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Les orgues de la région d'Obernai
Obernai, Sts-Pierre-et-Paul (Tribune)
1917 degr > Dégâts
Partie instrumentale classée Monument Historique, 26/06/1991.
Buffet classé Monument Historique, 30/12/1982.
Un des représentants majeurs du romantisme français en Alsace.
Obernai, l'orgue Merklin, le 03/08/2003.Obernai, l'orgue Merklin, le 03/08/2003.

L'orgue d'Obernai est le témoin d'une époque : les années 1871-1890, quand l'Alsace était juste devenue Allemande. On a voulu faire de cet instrument le symbole de l'attachement des Obernois à la France. Il l'est sûrement ; mais il témoigne aussi de l'ouverture d'esprit des responsables de l'époque, qui étaient bien loin d'imposer un quelconque impérialisme culturel. A cette époque, peu importe que le style soit Français, Allemand ou autre : ce qui comptait avant tout, c'est la qualité de l'instrument. Sur le plan musical, cette période marque l'avènement d'un style d'orgue romantique, orchestral - "symphonique" dira-t-on - pour lequel les orgues étaient construits avec une grande inventivité, et harmonisés tout en finesse.

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L'orgue de facteur inconnu (1448)
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Historique

Un orgue est attesté à Obernai dès 1448. (La nef avait été reconstruite cette année là.) Sa provenance est inconnue, mais un certain "Meister Heinrich", à qui l'entretien fut confié dans les premières années, en était peut-être l'auteur. [IHOA] [Obernai2001]

C'est peut-être cet instrument (ou un de ses successeurs n'ayant pas laissé d'autre trace) qui a été entretenu et transformé à plusieurs reprises jusqu'à la fin du 15ème, par des Dominicains de Strasbourg et Matthias Kern. [Obernai2001]

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L'orgue Jacob Suneller,
1512
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Historique

En 1512, il y eut un orgue neuf de Jacob Suneller, de Haguenau. Cet instrument - presque contemporain du Retable d'Issenheim - aurait été plusieurs fois réparé, jusqu'à la fin du 18ème. Il aurait donc survécu à la guerre de Trente ans. [IHOA] [Obernai2001]

Au 17ème siècle, on note la présence d'au moins un positif, et d'une régale (1632-1698). Un positif, propriété de la Confrérie de la Visitation, est allé à la Kapellkirche en 1682. Au tout début du 18ème (1708) il y avait encore 3 orgues à Obernai (donc a priori un grand, un positif et une régale), car un facteur itinérant suisse, du nom de Joseph Meyenberger, les répara tous les trois. [IHOA] [Obernai2001]

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Historique

En 1713, André Silbermann plaça un orgue neuf. Cet instrument paraît ne jamais avoir été achevé par les Silbermann, puisque la "2ème tranche" (Cornet d'écho, Voix humaine, Cromorne, et Clairon de pédale), pourtant commandée par la ville le 11/03/1721, ne fut pas réalisée. On dit que Sauer vint le compléter en 1784. [IHOA] [Obernai2001]

Réparé en 1807, 1827 et 1859, il a été partiellement déménagé à St-Maximin de Niedernai par Félix Mockers le 20/08/1867 à l'occasion de la démolition de l'ancienne église. [IHOA] [PMSSTIEHR]

Le déménagement a été "partiel", car le positif de dos de l'ancien instrument, transformé par la maison Stier-Mockers a continué de servir, à Obernai, comme positif tout-court. Il a d'ailleurs été déplacé sur la tribune du transept en 1881 par les ouvriers de Merklin. [IHOA] [Obernai2001]

Le positif de l'orgue Silbermann d'Obernai, aujourd'hui à Niedernai,
et le croquis de Muller le montrant transformé en orgue de chœur.Le positif de l'orgue Silbermann d'Obernai, aujourd'hui à Niedernai,
et le croquis de Muller le montrant transformé en orgue de chœur.

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Historique

En 1881, Joseph Merklin posa à Obernai son plus grand instrument alsacien. [IHOA] [YMParisAlsace] [Obernai2001]

Une nouvelle façon de voir l'orgue

La nouvelle église d'Obernai avait été achevée en 1872. Dans les environs, en matière d'orgues, le "paysage" était plutôt simple : à peu près tout ce qui ne remontait pas au 18ème avait été construit par les Stiehr-Mockers. Si, dans le Haut-Rhin des années 1860, la définition d'un orgue était "ce que font les Callinet", dans le Bas-Rhin, c'était plutôt "un instrument de musique, qui vient de Seltz". Sauf que, pour bon nombre d'organistes, le style "pré-romantique" avait pris un sacré coup de vieux... La "fidélité à la tradition", on veut bien (surtout en Alsace...), mais de là à se complaire dans un atavisme devenu évident, il y a un pas que ne nombreux acteurs de l'orgue n'étaient plus prêts à faire.

Même en Alsace, l'époque où le maire de la commune s'adressait au facteur "naturel" pour faire livrer un orgue "propre à accompagner le culte" qui sera ensuite confié à l'instituteur, était révolue. Peu à peu, les nouveaux organistes, bien formés par les écoles normales, avaient leur mot à dire. (Et savaient se servir d'un pédalier, si bien que ceux de 18 notes étaient devenus rédhibitoires.)

Un engouement pour l'orgue romantique français

A Obernai, l'histoire commença en 1872, quand on demanda un premier devis à la maison Merklin. Le choix d'une maison "française" a été beaucoup souligné et commenté. Certes, en 1886, le Kreisdirector écrivit au Bezirkspraesident : "La population pense français dans sa majorité". De fait, il paraissait "logique" que le choix de Merklin fut un acte "patriotique". Il est clair que l'administration de Reichsland voyait probablement d'un meilleur œil l'acquisition de biens venant "de l'Allemagne de l'intérieur". (Pas de droits de douane, et sûrement des demandes de subvention plus aisément justifiables.) Mais le monde musical était conquis par la facture romantique parisienne ! [YMParisAlsace] [Obernai2001]

Après cette première prise de contacts, les choses devinrent sérieuses en 1878, c'est-à-dire justement au moment de l'inauguration de l'orgue Merklin du chœur de la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg : avait-il suscité un regain de motivation ? A l'évidence, et cette motivation animait surtout les musiciens : aux côté d'Edouard Ignace Andlauer, on trouvait des passionnés de l'orgue romantique français : Friedrich Wilhelm Sering, Théophile Stern, et F. Stockhausen. Au début, la partie d'Obernai semblait se jouer entre Merklin et Stiehr. Mais on demanda aussi des devis à Heinrich Koulen, Aristide Cavaillé-Coll, et Stoltz frères (Louis-Eugène et Charles Edouard, les fils de Jean-Baptiste, qui étaient un peu les spécialistes de "l'orgue parisien de province".) [YMParisAlsace] [Obernai2001]

Une petite maladresse fut commise : le devis Merklin a été montré à ses concurrents, qui, dès lors, avaient beau jeu de critiquer les solutions proposées. En particulier les jeux empruntés ("transmis", que Merklin avait déjà proposés à Munster, et qui étaient une spécialité de la maison, l'invention de Pierre Schyven ayant fait l'objet d'un brevet en 1867). Du coup, Louis Muller, Rudolf Löewe (Bâle, Sainte-Élisabeth, organiste de l'orgue Merklin-Schütze construit en 1864) et Théophile Stern écrivirent au maire d'Obernai pour recommander Merklin. La "short list" finale était : Merklin et... Cavaillé-Coll. Mais ce fut Koulen qui se montra le concurrent le plus déterminé. En effet, il se passa alors quelque chose de tout à fait significatif : Koulen en référa à l'Administration allemande, comptant sur une réaction protectionniste ; mais cette dernière se rangea à l'avis de Sering. [YMParisAlsace]

Les faits sont là : dans l'Alsace de 1879, acheter un orgue français était possible ; ce n'était ni un combat de résistant ni un courageux acte de patriotisme. D'ailleurs, Joseph Merklin était d'origine allemande : si la démarche avait réellement été un acte "patriotique", c'est probablement Cavaillé-Coll qui aurait été retenu. Mais Sering préférait Merklin à Cavaillé-Coll, car il estimait que ce dernier avait une production trop dédiée au concert. Le choix fut donc bien fait pour des raisons esthétiques, et ce sont les arguments musicaux qui ont prévalu. Le devis Merklin fut accepté par la municipalité le 02/09/1879. [YMParisAlsace]

La composition réalisée est la même que l'actuelle (après la restauration de 2001). La Quinte-flûte 2'2/3 et Flageolet 2', avec les dessus coniques et les basses volontiers bouchées, sont des jeux emblématiques de Merklin. Il y a deux Cornets, ce qui est une spécificité, mais pas une révolution : le Cornet n'était pas étranger aux compositions Merklin, surtout pour les grands instruments. D'ailleurs, l'orgue Merklin d'Arras (détruit en 1915) en avait deux aussi. [MerklinJurine]

La plaque d'adresse de Merklin à Obernai.La plaque d'adresse de Merklin à Obernai.

Une inauguration festive

L'expertise et l'inauguration eurent lieu le 06/03/1882, sous la présidence du chanoine Raess, réunissant Sering, Stockhausen, E.-I. Andlauer, Joseph Eberling (Sélestat, Ste-Foy, ancien élève de l'école Niedermeyer), Emile Rapp (alors curé à Innenheim), l'abbé Schaeffer (cathédrale, remplaçant l'abbé Mercky), et Heun, professeur de musique à l'école normale d'Obernai. En fait, l'événement fut triple : l'expertise (réception) le matin, suivie d'un concours pour choisir le futur titulaire, et grand concert à 17h. Le "Journal d'Alsace" du 10/03/1882 rapporte que : "L'inauguration solennelle du nouvel orgue avait été fixée au soir du même jour. À 5 heures, une foule immense, parmi laquelle un grand nombre d'étrangers, remplissait la vaste enceinte de l'église. Après la bénédiction de l'orgue par le clergé et quelques morceaux exécutés sur le nouvel instrument par MM. Rapp, Andlauer, Heun, Eberling et Sering, toute une phalange d'artistes comme Obernai en a réuni rarement dans ses murs, M. le chanoine Raess a prononcé dans un langage élevé, le grand discours d'inauguration. Cette partie du programme a été suivie de plusieurs morceaux de musique et de chants religieux, dont l'exécution avait été confiée à M. l'abbé Schaeffer, de Strasbourg, à M. l'abbé Lux, de notre ville, et aux enfants des écoles. Les chœurs des "Martyrs", donné par la Société Chorale, a dignement couronné la belle et imposante cérémonie. Aujourd'hui, dans la matinée, devant un jury composé de MM. Andlauer, Eberling, l'abbé Schaeffer, et l'abbé Rapp, a eu lieu le concours pour la nomination au poste d'organiste. Sept candidats se sont présentés et ont subi les diverses épreuves. Le résultat ne sera connu que dans quelques jours." [YMParisAlsace] [Obernai2001]

Nous n'avons pas retrouvé le résultat du concours de nomination. Mais on sait qu'en 1884, 1890 et 1892, l'organiste d'Obernai s'appelait Bachmann. En effet, il participa en 1884 à la réception de l'orgue Heinrich Koulen de Bourgheim, le 17/03/1890 à celle du Martin Rinckenbach de Niederhergheim, et le 15/09/1892 à la réception des travaux (également effectués par Rinckenbach) à l'orgue d'Epfig. Le 14/09/1880, un Bachmann avait participé aussi à la réception de l'orgue Koulen d'Andlau, mais on le disait alors établi à Bouxwiller. C'est peut-être le même, qui a pu déménager à Obernai suite à sa nomination en 1882. [PMSSTIEHR]

La soufflerie a été électrifiée dès 1906. Mais probablement pas à son endroit actuel : des traces d'huile, à l'arrière gauche du buffet, laissent penser que c'est plutôt à cet endroit qu'a été posé le premier ventilateur électrique. [IHOA] [Visite]

Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités en juin 1917 (il y en avait pour presque une demi tonne d'étain.) [IHOA] [Obernai2001]

En 1921, Franz Heinrich Kriess fit des réparations à la soufflerie. Deux ans plus tard, la même entreprise remplaça les tuyaux de façade - de très belle façon - avec des tuyaux dotés d'écussons dans le style original. [IHOA] [Obernai2001]

Avec les années 1950 et l'émergence du néo-classique "mainstream" ("l'orgue à tout jouer"), s'ouvrit une période noire pour les instruments romantiques. La plupart étaient victimes de projets de "néo-classisation", d'électrifications, quand ne n'était pas carrément d'un remplacement. Le Merklin d'Obernai ne fit pas exception. Son état était déjà préoccupant en 1949, et en 1950, il y eut un premier projet de changement de composition avec électrification du tirage de jeux. Les maisons Schwenkedel, Michel-Merklin-Kuhn, Paul Adam et Muhleisen ont été consultées. Finalement, en 1951, la Ernest Muhleisen effectua la seule transformation qui a affecté cet orgue. Elle fut certes limitée, mais quand même significative : découpage de la Gambe 16' de pédale pour en faire une Quinte 10'2/3, suppression du Gemshorn et de la Gambe pour les remplacer par des "petits jeux" totalement étrangers à l'esthétique de l'instrument (une Tierce et... une Cymbale !). Encore plus grave : la Fourniture a été remaniée, et les tuyaux ouverts des Cornets coupés en leur partie supérieure ("dépavillonnés"). Il y a donc bien eu ré-harmonisation, même si elle a été partielle. [IHOA] [Obernai2001]

L'orgue à l'abandon

Les ressources qui auraient dû être consacrées à son entretien ayant été dépensées en altérations, l'orgue perdit peu à peu de son intérêt, et finit par être totalement abandonné.

En 1965, des infiltrations d'eau le rendirent injouable. (Le récit et la pédale, placés sur les côtés, avaient été un temps épargnés par l'eau. La partie centrale (grand-orgue/positif) avait cessé de fonctionner depuis le milieu des années 50.) Des travaux aux tours et à la terrasse entraînèrent la dépose et le déplacement de nombreux éléments (tuyauterie, faux-sommiers), qui commencèrent à se "diluer" dans l'édifice. [Obernai2001]

Tout cela, dans l'indifférence totale du monde de l'orgue de l'époque, fanatiquement "néo-baroque", qui méprisait - et ignorait - tout ce qui n'était pas "Silbermann" ou le fraîchement découvert "Callinet" (sans très bien savoir lequel).

L'orgue à l'abandon.L'orgue à l'abandon.

En 1981 on envisagea même de reconstruire la partie centrale, en adjoignant un positif de dos et en supprimant la machine Barker ! La réalisation aurait dû être faite par la maison Muhleisen. (Mais nul doute que d'autres l'auraient réalisée volontiers.) Heureusement, le projet capota. L'année suivante, le 30/12/1982, le buffet a été classé monument historique. Mais il a fallu attendre encore 9 ans pour que la partie instrumentale soit classée (26/06/1991). [IHOA]

C'est en 2001 que la maison Daniel Kern effectua la restauration de l'instrument dans son état de 1881. [IHOA]

Retour à la disposition de 1881

La tâche était colossale : il fallait déjà réparer les absurdes modifications de 1951 (remplacer de beaux jeux romantiques par des petits jeux, c'est facile - il suffit de couper ; mais revenir en arrière nécessite des ressources considérables : rien que les matériaux nécessaires ont un coût significatif). Et l'orgue avait également beaucoup souffert pendant son abandon : infiltrations d'eau, puis "coups de chaud". (La rosace de l'édifice est orientée plein sud, et située juste derrière l'instrument, et l'été, l'ensoleillement était la cause d'effrayantes augmentations de température).

Pendant les travaux, le 06/05/2000.Pendant les travaux, le 06/05/2000.

L'orgue restauré a été inauguré le 16/09/2001 par Pierre Astor, après une messe solennelle animée par la chorale Ste-Cécile et Pierre Astor (à l'orgue de tribune) et Jean-Louis Thomas (à l'orgue de chœur). Le 23/09/2001, il y eut également un concert de Mattias Degott (Gengenbach). [Caecilia]

Une autre initiative liée à cette inauguration fut l'édition de la remarquable plaquette "La restauration de l'orgue Merklin", dans la série "Patrimoine restauré en région Alsace" (vol 6). L'effort de recherche et de documentation en font un modèle du genre. [Obernai2001]

Le buffet

Le magnifique buffet néo-gothique, en chêne vernis, est l'œuvre de la maison Théophile Klem. (Comme la plupart des buffets des orgues Merklin d'Alsace, les familles Klem et Merklin étant apparentées.)

Il y eut plusieurs projets, dont un ressemble beaucoup à celui de Nancy, St-Epvre, mais avec une tourelle centrale plus marquée. Pour le choix du dessin, il semble que l'intégration harmonieuse avec la rosace ait été une priorité. La tribune devait de toutes façons être reconstruite : elle était bien trop petite à l'origine pour recevoir un orgue compatible avec l'édifice. (Pour essayer de "couvrir" son erreur, l'architecte déclara d'ailleurs sans vergogne qu'à son avis, un orgue d'une vingtaine de jeux aurait suffi !)

On connaît l'attirance du style romantique pour les buffets triangulaires (pyramidaux). Ici, pour s'inscrire autour de la rosace, ce sont deux groupes pyramidaux, de 5 tourelles, qui se tiennent de part et d'autre de la baie. Ils sont réunis par une partie centrale, elle aussi constituée de 5 éléments (une tourelle encadrée de plates-faces doubles). Le fleuron de la partie centrale rejoint le moyeu de la rosace. Vu depuis la nef, le positif - évidemment purement décoratif - a sensiblement la même largeur que la partie centrale. Il est lui aussi constitué de 5 éléments : deux tourelles latérales, une plate-face centrale et deux plates-faces intermédiaires.

L'ornementation, somptueuse, obéit aux canons du style : culots et ceinture sculptés, gâbles et couronnements munis de crochets, pinacles et fleurons, clochetons. Il n'y a pas des jouées (car le buffet prend presque toute la largeur disponible (environ 9m).

Caractéristiques instrumentales

Composition, 2020
Grand-Orgue, 56 n. (C-g''')
c'-g''' sur le vent
h-g''' sur le vent
H-g''' sur le vent ; c'''-g''' sans oreilles
Sur le vent ; c'''-g''' au ton ; fis'-g''' sans oreilles
c'-g''' harmoniques, cis''-g''' sans oreilles
c-g''' harmoniques ; fis'-g''' sans oreilles ; d''-g''' au ton
(c'-g''')
posté ; entailles de timbre
reprises sur c, c', c''
Pavillon de hauteur réelle
c''-g''' harmoniques
fis''-g''' en 8'
Positif intérieur, 56 n. (C-g''')
Emprunt du G.O.
Emprunt du G.O.
2001 ; conique
2001
Emprunt du G.O.
Emprunt du G.O.
C-E bouchés, F-f' à cheminées ; fis'-g''' coniques ; oreilles sauf fis'-g'''
h'-g''' au ton
Cône/cylindre/cône emboîté
Récit expressif, 56 n. (C-g''')
C-h en bois ; freins-bavettes
C-H en bois ; oreilles
C-H bois ; c-h bouchés ; c'-g''' à cheminées ; oreilles
Oreilles, freins Gavioli, sauf c''-g''' sans oreilles ni frein
(c-g''')
Oreilles sauf c'''-g'''
c'-g''' harmoniques, dis'''-g''' au ton
Conique
(c'-g''')
Posté
c'-g''' harmoniques
Pédale, 30 n. (C-f')
Emprunt du G.O.
Emprunt du G.O.
bois
Bois sur pointes et pieds métalliques
Etain
I/P
Console:

Console indépendante frontale face à la nef, fermée par un couvercle basculant incliné. Tirants de jeux de section ronde à pommeaux vernis munis de grandes porcelaines à liséré doré, dont la plupart à fond coloré, et disposés en quatre gradins de part et d'autre de la console. Le gradin inférieur reçoit les jeux du grand-orgue, le deuxième ceux du positif, le troisième les jeux du récit, et les tirants de pédale son tout en haut. Les fonds colorés indiquent les plans sonores : blanc pour le grand-orgue et la pédale, jaune pour le positif, et bleu pour le récit, mais il y a aussi un code de couleur pour les jeux de combinaisons : rose/orangé pour le grand-orgue, vert pour le positif, rouge pour le récit, et jaune pour la pédale.

Les tirants Merklin à Obernai.Les tirants Merklin à Obernai.

Claviers blancs, joues rectangulaires. Les frontons des touches du deuxième et du troisième sont biseautés, mais celles du grand-orgue sont droits.

Les commandes à pied sont constituées de 14 pédales-cuillers à accrocher, en fer forgé, plus la pédale basculante commandant l'expression du récit. Elles sont repérées par des porcelaines rondes (en respectant le code de couleur, donc parfois multicolores), en lettres noires. De gauche à droite : l'orage (sans porcelaine), "I/P", "II/P", "III/P", (un espace), "APPEL G.O.", "II/I", "III/I", "OCT.GRAVE III/I", pédale d'expression, "ANCHES ET VOIX MIXTES GENERAL" (avec 4 secteurs : vert, rouge, jaune et orange), "ANCHES PÉDALE", "ANCHES ET VOIX MIXTES G.O.", "ANCHES POSITIF", "ANCHES ET VOIX MIXTES RÉCIT".

Il n'y a pas d'accouplement du récit sur le positif (III/II).

L'origine de l'absence de cet accouplement est peut-être à rechercher dans la logique initiale de conception de ce positif. Elle est sûrement issue du projet pour Munster, consistant à créer un positif par emprunts du grand-orgue. Après avoir finalement doté le clavier de jeux propres, on a peut-être oublié de mettre l'accouplement. Pour le répertoire, ce n'est pas du tout pratique... Pour le "simuler", il faut mettre II/I, III/I, et se servir de l'annulateur grand-orgue, en jouant sur le premier clavier.

Plaque d'adresse noire à lettres dorées, placée au centre au-dessus du troisième clavier, et disant :

MANUFACTURE de Gdes ORGUES
J. MERKLIN
PARIS - LYON

Le graphisme est "ovalisé", car la première et la troisième ligne sont incurvés.

Voici un plan de la console, relevé par Martin Foisset (2015).

Transmission:

Mécanique à équerres, avec Machine Barker. Tirage des jeux également mécanique.

La machine Barker d'Obernai.La machine Barker d'Obernai.
Sommiers:

Tous les sommiers sont situés au même niveau : grand-orgue et positif à gauche du récit, le tout flanqué des deux sommiers de pédale. Les jeux du grand-orgue et du positif partagent des sommiers chromatiques. Le sommier principal (arrière) comprend 14 chapes ! Le Cornet est posté en hauteur, en son milieu, avec les anches de batterie (Bombarde, Trompette et Clairon) à l'arrière.

Le récit est également chromatique, et, là aussi, le Cornet est disposé au milieu. Mais il est disposé orthogonalement à la façade, aigus vers l'avant.

Deux sommiers diatoniques pour la pédale, orthogonaux à la façade, basse à l'arrière.

Le schéma suivant, montrant l'orgue sans buffet, donne la disposition des plans sonores :

En rouge, le volume occupé par le grand-orgue et le positif,
en marron, celui du récit, et en bleu, la pédale, en vert, les réservoirs.
Il y a des jalousies entre le récit et le grand-orgue.En rouge, le volume occupé par le grand-orgue et le positif,
en marron, celui du récit, et en bleu, la pédale, en vert, les réservoirs.
Il y a des jalousies entre le récit et le grand-orgue.
Soufflerie:

A l'origine, il y avait deux postes de souffleurs, un a droite et un à gauche du buffet. Celui de droite a été conservé, avec ses deux pédales de pompage. Celui de gauche a été supprimé, probablement en 1906. Assurer l'alimentation en vent depuis les pompes droites seulement devait nécessiter une force et une endurance considérables... Le circuit des portes-vents porte des traces de modifications. Les deux réservoirs, à plis parallèles, sont logés dans le soubassement, de chaque côté.

Tuyauterie:

Grâce à un entretien méticuleux, la tuyauterie est dans un état exceptionnel. Les techniques de construction sont caractéristiques de l'époque romantique : entailles de timbre, bourdons à calottes mobiles, biseaux à dents. Les tuyaux sont réalisés en bois, en étain ou en étoffe.

Une vue d'ensemble des aigus du grand-orgue et du positif.
La façade est en haut à droite. Le récit en haut à gauche.Une vue d'ensemble des aigus du grand-orgue et du positif.
La façade est en haut à droite. Le récit en haut à gauche.
La partie avant des aigus du grand-orgue et positif.
Le revers de la façade est visible au fond. Le récit est à gauche.
Le sommier "avant", au centre de l'image, porte les 31 dessus (cis'-g''') des jeux suivants :
(depuis la façade vers le fond de l'orgue - donc ici de haut en bas)
le Principal 16', la Montre 8', le Principal 4',
le Bourdon 16' (20 - c''-g''' à cheminées) et l'Octavin.
Plus bas, il y a une passerelle, puis le sommier "arrière"
dont on voit quelques hauts de tuyaux dans le coin inférieur gauche.La partie avant des aigus du grand-orgue et positif.
Le revers de la façade est visible au fond. Le récit est à gauche.
Le sommier "avant", au centre de l'image, porte les 31 dessus (cis'-g''') des jeux suivants :
(depuis la façade vers le fond de l'orgue - donc ici de haut en bas)
le Principal 16', la Montre 8', le Principal 4',
le Bourdon 16' (20 - c''-g''' à cheminées) et l'Octavin.
Plus bas, il y a une passerelle, puis le sommier "arrière"
dont on voit quelques hauts de tuyaux dans le coin inférieur gauche.
Le sommier "arrière" du grand-orgue et positif (vu de l'avant).
La vue est pivotée, par rapport à la précédente, de 90° vers la gauche.
On retrouve le Bourdon 16' dans le coin inférieur droit.
Depuis la passerelle vers le fond de l'orgue
donc d'en bas à droite vers en haut à gauche :
la Clarinette (Pos.), la Doublette (Pos.), la Gambe (Pos.),
le Bourdon 8', la Flûte 8', le Salicional 8',
la Flûte octaviante 4', le Gemshorn 8' (Pos.),
la Quinte-flûte 2'2/3 (Pos.), puis les postages du Cornet,
masquant le reste.Le sommier "arrière" du grand-orgue et positif (vu de l'avant).
La vue est pivotée, par rapport à la précédente, de 90° vers la gauche.
On retrouve le Bourdon 16' dans le coin inférieur droit.
Depuis la passerelle vers le fond de l'orgue
donc d'en bas à droite vers en haut à gauche :
la Clarinette (Pos.), la Doublette (Pos.), la Gambe (Pos.),
le Bourdon 8', la Flûte 8', le Salicional 8',
la Flûte octaviante 4', le Gemshorn 8' (Pos.),
la Quinte-flûte 2'2/3 (Pos.), puis les postages du Cornet, masquant le reste.
De l'autre côté du Cornet.
Pour voir les tuyaux placés derrière le Cornet,
il a fallu se déplacer vers le fond de l'orgue,
et pivoter de 90° vers la droite (même orientation que la première vue).
Depuis l'avant et vers le fond, donc sur l'image de haut en bas :
le Cornet, la Bombarde 16', la Trompette (20 tuyaux harmoniques de hauteur double),
et le Clairon (dont les 14 derniers résonateurs ont aussi une hauteur double.
Ils ne sont pas harmoniques, il s'agit d'une reprise : ils sonnent en 8'.De l'autre côté du Cornet.
Pour voir les tuyaux placés derrière le Cornet,
il a fallu se déplacer vers le fond de l'orgue,
et pivoter de 90° vers la droite (même orientation que la première vue).
Depuis l'avant et vers le fond, donc sur l'image de haut en bas :
le Cornet, la Bombarde 16', la Trompette (20 tuyaux harmoniques de hauteur double),
et le Clairon (dont les 14 derniers résonateurs ont aussi une hauteur double.
Ils ne sont pas harmoniques, il s'agit d'une reprise : ils sonnent en 8'.
Voici à présent le Cornet du grand-orgue
L'étiquette dit "Cornet G. Orgue Obernai". Il y a aussi des inscriptions
à la pointe sèche  sur le corps et la calotte.
Ces dernières sont immobilisées avec du papier gaufré rouge.
Il y a 32 notes (c'-g'''), sur 5 rangs. Celui de 8', à cheminées
est à l'avant, et on trouve ensuite le 4', le 2'2/3, et 2' et le 1'3/5
tous ouverts, soit les 4 premières harmoniques naturelles du 8'.
Noter que la pièce gravée est munie de petits registres.Voici à présent le Cornet du grand-orgue
L'étiquette dit "Cornet G. Orgue Obernai". Il y a aussi des inscriptions
à la pointe sèche sur le corps et la calotte.
Ces dernières sont immobilisées avec du papier gaufré rouge.
Il y a 32 notes (c'-g'''), sur 5 rangs. Celui de 8', à cheminées
est à l'avant, et on trouve ensuite le 4', le 2'2/3, et 2' et le 1'3/5
tous ouverts, soit les 4 premières harmoniques naturelles du 8'.
Noter que la pièce gravée est munie de petits registres.
Les basses du grand-orgue et du positif.
En bas au milieu, on distingue les tuyaux à cylindres surmontés
d'un cône de la Clarinette. Au centre, des tuyaux en bois du Bourdon 16',
sont postés en hauteur pour gagner de la place.Les basses du grand-orgue et du positif.
En bas au milieu, on distingue les tuyaux à cylindres surmontés
d'un cône de la Clarinette. Au centre, des tuyaux en bois du Bourdon 16',
sont postés en hauteur pour gagner de la place.
Des notes graves du Principal 16' sont "acoustiques".
Ce n'est pas un seul tuyau (de 16') qui parle, mais deux, l'un en 8' et l'autre en 5'1/3.
La fréquence des battements ressentis par l'oreille est égale à la différence des deux fréquences,
soit f(5'1/3) - f(8') = (3/2 -1) x f(8'), soit 1/2 f(8') = f(16').
Les deux tuyaux ensemble sonnent comme un 16'.
Pour améliorer le couplage entre les deux oscillateurs,
le petit tuyau est placé sur la face du grand. (En kangourou.)
Ils partagent la même alimentation via un conduit ombilical.Des notes graves du Principal 16' sont "acoustiques".
Ce n'est pas un seul tuyau (de 16') qui parle, mais deux, l'un en 8' et l'autre en 5'1/3.
La fréquence des battements ressentis par l'oreille est égale à la différence des deux fréquences,
soit f(5'1/3) - f(8') = (3/2 -1) x f(8'), soit 1/2 f(8') = f(16').
Les deux tuyaux ensemble sonnent comme un 16'.
Pour améliorer le couplage entre les deux oscillateurs,
le petit tuyau est placé sur la face du grand. (En kangourou.)
Ils partagent la même alimentation via un conduit ombilical.
Les aigus du récit en vue plongeante.
De haut (jalousies) en bas :
le Quintaton 16', le Principal 8', la Voix céleste,
le Bourdon 8' (à cheminées), la Gambe 8', la Flûte harmonique 4'.
Tout au bas de l'image, il y a le bord du Cornet ; il masque le
Flageolet 2', qu'on ne peut pas voir ici, mais qui se trouve entre
la Flûte harmonique 4' et les postages du Cornet.Les aigus du récit en vue plongeante.
De haut (jalousies) en bas :
le Quintaton 16', le Principal 8', la Voix céleste,
le Bourdon 8' (à cheminées), la Gambe 8', la Flûte harmonique 4'.
Tout au bas de l'image, il y a le bord du Cornet ; il masque le
Flageolet 2', qu'on ne peut pas voir ici, mais qui se trouve entre
la Flûte harmonique 4' et les postages du Cornet.
De l'autre côté du Cornet.
Cette fois, on voit le Cornet à 5 rangs du récit, posté en hauteur,
(il ressemble beaucoup à celui du grand-orgue, mais sa chape est moins claire,)
On distingue les entailles de timbre (pavillons) qui ont été supprimées en 1951,
et restaurées en 2001.
Puis, en allant vers le coin inférieur gauche : la Trompette,
le Hautbois et la Voix humaine (le long des trappes d'accès, pour en faciliter l'accord).De l'autre côté du Cornet.
Cette fois, on voit le Cornet à 5 rangs du récit, posté en hauteur,
(il ressemble beaucoup à celui du grand-orgue, mais sa chape est moins claire,)
On distingue les entailles de timbre (pavillons) qui ont été supprimées en 1951,
et restaurées en 2001.
Puis, en allant vers le coin inférieur gauche : la Trompette,
le Hautbois et la Voix humaine (le long des trappes d'accès, pour en faciliter l'accord).

Du strict point de vue de l'histoire de l'orgue romantique en Alsace, ce dernier opus d'Alsace de Joseph Merklin n'a pas eu le même impact que les premiers (Ranspach, Wintzenheim). Le prochain épisode parisien en Alsace eut lieu en 1908 à Guebwiller, et il est l'œuvre de Charles Mutin. L'intérêt historique du Merklin d'Obernai se situe dans le fait qu'il illustre idéalement ce qu'est devenu l'orgue romantique à sa maturité. Cet aboutissement se caractérise par des compositions logiques et bien adaptées au répertoire, des claviers et un pédalier complets (C-g''' et C-f'), une expression "continue" (à bascule) et l'arrivée des accouplements à l'octave (III/I 16'). On appelle parfois parfois cette esthétique "symphonique", ce qui ne signifie pas qu'avant cela, les orgues romantiques étaient dénués de couleurs orchestrales. Au-delà des timbres, déjà bien définis, c'est surtout la dynamique et l'expressivité qui étaient recherchées.

Le Merklin d'Obernai est traditionnellement présenté comme un acte politique. Même si "ça se raconte bien", certains événements et sources primaires ne vont pas dans ce sens.

Il est également souvent présenté comme le "dernier Merklin d'Alsace". Mais l'année 1881 est plutôt, en Alsace, un commencement. Le "flambeau" de l'orgue symphonique sera magistralement repris par Martin Rinckenbach. On peut comparer les consoles de Selestat (Rinkenbach, 1881) avec celle de Wintzenheim. On peut comparer l'orgue d'Ensisheim avec celui d'Obernai. Martin Rinckenbach n'a pas caché son admiration pour les orgues Merklin (celui de la cathédrale, en particulier) ; en homme du métier, il n'a pas non plus hésité à en pointer du doigt leurs limitations (récit incomplet). Il n'a pas non plus hésité à en remplacer (Blotzheim). Sur la base de cette source d'inspiration, Rinckenbach a révolutionné la facture alsacienne, en définissant un style symphonique alsacien. L'orgue d'Obernai n'est donc pas du tout une fin, mais une sorte de passage de relais.

Sites Joseph Merklin

Joseph Merklin (Oberhausen, 17/02/1819 - Nancy, 07/09/1905)Joseph Merklin (Oberhausen, 17/02/1819 - Nancy, 07/09/1905)

Joseph Merklin (suivre le lien pour accéder à la page dédiée à ses opus alsaciens) était le fils d'un petit facteur d'orgues du pays de Bade. On peut dire qu'il a eu un destin exceptionnel. Entrepreneur, il est s'est établi à Paris, à Romont (CH) et à Lyon. Au-delà des styles, celui qui se présentait comme construisant des orgues "dans le goût allemand" est devenu un des piliers du romantisme français.

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