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An2000
An2001
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~ Les orgues de la région d'Illzach ~

Ruelisheim, St Nicolas
Claude-Ignace CALLINET, 1867


Avant... CALLINET Après...

Composition, 1986
Grand-orgue
54 notes
Récit
54 notes
Pédale
30 notes
Bourdon 16' Bourdon 8' Bourdon 16'
Montre 8' Salicional 8' Flûte 8'
Bourdon 8' Flûte à cheminée 4' Violoncelle 8'
Gambe 8' Quinte 2'2/3 Ophicléide 16'
Prestant 4' Flûte 2' Trompette 8'
Flûte à cheminée 4' Basson/Hautbois 8' I/P
Doublette 2'    
Cornet 5 rgs (D)    
Fourniture 3 rgs (1'1/3)    
Trompette 8'    
Clairon 4'    
II/I    

     Il y a eu deux orgues CALLINET à Ruelisheim. L'un de François, le père, l'autre de Claude-Ignace, le fils cadet. Du second, il reste pas mal d'éléments, mais il a été très modifié par Georges SCHWENKEDEL.


Le Buffet de Claude-Ignace Callinet.
Photo Yannick MERLIN.

L'orgue François CALLINET, 1818

     Pratiquement contemporain de l'orgue d'Obermorschwihr, cet instrument, dont on ne sait à peu près rien, fut construit suite à un devis approuvé le 04/11/1817. Il dut donc être achevé en 1818.

Il fut repris en 1867 par Claude-Ignace Callinet lorsqu'il posa l'orgue actuel.

     C'est Louis-François Callinet, le fils de Claude-Ignace qui avait rédigé le devis signé le 26/02/1866 par son père, et engageant la "Fabrique d'orgues d'église et de Chapelle - Callinet - Rouffach (Ht-Rhin)" (ce fut pareil à Widensolen). L'orgue François Callinet fut repris (on ne sait pas ce qu'il devint), et le nouvel instrument fut reçu le 19/06/1867. En même temps, Callinet livra un harmonium de 3 Jeux, qui était aussi prévu au devis.

Composition, Devis
Grand-orgue
54 notes
Positif
54 notes
Pédale
20 notes
Bourdon 16' Bourdon 8' Bourdon 16'
Montre 8' Salicional 8' Flûte 8'
Bourdon 8' Flûte harmonique 8' Violoncelle 8'
Gambe 8' Flûte harmonique 4' Flûte 4'
Prestant 4' Flûte à cheminée 4' Ophicléide 16'
Flûte à cheminée 4' Basson/Hautbois 8' Trompette 8'
Doublette 2'    
Cornet 5 rgs (D)    
Fourniture 3 rgs    
Trompette 8'    
Clairon 4'    
II/I    

     Réparé en 1888 par Louis MOCKERS (sûrement des travaux de soufflerie), cet instrument vit ses tuyaux de façade se faire réquisitionner par les autorités allemandes en Mars 1917. La façade fut remplacée, en zinc, par Georges Schwenkedel en 1929 : elle contient 24 tuyaux de la Montre 8', 18 du Prestant, et 9 tuyaux muets.

Schwenkedel revint en 1951, et nota la Composition, qui était jugée d'origine. La Pédale n'avait effectivement que 20 notes.

Le doute était permis. Le devis parle d'un Sommier de Pédale à 28 Gravures. C'est évidemment une erreur (un 18 mal transformé en 20). On trouve bien 20 marches au pédalier.

     Malheureusement, on commandita à Georges Schwenkedel une transformation de l'instrument. Le Buffet fut reculé d'un mètre (évidemment pour dégager de la place à la Tribune), et la Composition "retouchée". L'inauguration eut lieu le Dimanche des Rameaux de 1954.

En fait, Ruelisheim fut le cadre d'un des épisodes les plus burlesques de l'organologie alsacienne. En 1953, Schwenkedel avait pratiquement refait toute la tuyauterie, avec des Jeux neufs (à peu près tout, sauf les Anches). Mais il avait laissé les porcelaines des tirants de registres originaux en place. Or, pour les experts de l'époque, une Composition était finalement affaire de nom de Jeux, pas de sonorité. Les noms étant les mêmes, l'orgue était forcément authentique...

C'est ainsi que cet orgue - qu'on devrait finalement attribuer à Schwenkedel - fut qualifié d'"authentique" jusqu'aux années 1980. Même les plus grands se sont "fait avoir". C'est tout à l'honneur de Schwenkedel (qui osera dire, après ça, que les différences sonores sautent aux oreilles) mais c'est aussi l'un des seuls "attentats" injustifiés à un orgue réellement historique qu'il faille attribuer à ce facteur. Et, à coup sûr, ici, le résultat n'en vallait pas le sacrifice.

On ne sait pas trop s'il faut en rire ou en pleurer. Un des enseignements majeurs que l'on retire de l'histoire de Ruelisheim, c'est qu'on entend un instrument de musique de la façon dont on se prépare à l'écouter. On est sûr que c'est un Callinet ? On entendra un Callinet.
Car l'oreille humaine met finalement dans le son qu'elle décode une bonne part de ce que le cerveau se prépare à y trouver.

C'est peut-être pourquoi un orgue historique, avec une "aura" affirmée, "sonne" mieux qu'un neuf, même s'il donne "à l'oscilloscope" exactement le même signal sonore. C'est aussi pourquoi l'esthétique du Buffet influe à l'évidence sur la perception musicale, tout comme le cadre, le décor et l'ambiance.

C'est en tous cas la preuve objective qu'une bonne partie de l'Art du Facteur d'Orgues n'est pas dans le Dom Bedos... mais dans la culture musicale de ses auditeurs.

     Que reste-t-il vraiment de Callinet à Ruelisheim ?

  • le Buffet, assez curieux et atypique, même si on peut y reconnaître des traits de celui d'Oberhergheim.
  • La Mécanique, la Console (sauf le pédalier), les Sommiers.
  • Au Grand-orgue, les Anches et deux Rangs du Cornet (le 4 pieds et la Quinte).
  • Au Récit, le Basson/Hautbois.
  • A la Pédale, une partie du Bourdon 16' et de la Flûte de 8' de Pédale, ainsi que les 20 notes des Anches.
Le reste est constitué de Jeux neufs, datant de 1953 (Bourdons à Calottes mobiles).

Depuis 1998, l'instrument est entretenu par la Maison AUBERTIN (Michel GAILLARD), en attendant peut-être une future restauration.


La Console.
Photo Yannick MERLIN.

Mécanique : à Equerres et Balanciers (Console indépendante face à la nef, d'origine). Sommiers à Gravures.

Sources :

  • Remerciements à Yannick MERLIN : "Orgues et organistes parisiens en Alsace, de 1860 à 1908", mémoire de Maîtrise, Université Paris IV-La Sorbonne, 2003. Pour tous renseignements, contacter l'auteur : yanbea@wanadoo.fr
  • P. MEYER-SIAT, "Les Callinet, facteurs d'orgues à Rouffach, et leur oeuvre en Alsace" ISTRA, 1965

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Dernière mise à jour : 03/07/2005 17:15:08

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