L'orgue de Wickerschwihr a été construit en 1957 par Georges Schwenkedel et son fils Curt, en adoptant une architecture tout à fait originale : le tout est construit autour d'une structure en béton en forme de chevalet.
Historique
L'église de Wickerschwihr fut d'abord dotée, en 1870, d'un orgue Michel Stiehr, 1820, qui venait de Nothalten, St-Michel. [IHOA]
Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités allemandes en mars 1917. [IHOA]
La localité étant située dans la "poche de Colmar", son église et son orgue furent détruits, par faits de guerre, au début 1945. [IHOA]
Historique
Ce n'est qu'après la seconde Guerre mondiale que Wickerschwihr put se doter d'un nouvel orgue, construit en 1957 par Georges Schwenkedel et son fils Curt, et ce fut l'opus 132 de la maison strasbourgeoise. [IHOA] [ITOA]
C'est ici que la maison Schwenkedel fit sa première tentative d'harmonisation "à Plein-vent", qui connut un fort succès dans les années 1960. L'instrument a donc déjà sa place dans l'histoire de la facture d'orgues ! Construit autour d'une structure en béton en forme de chevalet, l'instrument est en quelque sorte l'expression ultime du refus du buffet, idée qui fut très répandue au cours des années 1950. Sont visibles les tuyaux en cuivre (deux fois 9) de la Montre, avec leurs écussons triangulaires rapportés, encadrant une double mitre centrale de petits tuyaux (qui ne sont d'habitude jamais montrés en façade ; ils sont maintenus par un faux-sommier) : deux fois 17 tuyaux et une partie centrale de 21 fois 3 rangs, appartenant à la Mixture. Cette disposition est très originale, et probablement unique.
Il n'y a que 7 jeux réels : le reste fonctionne par emprunt ou par extension. Un rang de Principaux, par exemple, de 68 tuyaux (C-g'''') permet de réaliser la Montre 8', le Prestant, et la Basse 8'. La Fourniture du récit n'est du coup pas vraiment expressive, mais le Bourdon et la Trompette "du grand-orgue" le sont ! On notera, dans la composition, la disparition du Bourdon 16' : on passe bien de l'âge "néo-classique" à celui du "néo-baroque". Aucune Mutation n'est toutefois disponible (il y en aura, la même année, à Jebsheim : il y a un véritable "fossé" entre ces deux orgues, car les tendances de la facture d'orgue évoluaient extrêmement vite).
L'orgue a été relevé en 1990 par Richard Dott. [IHOA]
Caractéristiques instrumentales
Console encastrée frontale (dos à la nef), fermée par un rideau coulissant.
L'harmonisation à plein vent
Il s'agit d'une technique d'harmonisation souvent apparentée au style néo-baroque, consistant à laisser les pieds "ouverts" (i.e. ne pas limiter le flux d'air entrant en jouant sur l'ouverture du trou inférieur, ou avec un dispositif à vis), tout en utilisant des (très) basses pressions : parfois 40 mm de colonne d'eau seulement.
Cette mode est apparue à la fin des années 1950, et - heureusement - ne dura pas trop longtemps.
La pression dans les sommiers et l'intensité sonore
Il faut rappeler que la pression dans les sommiers n'est pas directement liée au volume sonore produit par les tuyaux. Contrairement à une idée reçue (fausse, comme beaucoup d'idées reçues), les jeux "à haute pression" peuvent être très doux. La confusion vient d'un amalgame probablement introduit par mauvaise foi : voir St-Maurice, Strasbourg. Il faut écouter les jeux à haute pression (les seuls survivants en Alsace) d'Erstein, leur douceur et leur rondeur. Non, un jeu à haute pression n'est pas un sifflet de locomotive. Au contraire, car son pied est très refermé.
Réciproquement, un jeu alimenté à basse pression peut avoir une intensité phénoménale, surtout pour les tuyaux aigus, qui consomment moins de vent, et dont l'alimentation n'est donc vraiment pas limitée par le flux en amont.
Puissance dans l'aigu
Loin de ce que "basse pression" peut évoquer, cette technique est souvent synonyme de sons très puissants dans l'aigu. Elle correspond à une volonté, claire dans les années 1950-1960, de produire les plein-jeux les plus "brillants" possibles. (Sûrement en réaction avec les Mixtures plus douces de l'époque romantique et post-romantique.) Le goût, clairement, a changé, et certains de ces instruments ont déjà été ré-harmonisés, l'excès en toute chose finissant par s'avérer pénible.
Dans la plaquette sur l'orgue de Marienthal (1962), Antoine Bender donne une liste d'instruments harmonisés à plein vent par Curt Schwenkedel :
- Wimmenau (1962)
- Colmar, école de musique (1962)
- Waldersbach (1960)
- Neuve-Eglise (1961)
- Mulhouse, St-Jean-Bosco (1961)
- Illhaeusern (1961)
- Rittershoffen (1964)
- Songeon (Oise).
Sources et bibliographie :
Localisation :