L'orgue Jean Conrad Sauer,
1790

Historique

C'est en 1790 que Jean Conrad Sauer posa l'orgue dont on peut encore voir le buffet. [CLAVS96]

Cet buffet a été réalisé par Franz Anton Ketterer, sur un dessin dessin de Jean Baptiste Pertois. (Voir l'attribution des buffets des orgues Silbermann.) [Palissy]

C'était un instrument à un seul manuel : [CLAVS96]

L'orgue a été entretenu en 1835 par Martin Wetzel. [CLAVS96]

Puis en 1855, à nouveau par Martin Wetzel. Des changements de jeux étaient envisagés, mais finalement on se contenta d'ajouter un 4' de pédale sur la chape vide. En 1858, suite à des travaux de plafond, il fallut à nouveau nettoyer l'instrument. [CLAVS96]

En 1879, il y eut un nouveau projet, assorti d'une proposition de Charles Wetzel. Il s'agissait d'accorder l'orgue au diapason normal, de remplacer la soufflerie et le pédalier, ainsi que d'opérer des changements de jeux. De plus, il était prévu d'ajouter un second clavier, un récit expressif de 51 notes de 7 jeux. [PMSRHW] [CLAVS96]

Mais finalement, ce n'est qu'en 1886 que des travaux beaucoup moins ambitieux ont été effectués par Charles Wetzel : un Salicional sur la chape vide, un nettoyage, et l'installation d'une soufflerie neuve. [CLAVS96] [ITOA]

L'orgue Gebrüder Link,
1905
Chronologie

Historique

C'est en 1905 que le temple réformé du Bouclier reçut l'opus 439 de la maison Gebrüder Link, de Giengen-an-der-Brenz. Un orgue de 30 jeux sur 2 claviers et pédale. [IHOA] [ITOA]

L'histoire commence en fait en 1898, quand Charles Niessberger (1872-1929) a été nommé chef de chœur à la paroisse réformée. En 1899, il confia l'entretien de l'orgue à Edmond-Alexandre Roethinger. Avec un seul clavier (d'ambitus réduit), un pédalier incomplet (20 notes seulement) un diapason trop bas d'un demi-ton et sa composition datant de l'Ancien régime, l'instrument était un vrai repoussoir pour Niessberger ; il entravait grandement ses projets musicaux. C'est lui qui s'engagea pour faire l'acquisition d'un orgue neuf. [CLAVS96]

Et quelle acquisition ! Un magnifique orgue "Spätromantik" de 30 jeux, de la maison Link. Pour se faire une idée : il était contemporain des deux merveilles d'Ittenheim et de Scharrachbergheim-Irmstett.

Malheureusement, ces instruments ont été ouvertement méprisés et discrédités par les "organologues" de la fin du 20ème siècle. Il faut quand même noter que dans l'article de Pie Meyer-Siat paru dans "Mundus Organorum" en 1978, le paragraphe sur cet orgue somptueux (1 page 1/2) commence par une page complète consacrée à l'instrument qui l'a précédé (donc totalement hors-sujet, avec force détails sur les modifications de Wetzel qui n'ont pas été réalisées...) Le reste est consacré à railler la composition... de 1955 ! Le tout avec une ironie totalement déplacée, et motivée uniquement par des goûts personnels fort douteux et qui n'ont aucune raison - contrairement à ce que l'auteur semble croire - d'être partagés par tout le monde. Cela en dit long sur les partis-pris et les préjugés qui sévissaient à l'époque, qui s'efforçait d' "effacer" la période 1871-1918. Car c'était ça, le boulet du monde de l'orgue depuis les années 1950 : l'axiome d'un "goût universel unique", présentant tout ce qui n'était pas "baroque" comme une déviance à éliminer. Ces articles ont malheureusement beaucoup contribué à la désinformation, et causé des destructions irréversibles, et une grave dégradation de notre patrimoine. Car, si des orgues "pour jouer Bach", on peut en faire construire aujourd'hui très facilement, on ne peut pas refaire un orgue Link. Ils sont irremplaçables !

Ni l'inventaire historique des orgues d'Alsace, ni cet article de Meyer-Siat, ni même la plaquette sur l'opération de 2007 ne donnent la composition de l'orgue Link. (Alors que la plaquette donne celle de l'orgue Sauer, et la composition en 1954.) La composition de l'orgue Link a l'air totalement taboue ! [IHOA] [PMSLINK] [Bouclier2007]

Ces compositions sont spécifiques. La maison Link - que l'on sait très francophile - construisait des orgues "d'export" (et pas des orgues "d'experts"), adaptés à leur environnement de destination. Et elle connaissait très bien les spécificités de l'Alsace : elle y avait déjà livré 28 orgues. A 30 jeux, c'était un des plus grands Link d'Alsace. Et il n'y a aucune raison de penser qu'il n'était pas aussi réussi que les autres. A titre de comparaison, le superbe instrument de Barembach (1902) n'a "que" 23 jeux.

Ce qui est sûr, c'est que le grand-orgue comportait une Mixtur-Cornett 2'2/3 et une Gambe, et le récit un Geigenprincipal 8' et un Salicional. La pédale était dotée d'un Violonbass 16' (car les tuyaux ont été réutilisés dans le nouvel orgue Thomas). Il y avait aussi, forcément, une Flûte ouverte 8'. [VWeller]

L'orgue Curt Schwenkedel,
1954
Chronologie

Historique

En 1954, Curt Schwenkedel reconstruisit l'instrument, en électrifiant la traction, changeant la console et en chamboulant totalement la composition pour une version néo-classique "hard-core", donnant déjà dans le néo-baroque, vu qu'il n'y avait pas d'ondulant : [IHOA] [ITOA]

L'orgue Schwenkedel. Photo d'Alexis Platz, comme la suivante.

Une page des "descriptions d'orgues" des archives de la maison Schwenkedel, donne la (nouvelle) composition. Elle est simplement titrée "Eglise réformée".

La console était indépendante, face à la nef, fermée par un couvercle basculant. Tirage des jeux par dominos ovales, de couleur crème, placés en ligne au-dessus du second clavier, et à gauche du bloc-claviers. Claviers blancs, à frontons légèrement biseautés. Programmation des combinaisons libres par picots basculants : un blanc, un rouge, au-dessus de chaque domino. Accouplements et tirasses dotés de dominos et des deux picots, pouvant donc être programmés dans les combinaisons, tout comme les annulateurs. Double commande - par domino et au pied par champignon - pour les deux tirasses et les deux accouplements à l'octave, ainsi que pour les annulateurs. Commande des combinaisons par poussoirs blancs, situés au centre sous le premier clavier : "COMB. I", "COMB. I", "ANNUL", "I","II","III". Voltmètre.

Plaque d'adresse noire à lettres blanches, située au centre entre les claviers, et disant :

Bien sûr, cet instrument n'était plus que l'ombre de ce qu'avait été l'orgue Link. C'est une erreur colossale qui a été commise en 1953-54, motivée essentiellement, on le sait, par la volonté de tirer un trait sur les instruments issus de la "période allemande". (Avec la transmission pneumatique comme prétexte fallacieux.) Vers la fin du siècle, tout le monde se désintéressait de cet orgue, car le néo-classique, à son tour, n'était plus à la mode. Et restaurer l'orgue Link est une idée qui n'a visiblement même pas effleuré les grands spécialistes.

L'orgue Alfred Wild,
1988

Historique

En 1988 fur posé un petit orgue provisoire, par Alfred Wild. [IHOA] [APlatz]

L'orgue Dominique Thomas,
2007 (instrument actuel)

Historique

En 2007, la maison Dominique Thomas, de Ster-Francorchamps, fournit un orgue neuf. [Bouclier2007]

Comme plus tard à l'église luthérienne St-Jean de Wissembourg en 2015, c'est clairement le choix d'un orgue de prestige qui a été fait. Il a été inauguré le 27/09/2007 par Benrard Foccroulle.