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~ Les orgues de la région d'Obernai ~

Innenheim, St Martin
Valentin RINKENBACH, 1839

RINKENBACH
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Valentin RINKENBACH, né en 1795, commença sa carrière en Suisse, et ses premiers travaux en Alsace remontent à 1828.
Etabli dans le Haut-Rhin, à Ammerschwihr, il a été formé à la facture d'orgues par son oncle Joseph BERGÄNTZEL.
De ce fait, il était l'héritier d'une tradition déjà séculaire, puisqu'elle remontait à Joseph WALTRIN, contemporain (et concurrent) d'André SILBERMANN.
Mais Valentin a rapidement su affirmer son propre style, et réalisa une véritable synthèse entre les styles d'orgue suisse et français, synthèse que son maître n'avait pour sa part qu'esquissée.
A Innenheim, Valentin affirma encore plus son propre style en réalisant pour la première fois un Buffet au dessin original.
Ce dessin est ensuite resté, jusqu'à sa mort, la signature visuelle de ce facteur. |
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C'est déjà le deuxième orgue d'Innenheim, puisqu'au moment de sa construction, Valentin Rinkenbach reprit l'instrument que Sébastien KRÄMER avait construit en 1777.
Cet instrument fut réparé par TOUSSAINT vers 1790, mais on ne connaît rien de sa Composition.
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Le devis de l'orgue Rinkenbach date du 23/09/1838.
L'instrument n'avait à l'origine qu'un clavier et un petit Pédalier :
C'était un orgue "de campagne", comme Valentin Rinkenbach aimait les construire : de taille et d'ambition limitée, étudié pour l'accompagnement du chant et réalisé avec des matériaux et une facture de qualité.
Le Curé FUCHS organisa le financement, et l'adjoint Nicolas JEHL, assisté de Joseph BURRUS purent aller chercher l'orgue neuf à Ammerschwihr (comme c'était alors souvent l'usage) en Juin 1839.
L'instrument fut reçu par l'instituteur-organiste RAUCH, de Rosheim, qui trouva selon l'expression alors consacrée que "l'ouvrage est bien fait dans toutes ses parties et est exempt de tous défauts".
 Innenheim, le 01/11/2000 |
Le Buffet est caractérisé par les parties supérieures des Plates-faces, qui forment des arcs.
Plus tard (par exemple à Westhalten), apparaîtront des ouvertures circulaires "occulus" qui font écho à cette forme arrondie.
Après cet orgue, Valentin Rinkenbach construira presque tous ces instruments dans ce style novateur, sûrement pour de se démarquer encore un peu des CALLINET, qui étaient alors la "référence" en matière d'orgue, au moins chez lui, en Haute-Alsace.
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En plus d'inspirer le style des Buffets de la Maison Rinkenbach pratiquement jusqu'à la mort de Valentin, l'orgue d'Innenheim fut le premier d'une série d'instruments à 1 clavier et Pédale :
- Beblenheim, St-Sébastien (1843) ainsi que
- Liebenswiller (1846) en sont des réductions (sans Tourelle centrale).
En 1868, suite à l'effondrement d'une partie du plafond, il fallut démonter l'orgue et y faire des réparations.
Le travail fut confié aux Frères WETZEL de Strasbourg.
Il y eut ensuite une petite réparation (du moins ne fut-elle pas coûteuse) par Aloïse LORENTZ de Souffelweyersheim en 1895.
C'est en 1908 que KRIESS, de Molsheim, mit l'instrument "au goût du jour".
L'essentiel de la modification consista à construire un second clavier et à "étendre" la Pédale.
Ce fut fait en intercalant des Chapes supplémentaires.
Malheureusement, deux Jeux de Rinkenbach durent à cette occasion céder leur place à d'autres, plus à la mode :
La Pédale de l'orgue Rinkenbach ne faisant qu'une octave, Kriess confectionna un nouveau Pédalier, de 27 notes.
Il rassembla (en les transformant) les deux Flûtes d'origine pour une faire un seul (mauvais) Jeu : une Soubasse 16'.
Quant à la Trompette de Pédale, elle disparut vraisemblablement à cette occasion.
On sait aussi que Kriess a déplacé le Buffet de 50 cm vers l'arrière de la tribune.
En 1917, Kriess procéda au démontage des tuyaux de façade, réquisitionnés par les autorités allemandes, et les remplaça aussitôt par des tuyaux de zinc.
L'orgue fut entretenu (tant bien que mal) par cette même maison jusqu'en 1945, où sa dernière intervention fut qualifiée de "Pfüscharbeit".
En conséquence, les travaux de 1949, furent confiés à Georges SCHWENKEDEL : la Fourniture actuelle est encore de lui, et elle a été conçue comme une Cymbale.
On trouvera à Gougenheim la Composition de la Fourniture, telle que Rinkenbach la pensait pour ce type d'instrument (ils étaient presque jumeaux à l'origine).
La Quarte de Nasard est sûrement de Schwenkedel aussi.
C'est donc probablement lors de cette intervention (ou la suivante, en 1981) que la Voix céleste et la Viole de gambe de Kriess (en zinc) furent supprimées.
En 1963, la Maison ROETHINGER procéda à un relevage, et recula encore l'orgue d'un mètre.
L'orgue fut entretenu 1981 par Paul ADAM de Lingolsheim, qui installa une façade neuve.
En 1985, l'orgue avait la Composition actuelle, mais sa Pédale n'avait que cette étrange Soubasse, bricolée à partir de deux Jeux d'origine, et qui n'avait pas les tailles requises.
De plus, la mécanique avait beaucoup souffert, et occasionnait de nombreux cornements.
De 1986 à 1988, Dominique LALMAND, de Rainans (Jura), refit complètement la Pédale de l'instrument :
- en construisant une vraie Soubasse, dans le style de Valentin Rinckenbach
- en reconstruisant une Flûte 8' à partir des tuyaux originaux dont Kriess avait fait une Soubasse (Flûte 8' et Flûte 4' mises bout à bout, et complétées par deux tuyaux neufs, ont fait une jolie Flûte de 27 notes)
- en plaçant une Trompette 8' réalisée suivant le modèle Rinkenbach
|  La Console
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Il procéda aussi à un relevage de la mécanique, une modification ergonomique de la Console et à une réharmonisation de la tuyauterie.
Un ventilateur Laukhuff fut également posé à cette occasion.
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La Fourniture et la Quarte de Nasard ne sont donc pas authentiques, de même que les deux premières octaves de la Tierce, qui sont...
de STIEHR (il faudra résoudre ce mystère et savoir qui a placé ici ces tuyaux, et d'où ils proviennent).
Mais on trouve donc dans cet orgue 8 Jeux Rinkenbach : Flûte de Pédale, Bourdon, Montre (sauf façade), Salicional (sauf quelques tuyaux), Prestant, Flûte 4', Nasard, et surtout l'excellent Cornet de 5 rangs, qui est l'âme de l'instrument.
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Du point de vue de la Composition, le Grand-orgue rassemble les Principaux de l'orgue et le grand Cornet, alors que le Positif est un Jeu de Tierce (ou Cornet décomposé).
Sources :
- Devis de Dominique LALMAND du 20/09/1986, remerciements à Jean-Paul ESCHBACH.
- Plaquette "L'église St-Martin d'Innenheim, 1699-1999".
- P.
MEYER-SIAT "Rinkenbach, Hérisé, Wetzel" ISTRA, 1979
- P.
MEYER-SIAT, "Les orgues de Niedernai", Annuaire de Dambach-Barr-Obernai, 1978
M.
BARTH, "Elsass, 'Das Land der Orgeln' im 19.
Jahrhundert", AEA XV (1965-66)
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