L'église St-Ostwald de Mussig a été reconstruite en 1898, après le terrible incendie qui ravagea une bonne partie de la localité. Elle abrite l'un des chef d'œuvres de la facture d'orgue romantique, qui se trouve dans un état de conservation exceptionnel.
Historique
Il y avait déjà un orgue à Mussig en 1808, car les comptes paroissiaux rapportent un entretien cette année-là. On ne sait pas grand chose de cet instrument si ce n'est qu'il datait probablement de l'ancien régime. [IHOA] [PMSSTIEHR]
Il a été démonté, puis remonté dans l'église neuve par Antoine Herbuté en 1839. [IHOA] [PMSSTIEHR] [PMSAEA69]
Historique
Le premier orgue de Mussig a été remplacé en 1842 par la maison Stiehr. [IHOA] [PMSSTIEHR] [PMSAEA69]
En fait, Antoine Herbuté était à l'origine du projet d'orgue neuf, et un traité fut même signé (bien que, sans adjudication, il ne devait pas vraiment être valable). Après avoir changé d'avis, la commune réussit à se débarrasser d'Herbuté, et à confier l'affaire à Stiehr, qui était moins cher. Le devis, curieusement signé "Frères Stiehr et Mockers", est daté du 18/08/1839
L'orgue Stiehr fut reçu le 08/12/1842 par Antoine Ringeisen, (Victor?) Ritter (Benfeld), et Joseph Wackenthaler (Sélestat).
L'orgue fut réparé en 1864 par la maison Wetzel. [PMSSTIEHR]
Le 01/05/1891, un grand incendie ravagea plus de 100 édifices de Mussig, dont la mairie, l'école, ainsi que l'église et l'orgue Stiehr. [IHOA] [PMSSTIEHR] [PMSAEA69]
Caractéristiques instrumentales
Historique
En 1894, Martin Rinckenbach posa à Mussig un orgue romantique, digne représentant de cet âge d'or de la facture d'orgues. L'orgue est daté "1893" dans les listes Rinckenbach, où il prend le numéro d'opus 36. [LR1907] [IHOA] [Barth]
Martin, élève de Cavaillé-Coll (qui était encore en activité), sûrement aidé de son fils Joseph, construisait encore (jusqu'en 1899) tous ses orgues avec une traction mécanique.
Il faut comparer la composition à celle Lauw (1893 aussi) : Mussig, c'est juste "la taille au-dessus". Les composition de Rinckenbach sont très rigoureuses, construites autour d'un "noyau" de jeux communs, auquel on adjoint quelques jeux faisant la spécificité de chaque instrument. Par rapport à Lauw, Mussig reçut un jeu supplémentaire à chaque clavier : une Mixture au grand-orgue (pour couronner le Crescendo, rappelons-le après avoir introduit les jeux d'anches), un Salicional pour le récit et une Trompette de pédale (comme d'habitude appelée "Trombonne", avec deux "n" à la console). C'est d'ailleurs plutôt un Basson qu'une Trompette.
Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités allemandes en août 1917. [IHOA]
L'orgue a été relevé en 1960 par Alfred Kern. [IHOA]
L'orgue a bénéficié d'un relevage, par la maison Muhleisen, en 1991 : [Muhleisen]
- Nettoyage complet de la tuyauterie.
- Ré-enchapage de 3 jeux au récit.
- Vérification et entretien de toutes les soupapes et boursettes.
- Réglages mécaniques.
- Entretien du soufflet.
- Traitement des boiseries du soubassement, du soufflet et de la face arrière.
- Révision complète de l’harmonie de tous les jeux.
- Accord général soigné.
L'orgue Rinckenbach bénéficia donc à Mussig d'un entretien respectueux du matériel historique ; il s'agit d'un instrument pratiquement authentique, témoin de la première époque de la maison Rinckenbach.
Le buffet
Le buffet, en chêne, résolument néo-roman, reprend le dessin de Buethwiller (1883, l'opus 7 de la maison d'Ammerschwihr), Hoenheim (1885, opus 10) ou plus tard à Folgensbourg (1901) : trois "tourelles" plates, celle du milieu étant de taille variable, sont séparées par des plates-faces doubles. On trouve aussi une déclinaison néo-gothique de ce buffet à Niederhergheim (avec des arcs trilobés).
L'ornementation est constituée de pilastres cannelés, et de couronnements ajourés (plates-faces et tourelles latérales). La tourelle centrale est munie, en bas, de 5 petites consoles. Les trois tympans des tourelles constituent des cartouches sculptés. Lignes de bouches en "V" pour les tourelles, et horizontales pour les plates-faces.
Caractéristiques instrumentales
Console indépendante, face à la nef, fermée par un couvercle incliné. Tirants de section ronde et à pommeaux tournés avec porcelaines, placés en deux gradins, de part et d'autre des claviers. Les jeux du grand-orgue (gradin du bas) figurent en noir, ceux de la pédale (gradin du haut à gauche) en bleu, et ceux du récit (gradin du haut à droite) en rouge.
Claviers blancs. Blocs-claviers noirs. Commande de la tirasse et de l'accouplement par pédales-cuillers à accrocher. La tirasse est à gauche, au-dessus du Dis du pédalier, et l'accouplement à droite, au-dessus du c'. La planche supérieure (portant la plaque d'adresse) n'est pas tout à fait verticale, mais légèrement inclinée vers l'arrière. (Comme à Selestat.)
Plaque d'adresse placée sur la traverse de la console, au-dessus du récit et au centre, disant, en lettres incrustées sur fond noir :
Le mot "Ammerschweier" serpente sur deux lignes. Le cadre extérieur est rectangulaire, sans ornement.
mécanique non suspendue (à équerres).
Sommiers à gravures, d'origine. Deux sommiers diatoniques pour le grand-orgue, basses postées sur les côtés.
Ayant conservé toute son authenticité, et orgue est extrêmement attachant. L'ambiance à la console en fait un endroit idéal pour faire de la musique, et on se croirait en 1894, quand Debussy mettait la dernière main au "Prélude à l'après-midi d'un faune", ou que l'on fondait la Schola Cantorum. Bien sûr, il n'y a que 17 jeux, et le répertoire doit être bien ciblé, mais, une fois de plus, c'est la qualité de l'harmonisation qui détermine la valeur d'un orgue.
Webographie :
Sources et bibliographie :
Remerciements à ____.
Photos du 22/10/2017
Photos du 13/12/2003, 04/10/2010 et 17/10/2010.
"Mussig 16"
im67014535 ; avec deux photos du buffet
Localisation :