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Les orgues de la région de Huningue
St-Louis, St-Louis
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L'orgue de St-Louis, église St-Louis.
Les photos sont de Victor Weller, 09/06/2021.L'orgue de St-Louis, église St-Louis.
Les photos sont de Victor Weller, 09/06/2021.

L'instrument actuel a été construit par Alfred Kern en 1968. On peut le comparer avec son voisin de l'église Notre-Dame-de-la-Paix (1973).

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L'orgue de facteur inconnu (1836)
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Historique

Un premier orgue est attesté en 1836 dans la chapelle Leroux par le payement d'un organiste. Une souscription pour son acquisition avait été lancée en mai 1833. On ignore la provenance de cet instrument, qui a fort probablement été déménagé dans l'église neuve, consacrée en 1845. Il fut immédiatement question de le remplacer, puisque dès août 1844, le conseil de fabrique songeait à acheter des cloches, une horloge et un orgue. [IHOA]

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L'orgue de facteur inconnu (1860)
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Historique

On ignore qui a construit le grand et bel instrument qui a orné l'église St-Louis de 1860 à 1967. On ignore aussi sa composition d'origine. [IHOA]

En 1901, cet instrument fut réparé et complété (nouveaux jeux) par Martin et Joseph Rinckenbach. [IHOA]

La composition de 1901 est elle aussi inconnue, mais comme aucun travail d'envergure n'est relaté avant 1942, elle devait être très voisine de celle que Georges Schwenkedel trouva avant d'y effectuer des travaux : [IHOA]

Il y avait une chape vide au grand-orgue, ce dernier était donc prévu pour 10 jeux.

C'est dans l'immédiat après-guerre, vers 1945 (et avant 1951) que Curt Schwenkedel "néo-classisa" l'instrument. [IHOA]

Il laissa une composition plutôt décevante, relevée le 24/06/1951 : a priori, l'opération avait consisté à remplacer des jeux du récit par un "jeu de tierce", la Gambe du grand-orgue par une Fourniture, et le Violoncelle 8' de pédale par un Bourdon (!) :

Ni l'étendue des claviers, ni les accouplements ne semblent avoir été notés. Mais il est probable qu'en 1951, l'orgue avait toujours des claviers de 54 notes, une pédale de 27, et les accouplements standards (II/I, I/P et II/P), vu que la transmission était mécanique.

Ce fut radical et impitoyable : l'orgue romantique du lieu a été détruit pour être remplacé par un néo-baroque "nordique" neuf, en 1968. [IHOA]

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L'orgue Alfred Kern,
1968 (instrument actuel)
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Historique

En 1968, Alfred Kern construisit un orgue néo-baroque neuf. [IHOA] [LORGUE]

Cet instrument ne semble pas avoir rencontré un grand succès, au moins dans le milieu de l'orgue. Il a pourtant eu droit à voir sa composition (d'origine) publiée dans la revue "L'Orgue". Mais déjà en 1985, lors de la parution de la première édition de l'inventaire historique des orgues d'Alsace, une évidente ironie apparaît, indiquant que l'on avait commencé à prendre conscience du caractère artificiel de la mode "nordique" et des snobismes affiliés : "16.6.1968 : orgue Alfred Kern, mécanique "résolument nordique" dit-on : "tuyauterie toute en plomb" (façade étain) ; "tempérament inégal Werckmeister". Puis, "On a fait beaucoup de philosophie à propos de cet orgue." Suit une liste de changements de composition effectués dans la jeunesse de l'instrument. La conclusion de Pie Meyer-Siat, qui restera toutefois un des principaux hagiographes du "néo-baroque", fut : "il y a, comme on le voit, de quoi faire de la philosophie." Notons que le terme "philosophe" était volontiers utilisé de façon péjorative par cet auteur, suite à des prises de bec avec un agrégé de philosophie...

Mais dans les faits, cet instrument garde un certain éclectisme : il dispose tout de même d'un plan sonore expressif et d'un ondulant. Même s'il manque cruellement de fonds (Gambes, Flûtes 8'), il reste moins "extrême" que les instruments issus de la phase suivante du néo-baroque. L'instrument est fortement "principalisant", très doté en anches, et propose surtout une pléthore de Mutations et de Mixtures. Ces dernières sont totalement disproportionnées au volume de fondamentales disponibles : il y avait trois Cymbales à l'origine (!) totalisant 10 rangs, couronnant les deux Fournitures de 4 rangs du grand-orgue (plus le Sifflet 1') et de la pédale. Il y avait à l'origine 28 rangs de principaux, le tout sur un seul Bourdon 16' manuel !

On note aussi le malheureux Hautbois en 4', tout à fait symptomatique de l'époque.

Comparé à l'autre "grand" Kern de St-Louis (celui de l'église Notre-Dame-de-la-Paix), il est moins "extrême", encore un peu néo-classique, avec son clavier expressif et son Unda maris, qui "sauve" la composition". Mais, paradoxalement, le second, construit 5 ans plus tard (1973) est intéressant par son côté "orthodoxe". En 5 ans, la facture néo-baroque était allée au bout de son chemin : plus d'expression, plus d'ondulant, plus de jeux symphoniques, que du Schnitger-compatible.

Il n'est pas étonnant que cet instrument, voulu "de son temps", issu des modes, commença par essayer de les suivre. Il semble avoir été modifié avant 1984, mais aussi au moins partiellement réharmonisé. "Maladroitement" d'après l'inventaire technique. [IHOA] [ITOA]

Le détail des changements de jeux n'a que peu d'intérêt, si ce n'est que de confirmer sur quels jeux se crispait la facture d'orgues au cours de sa période noire. (Pour les irréductibles : remplacement de la Cymbale du "Récit" par le Larigot du positif, lequel a reçu à la place le Sifflet du grand-orgue... tout ceci pour placer au grand-orgue... une Grosse tierce 3'1/5, dont on mesure bien l'incommensurable indispensabilité !) C'est dommage, parce que du coup, l'orgue de 1968 - qui a coûté, rappelons-le, la destruction d'un instrument post-symphonique - n'est plus authentique.

Notons qu'il y a, depuis 2010, pas moins de trois orgues Kern à Saint-Louis, puisque l'auditorium du conservatoire à rayonnement communal de la ville a reçu cette année-là un des premiers orgues construits par la maison strasbourgeoise, en 1958. Il venait de la clinique St-Damien de Mulhouse.

Caractéristiques instrumentales

Console:

Console en fenêtre frontale. Tirants de jeux de section carrée à pommeaux tournés, repérés par des étiquettes et disposés en deux fois trois colonnes de part et d'autre des claviers. Claviers noirs.

Transmission:

Mécanique, suspendue pour le grand-orgue et à équerres pour les autres claviers.

Les appels/annulateurs sont réalisés électriquement.

Sommiers:

A gravures. Le grand-orgue et le positif partagent les mêmes sommiers. (Ce qui constitue quand même 21 chapes !)

La pédale est logée dans les tourelles latérales.

Tuyauterie:
Une vue sur (une moitié de) la tuyauterie
du grand-orgue et du positif (qui partagent les mêmes sommiers).
A gauche, après la Montre et le Prestant, s'élèvent les postages du grand Cornet,
disposé en hauteur. Puis viennent les Bourdons, les Mutations,
la Trompette, le Cromorne, le Clairon, la Cymbale du positif,
la Fourniture à 4 rangs, puis la Cymbale à 3 rangs.Une vue sur (une moitié de) la tuyauterie
du grand-orgue et du positif (qui partagent les mêmes sommiers).
A gauche, après la Montre et le Prestant, s'élèvent les postages du grand Cornet,
disposé en hauteur. Puis viennent les Bourdons, les Mutations,
la Trompette, le Cromorne, le Clairon, la Cymbale du positif,
la Fourniture à 4 rangs, puis la Cymbale à 3 rangs.
Cette photo du récit est très intéressante,
puisqu'on voit de nombreux tuyaux de l'orgue de 1860/1901 disparu.
Le grand-orgue est en haut à droite (devant le récit) :
on en distingue des tuyaux entre les jalousies de la boîte ouverte.
Vers le centre de l'image, les tuyaux à double cône sont ceux de la Musette 16'.
Il y a aussi des tuyaux en cuivre, caractéristiques des années 60.
Au premier plan, le fameux Hautbois 4'.Cette photo du récit est très intéressante,
puisqu'on voit de nombreux tuyaux de l'orgue de 1860/1901 disparu.
Le grand-orgue est en haut à droite (devant le récit) :
on en distingue des tuyaux entre les jalousies de la boîte ouverte.
Vers le centre de l'image, les tuyaux à double cône sont ceux de la Musette 16'.
Il y a aussi des tuyaux en cuivre, caractéristiques des années 60.
Au premier plan, le fameux Hautbois 4'.

Sites Le Hautbois en 4'

Le 'vrai' Hautbois

Le Hautbois, ou plus précisément le couple Basson / Hautbois (harmonisé pour que la transition soit la moins marquée possible) est vraiment un jeu "symphonique" par excellence. Le "vrai" Hautbois est en 8' : il sonne avec la tessiture normale. Il tient un rôle double :

- soliste, comme le hautbois d'orchestre.

- "coloratur" des fonds.

C'est avant tout un jeu de récit (car il gagne à être expressif), mais on le trouve aussi parfois au positif, là où on s'attendrait plutôt à trouver une Clarinette.

Il peut aussi servir d'alternative plus "ronde" à la Trompette de récit. Et, avec une tirasse, il permet de doter la pédale d'une anche profonde et ronde.

En Alsace, les Hautbois sont apparus à l'époque pré-romantique, souvent intégrés dans des positifs de dos, où ils constituaient une sorte d' "erreur de casting", devenant un peu des "Cromornes modernes".

En quadrupède

Dans les années 1950-1970, l'esthétique "néo-baroque" révolutionna la facture d'orgues. Et parmi les nombreuses "marottes" sorties de ce tourbillon d'idées un peu incontrôlées, le Hautbois 4' figure en bonne place. En 4', cela signifie qu'il parle une octave plus haut que d'habitude. A la base, c'est curieux, car ce jeu n'est pas forcément le plus beau dans son extrême aigu, et lui ajouter une octave dans ce sens ne paraît pas pertinent. Perdant aussi son octave grave, pour laquelle il est tellement apprécié, un Hautbois 4', intuitivement, est absurde. Il est une octave trop haut pour jouer son rôle de complément au fonds, et utilisable en soliste uniquement au prix de contorsions de l'organiste. C'est un peu l'avatar des "fausses bonnes idées" de l'époque.

Reste qu'il eut un certain succès en Alsace :

- L'affaire semble avoir commencé à Ostheim (Max Roethinger, 1963). Il faut dire que, du point de vue des anches, la dotation y était volontairement peu commune : Cromorne au... grand-orgue, Dulzian 16' à la pédale. Le fameux Hautbois 4' a un rôle de Clairon, puisqu'il y a aussi une Trompette au récit. Les années 60 étaient une époque où on aimait "casser les codes" ; il en reste la possibilité de faire un trio d'anches vraiment improbable...

- A l'ancien conservatoire de Strasbourg (le fameux orgue Curt Schwenkedel, 1964, porte-drapeau du néo-baroque en Alsace, aujourd'hui au collège St-Etienne), la Ranquette 16' était originellement au positif, et elle a été mise au récit. Elle y remplace un Hautbois 4' qui a été supprimé : les conservatoires, souvent, sont en tête pour implémenter les idées, mais aussi pour éliminer les mauvaises.

- A Strasbourg, Ste-Madeleine, l'orgue de Max Roethinger, 1965 est aussi un avatar de cette esthétique. Le Hautbois 4' fait partie d'une "batterie" d'anches avec une Douçaine 16' et un Chalumeau 8', qui se trouvent dans un Brustwerk expressif.

- Au couvent de la Providence de Ribeauvillé (Curt Schwenkedel, 1966). Un instrument issu d'une démarche prétentieuse, sur-évalué, décevant, et qui coûta à l'Alsace un de ses plus beaux orgues, toutes époques confondues : l'opus 100 de Martin et Joseph Rinckenbach. Vu sous cet angle, les simagrées en 4' et autres idées géniales-car-absurdes sont particulièrement amères.

- A St-Louis, St-Louis (Alfred Kern, 1968) le Hautbois est à nouveau le 4' d'un trio 16/8/4 avec une Musette 16' et un Chalumeau 8'. C'est un choix réellement étrange. Cet instrument est certes plus éclectique que beaucoup de "néo-baroques". Mais là, le commentaire du concepteur à l'organiste semble être : "Ah, vous voyez, vous avez un jeu romantique : un Hautbois ; bien sûr, on l'a mis en 4' pour que vous ne puissiez pas vous en servir."

- A la chapelle protestante de l'hôpital civil de Strasbourg (Gaston Kern, 1974), il y a un Hautbois 4' à la pédale (en fait c'est un emprunt à l'octave d'un Hautbois 8'), qui, lui, a un intérêt beaucoup plus évident, puisqu'on peut lui donner le rôle de ténor. Malheureusement, cette idée là, qui était pourtant excellente, n'a pas connu beaucoup de succès.

- Il y a aussi à la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg, (Alfred Kern, 1981) un Hautbois 4'. Mais bon, c'est un orgue de cathédrale...

- A Bourtzwiller, l'orgue dans sa version de 1978 (pas en 1948) est doté d'un Hautbois 4'. Mais il s'agit d'un instrument très spécifique, assumant son rôle d'orgue "expérimental", qui évolue et sert justement un peu de laboratoire.

- Enfin, à tout seigneur tout honneur, il faut évoquer le "Soprano harmonique" de l'orgue Charles Mutin, 1918, de Wihr-au-Val. L'instrument n'est arrivé en Alsace qu'en 1955, et il est très spécifique, vu son passé et sa conception. Et, bien qu'il y ait un "Soprano harmonique" au récit (qui est bien un Hautbois en 4'), on y trouve aussi un "vrai" Hautbois (au positif). L'orgue symphonique ne badine pas avec son Hautbois 8'.

Références Sources et bibliographie :

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Immatriculation de l'orgue actuel : F680297001P03
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