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An2000
An2001
Photo
~ Les orgues de la région de Molsheim ~

Altorf, St-Cyriaque
André SILBERMANN, 1730

Partie instrumentale classée Monument Historique le 17/05/1971
Buffet classé Monument Historique le 06/12/1972


Avant... SILBERMANN Après...

Composition, 1999
Récit expressif
54 notes
Grand-orgue
54 notes
Pédale
24 notes
Montre-Viole 8' Bourdon 16' Bourdon 16'
Bourdon 8' Montre 8' Flûte 8'
Salicional 8' Bourdon 8' Violoncelle 8'
Voix céleste 8' Flûte harmonique 8' Trompette 8'
Flûte harmonique 4' Gambe 8' Clairon 4'
Basson/Hautbois 8' Prestant 4'  
  Nasard 2'2/3  
  Doublette 2'  
  Cornet 5 rgs  
  Fourniture 3 rgs (1)  
  Trompette 8' (B+D)  
  I/II  

     L'orgue d'Altorf a été construit par André SILBERMANN. L'instrument était à l'origine destiné aux Franciscains de Sarrebourg, et avait 14 jeux, un Echo (un Cornet), et bien sûr une Pédale indépendante. Cette dernière était très étendue pour l'époque, puisque les 24 notes sont d'origine.

Altorf, le 21/09/2003

     L'édifice, dont certaines parties remontent au 13 ème siècle, a été transformé au 18 ème par Albert REGITZ, d'Obernai, et Peter THUMB, de Bregenz (AU). Ces transformations avaient pour objectif d'obtenir un ensemble de style baroque. Une fois achevées, il était évident qu'un orgue compléterait harmonieusement l'ensemble. On se mit donc en recherche d'un facteur.

Or, en 1723, les Franciscains de Sarrebourg avaient passé commande d'un orgue à André Silbermann, dont la notoriété n'était plus à faire. Mais comme ils s'étaient engagés dans d'autres dépenses, ils auraient eu de mal à le payer, et ils prirent prétexte d'un retard dans la livraison pour annuler le contrat. Silbermann remboursa pour partie l'acompte mais se retrouva avec l'orgue "sur les bras".

En 1728, l'abbé d'Altorf décida donc de se porter acquéreur de cet instrument. L'installation sur place, par André, son fils Jean-André et 3 compagnons, eut lieu entre le 22/11/1729 et le 04/01/1730. Voilà pourquoi cet orgue est tantôt daté de 1728, tantôt de 1730.

     C'est l'un des 5 derniers instruments d'André, construit juste avant ceux d'Ebersmunster (1731) et Colmar, St-Matthieu (1732).
En voici la Composition originelle :

Composition, 1730
Grand-orgue
48 notes
Echo
25? notes
Pédale
24 notes
Montre 8' Cornet 5 rgs Soubasse 16'
Bourdon 8'   Octavebasse 8'
Prestant 4'   Trompette 8'
Nasard 2'2/3    
Doublette 2'    
Tierce 1'3/5    
Cornet 5 rgs    
Fourniture 3 rgs    
Cymbale 2 rgs    
Trompette 8' (B+D)    
L'Echo devait avoir 25 notes. Il y avait 2 Tremblants (un fort, un doux), et le Diapason était environ au Si 440 Hz (La 392 Hz). L'instrument était alimenté par 3 soufflets cunéiformes. Dans le projet originel pour Sarrebourg, il devait sûrement y avoir une Trompette d'Echo et une Flûte 4' pour le Grand-orgue. Mais ces Jeux ne furent jamais posé par Silbermann.
La Pédale avait donc dès l'origine 2 octaves sans le Do#1. Le Grand-orgue n'avait pas non plus de Do#1, ce qui explique les 48 notes. La Fourniture avait la même Composition qu'actuellement.

Les Silbermann entretinrent régulièrement l'instrument : en 1733, 1741, 1760, 1762 (la dernière fois par Jean-André et Daniel, sur le chemin de Bischhofsheim).

     En 1848, le curé Louis MEYER d'Ergersheim conseilla les modifications à la mode, malgré l'avis de l'architecte MORIN qui ne voulait pas que l'on fit à l'orgue plus que de simples réparations.

Dans sa lettre au maire d'Altorf, le curé Meyer parle ainsi :
"...en faisant remplacer deux de ces jeux criards et contraires même à l'harmonie (Tierce et Cymbale) par deux autres jeux graves et harmonieux, c'est-à-dire par une Gambe 8 pieds et par un Salicional 8 pieds, ensuite d'ajouter un Bourdon 16 pieds que je regarde comme indispensable dans votre église."

Puis :
Silbermann (le constructeur de votre orgue) a un mérite incontestable; mais il n'en est pas moins vrai que depuis lui l'art a fait des progrès, et qu'il est impossible de comprendre pourquoi il faudrait garder ce qui est choquant et mauvais quand il est possible d'y substituer quelque chose de plus convenable et de plus harmonieux.

Suit un argument "économique" plus que fallacieux :
Ces substitutions vous reviendront moins cher, puisqu'il faut décompter ce que coûterait la réparation de la Tierce et de la Cymbale que je vous ai conseillé de faire disparaître sans crainte d'être blâmé par un homme de l'art.

(Il est évident qu'un simple accord de ces deux jeux aurait suffit). Ce qui est réellement impossible à comprendre, c'est le déploiement de tant de mauvaise foi, à cette époque, quand il fallait faire disparaître les Tierces et les Cymbales.

     On demanda donc en 1849 à STIEHR-MOCKERS de :

  • remplacer la Tierce par un Salicional
  • remplacer la Cymbale par une Gambe
  • ajouter un Bourdon 16' au Grand-orgue et un Clairon à la Pédale.

Ni l'étendue de claviers, ni le diapason ne furent modifiés à cette occasion. Par contre, l'instrument perdit son Tremblant fort. Les Soupapes de la Pédale ont été remplacées.

Composition, 1850
Grand-orgue
48 notes
Echo Pédale
24 notes
Bourdon 16' Cornet 5 rgs Soubasse 16'
Montre 8'   Octavebasse 8'
Bourdon 8'   Trompette 8'
Salicional 8'   Clairon 4'
Gambe 8'    
Prestant 4'    
Nasard 2'2/3    
Doublette 2'    
Cornet 5 rgs    
Fourniture 3 rgs    
Trompette 8' (B+D)    

En 1867 et 1872, WETZEL dut réparer puis remplacer la soufflerie.

En 1884, on demanda à Martin RINCKENBACH de remplacer l'Echo par un Récit expressif (avec 5 "8 pieds" sur 6 Jeux). Il y transféra donc le Salicional de Stiehr pour le remplacer par une Flûte harmonique. Il ajouta aussi l'incontournable Violoncelle à la Pédale, et porta la Grand-orgue à 54 notes. Seul le Cornet d'Echo de Silbermann disparut dans cette opération, mais l'instrument fut malheureusement haussé d'un demi ton (Sib 440 Hz / La 415 Hz).
La mécanique de la Pédale, à l'origine à Balanciers, a été refaite avec des Equerres.
L'harmonisation n'a été que très peu retouchée. Le Récit est curieusement le clavier du bas.

La Composition de 1884 est la même que l'actuelle.

En 1917, grâce aux démarches de l'architecte KNAUTH, les tuyaux de façade (du Ré1 au Si2) n'ont pas été réquisitionnés par les autorités allemandes.

En 1934, à l'occasion de travaux à la voûte, Georges SCHWENKEDEL démonta et remonta l'instrument.

     Cet orgue a été confié à Richard DOTT en 1999 : puisque beaucoup de matériel Silbermann était encore là (seuls 3 Jeux ont finalement disparu), et bien complété par Stiehr et Rinckenbach avec du matériel de grande qualité, il a été décidé de restaurer l'orgue dans son état de 1884.
La Maîtrise d'oeuvre a été assurée par Marc SCHAEFER et Gilbert POINSOT (ce dernier pour le Buffet).
Le Buffet a été complété et réparé (des éléments avaient disparu). Le Tremblant doux et le ventilateur ont été remplacés, et la Soufflerie réparée. Les Sommiers ont été restaurés et la mécanique revue. La tuyauterie a été dépoussiérée et dé-bosselée.



Console de l'orgue Silbermann d'Altorf.

Toutes les photo à la tribune sont de Maeva MAIER, 04/11/2008.
La Console en Fenêtre est bien préservée. Les claviers sont bancs (ils sont de Rinckenbach), mais le Pédalier est d'origine (André Silbermann, 1730).



Diapason : La 412,4 Hz à 15° (Sib 440 Hz, il était encore un demi-ton plus grave à l'origine, soit Si 440 Hz).
Pression : 87 mm de colonne d'eau.
Mécanique : suspendue au Grand-orgue, à Equerres pour le Récit et la Pédale. Sommiers d'origine au Grand-orgue et à la Pédale, de Rinckenbach pour le Récit.
Les claviers sont de Rinckenbach et le Pédalier de Silbermann.
Les deux Trompettes ont encore les anches et les languettes de Silbermann. La tuyauterie est donc très bien conservée.

L'orgue a été inauguré le 21/11/1999 par Chantal GUCKERT.



Jouée de l'orgue Silbermann d'Altorf.

Belle ambiance à la tribune, qui "prend bien la lumière" solaire. Détail d'une Jouée, et vue sur des tuyaux de façade, en étain, avec leur aplatissages triangulaire (pas d'écusson). Chez les Silbermann, les tuyaux centraux des Tourelles ou des Plates-faces sont souvent écussonnés, mais pas ici.





Culot de l'orgue Silbermann d'Altorf.

Outre les Jouées, les Culots des Tourelles sont un élément déterminant de l'ornementation d'un orgue classique.





Tirant de l'orgue Silbermann d'Altorf.

Bien sur, ni ce Tirant ni le jeu qu'il commande ne sont de Silbermann, mais de Martin Rinckenbach (1884), l'autre géant de la facture d'orgues alsacienne. Les Jeux gambés du magnifique Récit d'esthétique romantique, aux noms écrits en gothique contribuent à la magie du lieu. La belle et coûteuse (les tuyaux sont deux fois plus longs que pour une Flûte classique) Flûte harmonique, c'est la quintessence du Jeu romantique.



(1) Composition de la Fourniture (actuelle et d'origine) :
Do1Do2Do3Do4
1'2'4'
2/3'1'1/32'2/34'
1/2'1'2'2'2/3

La lecture des Tableaux de Compositions

Webographie : Sources :
  • Remerciements à Richard DOTT.
  • Plaquette éditée à l'occasion de l'inauguration : "Altorf - La restauration de l'Orgue Silbermann", Patrimoine Restauré en région Alsace.
  • M. BARTH, "Elsass, 'Das Land der Orgeln' im 19. Jahrhundert", AEA XV (1965-66)
  • P. MEYER-SIAT, "Stiehr-Mockers", AEA XX (1972-73)
  • Archives Silbermann

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Dernière mise à jour : 10/06/2012 16:10:30

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