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Haut-Rhin
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Credits
An2000
An2001
Photo
~ Les orgues de la région de Colmar ~

Colmar, Collégiale St-Martin
Richard FREITAG, Orgelbau Felsberg, 1979


 

Composition, 2000
Positif de dos
56 notes
Grand-orgue
56 notes
Oberwerk
56 notes
Petite Pédale
32 notes
Grande Pédale
32 notes
Montre 8' Montre 16' Bourdon 8' Octave 4' Principal 16'
Bourdon 8' Montre 8' Flûte à cheminée 4' Flûte 2' Soubasse 16'
Quintaton 8' Flûte à cheminée 8' Flûte conique 2' Cor de nuit 1' Quinte 10'2/3
Prestant 4' Gambe 8' Principal 1' Rauschpfeife 3 rgs Octave 8'
Flûte à cheminée 4' Quinte 5'1/3 Quinte 2/3' Mixture 5-7 rgs Sordun (Anche) 32'
Nasard 2'2/3 Prestant 4' Terzian 2 rgs (2) Chalumeau 4' Posaune 16'
Sesquialtera 2 rgs Flûte conique 4' Régale 8' Cornet 2' Trompette 8'
Doublette 2' Rauschpfeife 2 rgs (1) Voix humaine 8'   I/P
Larigot 1'1/3 Gemshorn 2'     II/P
Mixture 4 rgs Mixture 5-6 rgs      
Cymbale 3-4 rgs Cymbale 4 rgs      
Dulzain 16' Trompette 16'      
Trichterregal 8' Trompette 8'      
  I/II      
  III/II      

     Ici, plus qu'ailleurs, cet orgue s'explique par son histoire. Celle de son prestigieux Buffet, datant de 1755, celle de la perte de l'orgue Jean-André SILBERMANN qu'il contenait, puis celle de la perte d'un des chefs d'oeuvre de l'époque symphonique, puis la construction d'un orgue d'inspiration nordique, avec sa Composition très affirmée (qui ne correspond bien sûr pas à son Buffet) et sa tuyauterie en plomb.


Colmar, St-Martin.
Remerciements à Nicolas HASLÉ (photo été 2003).

     Cet orgue doit être pris pour ce qu'il est : un grand instrument inspiré par l'oeuvre d'Arp SCHNITGER.

Arp Schnitger (1648-1720) exerça son art en Hollande et en Allemagne du nord, mais rayonna beaucoup dans toute l'Europe. Il construisit plus de 150 instruments, évolutions ultimes et géniales des "orgues d'accompagnement du Choral". Son influence fut profonde et durable. C'est le sommet de l'école "classique" nordique, à opposer au Baroque allemand du 18 ème et au style classique français, qui en sont finalement peut-être tous deux des évolutions.
Le chef d'oeuvre de Schnitger se trouve à Hambourg : c'est l'orgue de St-Jacques (Jakobikirche, 1689-1693).

Il s'agit du cinquième orgue de St-Martin (sans compter les orgues de choeur).

Le premier date d'avant 1417. Il a été remplacé juste avant 1513 par Hans TÜGI, de Bâle. Mais cet orgue Tügi fut démoli sur ordre du Magistrat en 1576. En 1627, on en retrouve 4 tuyaux.

Dans le choeur, il y eut l'orgue Hans HUODT (1608), qui reprit, dit-on, l'ancien.
En 1753, Jean-André SILBERMANN vit un orgue placé en Nid d'Hirondelle.

En 1755, Silbermann construisit pour St-Martin un grand orgue de 3 claviers, avec 38 Jeux.
Voici sa Composition, selon le Dr GOETHLINGER :

(On note, une fois de plus, qu'il n'y a pas de Flûte 4' au Grand-orgue. On pourra comparer cette Composition a celle de Soultz)
L'orgue Silbermann a été complété par CALLINET à 48 Jeux sur 4 claviers en 1828.

En 1893, il y avait deux orgues à St-Martin.

En 1911, Joseph RINCKENBACH réalisa pour Colmar son plus grand instrument : avec ses 82 Jeux sur 3 claviers, et l'Echo placé sous la voûte, au-dessus du transept, ce devait être un orgue symphonique exceptionnel. Les témoignages de l'époque le confirment.

L'instrument perdit ses tuyaux de façade en 1917 lors de la Réquisition.

En 1924, il y eut quelques travaux.

En 1976, l'orgue Rinckenbach avait été déclaré hors d'usage ; puis il fut démonté. Les tuyaux Silbermann restants (12 Jeux en tout, avec certains tuyaux de Callinet) ont été remis à l'église des Dominicains de Colmar. Ils étaient destinés à compléter le Silbermann autrefois construit pour Sélestat, St-Georges, qui est actuellement démonté (et entreposé chez un facteur en attendant sa reconstruction).

Juste avant le démontage de cet orgue irremplaçable (combien ont pleuré ce qui a été fait en 1911 sans se rendre compte qu'on a fait exactement la même chose en 1976 : détruire un orgue d'exception pour faire du neuf), l'orgue fut encore joué, et de bien belle façon. Peu se souviennent des commentaires alors entendus (en Alsacien) : "Il n'était pas si mal, cet orgue..." ...et on frémit en pensant à ce qu'il aurait pu être après un bon Relevage.

     L'orgue de choeur, construit en 1975 par Curt SCHWENKEDEL donnait déjà accès au répertoire "17 ème" et "baroque". Cet instrument, dont le Buffet a été réalisé en réutilisant trois confessionnaux néo-gothiques, a été construit dans ce que l'on appelait le "style nordique", avec des Mixtures pléthoriques, et une Régale en chamade. Conformément aux usages de cet facture, les tuyaux métalliques sont en plomb (70%). Jean-Marie Tricotaux en assura l'harmonisation. Cet orgue de choeur eut un tel succès qu'il parut tout à coup évident de reconstruire TOUS les orgues sur le même modèle... à commencer par l'orgue de tribune.

     Comme le raconte Jean-Joseph ROSENBLATT (bien plus tard) : "Nombreux furent les « médecins » à se pencher sur notre orgue très malade et dont on ne savait pas si on allait pouvoir le sauver ou s’il fallait l’achever. Les organologues et experts d’orgue se succédaient au chevet du malade. Ils avaient pour nom Gérédis, Ringue, Chapuis, Schaeffer et beaucoup d’autres encore. Les avis étaient bien souvent divergents. Ajoutez à cela la petite guerre que se livraient les facteurs d’orgue... Un voyage d’étude en Allemagne du Nord, en particulier la découverte des orgues Schnitger, fut certainement déterminant". Dans un élan d'enthousiasme pour la facture de Schnitger, on décida donc de "se faire plaisir". Et qui veut noyer son chien, l'accuse d'avoir la rage. L'orgue Rinckenbach fut "achevé".

     La paroisse St-Martin de Colmar, qui a financé l'intégralité de l'opération, décida donc de construire un orgue neuf, dans les Buffets Silbermann restaurés (c'est-à-dire remis dans leurs dimensions originales, et munis d'une Montre au dessin authentique).

Ensuite, tout alla très vite. L'Orgelbau FELSBERG, de Suisse, fut choisie en partie pour sa capacité à tenir les délais très courts qui étaient imposés.
C'est bien-sûr Jean-Marie Tricotaux qui assista Richard Freitag, et réalisa l'harmonisation. Quant à la Composition, elle a été élaborée par l'abbé Jean-Joseph Rosenblatt, titulaire de l'instrument, et acteur déterminant de la vie musicale locale.

     L'instrument est donc extrêmement original dans sa région. On peut bien sûr lui reprocher de vouloir imiter un orgue du 17 ème dans un Buffet du 18 ème. Il est vrai que son "ramage" ne s'accorde pas à son "plumage" : il y a bien 150 ans et quelques centaines de kilomètres d'écart. A Colmar, toutefois, plane toujours l'ombre du seul véritable chef d'oeuvre qui ait habité le lieu : l'orgue Joseph Rinckenbach de 1911.

Mécanique : Suspendue. Sommiers à Gravures.
Il y a trois Tremblants : un pour le Positif, un pour les deux autres claviers, et le troisième agissant sur la Pédale.
Contrairement à l'orgue de choeur, la façade est en étain (on l'a vu, pour respecter le Buffet). Le reste de la tuyauterie est a très fort pourcentage de plomb (étain 7%). Même les corps des Jeux d'Anches n'ont que 30% d'étain.
Les jeux de Pédale sont séparés en deux. Les deux plans sonores sont situés à l'arrière du Buffet, mais la petite Pédale est placée en hauteur, au-dessus de la grande. Entre les Pédales et le grand Buffet, il y a les 4 Soufflets cunéiformes alimentant l'instrument. Un stabilisateur de pression peut être commandé depuis la Console.

On trouve, à la Pédale, une Grande Quinte 10'2/3, harmonique de 32', destinée à générer un 32 pieds "virtuel" lorsqu'on l'associe à un 16 pieds. On retrouve son pendant au grand-orgue, la Grosse Quinte 5'1/3, mais qui est ici destinée à enrichir la fondamentale de 16 pieds qui est réellement présente (Montre 16').

(1) Une Rauschquinte, ou Rauschepfeiffe, c'est l'association de deux Principaux en 2'2/3 et 2'.
(2) Une Terzian est une Mixture-Tierce, associant une Tierce et une Quinte (1'3/5 et 1'1/3).
Cette Terzian, à l'Oberwerk, associée au Sifflet 1' et à la petite Quinte 2/3' permet de composer ses rangs de Mixtures soi-même.

Webographie :

Sources :
  • M. BARTH, "Elsass, 'Das Land der Orgeln' im 19. Jahrhundert", AEA XV (1965-66)
  • P. MEYER-SIAT, "Les Callinet, facteurs d'orgues à Rouffach, et leur oeuvre en Alsace" ISTRA, 1965
  • M. THOMANN, "Le Monde Mystérieux de l'Orgue", Editions du Signe, 1998 (pour Arp Schnitger). Ouvrage disponible auprès du Centre Européen de l'Orgue.

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Dernière mise à jour : 30/06/2012 10:58:01

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