Cet orgue de 1846 est resté entièrement authentique (même la façade), les rares éléments trop usés ayant été reconstruits à l'identique. C'est aujourd'hui l'un des témoins les plus importants de la facture de Valentin Rinckenbach.
Historique
On sait qu'il y avait un orgue dans l'ancienne église, avant 1839. Il ne fut vraisemblablement pas remonté dans la nouvelle, car en 1840, l'édifice en était dépourvu. [PMSRHW]
Historique
Cet orgue de Valentin Rinkenbach fut reçu le 30/09/1842. [PMSRHW]
Il y eut une réparation en 1857. En 1917, la façade ne fut pas réquisitionnée. [PMSRHW]
Alfred Berger fit une réparation en 1939. [HOIE]
Probablement à l'occasion d'une petite réparation, Georges Schwenkedel posa un ventilateur électrique en 1947. [PMSRHW]
En 2006, l'orgue a été restauré dans son état de 1842 par Hubert Brayé : traitement préventif et curatif du buffet et de la partie instrumentale ; les éléments disparus ou trop vermoulus ont été reconstruits (soufflets cunéiforme, pédalier) ; harmonie et accord. Le concert inaugural a été donné par Michel Chapuis dans le cadre du festival de Masevaux le 13/05/2007. [SoppeBas]
Le buffet
Ce buffet est absolument caractéristique de Valentin Rinkenbach. Il est dit "de style Innenheim", car c'est là-bas qu'il présenta ce dessin pour la première fois, en 1839. De nombreux autres orgues Rinkenbach ont été logés dans un buffet jumeau ou très apparenté : Wahlbach (1839), Zellenberg (1841), Soppe-le-Bas (1842), Le Bonhomme (1842), Bisel (1843), (1843), Oberbruck (1845), Weckolsheim (1848), Magstatt-le-Bas (1851), Reinhardsmunster (1856) et Staffelfelden (1861) en étant des évolutions plus tardives. Beblenheim (1843) ainsi que Liebenswiller (1846) en sont des réductions sans tourelle centrale.
Le buffet est plutôt petit, puisqu'il ne fait que 2m85 de large, et il n'y a pas de couronnements (par manque de hauteur), mais on retrouve l'essentiel du langage ornemental de l'époque : frises à oves et dards (dorées), culots couverts de feuilles d'acanthe, claire-voies constituées de draperies nouées. Façade d'origine.
Sur les cotés, une frise ajourée permet au son de mieux s'exprimer : elle est très intéressante, car elle utilise des motifs néo-gothiques (nous ne sommes pourtant qu'en 1842, et la première appartition de ce langage en Alsace date d'à peine 10 ans, à Walbourg).
Rinkenbach est donc effectivement un pionnier (fort méconnu) du genre : il confirmera vingt ans plus tard, à Rustenhart (1862), qu'il n'utilise pas ce langage esthétique "par accident". Voilà pour ceux qui ont un peu vite classé l'artiste d'Ammerschwihr dans les "petits artisans de province"... Ses orgues n'étaient peut-être pas très chers (pas assez chers ?), mais loin d'être un "exécutant" obéissant aux modes, Rinkenbach - celui qui introduisit aussi la console indépendante en Alsace - s'illustre bel et bien comme un esthète, un précurseur cultivé, ouvert aux nouveautés et aux influences, et sachant les partager.
Caractéristiques instrumentales
Console en fenêtre frontale, fermée par des volets. Claviers à naturelles noires. Tirants de jeux de section carrée, à pommeaux tournés noirs munis d'un point blanc. Etiquettes d'origine. Pédalier neuf (2006) sur le modèle de l'ancien.
Disposition et orthographe des tirants à la console :
Au-dessus de chaque colonne de tirants était disposée une étiquette plus petite que les autres (dont il reste la trace), et entre les jeux manuels et ceux de pédale, une petite étiquette du même format indique "Pédale" de chaque côté.
Le petit pédalier n'a qu'une octave : il a été restauré en 2006 en l'état de 1842. A sa droite se trouvent les deux commandes de la Physharmonica : son appel et son expression.
Mécanique suspendue.
La Physharmonica
La Physharmonica est un jeu à anches libres (comme l'harmonica, et contrairement à la plupart des jeux d'anches de l'orgue, qui sont à anches battantes). Il est aussi "expressif", dans le sens ou on peut le faire jouer piano ou forte grâce à une petite pédale à accrocher. Valentin Rinkenbach s'était fait une spécialité de cette Physharmonica, et l'a installée dans plusieurs de ses instruments neufs. Dans ses devis, il la décrit comme "Physharmonica 8' avec languettes entrantes, en argent mélange, anches en laiton, avec crescendo et decrescendo". (Devis pour Sewen, 1840). C'était quand même un jeu "de luxe", vu qu'il était proposé pour 350 Frs (un Bourdon 8' valant 150 Frs, un Prestant en étain 300 frs). Dans les autres devis la description précisait "anches et languettes en laiton". La Physharmonica de Sewen (1842) a été supprimée par Berger en 1899, et remplacée par une "Flûte amabile 4'" (!). Celle du Bonhomme, placée en 1842 dans la première console indépendante d'Alsace (tournée vers l'autel) a disparu lors du grand incendie du 6 juin 1858. Celle de Bisel (1843), jouée comme à Soppe-le-Bas sur un clavier séparé fut détruite avec l'église durant la guerre de 1914-1918. Celle de Kientzheim (1847) fut remplacée en 1925... par une Flûte 4', par Georges Schwenkedel. Heureusement, celle de Heimersdorf (1863) a été restaurée. Celle de Soppe-le-Bas est donc l'une des deux seules Physharmonica de Rinkenbach restantes.
Webographie :
Activités culturelles :
Sources et bibliographie :
Pour mémoire. Dans cet ouvrage - par ailleurs excellent et incontournable - beaucoup de coquilles ou erreurs se sont malheureusement glissées dans les deux pages consacrées à Soppe-le-Bas et Soppe-le-Haut. Valentin n'est pas connu pour avoir construit des "instruments de grande taille" (au contraire) ; son style n'est pas "directement" affilié à "l'orgue classique français" (au contraire, l'influence suisse est déterminante) ; si la Physharmonica est bien caractéristique de Rinkenbach en Alsace, ce n'est pas le seul facteur à en avoir fait usage en facture d'orgues (Schulze, Haas, Walcker l'ont aussi fait) ; le style du buffet n'est pas du tout "nouveau" à Soppe (c'est à Innenheim qu'il a été inauguré) ; les plates-faces sont bien plates (ce sont les tourelles qui sont "arrondies"). De plus, l'église St-Vincent, est décrite "de style néo-gothique", juste sous une photo montrant un bel édifice néo-roman (c'est la photo qui est juste).
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