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~ Les orgues de la région de Strasbourg ~

Strasbourg, Palais des fêtes
DALSTEIN-HAERPFER, 1909


Avant... HAERPFER Après...

Composition, 2004
Grand-orgue
56 notes
Positif expressif
56 notes
Récit expressif
56 notes
Pédale
30 notes
Montre 16' Bourdon 16' Quintaton 16' Principal 16'
Montre 8' Montre-viole 8' Diapason 8' Soubasse 16' (Expressif)
Flûte-montre 8' Quintaton 8' Principal-flûte 8' Salicional 16'
Bourdon 8' Flûte harmonique 8' Bourdon 8' Flûte 8'
Flûte 8' Salicional "Silbermann" 8' (1) Flûte harmonique 8' Bourdon 8'
Violoncelle 8' Montre-viole 4' Salicional doux 8' Violoncelle 8' (Expressif)
Prestant 4' Fugara 4' Gambe 8' Prestant 4'
Flûte à cheminée 4' Flûte 4' Voix céleste 8' Bombarde 16'
Doublette 2' Nasard 2'2/3 Prestant 4' Trompette 8' (Récit)
Cornet 1-5 rgs Doublette 2' Gemshorn 4' Clairon 4' (Expressif)
Fourniture 4 rgs (2') Fourniture 3 rgs (2') Flûte octaviante 4' I/P (8', 4')
Cymbale 3 rgs (1') Trompette "Silbermann" 8' Nasard 2'2/3 II/P (8', 4')
Trompette 8' Clarinette 8' (2) Flageolet 2' III/P (8', 4')
Clairon 4' III/II Plein-jeu 3 rgs  
II/I (8', 4')   Basson 16'  
III/I (16', 8', 4')   Trompette 8'  
    Clairon 4'  
    Basson/Hautbois 8'  
    Trémolo  

     Dans cette remarquable mais désuette salle de spectacle, constuite au début du 20 ème siècle pour le "Strassburger Männersangverein", se trouve un témoin remarquable de la facture d'orgues alsacienne, et en particulier de ce mouvement décisif que fut la Réforme Alsacienne de l'Orgue.
L'orgue du Palais des Fêtes est aujourd'hui plus ou moins délaissé. La salle de spectacle a été victime du
"No parking, no business", et l'instrument de musique... des conséquences de petits séismes (tuyaux décrochés, superstructures endommagées). Souhaitons qu'un jour prochain l'un et l'autre retrouvent leur place dans la tradition strasbourgeoise.

L'orgue Dalstein-Haerpfer du Palais des Fêtes, le 12/07/2004.

     A l'achèvement de la grande salle de concert, en 1903, il manquait encore "der Schönste Schmuck" (le plus bel ornement). Le projet de construction d'un orgue fut conduit par le Herr Prof. Dr. EHRISSMANN. Il s'entoura, en Novembre 1907, d'un comité d'experts. Car il y avait d'abord des décisions techniques à prendre. Il s'agissait surtout de déterminer si le nouvel instrument devait avoir une traction électrique ou pneumatique. Après avoir consulté rien moins que GUILMANT, GIGOUT, REGER, STRAUBE, VIERNE et WIDOR, la décision pencha en faveur du pneumatique.

     L'instrument fut conçu en 1908, avec la participation de M.J. ERB, K. FRODL ("Dirigent des Strassburger Männersangvereins"), Emile RUPP (Strasbourg, St-Paul) et Albert SCHWEITZER.

La Commission devait définir les caractéristiques de l'orgue "de concert" idéal, quelques années après avoir fait réaliser "l'orgue d'accompagnement idéal", dans le choeur de St-Thomas. Après une visite à l'orgue de Strasbourg St-Sauveur, il fut décidé de confier la réalisation de l'instrument aux facteurs préférés d'Albert Schweitzer, DALSTEIN et HAERPFER.

L'accord avec la Maison DALSTEIN-HAERPFER fut signé le 02/11/1908.

Photo issue de la Plaquette de décembre 1909.

     Voici la Composition telle qu'elle apparaît dans la Plaquette de l'inauguration, parue en Décembre 1909 (avec l'orthographe originale) :

Composition, 1909
Erstes Clavier Zweites Clavier Drittes Clavier Pedal
1) Principal 16' 1) Bordun 16' 1)Quintatön 16' 1) Principal 16'
2) Principal 8' 2) Geigenprincipal 8' 2) Diapason 8' 2) Salicetbass 16'
3) Cello 8' 3) Salicional-Silbermann 8' 3) Gamba 8' 3) Subbas 16'
4) Gemshorn 8' 4) Traversflöte 8' 4) Voix céleste 8' 4) Octavbass 8'
5) Hohlflöte 8' 5) Quintatön 8' 5) Salicional 8' 5) Cello 8'
6) Bordun 8' 6) Geigenprincipal 4' 6) Lieblich-Gedacht 8' 6) Bordun 8'
7) Octav 4' 7) Fugara 4' 7) Flûte harmonique 8' 7) Prestant 4'
8) Röhrflöte 4' 8) Flöte 4' 8) Prestant 4' *) Fagott 16'
9) Octav 2' 9) Octavin 2' 9) Gemshorn 4' 9) Trompete 8'
10) Cornet 8' 1-5 fach 10) Quintflöte 2 2/3' 10) Flûte octaviante 4' 10) Clairon 4'
11) Mixtur 1 1/3' 4 fach 11) Fourniture 1' 3 fach 11) Flageolett 2' Copula Ped+I ; Ped+II ; Ped+III ;
12) Cymbel 1' 4 fach 12) Clarinette 8' 12) Nazard 2 2/3' Superoctav II, III
13) Trompette 8' 13 Trompete-Silbermann 8' 13) Mixtur 2 2/3' 5 fach  
14) Clairon 4' Copula II+III 14) Tertz 1 3/5'  
Copula I+II ; I+III ; Superoctav III, II ;   15) Septime 1 1/7'  
Suboctav III ; Leerlaufcoppel   16) Fagott 16'  
    17) Fagott-Oboe 8'  
    18) Trompete 8'  
    19 Chlairon (sic) 4'  
*) Le Basson 16' (Fagott) avait été oublié dans la Plaquette, qui, du coup, parle de 56 registres.

C'était donc résolument un orgue "de concert".
Le Récit et le Positif sont expressifs, avec la Soubasse, le Violoncelle et le Clairon de Pédale placés eux aussi en boîte.
Il y avait dès l'origine un ventilateur électrique, capable de fournir 50 m3 d'air à la minute, sous une pression de 160 mm de colonne d'eau. Toutefois, l'instrument était harmonisé sous une pression nettement plus faible que les habitudes de l'époque : 80 mm pour la plupart des Jeux, 70 mm pour les Mixtures du Grand-orgue, et 120 mm pour les Anches "alla Française" du Récit. L'harmonisation était conçue pour bien intégrer l'orgue avec les choeurs et l'orchestre, comme on souhaitait en faire la démonstration dès l'inauguration.

La Plaquette, suivant les habitudes de l'exercice, cite bien sûr le nombre de tuyaux : 3912, dont 3550 en métal.

On le sait, ce genre de décompte est complètement vain. Même en comptant le Basson 16', un Cornet 5 rangs entier - et pourtant il était progressif de 1 à 5 rangs - et en oubliant que la Trompette de Pdaéle est empruntée au Récit, on trouve 3790 tuyaux. On est donc loin des 3912.
Par contre, 3912, avec un Cornet de 228 tuyaux (et sans Basson ni Trompette à la Pédale), c'est exactement ce que trouverait quelqu'un qui commettrait l'erreur de mettre... 56 notes à la Pédale...

L'autre particularité de cet instrument, c'est qu'il est marqué par l'admiration que vouaient ses concepteurs aux orgues Silbermann, conservés à Marmoutier et Ebersmunster, et que Schweitzer avait "redécouverts" avec enthousiasme. Voici donc, dans cet orgue Néo-classique, une "Trompete-Silbermann" (le nom n'a pas été francisé) et... un "Salicional-Silbermann". Les Tailles avaient été relevées à St-Thomas. Bien sûr, nul expert de l'époque ne pouvait imaginer que le Salicional de St-Thomas était un Jeu... de WETZEL (1836).

     Terminé en 1909, l'orgue du Palais de fêtes fut inauguré en grande pompe le 09/12/1909 par Charles-Marie WIDOR, Eugène GIGOUT et Joseph BONNET. Il y eut deux concerts magistraux : l'un proposa la Symphonie pour orchestre et orgue de M.J. Erb (composée pour l'occasion), l'autre la "Sinfonia sacra" de Ch. M. Widor.

     En 1912, la Composition fut légèrement retouchée, par les facteurs d'origine et avec l'assentiment d'Albert Schweitzer :

  • le Gemshorn 8' du Grand-orgue fut remplacé par un "Weitprincipal 8'" (étiqueté "Flûte-montre" ci-dessus)
  • la Tierce 1'3/5 et la Septième 1'1/7 du Récit (cela ne plait pas à tout le monde...) furent aussi remplacés par un Weitprincipal 8'.

En 1958, Ernest MUHLEISEN électrifia la transmission, et posa une Console mobile. La partie sonore n'a pas été retouchée. La Console d'origine, blanche et tournée vers la salle, était "à gradins" sur le modèle de St-Sulpice à Paris (il y a un autre exemple en Alsace à Magstatt-le-Bas, 1890).



Cette Console de 1909 était une Console "Congrès de Vienne", c'est-à-dire inspirée par les recommandations du congrès international de musique de Mai 1909 à Vienne.
Les pédales y sont plutôt nombreuses :

  • à droite, les Accouplements. En haut, les 6 sub- et super-octaves. En bas, les Accouplements normaux : I/P, II/P, III/P, II/I, III/I, II/II et l'Annulateur du Grand-orgue.
  • A gauche les Combinaisons. Il y a 7 pédales : Annulateur, combinaison pour I, II, II, Ped, générale, annulation des Jeux tirés manuellement.
La plupart de ces pédales (toutes sauf les sub- et super-octaves) étaient doublées par des commandes manuelles (poussoirs placés sous le clavier de Grand-orgue).
Au centre, il y avait bien trois bascules : le Crescendo (à gauche), l'expression Positif (au centre) et l'expression du Récit (à droite). La Combinaison libre était règlée grâce à de petits tirants. Les Combinaisons fixes n'étaient commandées que par boutons (curieusement placés au-dessus du troisième clavier).

     La Maison MUHLEISEN fit un relevage en 1981 et en 2001.

Transmission : électro-pneumatique (Console mobile). Le Positif, placé dans le soubassement, n'a plus de pédale d'expression, mais un domino à deux positions agit sur les douze "hublots" du soubassement. Le Récit est placé derrière le Grand-orgue, dans une (très) grande boîte expressive. Quatre Jeux de la Pédale (dont la Trompette qui est un Emprunt au Récit) sont placés dans cette boîte du Récit pour être expressifs.
Sommiers à Membranes d'origine.

Il y a un Appel du Tutti, deux Combinaisons libres, les Appels d'Anches pour tous les Claviers, plus un général, les Appels Mixtures des trois manuels, plus un général, ainsi que les Annulateurs Grand-orgue et 16 pieds manuels. Il y a aussi une pédale de Crescendo. Les Trompettes sont entièrement en étain.

L'instrument a perdu beaucoup d'ornements, et le bâtiment a... vieilli. Des baies ont été occultées.
Aujourd'hui, l'orgue fonctionne à peu près correctement, mais de nombreux Jeux sont muets. Il est par contre assez inquiétant de constater que de petits tremblements de terre ont causé d'importants dégâts à la tuyauterie, ce qui indique que des travaux destinés à renforcer la structure seraient très urgents.

(1) Les Jeux notés "Silbermann" ont été réalisés d'après les tailles de tuyaux de l'orgue de tribune de St-Thomas. Cependant, à l'époque, nul de savait que ni André, ni Jean-André Silbermann n'ont jamais construit de Salicional, jeu qui leur était totalement étranger. Le Salicional qui se trouvait dans l'orgue de St-Thomas (et s'y trouve toujours) a été construit par Wetzel en 1836, et c'est donc les tailles de ce Jeu que l'on retrouve ici !
(2) La Clarinette est à Anches libres.

Sources :

  • Remerciements à Alexis PLATZ.
  • Remerciements à Ivan BAJCSA.
  • A. SCHWEITZER, "Die Strassburger Sängerhaus-Orgel", Plaquette de l'inauguration de 1909.
  • Plaquette du concert "Pipes' swing" d'Antonino BUSCHIAZZO au Palais des fêtes, 04/11/2001.

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Dernière mise à jour : 14/11/2004 22:07:11

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