Gaston Kern a construit cet instrument en 1989, dans le buffet et avec des éléments de l'ancien orgue Edmond-Alexandre Roethinger, 1913, du lieu. L'histoire de cet instrument paraît encore comporter des zones d'ombre.
Historique
En 1869, la maison Stiehr plaça à Mutzenhouse un orgue d'occasion de 13 jeux. [IHOA] [Barth]
Le traité parle d'un orgue "par rencontre". On a longtemps cru qu'il s'agissait de l'ancien orgue (Sauer) de Bernardswiller. Mais cet instrument avait probablement été déménagé dès 1863. Et sûrement à Niedersteinbach. Il ne semble pas y avoir eu d'orgue à Mutzenhouse avant 1867, parce que les frères Wetzel firent cette année-là un devis pour un orgue neuf ou d'occasion, sans parler de reprise. [Barth] [PMSSTIEHR]
La provenance de l'orgue amené par la maison Stiehr en 1869 reste donc un mystère.
Historique
En 1913, Edmond-Alexandre Roethinger construisit un orgue neuf de 15 jeux, en ré-utilisant des éléments plus anciens qui proviendraient de Nancy. [IHOA] [ITOA] [Caecilia] [Barth]
La composition est connue : il s'agissait d'un très joli petit instrument post-symphonique :
L'Harmonia aetheria
L'Harmonia aetheria est un jeu très "Walckerien". Il y en avait une dans la saison 1897 de l'orgue de Strasbourg, St-Paul. Il y en avait aussi une à Rittershoffen (1916). Chez Roethinger, on l'avait déjà vue sous forme d'appel de rangs séparables à Gumbrechtshoffen en 1908 (elle a disparu plus tard). A Cronenbourg, St-Florent (1913, donc contemporain de Mutzenhouse), il semble qu'il s'agissait d'un jeu entier (non séparable en rangs). Elle revient sous forme d'appel de 3 rangs séparables à Ferrette (1926, où elle est appelée "Fourniture"), Mittlach (1929), Liebsdorf (1929 aussi, mais où, avancée du néo-classique oblige, il y a non pas un 4' mais une Tierce). Tout comme à Bendorf (1931, mais l'orgue Roethinger a malheureusement été détruit en 1995).
Avec cette Harmonia aetheria en trois rangs séparables, l'orgue de Mutzenhouse était un instrument très "Réforme alsacienne de l'orgue". Emile Rupp l'aurait sûrement trouvé très bien. (Après lui avoir trouvé une douzaine de défauts, bien sûr.) Il n'y a que 15 jeux, mais l'essentiel y est : quatre fonds de 8' au grand-orgue (dont la Flûte ouverte), et trois au récit (sans compter l'ondulant). Ces sept 8' de la structure sonore, avec l'Harmonia aetheria, le Bourdon 16' et le Prestant du grand-orgue, et la Voix céleste du récit, donnent déjà 13 jeux. Avec un minimum de deux à la pédale (le 16' et le 8'), les 15 sont atteints. Il a donc fallu faire des sacrifices : pas d'anche, pas de Mixture au grand-orgue, et pas de Violoncelle de pédale.
La console, bien sûr indépendante, était dirigée face à la nef.
De Nancy ?
Reste le mystère de la provenance des composants, et en particulier du buffet. Barth évoque un orgue "de concert", selon les dires du curé A. Klein : "Wie es scheint war dies ursprünglich eine Konzertorgel, in Nancy gekauft u. von Roethinger für die Kirche von Mutz. umgebaut, mit 16 Reg., 2 Clav. Mittlg von Pf. A. Klein." Donc, pas une paroisse. [Barth]
"Nancy" et "Salle de concert" évoquent irrésistiblement la salle Poirel, et l'orgue Cavaillé-Coll qui s'y trouvait entre 1898 (il a été inauguré par Eugène Gigout !) et 1922. L'instrument avait 15 jeux (II/P 15j). Il a certes disparu, mais ce n'est pas l'orgue récupéré par Roethinger : il était encore dans la Salle Poirel en 1919, et a finalement été vendu à un particulier de Gerbéviller, après un passage au Théâtre municipal de Nancy. Il n'y a plus d'orgue à la salle Poirel depuis 1999. [IOLMM]
On ne voit pas bien où trouver un autre "orgue de concert" en 1913 à Nancy. L' "Ecole nationale de musique, succursale du Conservatoire de Paris" (futur conservatoire de Nancy) ne semble pas avoir été dotée d'un orgue à cette époque. Le fait que l'orgue Cavaillé-Coll de la salle Poirel ait été installé au théâtre évoque tout de même la possibilité d'un remplacement : il y avait peut-être déjà un orgue au théâtre, et c'est peut-être celui-là que Roethinger a récupéré. Mais même si les dates collent à peu près, il n'y a pour l'instant pas grand chose qui permette d'étayer cette hypothèse.
Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités le 28/06/1917. [IHOA]
En 1970, il y eut un relevage, par Paul Adam. [ITOA] [Caecilia]
Historique
En 1989, Gaston Kern construisit un orgue néo-baroque, à un seul manuel, dans l'ancien buffet. [IHOA] [Caecilia]
Pour pallier un peu au manque d'un second manuel, trois jeux sont coupés en basse+dessus, ce qui permet d'avoir une registration différente dans les deux moitiés du clavier.
L'opération a été qualifiée de "restauration", ce qu'elle n'est en aucune façon. L'orgue a été béni le 04/06/1989, avec Christophe Wicker au clavier. (Et non pas "aux claviers" comme on a coutume de dire.) L'après-midi, un concert inaugural a été assuré par la chorale de Hochfelden. [Caecilia]
Donc, 1913 : II/P 15j, avec un récit expressif et une Flûte ouverte 8' ; 1989 : I/P 12j. C'est ce qu'on appelle le progrès. "Ah mais vous ne comprenez rien : maintenant, au moins, il est mécanique !" Et ?
Caractéristiques instrumentales
Mécanique, notyes et jeux.
Sources et bibliographie :
P. MEYER-SIAT, "Stiehr-Mockers", AEA XX (1972-73)
MUTZENHOUSE, Fil. von Schaffhausen, Kt. Hochfelden. - Stiehr u. Mockers überlassen der Gde f. d. Ki. (Gelegenheitskauf) eine O. mit 13 Reg. u. Garantie f. 10 Jahre, für 1.500 Fr. Vertrag 19. XII. 1869. Nachlass STIEHR. - Diese 1. Orgel hatten Stiehr u. Mockers der Pfrki. von Bernhardswiller bei Oberehnheim abgekauft; sie kam nach M. durch Vermittlung von Atzenhofer, Superior von Marienthal (von Mutz. gebürtig) ; schon beim Ankauf war die O. in schlechtem Zustand. Mittlg von Pf. Albert Kleiin, Schaffhausen. Siehe auch Regest Bernhardswiller. - Der Neubau der Ki. hatte 1859 stattgefunden. Nach Visit.-Bericht von 1892 geschah die Aufstellung der O. 1862. - Neue O. von Roethinger, 1913, 10 Reg., 1 Clav., Ped., tract. pneum. Liste Roethinger. - Wie es scheint war dies ursprünglich eine Konzertorgel, in Nancy gekauft u. von Roethinger für die Kirche von Mutz. umgebaut, mit 16 Reg., 2 Clav. Mittlg von Pf. A. Klein.
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