-Chapelle (Aachen)
L'entreprise fut fondée par Georg Stahlhuth (1830-1913).
Son père Wilhelm était déjà facteur d'orgues et de pianos à Hildesheim (D), et Georg, en petit Mozart de la facture d'orgues, construisit ses premiers tuyaux à l'âge de 7 ans.
Mais c'est à Bruxelles, chez LORET, et surtout chez Joseph MERKLIN (de 1849 à 1853), qu'il apprit le métier.
Il est donc issu de l'école franco-belge du 19 ème siècle.
C'est d'autant plus vrai que Stahlhuth était l'un des "élèves" préférés de Merklin : "Aus allen Briefen des alten Meisters Merklin leuchtete die Freude und der Stolz, in Stahlhuth seinen talentvollsten Schüler [...] herangebildet zu haben." raconte son fils Eduard.
("Dans toutes les lettres du vieux maître Merklin s'exprime la joie et la fierté d'avoir formé Stahlhuth, le plus talentueux de ses élèves.")
Georg fonda son entreprise dans sa ville natale de Hildesheim en 1853, puis l'installa en 1864 à Aix-la-Chapelle (Aachen ; plus exactement à Burtscheid).
Là-bas, elle prit de l'ampleur.
Georg Stahlhuth était un facteur d'orgues, mais aussi un organiste de renom, qui s'illustrait particulièrement dans l'exécution de l'oeuvre de J.S.
BACH.
A la mort de Georg, en 1913, l'avenir semblait assuré.
Mais son très prometteur petit-fils, Ludwig-Georg, compta parmi les premières victimes de la première guerre mondiale, puisqu'il tomba le 10/09/1914.
Et, malheureusement, le fils de Georg, Eduard - qui lui aussi travailla avec l'ami Merklin (cette fois à Lyon) - mourut tout aussi prématurément, le 09/08/1916, soit à peine 3 ans après son père.
C'est Georg HAUPT, avec le beau-fils de Georg Stahlhuth, Josef FIETH qui assurèrent la continuité de l'entreprise.
En 1939, il y avait 40 facteurs d'orgues qui travaillaient chez Stahlhuth.
Mais les malheurs étaient loin d'être terminés.
Le 11/04/1944, au cours d'un raid aérien sur Aix-la-Capelle, la manufacture - qui n'avait pourtant rien d'une fabrique de canons - fut pilonnée.
La quasi-totalité des employés périrent sous les bombes, aux côtés du Dr.
Eduard PELZER qui dirigeait alors l'entreprise, ainsi que sa famille.
Anéantie, la Maison Stahlhuth re-naquit pourtant après la guerre, sous le nom "Orgelbau Aachen", pour reprendre bientôt celui de "Orgelbauanstalt Stahlhut".
Après les années 1950, sous la direction d'Emil BRUNNER, elle prit le virage du Néo-baroque, et reconstruisit des Sommiers à Gravures.
Willy MEURER (installé à Rohrbach-lès-Bitche jusqu'à sa retraite en 1990) a appris le métier au sein de la Maison Stahthuth entre 1932 et 1935, du temps d'Eduard Pelzer.
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Le premier orgue des Bénédictines d'Ottmarsaheim datait de 1901.
Construit par Jacob ZIMMERMANN, de Bâle, l'instrument a été transféré en 1923 à Dolleren.
L'actuel orgue du prieuré St-Bernard a été acheté en Allemagne, d'occasion.
Datant de 1912 (donc encore du vivant de Georg Stahlhuth), il a été placé au couvent en 1930.
En 1953, il a été revu par la Maison SCHWENKEDEL, qui assura des travaux de soufflerie.
Mais peu à peu, l'instrument se dégrada pour devenir muet à partir des années 1970.
L'orgue est encastré dans le mur, et sa façade arrière est visible depuis la seconde chapelle.
Si les Sommiers ont souffert d'infiltrations d'eau (parties décollées, tirage des Jeux hors service), la tuyauterie (qui comprend un joli Hautbois en étain), ainsi que la transmission sont toutefois intactes.
Quant on regarde l'orgue de l'arrière, la pédale occupe la partie droite.
Les Manuels sont étagés, et coupés en basses puis dessus. |
 L'orgue vu de l'arrière. |
C'est bien une flûte à cheminée 4 pieds que l'on trouve au Récit (elle est mal étiquetée à la Console).
 La Console, toute en bois massif.
Les dispositifs à la console sont assez particuliers.
Les boutons des Jeux, carrés, s'accrochent par pression et se décrochent grâce à une petite palette métallique, arrondie, située au-dessus du bouton.
Les Jeux du Grand-orgue apparaissent en noir, ceux du Récit en rouge, et la Pédale en Jaune.
Le Hautbois dispose d'un Annulateur commandé par un bouton placé à l'écart (qu'on peut considérer comme un Annulateur d'Anches).
Autre curiosité : le groupe de boutons commandant la Pédale est dupliqué, à gauche et à droite.
Il y a un cadran linéaire à 5 positions pour le Crescendo, situé à droite du porte-partitions.
Les deux pédales d'expression agissent par des barres en bois, apparentes, situées dans le dos de l'organiste (que l'on aperçoit d'ailleurs sur la photo d'ensemble).
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Un bien curieux système occupe la gauche des claviers.
Ce sont deux boutons noirs, ressemblant à une horloge d'échecs.
Quand on enfonce l'un, l'autre ressort.
Il n'a pas été possible d'identifier son usage.
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Ce seul témoin en Alsace (et peut-être même en France) d'un courant de convergence entre l'école romantique franco-belge et le romantisme allemand mériterait d'être promu et préservé, comme le Stahlhuth de l'église St-Martin de Dudelange (Luxembourg), qui a été restauré en 2002 par Thomas JANN.
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Transmission : pneumatique (Console indépendante face à la nef).
Sommiers à Membranes.
Il y a cinq Combinaisons fixes (Pianissimo, Piano, Mezzo Forte, Forte, Tutti), deux pédales d'expression séparées, et un Crescendo.
Voici l'ordre des Jeux (et l'orthographe) à la Console ; à noter, l'orthographe française de "Soubasse" et "Quintaton".
L'ensemble est situé sur une seule ligne :
Oboe
8' ab. |
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Ped
I |
Ped
II |
Soubasse
16' |
Quintaton
16' |
Violine
8' |
Gedackt
8' |
Voix
céleste
8' |
Aeoline
8' |
Rohrflöte
8' |
Oboe
8' |
Man
II-I |
Suboktav
II-I |
Superoktav
II |
Principal
8' |
Salicional
8' |
Rohrflöte
8' |
Flauto
dolce
8' |
Aeoline
8' |
Octav
4' |
Sousbasse
16' |
Quintaton
16' |
Pedal
I |
Pedal
II |
Sources :
taire des Orgues de Lorraine, Moselle Sc-Z
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