Voici le premier orgue signé à la fois par Martin et Joseph Rinckenbach. Cet opus 53 de la maison d'Ammerschwihr a été inauguré le 21/06/1897. Ce jour fut donc déjà, bien avant toute dénomination officielle, une vraie Fête de la musique.
Historique
Le premier orgue du lieu venait de Fislis, St-Léger, et fut installé en 1852. Son auteur était certainement Johachim Henry. [IHOA]
Cet orgue de 11 jeux (1 manuel, probablement) avait en fait été installé à Fislis en 1791. Franz est aussi cité comme auteur possible, et il est probable que Fislis n'ait pas été sa première affectation (il s'agit peut-être du premier orgue de Mollau). [IHOA] [PMSSUND1985]
En 1897, l'instrument, qui avait donc déjà "beaucoup vécu", fut déménagé à St-Pantale d'Eteimbes. [IHOA] [PMSSUND1985]
En 1954, Eteimbes, plutôt que d'entretenir ou rénover son orgue, préféra s'en passer. L'orgue fut vendu à Bavilliers (90), où il fut intégré en 1965 dans un instrument assemblé par Raymond Dominique. [IHOA]
A Bavilliers, l'instrument fut finalement reconstruit par Denis Boillot (qui réutilisa des éléments de tuyauterie), en 1999. [Orgalie]
Historique
C'est en 1897 que Bréchaumont reçut l'opus 53 de Martin Rinckenbach, logé dans un buffet de la maison Boehm. Il faut d'ailleurs en fait l'attribuer à Martin Rinckenbach et à son fils Joseph, qui, après 1917, reprendra la maison d'Ammerschwihr : c'est le premier orgue co-signé, sur la plaque d'adresse, par Martin et Joseph. Il a été inauguré le 21/06/1897. [LR1907] [Barth] [IHOA] [PMSSUND1985]
La commande est datée le 27/07/1896. A l'origine, le grand-orgue devait être doté d'une Flûte harmonique 8' (et non d'un Dolce), et le récit de deux 4' : une Flûte et un Lieblich Gedackt. Ce récit ne disposait donc pas de Voix céleste. (Probablement parce qu'il n'était pas expressif.) A la pédale, il était prévu une chape pour une Trompette 8' (appelée "Ophicléide") dont les tuyaux pourraient être posés plus tard. [PMSSUND1985]
L'instrument fut reçu le 13/05/1897 par J. Gerber (Guebwiller), son homonyme curé à Kaysersberg, et Henri Wiltberger (Colmar, école normale et directeur impérial de la musique). Par rapport au devis, on constate que la grande Flûte harmonique passa au récit. Pour lui faire place, on renonça à une Flûte 4'. Il y avait à l'origine le second 4' (ou un jeu encore pus gros), car la chape de l'actuelle Voix céleste était complète et prévue pour un jeu large. Enfin, le grand-orgue resta à 8 jeux, car il fut doté d'un Dolce 8', qui fut noté "ajouté" à la réception, laissant à penser qu'il n'était pas prévu, et constituait un geste commercial de Rinckenbach. [PMSSUND1985]
Un tirant supplémentaire est prévu au récit, probablement pour doter l'instrument d'un Hautbois.
Comme il été décidé de renoncer au récit expressif (contrairement à localité voisine de Chavannes-sur-l'Etang l'année suivante), la Voix céleste avait un intérêt limité. L'instrument de Chavannes est donc plutôt à rapprocher de celui de Fouchy (1896) dans une version un peu plus réduite, alors que celui de Bréchaumont est un héritier de la tradition "récit non expressif" (Lauw, Mussig).
On trouvera sur la page consacrée aux compositions des orgues Martin Rinckenbach de 1874 à 1898 plus de détails sur ces évolutions.
En 1968, Pierre Huguin fit un entretien. [PMSSUND1985]
C'est peut-être à cette occasion que la Voix céleste actuelle a été posée. Elle n'est pas de Rinckenbach, mais semble avoir achetée à un tuyautier. (Tous les tuyaux sont poinçonnés avec le nom du jeu.)
En 1997 (pour le centenaire de l'instrument), il y eut un relevage, par la maison Guerrier de Willer. [IHOA]
Les tuyaux de façade n'ont pas été réquisitionnés en 1917, et sont donc d'origine.
Le buffet
Le buffet néo-classique, réalisé par la maison Boehm de Mulhouse, est une évolution du dessin de Buethwiller : trois tourelles encadrant deux plates-faces doubles. Les évolutions de ce buffet ont été nombreuses. Les éléments supérieurs sont richement ornés. La façade étant d'origine, elle confirme que ces buffets étaient conçus pour des lignes de bouches horizontales dans les plates-faces.
Fait plutôt rare, ce buffet est signé :
Caractéristiques instrumentales
C | c | c' |
2' | 2'2/3 | 4' |
1'1/3 | 2' | 2'2/3 |
- | 1'1/3 | 2' |
Console indépendante face à la nef, fermée par un couvercle basculant. Tirants de jeux de section ronde à pommeaux noirs munis de porcelaines. Le nom des jeux figure en noir pour le grand-orgue, en bleu pour la pédale, et en rouge pour le récit. Claviers blancs, joues rectangulaires.
Commande de la tirasse et de l'accouplement par pédales-cuillers à accrocher, disposées de part et d'autre de la console : à gauche "Pédale koppel" (I/P, au-dessus du "D" du pédalier) et à droite "Manual koppel" (II/I, au-dessus du "c'" du pédalier.)
Plaque d'adresse disposée en haut et au centre, au-dessus du second clavier. Le bois y est teinté plus foncé, et les lettres incrustées disent :
Le mot "Ammerschweier" ondule entre les deux lignes du bas. Les initiales de Martin et Joseph attestent de l'importance prise par Joseph, fils de Martin, dans l'entreprise. Il n'y a pas de numéro d'opus.
Depuis Phalsbourg (1896), Rinckenbach "personnalise" ses plaques d'adresses, en jouant sur le cadre : à Phalsbourg, Eichhoffen, Niedernai, Richwiller, ce sont des coins arrondis convexes, ici et à St-Amarin ce sont de petits carrés débordants, centrés sur les angles, idem à Houssen, mais là ils sont accompagnés de motifs sur les côtés. Cette habitude disparaît en 1899 (Hipsheim).
Mécanique à équerres et balanciers.
Les sommiers sont à gravures, d'origine. Tous les plans sonores sont diatoniques, en "M" (basses aux extrémité). Le grand-orgue est placé derrière la façade. Le récit est juste derrière (sans boîte expressive, mais sans partage de sommiers). Il est également diatonique. La pédale est à l'arrière.
La tuyauterie est de très grande qualité, tant du point de vue des matériaux que de la facture. Les Principaux et jeux gambés ont des entailles de timbre. Les Bourdons sont à calottes mobiles. Nombreuses dents sur les biseaux. Il est fait usage de nombreuses techniques d'accord et d'harmonisation (types de freins, oreilles) pour les adapter au mieux à la tessiture sonore. Cet instrument comporte une des seules façades de Martin Rinckenbach ayant échappé à la réquisition de 1917.
A un jeu près, cet instrument de 1897 serait resté 100% authentique, y-compris la façade et tous les accessoires de console... mais si l'ont met de côté la Voix céleste (qui n'a pas grand chose à voir avec une Voix céleste de Martin Rinckenbach - on peut comparer avec le superbe jeu de Hipsheim par exemple) et l'harmonisation de la Trompette, cet orgue est une vraie machine à remonter le temps. En tous un endroit où on peut apprécier tout le talent de cet exceptionnel facteur que fut Martin Rinckenbach.
Webographie :
Sources et bibliographie :
Remerciements au Père Olivier, curé de la communauté de paroisses.
Photos du 22/06/2019, données techniques.
"Brückensweiler 17"
sous "Brückenswiller".
Localisation :