Accueil
Candide
Jeux
Architecture
Esthetiques
Facteurs
Avant18
Bergantzel
Callinet
Dubois
Herbute
Moeller
Rinckenbach
Silbermann
Stiehr
Waltrin
Repertoire
Bas-Rhin
  Rosheim
Haut-Rhin
Credits
An2000
An2001
Photo
~ Les orgues de la région de Rosheim ~

Grendelbruch, Sts Philippe et Jacques
Xavier et Ferdinand STIEHR, 1865


Avant... STIEHR Après...

Composition, 2004
Grand-orgue
54 notes
Récit
54 notes
Pédale
27 notes
Bourdon 16' Bourdon 8' Soubasse 16'
Montre 8' Gambe 8' Contrebasse 16'
Bourdon 8' Salicional 8' Flûte 8'
Flûte 8' Prestant 4' Choralbass 4'
Prestant 4' Octave 2' Trompette 8'
Flûte 4' Tierce 1'3/5 Clairon 4'
Quinte 2'2/3 Larigot 1'1/3 I/P (Transitive)
Doublette 2' Cymbale 3 rgs  
Cornet 5 rgs (D) Cromorne 8'  
Fourniture 3 rgs    
Trompette 8'    
Clairon 4'    
II/I    

     Cet orgue a été construit par la Maison STIEHR Frères, de Seltz, en 1865.
Avant la mort de Joseph Stiehr (début 1867), les Frères Ferdinand et Xavier Stiehr construisaient en effet déjà des orgues à leur compte, puisque leur entreprise, "Stiehr Frères" était séparée de la Maison STIEHR-MOCKERS.

Grendelbruch, le 09/05/2004.
Le dessin du Buffet est dû à Théodore KUHLMANN.

     Le premier orgue de Grendelbruch était un Positif d'André SILBERMANN datant de 1718. Il s'agit du quatrième Positif, de quatre Jeux (Bourdon 8', Flûte 4', Doublette 2', Fourniture 3 rgs) qui avait été construit pour être prêté à Strasbourg, St-Pierre-le-Jeune dans l'espoir de passer le marché d'un instrument neuf. Il y resta de 1719 à 1725, date à laquelle c'est finalement avec Joseph WALTRIN, le principal concurrent de Silbermann, que fut conclu le marché pour la construction d'un orgue neuf pour St-Pierre-le-Jeune !
Le Positif Silbermann fut installé à Rosheim, St-Etienne, et il y resta de 1725 à 1760, c'est-à-dire jusqu'à l'achat d'un orgue neuf de Jean-André Silbermann (celui qui se trouve actuellement à Hessenheim).

Le "quatrième Positif" d'André Silbermann arriva à Grendelbruch le 16/07/1760. Mais en 1826, on fit agrandir l'église, et l'instrument s'avéra beaucoup trop petit. Après avoir commandé un orgue à George WEGMANN, Grendelbruch revendit son petit orgue, le 25/04/1837.

     L'instrument de Wegmann fut monté en Juin 1836. Le dessin du Buffet est dû à l'architecte Charles Théodore KUHLMANN, qui l'avait en fait élaboré pour le projet concurrent de Joseph CALLINET. Kuhlmann dressa les plans de l'orgue dès le 09/09/1829. Il s'agit du premier Buffet-caisse issu de sa plume. Mais le projet, jugé trop somptueux, fut ajourné par le préfet le 30/11/1829.

Le plan de la façade a été repris tel quel dans le projet de 1834. Seule la frise de fleurs de lys surplombant le corniche sommitale dut être supprimée, Monarchie de Juillet oblige :

     Lors de l'élaboration du projet, en 1834, le Préfet demanda à Kuhlmann de retirer les fleurs de lys de l'ornementation du Buffet. L'architecte-voyer, à qui on ne pourra reprocher de pratiquer le fayottage, répliqua avec les deux arguments suivants pour conserver ces ornements :

    1) La Fleur de Lys était employée avant d'entrer dans les armoiries d'une dynastie de rois de France.
    2) Ce ne sont pas des fleurs de lys.

Pour Wegmann, c'était un projet important, son second orgue neuf, après celui du temple St-Jean de Mulhouse, 1835. On pourra comprer le Buffet avec celui de l'orgue CALLINET de Sermersheim.
Voici la Composition de l'orgue Wegmann de Grendelbruch, d'après le Devis du 24/04/1834 :

Composition, Wegmann
Grand-orgue Positif de dos Pédale
Bourdon 16' Bourdon 8' Bourdon 16'
Montre 8' Prestant 4' Montre (?)
Prestant 4' Flûte 4' Prestant 4'
Cornet 5 rgs Doublette 2' Trompette 8'
Bourdon 8' Flaginette (1' ?) Clairon 4'
Salicional 8' Basson  
Flûte 4'    
Nasard 2'2/3    
Doublette 2'    
Fourniture 4 rgs    
Trompette 8' (B+D)    
Tremblant    

     Wegmann appelle curieusement "bronze" le "Mélange", qui est un alliage de plomb et d'étain. On lit ainsi dans le devis que la "Cornette quintuple sera du bronze solide". Il écrit systématiquement "Mondre" et "Possidif", et on trouve une bien curieuse "Mondre, du bois" à la Pédale (Flûte basse 8'). Quant à la bien jolie "Flaginette", c'était probablement (vu le prix - 25% moins cher que la Doublette -, et le matériau : étain) un Sifflet 1'.

L'orgue avait un Positif de dos (deux "armoires" constituaient le Buffet).

Mais l'orgue Wegmann ne donna probablement pas satisfaction. Aussi, demanda-t-on aux frères Stiehr d'en renouveler la Partie Instrumentale en réutilisant le grand Buffet, le petit Buffet du Positif de dos devant être supprimé pour gagner de la place pour les choristes.

     Voici la Composition de l'orgue Stiehr, apparaissant sur le Devis du 31/12/1864 (le jour de la St-Sylvestre).

Composition, Devis
Grand-orgue
54 notes
Positif intérieur
54 notes
Pédale
18 notes
Bourdon 16' Principal 8' Soubasse 16'
Montre 8' Flûte traverse 8' Contrebasse 16'
Flûte majeure 8' Bourdon 8' Flûte 8'
Bourdon 8' Salicional 8' Violoncelle 8'
Gambe 8' Flûte 4' Flûte 4'
Prestant 4' Jeu céleste 4' Trompette 8'
Flûte 4' Flageolet 2' Clairon 4'
Doublette 2' Basson/Hautbois 8' (B+D)  
Cornet 5 rgs (D) Voix humaine 8'  
Fourniture 5 rgs    
Trompette 8'    
Clarinette 8'    
II/I    

     Le grand Buffet dut être modifié : les parties latérales étaient en retrait, et furent avancées.
En plus du Buffet, les éléments suivants de Wegmann ont été conservés :

  • les tuyaux de façade,
  • le Prestant et la Doublette du Grand-orgue. La Fourniture de 4 rangs fut ré-utilisée et complétée à 5 rangs.
  • Le Bourdon 16' manuel (qui n'avait pas d'octave grave ; celle-ci fut ajoutée)
  • le Bourdon 8', la Flûte 4' et le Cornet du Grand-orgue.
  • Pour le Positif, la Montre 4' de Wegmann a été décalée en Principal 8' (octave grave conduite dans le Bourdon),
  • le Bourdon 8' et la Flûte 4' furent conservés.
  • A la Pédale, les Frères Stiehr gardèrent la Soubasse et une partie de la Flûte 8'

Il y avait en outre deux Accessoires intéressants :
  • Appel du jeu d'ange au manuel. Car il y avait bien sûr, phonétiquement, dans l'orgue alsacien, les "jeux à pouche" et les "jeux d'anges". On pouvait donc appeler les Anches dans nos campagnes. Le singulier laisse à penser que seule la Trompette était appelée, mais pour la Pédale, c'est pareil :
  • Appel du jeu d'ange à la Pédale (alors qu'il y avait Trompette et Clairon).

     L'orgue Stiehr fut reçu le 31/121865 (encore un jour de la St-Sylvestre, exactement un an après le devis) par Antoine RINGEISEN, Joseph WACKENTHALER (Sélestat/Strasbourg) et Théophile STERN (Strasbourg, Temple-Neuf).

L'un des deux tuyaux les plus graves de la Contrebasse 16'. En encart, la Bouche de ce même tuyau, munie de son rouleau qui fait Frein harmonique. On voit que le Buffet de Wegmann a été ouvert : il n'abrite pas tout l'orgue : l'arrière n'a pas de plafond. En haut à droite, on distingue la Boîte enfermant le Récit. Au fond : les tuyaux de façade.

     C'est curieusement dès 1878 que Grendelbruch chercha à "améliorer" son orgue Stiehr : les travaux furent confiés à Heinrich KOULEN. Il s'agissait surtout de... remettre en place un Positif de dos. C'est une démarche tout à fait exceptionnelle pour l'époque ! En plus des inévitables travaux de Soufflerie, les modifications suivantes furent entreprises :

  • l'originale Clarinette devait être remplacée par un Basson 16' et la Flûte 4' replacée par une flûte harmonique.
  • La Pédale fut élargie de 18 à 27 notes pour les 6 Jeux restants (le Clairon devant faire les frais de l'opération), et une Tirasse I/P ajoutée (les Manuels pouvant eux aussi être Accouplés).
  • Le quatre pieds de Pédale, jugé trop discret, devait être remplacé par l'un des célèbres Tubas 16' de Koulen (l'un d'eux a été conservé, à Mittelhausen).
  • L'harmonisation a été renforcée par augmentation de la Pression et vernissage des tuyaux de bois.

L'orgue avait donc, en 1878, un Positif de dos de Koulen, avec Flageolet 2', Voix humaine 8' et Jeu céleste 4'. En voici sa probable Composition :

Composition, 1878
Grand-orgue
54 notes
Positif de dos
54 notes
Pédale
27 notes
Bourdon 16' Principal 8' Soubasse 16'
Montre 8' Flûte traverse 8' Contrebasse 16'
Flûte majeure 8' Bourdon 8' Flûte 8'
Bourdon 8' Salicional 8' Violoncelle 8'
Gambe 8' Flûte 4' Tuba 16'
Prestant 4' Jeu céleste 4' Trompette 8'
Flûte harmonique Flageolet 2' I/P
Doublette 2' Basson/Hautbois 8' (B+D)  
Cornet 5 rgs (D) Voix humaine 8'  
Fourniture 5 rgs    
Basson 16'    
Trompette 8'    
II/I    

Il est question de travaux de Martin RINCKENBACH en 1887, mais il est fort probable que ceux-ci n'aient jamais été réalisés.



     Le Complément de Pédale, c'est-à dire les 9 notes aiguës de la Pédale, qui vont du deuxième Fa# au troisième Ré. (La Pédale de Stiehr s'arrêtait au second Fa.)
On distingue la plupart des 9 tuyaux pour les 6 Jeux de la Pédale, soit, de gauche à droite :

  • La Contrebasse 16', en bois, de Koulen, haute, étroite et ouverte (c'est une Gambe).
  • La Soubasse 16', en bois, de Koulen, large, bouchée. Bien que sonnant en 16 pieds, comme la Contrebasse, elle est deux fois moins haute, car constituée de tuyaux bouchés.
  • La Flûte 8', en bois, de Koulen, large, ouverte, de même longueur de la Soubasse car sonnant une octave plus haut.
  • Le Clairon 4' (partiellement caché) métallique, de Kriess (1970), avec ses résonateurs coniques.
  • La Trompette 8', idem, deux fois plus haute.
  • Le Choralbass 4', en bois, de Koulen, ouvert mais avec ses petites pattes d'accord visibles sur le dessus.




     En 1896, les Positifs de dos étaient considérés comme de graves atavismes, et il fut décidé de procéder à de nouvelles modifications, dont le déplacement du second clavier en Récit, à l'arrière de l'instrument. L'opération fut menée par Franz Xaver KRIESS, et s'accompagna de la construction d'une Console indépendante neuve. En voici la Composition :

Composition, 1896
Grand-orgue
54 notes
Récit expressif
54 notes
Pédale
27 notes
Bourdon 16' Principal 8' Soubasse 16'
Montre 8' Flûte douce 8' Contrebasse 16'
Flûte (majeure) 8' Aéoline 8' Flûte 8'
Bourdon 8' Bourdon 8' Violoncelle 8'
Gambe 8' Salicional 8' Tuba 16'
Quintaton 8' Voix céleste 8' Trompette 8'
Prestant 4' Flûte 4' I/P
Flûte harmonique 4' Fugara 4'  
Cornet 5 rgs (D) Basson/Hautbois 8'  
Fourniture 3 rgs    
Basson 16'    
Trompette 8'    
II/I    

     Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités allemandes en Avril 1917. L'orgue fut réparé (et la façade remplacée) en 1924 par Franz Heinrich Kriess, fils du précédent.

     A la lecture de la précédente Composition, qui était toujours en place en 1970 (à quelques noms près : "Posaune" pour "Tuba", "Clarinette 16'" pour "Basson 16'"), on peut mesurer l'ampleur de la transformation menée en 1970 par Robert Kriess, représentant la troisième génération de facteurs d'orgue de ce nom à intervenir sur cet orgue.
Il s'agit d'une "baroquisation" qui donna à cet orgue la curieuse Composition Néo-classique qu'on lui connaît aujourd'hui. A la Console, on distingue nettement les porcelaines correspondant aux Jeux neufs.

Cette image des Tirants, outre la curieuse orthographe de "Cimbale", montre la différence de facture entre la version de 1896 (Montre 8') et 1970 (des deux autres). De plus, il faut noter que la Montre sonne en 4 pieds, et non en 8' comme l'indique la porcelaine. Les porcelaines de gauche sont d'un bleu très clair, mais la lumière orangée se reflétant sur le Buffet les font paraître blanches sur la photo.

Mécanique : à Equerres (Console indépendante face à la nef). Sommiers à Gravures, de Stiehr.
Il y a un Trémolo affectant les deux Manuels (activé par un petit tirant noir, marqué "REMOL" à la "pince Dymo"...), et une pédale d'expression immobilisée (il n'y a pas de jalousies au Récit, ce qui est compréhensible : il ne sonne vraiment pas fort, même tout ouvert ; fermé, le Récit ne devait pas s'entendre du tout).



En haut, la signature de Robert Kriess, dans l'orgue, au crayon, sur un montant du support du Récit.

En bas, détail de certains tirants du Grand-orgue. Kriess tient beaucoup à son code de couleur (Grand-orgue=Rose, Récit=Bleu, Pédale=Jaune). Si bien que l'Accouplement II/I ("Manual-Coppel") est bleu en haut et rose en bas, alors que la Tirasse est Rose en haut et jaune en bas : logique, après tout. Ces deux Tirants sont "à cran", c'est-à-dire qu'il faut les tirer, puis les accrocher vers le bas (il y a une entaille dans la partie cylindrique). Toutes ces porcelaines semblent dater de 1896.


Sources :

  • Remerciements à Fabien BAUMANN (recherches sur Kuhlmann, ADBR, OTC 86-88, AM Sélestat, Fds Ringeisen, carton Grendelbruch).
  • Remerciements à Renée ZEHNDER.
  • Remerciements à Béatrice BERGERET.
  • P. MEYER-SIAT, "L'orgue Wegmann de Grendelbruch", Annuaire de Molsheim, 1976
  • P. MEYER-SIAT, "Stiehr-Mockers", AEA XX (1972-73)
  • P. MEYER-SIAT, "George Wegmann, Facteur d'orgues", AEA XXXVIII (1975)

Si vous recopiez des éléments de cette page pour des articles, plaquettes ou pages Web, citez vos sources. D'abord par simple honnêteté intellectuelle, mais aussi pour pouvoir pister d'éventuelles erreurs.
Dernière mise à jour : 23/10/2005 21:00:26

F670167001P06