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An2000
An2001
~ Les orgues de la région de Schiltigheim ~

Schiltigheim, Immaculée Conception
Max et André ROETHINGER, 1960


Avant... ROETHINGER Après...

Composition, 1986
Grand-orgue
56 notes
Brustwerk
56 notes
Positif de dos
56 notes
Pédale
30 notes
Montre 8' Flûte conique 8' Flûte à cheminée 8' Soubasse 16'
Flûte à cheminée 8' Flûte à cheminée 4' Montre 4' Flûte conique 8'
Prestant 4' Nasard 2'2/3 Doublette 2' Principal 4'
Cornet 5 rgs (D) Quarte de nasard 2' Cymbale 3 rgs Mixture 3 rgs
Fourniture 3 rgs Tierce 1'3/5 Cromorne 8' Dulzian 16' (1)
Cymbale 3 rgs Larigot 1'1/3   Bourdon 2'
Chalumeau 4'     I/P
II/I      
III/I      

     Cet instrument de Max ROETHINGER, construit en 1960, est une sorte de trait d'union. A l'époque de sa construction (1960), il était considéré "à l'avant-garde de la facture Néo-classique".




Schiltigheim, Immaculée Conception, le 13/03/2002

Bien sûr, on ne pouvait pas prévoir la radicalisation des changements qui allaient affecter la facture d'orgue dans les années 1960. L'"avant garde de la facture Néo-classique" allait résolument s'orienter vers ce qu'on a appelé le "Néo-baroque", c'est-à-dire l'abandon de l'orgue polyvalent au profit du retour aux techniques et dispositions de la facture du 18 ème siècle.


L'orgue Néo-Classique

Le mouvement Néo-classique est né au début du 20 ème siècle. Ces orgues, issus de l'esthétique Romantique, étaient "complétés" - surtout du point de vue de la Composition - pour pouvoir "tout jouer". L'orgue idéal d'Albert SCHWEITZER, inspiré par la redécouverte des SILBERMANN de Marmoutier et Ebersmunster était destiné à jouer du Bach, mais bien-sûr aussi le répertoire de l'époque. Cet instrument idéal ne devait pas être très éloigné de ceux qui ont été construits au Palais des fêtes à Strasbourg ou à Cronenbourg, St-Sauveur.

Voici ce qui caractérise un orgue Néo-classique :

  • Des techniques du 20 ème siècle : transmission pneumatique ou électrique. Console indépendante et munie de nombreux Accessoires (Combinaisons).
  • Une architecture héritée des instruments romantiques : Positifs intérieurs, Récits expressifs. Pas de Positif de dos.
  • Après 1950, l'absence quasi-systématique de Buffet.
  • Par contre, du point de vue de la Composition, on a assisté au retour plus ou moins marqué aux Jeux classiques (Mutations, Tierces, Cymbales, Cromornes...) souvent accompagnés de Gambes, de Bassons ou même de Jeux ondulants. On trouve toutefois dans ces mêmes Compositions de nombreux Accouplements et Tirasses, souvent à l'octave.
  • Du point de vue de l'harmonisation, on aimait pas les attaques tranchantes. La tuyauterie était souvent munie d'entailles, au moins d'accord. Comme il fallait construire beaucoup de Jeux, on faisait encore usage de matériaux "pauvres" : zinc, spotted.

L'orgue "Néo-Baroque"

Quelques années seulement après la construction de cet orgue à Schiltigheim, la tendance qu'exprimaient bon nombre de facteurs (Ernest MUHLEISEN sûrement en premier, mais aussi Alfred KERN, Curt SCHWENKEDEL, Victor GONZALEZ, André ROETHINGER...) s'affirma de façon bien plus radicale.
L'orgue "Néo-classique" n'avait finalement pas grand chose de "Classique". En observant les instrument légués par le 18 ème siècle, et grâce à une collaboration de plus en plus étroite avec des organistes comme Michel CHAPUIS qui redécouvraient les phrasés et les registrations "Baroques", les facteurs cités ci-dessus (et bien d'autres) commencèrent à concevoir de vrais instruments Néo-classiques. Mais le terme était déjà pris, et il désignait bien autre chose.
On fit usage d'un terme tout aussi peu justifié que le précédent : "Néo-baroque", pour des orgues qui, au moins esthétiquement parlant, n'ont absolument rien de baroque !

Ces orgues d'"avant-garde" avaient les caractéristiques suivantes :

  • Des techniques du 18 ème siècle : transmission mécanique. Sommiers à Gravures. Console en Fenêtre.
  • Une architecture calquée sur les instruments classiques français ou nordiques : Positifs de dos ou de Couronne, Echos, Brustwerks. Pas de clavier expressif.
  • La redécouverte du rôle acoustique des Buffets.
  • Du point de vue de la Composition, on ne trouve souvent pas sur le papier de grandes différences. (Elles sont dans les tuyaux.) On se détourne (par radicalisation) des Gambes, des Bassons et des Jeux ondulants.
  • Du point de vue de l'harmonisation, c'est le retour des attaques tranchantes, permettant de détailler la polyphonie et d'articuler le phrasé. La tuyauterie est coupée au ton, et fait usage de matériaux "nobles" (étain, plomb, étoffe).

Mis à part l'absence de Buffet (il n'en avait pas à l'origine) et la transmission électrique à la Pédale, cet orgue est bien de ceux qui ont rompu avec le Néo-classicisme. Autre caractéristique révélatrice, il a été harmonisé par André Roethinger "à Plein-vent", c'est-à-dire à basse pression et sans limiter l'entrée du vent dans le pied des tuyaux.

L'orgue a été inauguré par Michel CHAPUIS (qui avait participé, avec L. BRAU, à sa conception) le 29/05/1960. L'instrument n'avait ce jour-là qu'une Pédale provisoire (Soubasse seulement). La Montre était en zinc électrolysé.

Lorsque l'orgue fut complété par une Pédale, on parla beaucoup de la Mixture. Ce n'était pas dans les habitudes : si on avait besoin d'une Mixture à la Pédale, on allait la chercher à l'aide d'une Tirasse. Ici, l'objectif est plutôt d'accentuer l'attaque. Cette Mixture, riche en Quintes (2'2/3, 1'1/3, 1') devait sonner de façon bien étrange aux auditeurs peu habitués du début des années 1960.


En 1977, Alfred KERN modifia l'instrument en profondeur. Il ajouta un Buffet-caisse au tour de la tuyauterie du Grand-orgue et de la Pédale, en remaniant la façade (suppression de tuyaux en Montre). Le Grand-orgue, le Positif et la Pédale on été remaniés en profondeur et complètement réharmonisés.
La seconde Anche de Pédale (un Chalumeau 4' céda sa place à un Bourdon 2').

Ci-contre, l'aspect (beaucoup plus flatteur) qu'avait l'instrument avant 1977.


Photo Roethinger

(1) La "Dulciane" de Pédale est une Anche, pas une Gambe. D'où l'orthographe "Dulzian", permettant d'éviter la confusion. On retrouve ce jeu dans l'instrument qu'Alfred Kern construisit l'année suivante à Gunsbach.
Sources :
  • Paul NARDIN, "Dire la vérité", dans "L'Orgue - Histoire, technique, esthétique" N°97, 01-03/1961 et N°101, 01-03/1962.

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Dernière mise à jour : 15/03/2003 16:01:54

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