Malgré sa situation excentrée, Koenigshoffen est l'un des plus vieux quartiers de Strasbourg. Il est traversé par l'ancienne route romaine, qui desservait un temple de Mithra (exactement à l'emplacement de l'édifice dont il est ici question), puis des édifices marquants de l'époque mérovingienne. Le site de l'actuel cimetière Saint-Gall remonte au 16 ème siècle. Le temple protestant (désigné aussi sous le nom d'église protestante St-Paul de Koenigshoffen) a été achevé en 1911 par l'architecte Edouard Schimpf (1822-1916) ; il abrite des sculptures d'Alfred Marzolff, ainsi que des peintures de Henri Beecke (1877-1954) et Louis-Philippe Kamm (1882-1959). L'édifice a été classé Monument historique le 27/11/1997. Il ne faut pas rater son originale sacristie ronde à couverture octogonale. L'orgue n'est pas en reste : c'est l'opus 1756 d'Eberhard Friedrich Walcker, de Ludwidsburg. Construit tout spécialement pour l'Alsace.
Il est impossible de parler de cet orgue sans évoquer son exceptionnel édifice, tant ils sont liés et se complètent. Jean Haubenestel en a écrit l'histoire, publiée en 2014 (pour le centenaire de l'inauguration) dans un remarquable ouvrage intitulé "L'église protestante Saint-Paul Strasbourg-Koenigshoffen" et sous-titré "audace et modernité". Le patrimoine que nous a laissé la Belle époque est encore trop souvent méconnu, car méprisé par les "critiques" de la fin du 20ème siècle, tout comme l'éclectisme. Il a donc traversé une période où il était simplement "vieux" sans avoir l'aura de l'ancien. De plus, en Alsace, cela correspond à la période d'avant 1918 : pendant des décennies, personne ne s'autorisait à dire que quoi de positif sur ce a été conçu entre 1870 et 1918... Heureusement, les choses ont bien changé. Et le regain d'intérêt met en lumière l'extraordinaire vitalité des communautés du début du 20ème siècle : pas étonnant qu'un tel bouillonnement artistique ait été possible, et même nécessaire. L'histoire commence en 1889, avec une pétition, et passe par une inauguration festive, le 15/02/1914. Il ne restait que quelques semaines avant le conflit mondial. Mais finalement, ce que l'histoire a retenu au sujet de St-Paul à Koenigshoffen, c'est surtout une joyeuse succession de fêtes populaires et de jubilés. Et la réception de l'orgue Walcker, en janvier 1914, en fait partie.
Historique
La maison Eberhard Friedrich Walcker posa cet instrument deux ans après l'achèvement de l'édifice. La réception eut lieu en janvier 1914. [ITOA] [Rupp] [StPaulKoen2014]
C'est après consultation de nombreuses "figures" de l'orgue alsacien (en particulier Adolphe Gessner et Ernest Münch, mais aussi probablement Emile Rupp), que la décision fut prise de commander un grand 3-claviers au facteur d'orgues européen le plus en vue du moment.
Ce n'est pas un "orgue allemand" ; et bien sûr pas un orgue français. C'est encore moins une "synthèse" des deux influences. L'évolution du style romantique en Alsace était très rapide à l'époque. La Réforme alsacienne de l'orgue, dont le chef de file est Emile Rupp, avait pour but de tempérer les ardeurs du romantisme allemand, en s'inspirant à la fois de l'héritage de Cavaillé-Coll, mais aussi des maîtres du 18ème, surtout en ce qui concerne les tailles (rapport diamètre/hauteur) des jeux. C'est l'esprit néo-classique, 10 ou 20 ans avant l'heure.
Walcker avait été mis en concurrence avec la maison Dalstein-Haerpfer. [ITOA]
En 1909, c'est à dire lors de la genèse du projet, la maison de Boulay avait livré son grand orgue du Palais des fêtes, faisant venir à Strasbourg Charles-Marie Widor, Eugène Gigout et Joseph Bonnet. Cet orgue avait été conçu par Albert Schweitzer. Pour Koenigshoffen, Haerpfer avait été un peu trop cher face à Walcker. Ce dernier, loin de livrer un produit "standard" réalisa un instrument spécifique, très particulier (comme en attestent ce Do grave de la Doublette du grand-orgue, marquée "Specialmensur", ou les autres jeux marqués "Mensur Silbermann".)
La chronologie, pour mémoire, donne donc : 1896, Albert Schweitzer revient horrifié de la Liederhalle de Stuttgart ; 1906, il écrit les 51 pages les plus importantes sur la facture d'orgues depuis Dom Bedos ; 1909, l'orgue du Palais de Fêtes ; 1913 : le Walcker de Koenigshoffen ; 1926 : la conférence de Fribourg ; 1932 : Victor Gonzalez à Solesmes donne le coup d'envoi du "néo-classique officiel".
C'est l'opus 1756 de la maison Walcker. Et 1756, c'est également l'année de naissance de Johann Eberhard Walcker, le fondateur de l'entreprise à Cannstat, et père de Eberhard Friedrich Walcker (1794-1872). En 1913, la maison était dirigée par Oscar Walcker (1869-1948). Celui-ci avait d'abord construit des instruments purement post-romantiques allemands, comme celui de l'Odéon de Munich (1906, conçu en collaboration avec Max Reger lui-même). Mais Oscar était également très influencé par la Réforme alsacienne de l'orgue, et, plus généralement, par les idées d'Albert Schweitzer. De plus, il s'était lié d'amitié avec Emile Rupp. En 1909, l'orgue de Dortmund, St-Reinoldi, en est un exemple révélateur de cette évolution.
Dans son ouvrage de référence, Emile Rupp Confirme que l'orgue de Koenigshoffen est construit selon les "Reformgrunsätzen" (principes de la réforme). Quant à Walcker, il intégrait avec enthousiasme ces spécificités dans l'esprit de l'Orgelbewegung. [Rupp]
L'orgue de St-Paul est presque contemporain de la reconstruction du grand instrument livré par Walcker à la cathédrale de Zagreb (localité appelée Agram en Allemand). Cet opus 1751 complétait à 61 jeux un orgue Walcker pré-existant, de 1855. La aussi, les claviers montent jusqu'au La (a'''). Dans les archives Walcker, celui de Koenigshoffen est daté de 1912, noté à 46 jeux réels (50 registres), et posé à "Straßburg/Königshofen, Protestantische Kirche". Du point de vue des réalisations Walcker pour l'Alsace, cet instrument est l'un des derniers, se situant juste après Soultz-sous-Forêts (très joliment restauré en 1913) et avant Huningue. En fait, c'est le dernier Walcker d'Alsace parmi ceux qui restent, puisque les trois derniers, Huningue, Rittershoffen et Illzach ont été considérablement endommagés au cours du second conflit mondial, et finalement remplacés ou modifiés au point de perdre toute authenticité. (Illzach n'était d'ailleurs qu'une reconstruction.)
L'orgue Walcker de Koenigshoffen fut inauguré avec l'édifice le 15/02/1914. La cérémonie commença à la "Turnsaal" (gymnase) pour une "Abschiedfeier" (cérémonie d'adieu), et tout le monde se rendit en cortège à la nouvelle église, tandis que le chœur d'hommes, dirigé par l'instituteur et organise Michael Schweyer, chantait "Lobe den Herren". Le pasteur Braun entra en premier, et la célébration fut très festive. Le premier organiste "opérationnel" du nouvel instrument fut Jean Muller, de Breuschwickersheim (où on trouve d'ailleurs un autre orgue Walcker), qui accompagna "Jauchzet dem Herrn, alle Welt". L'orgue Walcker, mais aussi un orchestre et 80 choristes continuèrent avec des extraits de la "Schöpfung" de Haydn et du "Lobgesang" de Mendelssohn. Cet événement, d'après la presse locale, rassembla 1500 participants. Après un grand repas de fête, au "Grand Turc", la musique fut à nouveau à l'honneur, pour un concert avec orgue, orchestre et solistes. [Koenigshoffen2014]
Il y eut encore une belle "fête d'été", le 19/07/1914 : le Männergesangverein chanta beaucoup de Marie-Joseph Erb.
Puis ce fut la guerre. A Noël 1916, la chronique retient : "Troisième Noël dans la nouvelle église, et aussi troisième Noël de guerre". [Koenigshoffen2014]
En 1917, les autorités réquisitionnèrent les tuyaux de façade de l'orgue (468kg d'étain...), ainsi que deux petites cloches. [Koenigshoffen2014]
Les tuyaux de façade ont été remplacés (en zinc : c'est au moins aussi bien...) en 1924. [Palissy]
On ne sait pas par qui, mais il est tout de même fort probable que ce fut Georges Schwenkedel. Notons que le 05/05/1928, un cortège s'avança vers l'église, suivi par un char portant deux nouvelles cloches Paccard. Elles rejoignirent le clocher la semaine suivante. Il y eut une inauguration et une distribution de dragées aux enfants. La chorale interpréta "die Glocke", et il a été fait... 800 copies du texte de Schiller pour l'assemblée. Tout cela pour dire que ces éléments qui ont remplacés ceux qui ont fait l'objet de réquisitions ont, eux aussi, une histoire à raconter. Il est fort regrettable qu'en de nombreux endroits, les façades "d'après guerre" ont été systématiquement remplacées "par une nouvelle façade en étain qui brille". Avec l'argument "universellement admis" que l'étain "sonne" mieux que le zinc. A voir. Il serait toutefois bien que quelqu'un ait le courage de se risquer à un test en aveugle. En tous cas, c'est souvent un plaisir, quand on est en présence d'un jeu dont les basses sont en zinc et les dessus en étain, de demander à quelqu'un, en aveugle justement, de deviner où se trouve la transition. [Koenigshoffen2014]
La maison Schwenkedel (installée à Koenigshoffen) fut ensuite chargée de l'entretien. Il y eut une intervention en 1942 et en 1945. [Palissy]
En 1972, Curt Schwenkedel électrifia la traction (de tous les plans sonores, pas seulement du grand-orgue comme cela figure dans certaines sources). Malheureusement, un ou deux jeux furent aussi modifiés : l'Aeoline a été remplacée par une Tierce ; et comme la Quinte a le même graphisme (lettre du domino en capitales), il est possible que cette Mutation ne soit pas non plus d'origine. [IHOA] [ITOA]
Lorsqu'il y a une Voix céleste et une Aeoline, il est fort dommage de supprimer cette dernière. Bien sûr, la Voix céleste peut être associée à la Gambe, mais le résultat est souvent bien meilleur avec l'Aeoline.
En 1987, l'orgue a été relevé par la maison Daniel Kern. [IHOA]
Le 15/05/2017, la partie instrumentale et le buffet ont été classés Monument historique. [Paslissy]
Le buffet
Sur un soubassement noir à petits panneaux saillants, le buffet a été réalisé sur les plans de l'architecte de l'édifice, Edouard Schimpf. L'avancée de façade figurant un "positif" n'a rien à voir avec l'organisation intérieure (le positif est logé sur deux étages à droite du buffet - on est loin du "Werkprinzip" : le buffet habille simplement la partie instrumentale).
Caractéristiques instrumentales
A l'origine, l'orgue Walcker était annoncé à 46 "registres" (c'est conforme à l'existant si on ne compte pas les jeux en emprunt). Les claviers allant jusqu'au La, sont d'une étendue peu commune en Alsace (sauf Erstein), mais cela semble avoir été un standard pour les grands instruments de Walcker. Les Mixtures possèdent un rang de Tierce, sauf celle du grand-orgue, car on y trouve un Cornet, déjà muni d'une Tierce. Il y a aussi beaucoup de caractéristiques inspirées de l'orgue romantique français, par exemple le récit et ses anches de batterie, ou les nombreux jeux harmoniques. Mais bien sûr, c'est avant tout un Walcker, avec ses prodigieux jeux de fonds de 16 et 8 pieds, destinés à constituer une Mendelssohnienne "masse sonore". A noter : les quatre jeux de pédale empruntés au positif et au récit : avec un Bourdon 16', un Violoncelle 8' et les deux anches de 16' et 8', ils permettent de disposer d'une pédale expressive.
Console indépendante face à la nef, fermée par un rideau coulissant, et ornée sur les côtés et sur l'avant de peintures figurant des anges en prière, œuvre de Louis-Philippe Kamm. Tirage des jeux par dominos de couleur, numérotés, disposés en 3 étages sur des panneaux latéraux, par groupes de 10 : blancs pour le grand-orgue, roses pour le positif, bleus pour le récit, verts pour la pédale. Les dominos correspondant aux accouplements sont bicolores, et sont doublés par des pistons placés sous le premier clavier (pas au pied, contrairement à ce que recommandera Schweitzer plus tard). En face de chaque rangée, un poussoir permet de les repousser rapidement. Les dominos du récit expressif sont en haut à gauche (1 à 20 ; le 20, correspondant à la "TERZ 1 3/5", comporte un graphisme différent ; c'était probablement celui de l'Aeoline). Ceux du positif expressif sont en bas à gauche (21 à 30). Les dominos du grand-orgue et la pédale partagent le panneau droit : la ligne supérieure et la moitié gauche pour le grand-orgue (31 à 44 ; le 44, correspondant à la "QUINT 2 2/3", a un graphisme différent ; c'était probablement celui de la Gambe). La moitié droite de la deuxième ligne et la ligne inférieure (45 à 60) sont pour la pédale.
Le domino 11 (vert, au récit) ne porte pas de nom de jeu.
Programmation des deux combinaisons libres par petits picots verts et blancs, disposés au-dessus de chaque dominos. Les accouplements sont donc programmables. Les jeux programmés s'ajoutent aux dominos sélectionnés, à moins d'actionner l'annulateur des dominos ("Handregister „ab”"). Claviers blancs à frontons galbés ; joues moulurées.
Sous le premier clavier se trouvent des pistons, repérés par de petites porcelaines rectangulaires, éventuellement bicolores pour respecter le code de couleur : les trois de gauche ne sont pas repérés. (Deux d'entre eux l'étaient par des porcelaines disparues dont on voit la trace. Accouplements l'octave ?) Viennent ensuite : "I/Ped.", "III/Ped.", "II/Ped.", "III/II", "III/I", "II/I" et l'accouplement général ("Generalkoppel"), qui n'est pas un piston mais un petit levier chromé. Ensuite, les combinaisons libres : "Freie Comb. I" (combinaison libre 1, piston blanc) et "Freie Comb II" (piston vert), l'appel du Tutti ("Tutti"), puis l'annulateur de la registration a dominos ("Handregister „ab”"), l'annulateur des 16' ("16' „ab”") et l'annulateur des anches "Zungen „ab”". Un dernier piston, à droite, n'est pas repéré (annulateur Mixtures ?).
Les commandes à pied sont situées au-dessus de la deuxième octave du pédalier : de gauche à droite la pédale basculante du crescendo "Cresc. & Decresc.", l'expression du positif ("Schwell II"), celle du récit ("Schwell III" ; les deux sont jointives pour pouvoir être manœuvrées ensemble en plaçant le pied au milieu), à droite, au-dessus du "h" du pédalier, il y a la pédale-cuiller à accrocher de l'appel du grand-orgue ("Einführung I Man.").
Cadran circulaire pour le crescendo, en haut et au centre de la console, gradué de 0 à 49, avec deux graduations supplémentaires pour les accouplements à l'octave "Octavc." qui viennent donc couronner le crescendo. Voltmètre, disposé en haut à droite (a priori de 1972), indiquant 15V en marche. Il y a aussi une ampoule, en haut à gauche, dont il est difficile de dire si elle est destinée à éclairer ou à servir de voyant.
Il y a deux plaques d'adresse en bakélite blanc, à 2 vis apparentes. Celle de gauche dit :
Et celle de droite:
La transmission était pneumatique à l'origine ; elle est électro-pneumatique pour les notes depuis 1972. Les relais électro-pneumatiques sont dans le buffet.
Sommiers à cônes (Kegelladen). (Walcker oblige !)
Le schéma suivant, montrant l'orgue sans buffet, donne la disposition des plans sonores :
Le grand-orgue est à la place habituelle, derrière la façade. Il occupe l'intégralité du buffet "visible". Mais l'orgue est beaucoup plus profond et large que ce que l'on peut croire : les cloisons latérales (ajoutées de tissus tendu) masquent un espace également occupé par l'orgue. Le récit (d'une taille imposante) est juste derrière le grand-orgue. Dans la partie droite se trouve le positif expressif (jalousies frontales et sur le côté gauche). Il est sur deux étages, l'inférieur étant dans le soubassement, et le supérieur au niveau du grand-orgue et du récit. La pédale est logée dans le côté droit.
Le réservoir principal est sous le récit. Il est alimenté par un (énorme) porte-vent cylindrique rejoignant le plafond, car le ventilateur est placé dans les combles. Il y a une prise d'air dans l'orgue, au plafond, au-dessus de la pédale.
La transmission pneumatique permet une grande liberté dans le placement des sommiers, et donc de créer des configurations acoustiques intéressantes. De plus, les sommiers, comme ici ceux de la pédale et du positif inférieur, peuvent être placés très bas (il n'est pas nécessaire de les surélever pour laisser passer la mécanique), ce qui permet de mieux profiter des volumes.
Il y a une étiquette bleue, sur une poutre verticale dans le soubassement, côté gauche, qui dit :
La tuyauterie est totalement homogène (sauf 2 jeux), de grande qualité et en très bon état. Rappelons que la maison Walcker réalisait tous ses tuyaux. Ils sont tous poinçonnés avec le nom du jeu, un identifiant du plan sonore (I, II, III...) et la note.
De façon générale, les biseaux ont des dents, les Bourdons sont à calottes mobiles (avec des joins en feutrine), et les tuyaux ouverts ont des entailles de timbre.
Pour les jeux à bouche, les aplatissages sont volontiers en ogives, et parfois constitués de pièces rapportées (Principal 8' du récit, ci-dessus). Les freins sont présents non seulement sur les Gambes, mais aussi sur des principaux. Dans les mediums, ces freins sont souvent constitués de rouleaux en bois, vissés dans les oreilles.
Assez caractéristiques de la facture germanique (et suisse) sont les tampons intérieurs (et non des calottes mobiles extérieures) pour les Bourdons métalliques, dotés de petites poignées en bois (comme pour le Quintaton ci-dessus). Lorsque le Bourdon est muni de calottes mobiles, celle-ci reçoivent des joins en feutrine rouge.
Egalement caractéristique de la facture germanique est le Hautbois ("Oboe") muni d'opercules et de calottes tournantes : en faisant pivoter la calotte, on peut ouvrir ou fermer les 4 orifices pratiqués dans les deux pièces, en jouant sur la partie recouverte.
C'est déjà, "sur le papier" l'un des orgues les plus intéressants d'Alsace. Tout d'abord en raison de son importance historique (un Walcker alsacien), puis de son authenticité. Mais c'est sur place qu'il révèle tout son potentiel : il est réellement le fruit de son histoire festive et jubilatoire ! Tout est conçu pour qu'à chaque moment, on puisse faire quelque chose qui sorte de l'ordinaire, pour partager une aventure musicale avec son auditoire (c'est à dire : sa communauté). L'orgue devient ici le symbole de la ressource partagée, tournant résolument le dos à tout élitisme. A la console, tout est fait pour que l'organiste se sente à l'aise, et semble dire : "Allez, vas-y !".
L'ensemble est tellement réussi que l'on souhaiterait que plus d'instruments contemporains bénéficient de ces idées esthétiques. Tout ceci est d'autant plus enthousiasmant qu'après des travaux prévus à son somptueux édifice, il bénéficiera d'un écrin rénové et à la hauteur de sa musicalité.
C'est - paradoxalement mais indiscutablement - un instrument-clé de l'orgue alsacien, beaucoup plus représentatif que de d'autres, autrement plus célèbres. Pas de l'Alsace des années 1820-1850, repliée sur elle-même, mais d'une Alsace ouverte, cultivée et motivée, n'hésitant pas à faire appel au "boss" de la facture européenne pour réaliser un orgue conforme à ses idées. L'instrument permet de comprendre la spécificité régionale de la période post-romantique et néo-classique, nourrie d'une tradition amenée par Martin et Joseph Rinckenbach, des innovations d'Edmond-Alexandre Roethinger, et qui trouva au début des années 30 une extraordinaire déclinaison dans l'œuvre de Georges Schwenkedel.
Activités culturelles :
Sources et bibliographie :
Remerciements à Mr et Mme Cadé.
Photos du 27/09/2019 et du 01/11/2019.
La façade était en étain à l'origine. Tous les plans sonores - pas seulement le grand-orgue - ont été électrifiés.
PM67001884
Localisation :