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Photo
~ Les orgues de la région de Bouxwiller ~

Bouxwiller, St Léger
Johann-Jacob BALDNER, 1668

Buffet classé Monument Historique le 07/03/1977
L'un des plus anciens orgues d'Alsace.


 

Composition, 1996
Positif de Dos
53 notes
Grand-Orgue
53 notes
Pédale
27 notes
Bourdon 8' Montre 8' Soubasse 16'
Prestant 4' Bourdon 8' Flûte 8'
Doublette 2' Prestant 4' Prestant 4'
Sesquialtera 2 rgs Flûte 4' Dulciane (Anche) 16'
Cymbale 3 rgs Doublette 2' I/P
Cromorne 8' Cornet 5 rgs  
  Fourniture 3 rgs  
  Cymbale 3 rgs  
  Trompette 8'  
  I/II (Tiroir)  
     Voici l'un des rares orgues du 17 ème siècle qui reste visible en Alsace. Hans Jacob BALDNER vint de Strasbourg (dont il était Bourgeois) pour le poser, en 1668, dans l'actuelle église protestante.

Orgue Baldner de Bouxwiller

Bouxwiller, le 13/08/2006, photo de Nicolas HASLÉ.

     Cet orgue Baldner, lorsqu'il fut posé, était déjà le troisième à Bouxwiller :

  • Le premier instrument est attesté en 1590 par la présence d'un organiste, sûrement Hans Jörg VOGT, qui resta à son poste jusqu'en 1613.
  • Cet instrument fut remplacé en 1614, probablement par Hans OTT fils, de Haguenau, à l'occasion de la construction de la nouvelle église luthérienne. Ott revint faire des réparations en 1632.
    Baldner fit une très grosse réparation sur cet instrument en 1648, puis revint en 1658, à nouveau pour une intervention d'importance. Probablement motivé par le coût important de ces deux réparations, le Consistoire décida de faire construire un orgue neuf.

Hans (Johann) Jacob BALDNER
(Strasbourg 17/11/1606, 03/02/1683)

     Hans Jacob Baldner est né le 17/11/1606 à Strasbourg, où sa famille s'était vraisemblablement installée au 15 ème siècle. Son père était musicien, et Hans Jacob apprit probablement la facture d'orgues auprès de Dietrich WAGNER.

Il partageait son temps entre la facture d'orgues "en amateur éclairé" et un poste de greffier au Trésor public. Cette dernière activité permit à Baldner de s'appuyer sur des relations bien placées, qui l'aidèrent plus tard dans l'obtention des marchés.

Ainsi, il effectua entre 1652 et 1680 des travaux sur l'orgue en nid d'hirondelle de la Cathédrale de Strasbourg (Anton NEUKNECHT, 1608), après avoir entretenu les orgues de :

  • St-Pierre-le-Jeune (Hans Klein, 1591 / Anton Neuknecht, 1608) en 1642,
  • St-Guillaume en 1643
  • et St-Pierre-le-Vieux protestant (Anton Meutting, 1590) en 1648.
Il construisit peut-être un orgue de choeur à la Cathédrale, mais il est sûr qu'il fut évincé par Matthias TRETZSCHER de Kulmbach, lors de la reconstruction du nid d'hirondelle (1660), sûrement parce que ce travail d'envergure dépassait ses capacités.

Il répara en 1655 les dégâts causés par la Guerre de Trente ans à l'orgue d'Obernai construit par Jacob SUNNELER en 1515, puis retravailla à St-Pierre-le-Jeune (protestant) en 1666, et, la même année, répara l'instrument de Haguenau.

Baldner fit vers 1649-1655 des travaux à Strasbourg, St-Nicolas (sur l'orgue qui venait du Temple-Neuf), puis y construisit un orgue neuf vers 1668, sûrement assisté par son gendre, Heinrich Hochwaldt REICHERT. Baldner posa aussi un orgue neuf à Haslach-im-Kinzigtal en 1661.

     Pour Bouxwiller, Baldner était appuyé par le Dr Friedrich OTTO, conseiller du compte, avocat et curateur des biens de l'hospice de Bouxwiller. Baldner, bien que manquant de références en matière de facture d'orgues, construisit son orgue en 1668. Il reprit le vieil instrument de Hans Ott.

Non seulement Baldner manquait de références, mais il avait aussi visiblement raté sa rénovation de l'orgue de Haguenau en 1666 : on fit venir Caesar SCHOTT de Horb cinq ans après pour arranger les dégâts. Caesar Schott (qu'il ne faut pas confondre avec Thomas SCHOTT auteur de l'orgue de Rouffach en 1626) posa aussi un orgue neuf en 1698 à Kaysersberg.

     Après Bouxwiller, on retrouve Baldner à St-Thomas en 1672 (et 1677).
Il construisit un orgue neuf à Ettenheim en 1672 et peut-être l'instrument qui fut installé à Mutzig en 1680 (et dont on sait qu'il venait de Strasbourg - or, Baldner était le seul facteur strasbourgeois à cette époque).
Il est aussi possible qu'il construisit le premier orgue de Dambach-la-ville.

Hans Jacob Baldner mourut le 03/02/1683.

De Baldner à Silbermann

     L'orgue Baldner de Bouxwiller n'avait pas de Positif de dos. Il se trouvait sous une voûte qui formait une grande avancée, et l'éclairage y était très insuffisant. Thomas Franciscus MONORI, qui séjourna à Bouxwiller de 1669 à 1673, enluminura (ou colora) le Buffet. A partir de 1671, l'entretien fut assuré par Christoph AEBI.

André SILBERMANN "von Freyberg aus Sachsen" travailla sur cet orgue en 1699. Il procéda, en plus de réparations, au démontage de l'instrument puis à son remontage dans le fond de l'édifice, et déplaça la Soufflerie dans la tour. C'est là probablement le premier travail de Silbermann en Alsace. Il écrivit d'ailleurs sur un panneau arrière :

Andreas Silbermann
von Freyberg aus
Sachsen hat diese Orgel
Anno 1699 renoviert

André Silbermann
de Freyberg en
Saxe a rénové cet
orgue en 1699



Du travail Silbermann au déménagement à l'église catholique.

     Silbermann revint souvent à Bouxwiller faire des réparations (dès 1701).

On peut, dans un premier temps, s'interroger sur la fiabilité d'un orgue qu'il fallait réparer très régulièrement. Mais c'est oublier que ces instruments devaient - à cette époque où ils étaient si rares et la religion omniprésente - être très intensément utilisés, et pas toujours par des exécutants précautionneux.
De plus, l'orgue semble avoir été une réussite, car son souvenir persiste, par exemple, dans l'autobiographie de Heinrich ERNST (1787) : celui-ci allait "souvent les dimanches à l'église de la petite ville, non pour y écouter le sermon, mais à cause de l'apparat et de la splendeur qui s'y exhibaient [...] et pour l'amour de l'orgue".

Au cours d'un orage en 1704, la foudre atteint par 4 fois l'édifice. L'un de ces coups de foudre frappa le clocher, traversa l'orgue et atteint la loge seigneuriale. Heureusement, il n'y eut pas d'incendie.

En 1721 et 1725, c'est Georg Friedrich MERCKEL qui fit des réparations.

En 1737, on voulut un Positif de Dos. Il fut posé par un menuisier du nom de SCHILD, greffier (lui aussi...) des bâtiments de Bouxwiller, et travaillant probablement pour le compte de Merckel.

C'est Nicolas Martin MOELLER, d'Oberbronn, qui, après l'avoir entretenu en 1765 déménagea l'instrument dans la nouvelle église catholique, en 1778.



L'orgue à l'église catholique.

     L'instrument de Baldner était le deuxième orgue de l'église catholique, bien que l'on ne sache rien du premier.

En 1804, il y eut une réparation, par Louis GEIB, puis en 1818 par HUBER.

En 1827 l'orgue n'était pratiquement plus jouable. L'architecte-voyer de Saverne, du nom de THIEBERT, fit fonction d'expert. Il rapporte que les émanations de l'usine chimique voisine (une fabrique d'alun, de sulfate de fer et de Bleu de Prusse) sont très nuisibles à l'église et à tout ce qu'elle contient. En particulier, les pièces métalliques de l'orgue (mécanique et Anches surtout) se seraient prématurément oxydées. Thiebert préfère les Moeller à la Maison STIEHR avec laquelle ils étaient en concurrence.
Etonnante conséquence de l'expertise : les mines de Bouxwiller, propriétaires de l'usine, prirent à leur charge une partie des frais de restauration, appliquant ainsi, en 1827, le principe du "Pollueur-payeur".

Ainsi, en 1828, Johann Jacob et Johann Friedrich Moeller commencèrent les travaux. Ils reconstruisirent le Positif de Dos. Ils portèrent les claviers à 53 notes (pas de Do# grave). Montre, Flûte et Fourniture du Grand-Orgue sont de Moeller. Ils changèrent aussi les claviers à cette occasion.

En 1835, il y eut une réparation par Martin WETZEL, et, en 1887, des travaux de Martin RINCKENBACH (essentiellement à la Pédale).

L'orgue au 20 ème siècle.

     En Février 1917, les tuyaux de façade du Grand-orgue ont été réquisitionnés par les autorités allemandes.

Voici la composition de l'orgue avant 1960 :

Composition, 1959
Positif de Dos
53 notes
Grand-Orgue
53 notes
Pédale
27 notes
Bourdon 8' Montre 8' Soubasse 16'
Prestant 4' Bourdon 8' Flûte 8'
Flûte conique 4' Salicional 8' Violoncelle 8'
Voix céleste 4'? Prestant 4' Basson 8'
Doublette 2' Flûte 4' I/P
Hautbois 8' Doublette 2'  
  Cornet 5 rgs  
  Fourniture 4 rgs  
  Trompette 8'  
  I/II  

     En 1960, Alfred KERN reconstruisit l'instrument dans une esthétique Baroque. Les deux Cymbales, le Cromorne et la Dulciane sont de Kern. Le Prestant de la Pédale est un Violoncelle de Rinckenbach qui a été recoupé. La Fourniture du Grand-Orgue n'a malheureusement pas retrouvé le 4 ème rang qu'elle avait à l'origine.

Les buffets (en sapin), sont d'époque (1668 et 1827), ils sont peints en blanc avec de nombreuses sculptures, mais le grand était rouge ou doré à l'origine. Les tuyaux de façade sont de Moeller.

Mécanique : Suspendue au Grand-Orgue, à Equerres au Positif et à la Pédale. Sommiers à gravures. Les Sommiers du Grand-Orgue sont de Baldner, celui du Positif est de Moeller. Les Sommiers de Pédale sont de Rinckenbach.

Webographie :

Sources :

  • A. KIEFER, "L'Orgue Baldner de Bouxwiller", Pays d'Alsace (Cahiers de Saverne) 176a (IV-1996)
  • P. MEYER-SIAT "Historische Orgeln im Elsass"
  • P. MEYER-SIAT "Les quatre orgues de Mutzig", Annuaire de Molsheim, 1981
  • Archives Silbermann

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Dernière mise à jour : 01/10/2006 13:13:20

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