Cet instrument est contemporain de celui d'Uhlwiller (le dernier de Théodore et Auguste Stiehr), mais il a été construit par l'autre maison de Seltz : Stiehr-Mockers. Les deux instruments sont de conception très voisine, même si leur structure est différente : il a ici un vrai récit, commandé par le clavier supérieur. C'est un "Stiehr tardif", c'est à dire un des rares orgue où la vieille maison de Seltz a su sortir de sa torpeur et de son conservatisme.
Historique
Fin 1841, Munchhausen reçut un orgue venant de Mothern, église de la Visitation, installé par la maison Siehr. [IHOA] [PMSSTIEHR]
Historique
La maison Stiehr-Mockers construisit un orgue neuf (II/P 26j), livré le 04/04/1878 d'après le "cahier Mockers". [IHOA] [ITOA] [PMSSTIEHR]
Ce sont des travaux menés à l'édifice, en 1870 qui ont probablement été à l'origine du projet d'orgue neuf. [PMSSTIEHR]
Ce n'est plus un orgue "de transition". (Enfin ! Ladite transition avait quand même commencé en 1820...) On est en 1878, et le reste de la facture d'orgues européenne n'en était plus à construire des instruments comme en 1830. Pour se faire une idée, on peut comparer cet orgue - même s'il est un des plus "progressistes" de la maison Stiehr - avec la merveille que posa Eberhard Friedrich Walcker l'année suivante à Pfastatt. Ce n'est pas une année, mais une année-lumière qui sépare les deux factures...
L'orgue de Munchausen se distingue à la fois :
- Par un côté toujours très alsacien : Violoncelle 8' de pédale, Cornet, Flûte majeure 8', pédale plutôt fournie, quatre fonds 8' au grand-orgue, disposition favorable pour le jeu "contrapuntique".
- Par des évolutions enfin assumées par la maison de Seltz : pédalier complet de 27 notes (rompant avec l'aberration de décennies de "pédaliers pour instituteur" de 18 notes, privant de fait les instruments de l'essentiel du répertoire). Récit expressif avec Flûte harmonique 8', Hautbois et Fugara.
- Des traits "vieillots" : par exemple la coupure de l'anche du récit en basse-dessus. Ou la pédale bien trop importante pour cette composition (en nombre de jeux ; avec des 4' : les ressources auraient pu être mieux allouées). Mais aussi l'absence d'une tirasse récit en direct, la commande de l'expression par pédale à cran (donc avec seulement deux positions). Et, on le verra, le dessin du buffet, qui avait déjà 30 ans.
C'est Friedrich Wilhelm Sering qui conseilla Munchausen pour se projet. [PVBlanchard]
On ne peut que souligner l'influence extrêmement bénéfique qu'eut ce grand personnage sur l'orgue alsacien. Il est toujours injustement méconnu, lui aussi victime de la germanophobie des historiens de l'orgue dans les années 1950-1980.
Le rapport de Sering (3 pages) est daté du 28/01/1876. C'est une pédale de 6 jeux seulement qui fut suggérée : Violon 16', Soubasse 16', Principalbass 8', Violoncelle 8', Octave 4', Posaune 16'. C'est vrai qu'avec une tirasse et la Trompette au grand-orgue, la solution était plus cohérente et efficace. Mais la suggestion ne fut visiblement pas retenue. Il est question d'un Nasard, indiquant que ce jeu figurait probablement au devis originel. Sering militait pour un Geigenprincipal, mais, à nouveau, ne fut pas entendu. Le reste de ses commentaires, très techniques et détaillés, démontrent la compétence et le sérieux de ce conseiller, qui, pour le coup, était un vrai expert. Un document de réception est daté du 18/04/1878. C'est un bordereau listant d'autres documents, et il fait référence à la date du 19/07/1874 (probablement le traité). [PVBlanchard]
Par rapport à l'orgue Théodore et Auguste Stiehr d'Uhlwiller (1878 aussi), la composition du grand-orgue est quasi-identique, sauf le Salicional. Celle du récit est aussi très voisine (mais pas de Voix céleste 4' ni de Flûte pointue 4', remplacées ici par une Fugara, et pas de Cor des Alpes à Uhlwiller). Quant aux pédales, elles sont absolument identiques : c'est finalement sur les pédales que la maison de Seltz faisait le plus de conservatisme.
Un article du "Gebweiler Kreisblatt", daté du 02/05/1878, rend compte de la réception : "MM. Stiehr et Mockers, facteurs d'orgues à Seltz, ont posé dans notre église un orgue à deux claviers et renfermant 26 jeux. Cet instrument produit un effet magnifique. M. Sering, professeur de musique à Strasbourg, chargé de l'expertise du nouvel orgue, en a exprimé son entière satisfaction." [GebweilerKreisblatt]
...alors même que plusieurs de ses commentaires lors de la conception n'avaient pas été pris en compte. Cela démontre sa largesse d'esprit. Il se révèle totalement aux antipodes du portrait biaisé qu'en a fait l' "organologie" de la fin du 20ème siècle, gavée de préjugés. Notons aussi qu'il n'y a aucun problème à présenter comme un "professeur de musique" un compositeur, enseignant à l'Ecole Normale de Strasbourg de 1871 à 1898, et directeur de la société des chœurs mixtes : en 1878, un "professeur de musique" était de toutes façons un notable.
Il y eut une réparation le 13/03/1899, menée par Louis Mockers. [PMSSTIEHR]
Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités en 1917. [IHOA]
La façade a été remplacée en 1934. [IHOA]
L'orgue a été relevé en 2001 par Yves Koenig, de Sarre-Union. [Caecilia]
L'inauguration n'eut lieu que plus tard, le 12/10/2003, par Pascal Reber (Strasbourg, cathédrale), avec Thomas De Hatten (professeur à l'Ecole d'Orgue Diocésaine) et la chorale Munchhausen dirigée par Dominique Bender. [Caecilia]
Le buffet
Visuellement, c'est quand-même un "orgue de transition" :
Si un document spécifique fut joint au devis, ce dessin de ce buffet date quand même de 1848 : sur le modèle de celui de Hoerdt (1848) furent dessinés ceux de La Robertsau (1866), Bernardswiller (1869, version néo-gothique), Ottersthal (1869 version en tiers-point), Nothalten (1871), Munchhausen (1878), Orschwihr (1881). Ainsi que l'orgue disparu de Strasbourg, St-Pierre-le-Jeune cath. (1865).
Caractéristiques instrumentales
Console en fenêtre frontale. L'expression du récit se fait par pédale à cran, et non par bascule ; elle n'est donc pas progressive.
Mécanique suspendue.
Sommiers à gravures.
Sources et bibliographie :
Documents conservés aux archives départementales du Bas-Rhin, 414 D 1051
Et erratum 2004-3. (Mais oubli de la Flûte 4' de pédale ?)
MÜNCHHAUSEN, Kt. Seltz, U.-E. - Vor 1840 keine O. - Neubau der Ki. 1840-41. Dafür eine O. gekauft von der Pf. Mothern, für 725 Fr. Verbessert von Stiehr u. Mockers u. ersetzt durch neue O. von Stiehr, 1876. Sie kostete 11.400 Fr. Vgr. A. POSTINA, Gesch. des Dorfes M., Strassbg 1909, 259. - Die von MATHIAS 51 auf M. bezogene O. von Rinckenbach gehört nach Münchhausen, Kt. Ensisheim. (Mais Mathias avait bien fait figurer les deux instrument, même si celui de Munchausen est donné pour 24 jeux et daté de 1876)
348. Munchausen Stiehr et Mockers, 1876, 24 Jeux, 2 Clav. Péd., sommier à coulisses, traction à vergettes, soufflerie méc. 349. Munchausen : Rinckenbach, 16 Jeux.
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