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An2000
An2001
~ Les orgues de la région de Thann ~

Thann, St Thiébaut
Michel GAILLARD, 2001

Buffet classé Monument Historique le 14/03/1980
Orgue Martin RINCKENBACH (1888), reconstruit par Michel GAILLARD.


Avant... RINKENBACH Après...

Composition, 2003
Grand-orgue
56 notes
Positif
56 notes
Grand choeur expressif
56 notes
Récit expressif
56 notes
Pédale
32 notes
Montre 16' Montre 8' Quintaton 16' Flûte harmonique 8' Flûte 16'
Bourdon 16' Flûte traversière 8' Principal 8' Gambe 8' Violon 16'
Montre 8' (1-2 rgs) Bourdon 8' Cor de nuit 8' Voix céleste 8' Flûte 8'
Bourdon 8' Prestant 4' Flûte ouverte 4' Flûte octaviante 4' Quinte 10'2/3
Flûte majeure 8' Flûte traversière 4' Octavin 2' Basson/Hautbois 8' Prestant 4'
Gambe 8' Nasard 2'2/3 Mixture 4 rgs Voix humaine 8' Rinckenbasse 32'
Prestant 4' (1-2 rgs) Flageolet 2' Bombarde 16'   Ophicléide 16'
Flûte à cheminée 4' Carillon 1-3 rgs Trompette 8'   Trombone 8'
Quinte 2'2/3 Plein-jeu 3-4 rgs Clairon 4'   Clairon 4'
Doublette 2' Clarinette 8' Trémolo   I/P
Tierce 1'3/5 Trémolo IV/III   II/P
Progression 3-9 rgs III/II     III/P
Cornet 6 rgs IV/II     IV/P
Trompette 8'        
Clairon 4'        
II/I        
III/I        
IV/I        
     En 1888, Martin RINCKENBACH construisit à la Collégiale de Thann un chef d'oeuvre 42 jeux sur 3 claviers et pédalier, entièrement mécanique, et de la veine de Cavaillé-Coll, avec sa tuyauterie en métal riche (étain) et ses machines Barker. Le tout dans un magnifique buffet Néo-Gothique (classé) de la fameuse maison Klem.
L'instrument fut malheureusement victime des guerres, mais aussi des modes, et il a été dû être totalement reconstruit en 2001, par Michel GAILLARD.




Thann, le 28/07/2001

     Il fallait beaucoup de motivation et de courage pour s'atteler à une telle restauration. L'aventure fut confiée à l'un de nos plus talentueux facteurs, qui, dans le domaine de l'orgue romantique, est un véritable magicien. Il s'agit de Michel Gaillard, de la Manufacture d'Orgues Bernard AUBERTIN.

Techniquement, c'est vraiment un orgue neuf qui orne à présent la Collégiale de Thann. Et s'il en est ainsi, c'est qu'il n'y avait pas d'autre issue. Mais l'esprit de Martin Rinckenbach hantera toujours ces lieux.


Plutôt que de retracer les événements qui ont émaillé les 10 dernières années, il est bon de revenir aux sources de la tradition organistique de la ville de Thann : elle remonte au Moyen-Age.

     Thann fut la deuxième ville d'Alsace a recevoir un orgue, dès 1345. Il était placé dans l' église des Franciscains. C'était sûrement un Blockwerk, bien que certaines sources lui attribuent "9 registres". Oeuvre de Herrmann von NEWWILER, il fut incendié en 1376.

A la Collégiale, le premier instrument date certainement de 1536, mais selon Vogeleis, il y en aurait eu un plut tôt, joué par Maître Petrus, nommé organiste en 1486. En 1549, l'organiste s'appelait Johann DARRAS.



Du deuxième orgue de la Collégiale, construit en 1561, et sûrement plus grand, on peut encore en voir les traces (celles de la porte d'accès) : il était fixé en nid d'hirondelle au mur Sud de la nef. C'était l'oeuvre de Sigmund PEISTLE (FÄUSTLIN), apothicaire à Fribourg-en-Brisgau.
Le 10 décembre 1562, l'empereur Ferdinand 1er se déplaça d'Ensisheim pour aller écouter l'orgue qu'il avait largement financé.
En 1602, l'orgue est joué par Felix Meyer von UEBERLINGEN. En 1628, par Balthazar WARMSTER. En 1652, par District BÄR. Et en 1672, par Jakob SCHOTT.


En 1825, on ne sait pas bien ce qui restait de cet instrument quand Joseph CALLINET fut appelé à son chevet. Il est probable que Callinet remplaça le tout. Un travail de Callinet est évoqué en 1841, mais non attesté.

En 1885, on construisit une grande tribune, dans le style Néo-gothique, réalisée par la célèbre Maison Klem de Colmar. Alors germa tout naturellement l'idée d'un grand-orgue de tribune, dans un Buffet Néo-gothique de Klem. La Paroisse voulut un orgue d'exception, et c'est tout naturellement Martin Rinckenbach qui le lui construisit.
L'orgue fut reçu le 27/09/1888 (par pas moins de 6 Experts) : 3 claviers et Pédale, 42 Jeux, à traction mécanique assistée d'une machine Barker (Sommiers à Gravures).

Ce devait - à en juger les (nombreux) Opus restants de Marin Rinckenbach - un orgue frisant la perfection dans son esthétique. Et le Buffet était aussi une oeuvre d'art. Il serait probablement parvenu jusqu'à nous si la Guerre ne s'en était mêlé.

     Le 14/04/1915, un obus, qui avait traversé la nef, atteignit l'orgue en pleine Console. Les dégâts furent très importants. Le matériel restant fut entreposé le mieux que possible.

C'est Joseph Rinckenbach, le fils de Martin, excellent harmoniste mais plutôt partisan de la transmission pneumatique (auteur des orgues de Cernay, St-Etienne, Schweighouse-près-Thann, St-Nicolas, Uffholtz, St-Etienne...) qui le reconstruisit en 1923.
Il plaça une façade neuve en étain, mais aussi beaucoup de tuyaux en zinc. (Toutefois, chez Joseph Rinckenbach, le zinc est un peu moins grave, car il savait harmoniser les tuyaux quand même.) L'orgue avait alors 52 Jeux, toujours sur 3 claviers.

Pendant la seconde guerre mondiale, l'orgue fut à nouveau atteint, et 1955, la traction pneumatique était à bout, car on rapporte que par temps sec, l'orgue "ne joue plus" (membranes ?). Si bien qu'en 1955, c'est à la Maison ROETHINGER que l'on demanda de réparer, mais aussi d'étendre l'instrument (à 53 jeux). La traction devint électrique (ce qui n'était sûrement pas un mal...). ROETHINGER révisa son instrument (les Anches) en 1961.

Voici la Composition de l'orgue en 1955 :

Composition, 1955
Grand-orgue
56 notes
Positif
56 notes
Récit expressif
56 notes
Pédale
32 notes
Montre 16' Flûte à cheminée 16' Quintaton 16' Flûte 16'
Bourdon 16' Montre 8' Principal 8' Soubasse 16'
Montre 8' Bourdon 8' Cor de nuit 8' Bourdon 16' (du G.O.)
Bourdon 8' Flûte de concert 8' Flûte harmonique 8' Flûte 8'
Flûte majeure 8' Prestant 4' Viole de gambe 8' Bourdon 8'
Violoncelle 8' Flûte douce 4' Voix céleste 8' Violoncelle 8'
Salicional 8' Nasard 2'2/3 Flûte octaviante 4' Flûte 4'
Prestant 4' Flageolet 2' Fugara 4' Tuba 16'
Flûte à cheminée 4' Tierce 1'3/5 Octavin 2' Trombone 8'
Nasard 2'2/3 Larigot 1'1/3 Plein-jeu 4-5 rgs Clairon 4'
Doublette 2' Cymbale 4 rgs Cymbale 3 rgs I/P
Tierce 1'3/5 Clarinette 8' Bombarde 16' II/P
Cornet 5 rgs Voix humaine 8' Trompette harmonique 8' III/P
Plein-jeu 4-5 rgs Trémolo Clairon 4'  
Trompette 8' III/II Basson/Hautbois 8'  
III/I (16', 8', 4')   Trémolo  
II/I      

L'instrument n'était bien-sûr pas si "Néo-classique" à l'origine, c'est Roethinger qui a ajouté, entre autres, les deux Tierces et les deux Cymbales. C'est absolument typique de ce qu'on faisait encore en 1955 : adjonction de jeux pour pouvoir "tout jouer". Cette dérive, "excusée" par une interprétation douteuse de la "Réforme alsacienne de l'Orgue" du début du siècle, a malheureusement dénaturé beaucoup d'instruments.

Jeux ajoutés ou remplacés par Joseph Rinckenbach :

Jeux ajoutés ou remplacés par Roethinger :

     C'est en 1983 que la restauration fut pour la première fois évoquée. Ce fut aussi le début des polémiques et des hésitations : le Buffet est Classé; l'orgue ne l'est pas.
L'orgue joua une dernière fois (la Toccata et Fugue en Rém, dit-on) le jour de Pâques 1994. Le démontage commença le mardi suivant.

     L'orgue AUBERTIN/GAILLARD a été repensé sur 4 Claviers. Le grand Récit romantique est scindé en deux ("Grand choeur" et "Récit").



L'évolution la plus saisissante est le passage à 4 claviers : le Récit a été séparé en deux : Grand-choeur (3 ième Clavier) et Récit (4 ième clavier).

On peut bien sûr Accoupler les deux "Récits" (c'est d'ailleurs la configuration normale), et ils sont tous les deux expressifs. Malheureusement, leur expression est commandée indépendamment par deux Pédales différentes... séparées par une troisième (l'expression de la Voix humaine).
Le Grand-choeur porte la Batterie d'Anches complète (Bombarde, Trompette, Clairon). Le Récit porte les Gambes et les Anches solistes.

Les Plein-jeux ont été repensés : de nombreux Principaux sont d'ailleurs à rangs multiples, et la plupart des Mixtures sont progressives, c'est-à-dire qu'elles ont plus de rangs dans l'aigu dans le grave. Ce choix, très inspiré de CAVAILLE-COLL, s'illustre par le nom retenu pour l'une de ces nouvelles Mixtures : "Progression 3-9 rgs".

Un système pneumatique de tirage des jeux, allié à un Combinateur mécano-pneumatique ont permis de ne pas avoir recours à l'électronique. Le mode de fonctionnement est très particulier (il faut tirer les deux commandes en même temps pour mémoriser) et manque un peu de discrétion.

Visuellement, on peut noter que la Tourelle centrale est à présent plus haute.
Un examen plus attentif de la façade (et des anciennes photos) permet de constater que la disposition des Bouches des tuyaux de Montre est différente. Les Bouches des grandes Tourelles latérales sont disposées en V et non plus en M, et la ligne des Bouches de la partie centrale était horizontale dans l'ancienne disposition.



En haut, la nouvelle version de la lignes des Bouches en façade.

     La tuyauterie de l'orgue Rinckenbach a été reprise, nettoyée, remise au Diapason et bien entendu totalement réharmonisée. Les progressions de tailles ont été revues pour en faire un ensemble cohérent (la tuyauterie était très disparate en 1994).



A la Pédale, on trouve une Anche de 32 pieds, nommée "Rinckenbasse" en hommage à Martin Rinckenbach.
(L'Anche de 32 pieds est chère à la Maison Aubertin : on retrouve un "Napoléon" 32' à Vichy, St-Louis, et une Dulciane 32' à Vertus, St-Martin.) Les dénominations des Anches de Pédale caractéristiques des facteurs Haut-Rhinois ont été reprises : Ophicléide (Callinet), Trombone (Rinckenbach)...

Transmission : mécanique, assistance pneumatique à pistons (3 différentes pour les 3 premiers Claviers, susceptibles de recevoir un Accouplement). Tirage des Jeux pneumatique.
Il y a une Combinaison libre par Clavier, ainsi que 4 Combinaisons libres générales, plus un Appel du Tutti, et un Renvoi général.
Outre les deux Claviers expressifs, la Voix humaine et placée dans une boîte expressive particulière, commandée par une troisième pédale.

L'orgue a été inauguré le 22/09/2001 par Michel CHAPUIS, qui a aussi agi en tant que Maître d'oeuvre pour la reconstruction.

Sources :

  • "La voix retrouvée - Rénovation du grand orgue de la Collégiale de Thann", plaquette éditée par l'AROC (Association de Rénovation des Orgues de le Collégiale) à l'occasion de l'inauguration.
  • Il y a aussi un CD, par Philippe DELACOUR, entièrement consacré à Léon BOELLMANN : "L'orgue romantique AUBERTIN de Thann, 2001". Collection FUGATTO, ref. FUG015.
  • M. BARTH, "Elsass, 'Das Land der Orgeln' im 19. Jahrhundert", AEA XV (1965-66)
  • M. VOGELEIS, "Quellen une Bausteine zu einer Geshichte der Musik und des Theaters im Elsass, 500-1800" F.C. LE ROUX, Strasbourg, 1911

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Dernière mise à jour : 18/09/2003 20:50:30

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