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~ Les orgues de la région de Niederbronn-les-Bains ~

Offwiller, Eglise protestante
GUERRIER-BUCHER, 2009


 

Composition, 2009
Premier clavier
56 notes
Second clavier
56 notes
Pédale
30 notes
Montre 8' Salicional 8' Soubasse 16'
Prestant 4' Bourdon 8' Flûte 8'
Flûte majeure 8' Flûte 4' Flûte 4'
Nasard 2'2/3 Flageolet 2' Posaune 16'
Doublette 2' Sifflet 1' I/P
Cornet 5 rgs (D) Basson 8' II/P
Fourniture 4-5 rgs (1) I/II (sic)  
II/I    

     Offwiller vient d'offrir à notre patrimoine organistique un instrument neuf, à la fois enraciné dans une tradition plusieurs fois séculaire, et présentant des innovations techniques, esthétiques et sonores, tout à fait enthousiasmantes. Ce projet exemplaire, mené de 2004 à 2009, démontre de façon réjouissante à quel point une commune de 900 habitants peut contribuer au rayonnement culturel, à la qualité de la pratique musicale, tout en préparant l'avenir avec un outil musical et pédagogique taillé sur mesure.

Offwiller, le 20/11/2009 : l'orgue Jean-Christian GUERRIER / Marianne BUCHER.
Le 20/11/2009.

Un passé organistique marqué par la Maison Stiehr-Mockers

     Le visiteur ira peut-être voir à Offwiller les vestiges de la Frauenkirch, chapelle gothique qui fut longtemps le but d'un pèlerinage. Un autre lieu de culte fut construit, mais presque anéanti lors de la Guerre de Trente ans.
C'est en 1824 que fut mise en chantier l'église protestante actuelle. Une fois celle-ci achevée, en 1826, on dut attendre presque 5 ans avant de la doter d'un orgue... une insupportable éternité pour l'époque! On passa commande de l'indispensable instrument le 30/03/1829 à la plus importante manufacture d'orgues du Bas-Rhin: STIEHR, à Seltz.

     Deux semaines après avoir reçu cette commande, la Maison Stiehr fut endeuillée par la disparition de son patron et fondateur, Michel Stiehr. Mais la relève était déjà assurée : le marché fut de fait signé par Xavery MOCKERS, le gendre de Michel, qui mit l'orgue en chantier. La Réception eut lieu le 22/04/1831, par Philippe Jacques GALL (Niedersoultzbach) et Michel WINKLER (Offwiller) "experts artistes de musique". L'inauguration eut lieu le dimanche suivant, comme l'attestent les inscriptions qui ont été conservées sur le soubassement de l'orgue actuel:

     On peut donc penser que, sur le plan technique et esthétique, cet orgue devait encore devoir beaucoup à la tradition héritée du 18 ème siècle. Ce devait être un orgue intéressant, aux nombreuses possibilités, malheureusement limité (comme souvent à l'époque) par une disposition à un seul clavier manuel :

Composition, 1831
Manuel
54 notes
Pédale
18 notes
Montre 8' Bourdon 16'
Bourdon 8' Flûte 8'
Salicional 8' Trompette 8'
Viole de gambe 8' Clairon 4'
Prestant 4' I/P
Flûte 4'  
Doublette 2'  
Sifflet 1'  
Cornet 5 rgs  
Fourniture 4 rgs  
Basson/Cromorne 8' (B+D)  
Trompette 8' (B+D)  
Il y avait aussi un Tremblant doux. Deux coupures en Basse+Dessus permettaient de faire oublier qu'il n'y avait qu'un clavier.
Cette composition a été restituée d'après les étiquettes conservées sur les restes de la Console en fenêtre (et aujourd'hui exposées au Musée d'Art et Traditions Populaires d'Offwiller). Elle a probablement été "retravaillée" en cours de réalisation, car la Gambe prenait la place d'un Nasard 2'2/3 initialement prévu, et le Sifflet celle d'une Cymbale 2 rgs. Peu à peu, les Compositions suivaient les modes : une page, celle de Michel, était tournée.



Les étiquettes Stiehr ont miraculeusement survécu.
Photo de la Manufacture Blumenroeder.
Elles ont servi de modèle pour restaurer la Console de Dachstein.
Derrière, on pouvait voir les tubulures de la transmission pneumatique de 1931.


     Mais l'orgue Stiehr eut malheureusement beaucoup à souffrir des vicissitudes du temps. En 1841, il fallut démonter et remonter l'instrument en raison de travaux dans l'édifice. En 1917, les tuyaux de façade furent réquisitionnés par les autorités allemandes.

Alors que cet orgue avait tout juste 100 ans, en 1931, il fut décidé de lui offrir une nouvelle façade. Mais il fut finalement aussi décidé de procéder à la pneumatisation de la traction. Ce fut fait par Georges SCHWENKEDEL (son Opus 39). Il passa à deux Manuels, en gardant le Sommier du Grand-orgue (muni de soufflets pneumatiques), et en prévoyant celui du Récit pour un Accouplement à l'octave aiguë (II/I en 4'). Il posa une Console indépendante, et ne toucha pas au Buffet.

Le Pays de Hanau eut beaucoup à souffrir des guerres, et, en 1945, l'orgue d'Offwiller a été gravement endommagé lors d'un bombardement. Le Buffet était fortement abîmé, et les Sommiers eurent à souffrir d'infiltrations d'eau. (La mutilation du Buffet a parfois été injustement attribuée à Schwenkedel ; c'est un fait de guerre, et pas une opération volontaire.)

En 1957, la partie instrumentale a été réparée par Ernest MUHLEISEN. Plutôt que de réparer le Buffet (les Buffets n'étaient plus à la mode), on ne conserva que le soubassement. Les Sommiers ont bien sûr dû être remplacés.
De 1957 datait cette symptomatique Sesquialtera, dont le rang de quinte est constitué par le malheureux Salicional de Stiehr, qui a été recoupé (c'était l'un des Jeux que la Maison Stiehr réussissait le mieux...)

     L'instrument resta ainsi : l'Inventaire de 1986 le trouva avec la Composition suivante:

Composition, 1986
Grand-orgue
56 notes
Récit expressif
56 notes
Pédale
30 notes
Montre 8' Flûte conique 8' Soubasse 16'
Bourdon 8' Montre 4' Flûte 8'
Salicional 8' Flageolet 2' Basson 16'
Prestant 4' Sesquialtera 1-2 rgs I/P
Nasard 2'2/3 Cymbale 3 rgs (1'1/3) II/P
Doublette 2' Trompette 8'  
Fourniture 3 rgs (1'1/3)    
II/I (16', 8', 4')    

Transmission : pneumatique (Console indépendante de 1931 tournée vers la nef). Sommiers à Cônes de 1957.
Il y avait quatre Combinaisons fixes (Piano, Mezzo Forte, Forte, Tutti), une Combinaison libre (par picots), et une pédale de Crescendo avec une jauge horizontale.

     Il ne restait de Stiehr que le Soubassement du Buffet, les panneaux latéraux, le Dessus du Prestant (le reste devait être en façade), une partie du Flageolet, les tuyaux de la Cymbale et du Salicional (pour partie dans le dessus du Salicional, et pour partie recoupé dans la Sesquialtera).

     Mais, à Offwiller, il restait aussi l'essentiel de ce que la Maison Stiehr y avait apporté : une contribution séculaire à la maturation d'un goût musical exigeant. Comme en de nombreux endroits, l'orgue avait élevé les esprits et "formé" les oreilles. La Musique méritait un projet ambitieux, enraciné dans le passé, mais aussi délibérément tourné vers l'avenir.

L'élaboration du projet

     Impossible à Restaurer au sens propre, l'orgue Stiehr d'Offwiller aurait pu être reconstitué, dans son état de 1831. Mais alors, avec un seul manuel et un pédalier réduit, il n'aurait pas été compatible avec l'usage de l'instrument voulu par la collectivité.

Christian LUTZ étudia le matériel subsistant (en usage dans l'orgue, mais aussi entreposé dans le grenier et dans le soubassement), et identifia les scénarios possibles.

Des éléments hérités de l'orgue Stiehr, ainsi que la tradition locale permirent de jeter les bases d'un projet enraciné dans l'histoire locale. Le soubassement du Buffet devait bien sûr être conservé. Il permettrait de définir des dimensions et des volumes sains. Il serait de façon évidente complété dans l'esprit des Buffets Stiehr. L'esthétique visuelle d'un tel instrument appellerait bien sûr des sonorités issues de l'Alsace du Nord, telles qu'on les concevait au 18 ème et au début du 19 ème siècle. Mais reste devait appartenir au 21 ème siècle.

Il fut donc décidé de procéder à la construction d'un orgue neuf, ne cherchant nullement à imiter la facture ou l'harmonisation de Stiehr, mais conçu pour une utilisation cultuelle et des desseins musicaux et pédagogiques modernes. Et grâce à une mobilisation de chacun, autour du Maire Patrice HILT, du Pasteur Denis KLEIN, mais aussi de Maire honoraire Pierre DIFFINE, la construction d'un orgue neuf de 17 jeux s'avéra envisageable.

Après appel d'offres, c'est la nouvelle maison GUERRIER de Willer (Jean-Christian Guerrier / Marianne Bucher), déjà connue pour sa restauration de l'orgue de Kircheim) qui fut retenue. L'orgue d'Offwiller est donc son premier instrument neuf.

L'orgue GUERRIER/BUCHER 2008-2009

L'orgue vu de la chaire.

     Les Jouées sont d'origine (elle se trouvaient dans le soubassement de l'orgue, en fort mauvais état, mais restaurables). Les autres ornements sont inspirés par la tradition Stiehr, mais nullement recopiés. Les Claires-voies portent des initiales provenant de la famille des concepteurs.

     Bien qu'il évoque fortement Stiehr vu de la nef, l'orgue révèle sa personnalité dès que l'on ouvre la Console:

  • Des filets d'étain insérés dans le bois rappellent les constituants primordiaux d'un tel instrument.
  • Les tirants sont originaux, plats, et identifiés de façon très marquée en fonction de leur Clavier. A dessein, leur coupe horizontale est la même qu'un Tirant Stiehr.

  • Les étiquettes ont fait l'objet d'un soin particulier. (Offwiller était célèbre dans le monde de l'Orgue alsacien... pour ses étiquettes.) Si le graphisme est résoluement moderne, il a été complété, en filigrane, d'une lettre capitale cursive empruntée à la tradition Stiehr. De plus, pour rendre hommage aux étiquettes de 1831, elles ont été disposées comme celles-ci : alignées d'un côté, l'autre côté décrivant une ondulation, à l'évidence voulue, mais dont l'origine reste un mystère. Ce mystère reste donc présent dans l'orgue neuf.
  • Il n'y a pas de Plaque d'Adresse. (Les orgues Stiehr ou Callinet n'en ont pas non plus.) Il s'agit ici d'un acte délibéré permettant d'inscrire la spécificité de l'instrument dans toutes les caractéristiques, sans la focaliser sur une plaque. La signature des intervenants dans la construction de l'instrument figure du côté intérieur de la porte d'accès:


    La porte de la clôture est ouverte.
    A droite, 4 tuyaux en bois
    des jeux de Pédale.

    Cet orgue a été fabriqué par:
    Jean-Christian Guerrier
    Marianne Bucher
    Muller Brice
    Martin Gilles
    Franziska Belle
    Jérôme Friesch
    2008-2009

La technique

     Sur le plan technique, un certain nombre de caractéristiques différencient radicalement cet instrument du reste de notre héritage organistique:

  • Au lieu d'avoir un "côté Do" et un "côté Do dièze", on a ici de deux Claviers orientés de façon opposée. Lorsqu'ils sont Accouplés, les deux Manuels disposent donc d'une disposition originale, assurant une homogénéité accrue, une montée chromatique ne faisant plus passer le son de gauche à droite.
  • Les commandes des Accouplements et Tirasses se font par quatre petites pédale, mais celle-ci sont à bascule (on ne les accroche pas). Un système bistable (deux lames tête-bêche, d'une simplicité remarquable qui font que l'on se demande pourquoi on ne le voit pas partout) permet de changer la position par un simple coup vers le haut ou vers le bas. Plus besoin de craindre de lâcher la cuiller à cran alors qu'elle n'est pas bien accrochée (avec l'inévitable bruit, et le choc dans la transmission).
  • Les Jeux à Bouche ont été réalisés sur la base d'études portant sur les processus de confection des tuyaux au 18 ème siècle : les Biseaux sont "carrés" (leur extrémité présente un méplat). Il s'agissait à l'origine d'une contrainte imposée par l'outillage ancien.
    Les tuyaux ont été raclés à l'extérieur, mais aussi à l'intérieur, et affinés à leur extrémité sur quelques millimètres seulement, pour pouvoir faciliter l'accord.
  • Le Basson présente des noyaux de diamètre progressif (tournés et non moulés). La Posaune dispose d'un système de jonction entre le Noyau et le Pavillon qui permet de jamais avoir de rétrécissement dans le canal d'air : l'élargissement est constant, sans présenter de cavité entre le haut du pied et le pavillon. Le résultat est très proche de ce que l'on obtient en "peaussant" les Anches, mais sans les inconvénients d'avoir recours à une telle technique.



    L'Abrégé des manuels, et la mécanique des Jeux.


  • Une dizaine de tuyaux Stiehr (Pédale), entreposés au grenier, ont pu retrouver vie. Ils ont servi de base à l'élaboration des jeux de Pédale, en dessinant une progression de Tailles, qu'il a fallu ré-interpréter pour parvenir à une Pédale de 30 notes.
  • La Pédale dispose d'un Abrégé particulier, à deux étages, permettant de ne pas laisser dépasser des tuyaux sur le côté du Buffet.
  • Les Soupapes ne sont pas collées, mais bloquées en queue par un système mécanique permettant de les retirer.
  • Les Vergettes sont de section carrée. L'objectif est de limiter leur masse, donc leur inertie.
  • La table des Sommiers est... massive. Pas de contre-collé dans cet orgue : la souplesse nécessaire à cette pièce déterminante des Sommiers vient du fait qu'elle est constituée de lames d'une dizaine de centimètre, tenues sur le peaussage du Sommier.
  • L'arrière de l'église présentant un espace voûté, celui-ci capturait une partie du son émis par la Pédale. Des panneaux en bois ont été disposés en éventail pour "ramener" le son de façon contrôlée à l'avant :

     Quatre Layes alimentent les Jeux manuels. Les deux Claviers présentant leur côté C-Cis réciproquement inversés, le premier adopte une disposition classique (C à gauche quand on regarde de la Console), et les Chapes du second sont simplement de l'autre côté. La profondeur des Gravures a permis d'intercaler les Chapes. Aucune des deux Layes ne continue sur toute la profondeur :

  • La Laye du premier Clavier est l'avant, avec les tampons s'ouvrant sous la frise à l'endroit habituel. Elle se prolonge jusque sous la Chape de la Fourniture.
  • Celle du second Clavier est à l'arrière avec des tampons s'ouvrant dans l'espace entre le Buffet et la Pédale. Elle se prolonge jusque sous la Chape du Salicional.

    La Laye du premier Clavier.
    La frise a été déposée, mais pas le tampon.
    La Laye du second Clavier, à l'arrière.
    Le tampon est ouvert, laissant voir Soupapes,
    leurs ressorts, Esses, et Boursettes.
    On distingue au fond, tout à gauche,
    le levier permettant de libérer les Soupapes.

     Voici l'ordre des Chapes, vu de dessus, avant de l'instrument vers le haut.

(Façade)
Côté Cis "normal"Côté C "normal"
Montre CisMontre C
Prestant CisPrestant C
Cornet CisCornet C
Flûte maj CisFlûte maj C
Salicional CSalicional Cis
Bourdon CBourdon Cis
Flûte CFlûte Cis
Nasard CisNasard C
Doublette CisDoublette C
Fourniture CisFourniture C
Flageolet CFlageolet Cis
Sifflet CSifflet Cis
Basson CBasson Cis
(Panneau de visite)

Claviers accouplés, le son produit lorsque l'on enfonce une touche vient donc des deux côtés à la fois.
Le gain de place lié à l'alternance de C et Cis a permis de donner plus d'espace aux tuyaux.

L'harmonisation et la Composition.

  • La base de Jeux de Fonds ne surprend en rien l'auditeur appréciant les sonorités Stiehr. L'édifice sonore est construit sur de solides 8 pieds (dont une Flûte majeure en bois). Les Principaux sont logiquement au premier clavier, complétés par un Nasard et l'indispensable grand Dessus de Cornet à 5 rangs, qui est le creuset sonore de ce type d'instruments. Il y a évidemment un Salicional, situé au second clavier.

    Dans la partie supérieure du Buffet.
    De gauche à droite, les tuyaux aigus:

      du Salicional,
      du Bourdon,
      de la Flûte 4',
      du Nasard,
      de la Doublette,
      de la Fourniture 4-5 rangs,
      du Flageolet (cônique),
      du Sifflet,
      et les gros résonateurs du Basson.

    Le Cornet.
    Plus exactement sa "moitié C#"
    (Troisième Do#, Ré#, Fa, Sol, La, Si, etc...)
    On distingue à droite un bout de la moitié C.
    Il est situé juste derrière les tuyaux de façade.
    Chaque note à 5 tuyaux :

      un de 8' (au fond), bouché ou à cheminée,
      un de 4' ouvert,
      une Quinte 2'2/3
      un de 2'
      et une Tierce 1'3/5, au premier plan.

  • Les Anches n'ont rien à voir avec Stiehr. La Posaune, douce, compète le Plein-jeu dans une tradition issue de l'Allemagne du Nord. Le Basson, au second clavier, peut compléter le Plein jeu, ou tenir le rôle d'un soliste de façon plus fine qu'un Trompette.

    Les tuyaux coniques du Basson,
    l'un des Jeux les plus attachants
    de cet orgue.
  • L'Accouplement des claviers peut être réciproque. A la fois II/I et I/II. On peut par exemple tirer les 4 Fonds de 8 pieds (Montre + Flûte majeure, et Salicional + Bourdon), et opposer à la synthèse des 4, par un simple changement de clavier, soit Montre + Flûte majeure, soit Salicional + Bourdon.
  • L'harmonisation a été confiée à Marianne Bucher, qui a déjà signé celle de Kircheim. Sur une assise constituée de couleurs bien connues en Alsace, l'instrument se prolonge dans des directions insoupçonnées, bien spécifiques, avec ces mélanges enrichis d'Anches douces, et sa Fourniture qui contient un rang de Tierce (ce qui est une tradition fort répandue, même dans l'époque romantique).



    La façade est est gauche, avec l'arrière de ses tuyaux largement ouverts par des entailles "en trou de serrure" (indépendemment de leur accord, il faut bien qu'il remplissent toute la Plate-face...) juste devant le grand Cornet, perché sur ses Postages.
    La grande Flûte majeure, en bois, fournit une part important de la "pâte" sonore d'un tel instrument.
    Ses tuyaux graves son logés sur les côtés : ils sont ainsi moins encombrants, et surtout ne font pas écran aux autres.
    On retrouve la Basson tout à droite, juste derrière le panneau de visite, pour être plus accessible.


     L'instrument est idéalement adapté à l'acoustique du lieu. La polyphonie est d'une lisibilité exemplaire (ceci est probablement dû à une attaque très franche des Princiapaux, parfaite pour ce genre de musique).
L'harmonisation est magnifiée par l'adoption d'un Tempérament inégal (Valotti modifié).
Le Flageolet est résolument flûté (et cônique), très différent de la Doublette.
Le Basson et le Cornet retiennent tout particulièrement l'attention, à la fois par leur prestation de soliste et leur faculté de "fondre" dans les ensembles. Comme on l'a vu, la Posaune n'a pas les Anches peaussées. On dirait, pourtant.

Pour y jouer.

La Console dispose de deux bancs.
Celui-ci date probablement de 1931.
Le second a une forme particulière, biseautée vers l'avant.
Il faudra essayer les deux!

Le moteur s'allume par un bouton-poussoir situé sous les clavier.

Il faut savoir que dans le Pays de Hanau, une tradition veut que ce soit l'organiste qui s'occupe des cloches. Leur commande électrique est donc située juste à côté de l'interrupteur de la soufflerie. Il s'agit d'un bouton tournant, qu'il faut bien entendu éviter d'actionner si on ne veut pas alerter tout le village.

Transmission: Mécanique suspendue (doubles balanciers pour le second clavier). Abrégé en fer forgé.
Mécanique des Jeux à rouleaux (chêne).
Touches en chêne/ébène pour les naturelles, fruitier/os pour les feintes. Fronton des naturelles à liseré d'étain.
Tirants de section carrée, Pommeaux à face rectangulaire, de coupe "tournée", munis d'une marque:

  • | verticale pour le premier Clavier (celui du bas)
  • - horizontale pour le second Clavier (celui du haut)
  • / penchée pour la Pédale
Il y a un Tremblant (très) doux, dans le porte-vent venant du Soufflet des Manuels..

Soufflerie: Deux Soufflets cunéiformes, un pour la Pédale, un pour les Manuels. Deux régulateurs séparés. Deux porte-vents amènent l'air aux deux Sommiers de Pédale, et quatre porte-vents servent les quatre Layes manuelles (premier Clavier C, Cis, second Clavier C et Cis).

Pression: 69 mm de colonne d'eau.
Diapason: La 440 Hz.
Tempérament: Valotti modifié.

     Il faut aller à Offwiller. D'abord pour une promenade dans le magnifique Pays de Hanau, et maintenant aussi pour l'orgue.

     Il n'y a plus d'orgue Stiehr à Offwiller, car la guerre en avait anéanti le matériel en 1945. Aujourd'hui, on n'y trouvera pas une copie. On y trouve de Stiehr ce qu'il a inspiré aux commanditaires, aux concepteurs, et à ceux qui ont réalisé cet orgue du 21 ème siècle.

     Il faudra emporter Frescobaldi, Sweelinck et Buxtehude. Beaucoup de Buxtehude. Mais l'étendue des claviers, la disposition des Jeux et l'harmonisation permettront de l'aventurer bien plus loin (on évitera sûrement Couperin, mais J. Alain sera remarquable, entouré de châtaigners...)

     On y découvrira un certain sens de la tradition, animé, vivant, tourné vers l'innovation. On pourra donc se laisser surprendre par les spécificités d'un orgue résolument original. Et dire que son creuset n'a pas été une métropole nationale ou régionale, ni un collège de savants, mais une commune de 900 habitants. En travaillant en équipe avec les dépositaires d'un savoir-faire technique et culturel précieux et irremplaçable, ils ont contribué à le perpétuer et à l'enrichir.



Vue plongeante sur la tuyauterie de Pédale.
Une dizaine de tuyaux Stiehr (invisibles ici), jadis conservés au grenier, on pu retrouver vie.
Ils servent de "témoin". Avec d'autres éléments - certains allant jusqu'au simple tasseau, muni d'une mortaise ou de perçages significatifs - venant de l'orgue Stiehr, ils permettent d'ancrer l'instrument dans sa tradition.
Ils servent aussi de symbole. L'orgue neuf leur à redonné un rôle pour l'avenir. Vibrants ou muets, ils participent à l'incroyable ordonnancement machinique qui transforme le vent en musique.


(1) La Fourniture contient une Tierce

Webographie :

Sources :
  • Remerciements à Jean-Christian GUERRIER.
  • Plaquette éditée à l'occasion de l'inauguration.
  • P. MEYER-SIAT, "Stiehr-Mockers", AEA XX (1972-73)
Activités culturelles :
  • 15/11/2009 : inauguration, par François MENISSIER.
  • CD OffwillerLe disque enregistré par Magdalena MALEC et Cyril PALAUD à Offwiller est sorti !
    A commander au Festival Callinet - Mairie, 72 rue Principale, 68127 Oberhergheim.
    Oeuvres de Frescobaldi, Muffat, Buxtehude, Boehm, J.S. Bach et Haendel.

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Dernière mise à jour : 10/10/2010 19:13:27

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