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Strasbourg, Palais des fêtes
A l'achèvement de la grande salle de concert, en 1903, il manquait encore "der Schönste Schmuck" (le plus bel ornement). Le projet de construction d'un orgue fut conduit par le Herr Prof. Dr. EHRISSMANN. Il s'entoura, en Novembre 1907, d'un comité d'experts. Car il y avait d'abord des décisions techniques à prendre. Il s'agissait surtout de déterminer si le nouvel instrument devait avoir une traction électrique ou pneumatique. Après avoir consulté rien moins que GUILMANT, GIGOUT, REGER, STRAUBE, VIERNE et WIDOR, la décision pencha en faveur du pneumatique. L'instrument fut conçu en 1908, avec la participation de M.J. ERB, K. FRODL ("Dirigent des Strassburger Männersangvereins"), Emile RUPP (Strasbourg, St-Paul) et Albert SCHWEITZER. La Commission devait définir les caractéristiques de l'orgue "de concert" idéal, quelques années après avoir fait réaliser "l'orgue d'accompagnement idéal", dans le choeur de St-Thomas. Après une visite à l'orgue de Strasbourg St-Sauveur, il fut décidé de confier la réalisation de l'instrument aux facteurs préférés d'Albert Schweitzer, DALSTEIN et HAERPFER. L'accord avec la Maison DALSTEIN-HAERPFER fut signé le 02/11/1908.
Voici la Composition telle qu'elle apparaît dans la Plaquette de l'inauguration, parue en Décembre 1909 (avec l'orthographe originale) :
C'était donc résolument un orgue "de concert".
La Plaquette, suivant les habitudes de l'exercice, cite bien sûr le nombre de tuyaux : 3912, dont 3550 en métal.
L'autre particularité de cet instrument, c'est qu'il est marqué par l'admiration que vouaient ses concepteurs aux orgues Silbermann, conservés à Marmoutier et Ebersmunster, et que Schweitzer avait "redécouverts" avec enthousiasme. Voici donc, dans cet orgue Néo-classique, une "Trompete-Silbermann" (le nom n'a pas été francisé) et... un "Salicional-Silbermann". Les Tailles avaient été relevées à St-Thomas. Bien sûr, nul expert de l'époque ne pouvait imaginer que le Salicional de St-Thomas était un Jeu... de WETZEL (1836). Terminé en 1909, l'orgue du Palais de fêtes fut inauguré en grande pompe le 09/12/1909 par Charles-Marie WIDOR, Eugène GIGOUT et Joseph BONNET. Il y eut deux concerts magistraux : l'un proposa la Symphonie pour orchestre et orgue de M.J. Erb (composée pour l'occasion), l'autre la "Sinfonia sacra" de Ch. M. Widor. ![]() En 1912, la Composition fut légèrement retouchée, par les facteurs d'origine et avec l'assentiment d'Albert Schweitzer :
En 1958, Ernest MUHLEISEN électrifia la transmission, et posa une Console mobile. La partie sonore n'a pas été retouchée. La Console d'origine, blanche et tournée vers la salle, était "à gradins" sur le modèle de St-Sulpice à Paris (il y a un autre exemple en Alsace à Magstatt-le-Bas, 1890).
La Maison MUHLEISEN fit un relevage en 1981 et en 2001. ![]()
Transmission : électro-pneumatique (Console mobile).
Le Positif, placé dans le soubassement, n'a plus de pédale d'expression, mais un domino à deux positions agit sur les douze "hublots" du soubassement.
Le Récit est placé derrière le Grand-orgue, dans une (très) grande boîte expressive.
Quatre Jeux de la Pédale (dont la Trompette qui est un Emprunt au Récit) sont placés dans cette boîte du Récit pour être expressifs.
Il y a un Appel du Tutti, deux Combinaisons libres, les Appels d'Anches pour tous les Claviers, plus un général, les Appels Mixtures des trois manuels, plus un général, ainsi que les Annulateurs Grand-orgue et 16 pieds manuels. Il y a aussi une pédale de Crescendo. Les Trompettes sont entièrement en étain.
![]() (1) Les Jeux notés "Silbermann" ont été réalisés d'après les tailles de tuyaux de l'orgue de tribune de St-Thomas.
Cependant, à l'époque, nul de savait que ni André, ni Jean-André Silbermann n'ont jamais construit de Salicional, jeu qui leur était totalement étranger.
Le Salicional qui se trouvait dans l'orgue de St-Thomas (et s'y trouve toujours) a été construit par Wetzel en 1836, et c'est donc les tailles de ce Jeu que l'on retrouve ici !
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