L'orgue de Niederschaeffolsheim a été construit par Max ROETHINGER, et inauguré le 14/07/1950. Il est caractéristique des instrument réalisés grâce aux "dommages de guerre". La Composition, par rapport à ces contemporains, s'écarte un peu du "Néo-classicisme" encore très à la mode pour se tourner vers des couleurs plus romantiques : une surprise quelques années avant la révolution "Néo-baroque".

Niederschaeffolsheim, l'orgue Max Roethinger. Photo Creative Commons, de Ralph Hammann, 2012.

L'orgue Roethinger est déjà le cinquième du lieu. Le premier avait été construit en 1786 par Goerg HLADKY. On trouve un orgue ce facteur, élève de ROHRER, à Olwisheim, et à Stollhofen (Allemagne). Hladky fut longtemps chargé de l'entretien de l'orgue de Monswiller. Le Buffet (en sapin) du deuxième orgue du lieu provenait des Dominicains de Haguenau, et fut installé à Niederschaeffolsheim en 1802. On ne sait pas grand-chose de cet instrument (sinon qu'il fut réparé à deux reprises par SILBERMANN et qu'il était assez mauvais). C'est soit son Buffet, soit celui de Hladky qui fut déménagé en 1855 à Bernolsheim. Un témoignage rapporte que l'inscription "MDCCC" figurait dans sa partie centrale. Cette inscription a vraisemblablement été placée lors du déménagement depuis Haguenau, mais le Buffet actuellement à Bernolsheim est en chêne... Le troisième orgue a été construit en 1858 (3 ans après l'agrandissement de l'église par Alexandre MATUSZYNSKI) par la Maison STIEHR-MOCKERS. Il avait 29 Jeux avec un Positif de dos. L'orgue Stiehr fut pneumatisé en 1912 par la Maison RINCKENBACH (dont c'était l'Opus 139). Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés en 1917, et Joseph Rinckenbach posa une nouvelle soufflerie en 1922. Cet instrument a été relevé par Edmond-Alexandre Roethinger en 1936. L'édifice ayant été gravement endommagé en 1944 (toiture), l'orgue a été démonté. En 1950, c'est un orgue neuf qu'il fallut reconstruire, en ré-employant une partie de la tuyauterie Stiehr et Rinckenbach qui restait.

Cet instrument ressemble beaucoup à celui d'Ostwald : la façade, par exemple, a la même géométrie. Seuls diffèrent le nombre de tuyaux : 7 pour les parties latérales, 10 pour les parties médianes et 13 pour la partie centrale contre respectivement 13, 14 et 15 à Ostwald. La Composition n'est pas très éloignée, mais présente des différences intéressantes :

• il y a un Bourdon de 16 pieds manuel, complété par une Flûte majeure. Le Salicional, la Quinte et surtout le Cornet sont placés au récit à Ostwald (le Cornet y est décomposé). En compensation, la Mixture d'Ostwald a été poussée à 5 rangs dans l'aigu et il y a un Clairon.
• le récit est ici moins "Néo-classique" qu'à Ostwald. Il y a deux Flûtes harmoniques, une Viole de gambe, une Voix céleste et un Octavin, Jeux de couleur plus romantique, et pas de Cymbale. Enfin, une Trompette et un Basson/Hautbois remplacent ici le Hautbois et le Cromorne dissociés d'Ostawld. Ces différences sont bien le fait d'Edmond-Alexandre Roethinger en 1948-1950, car le Récit d'Ostwald (contrairement au Grand-orgue, achevé 8 à 10 ans plus tard) date bien de 1948.
• à la Pédale, on trouve ici une Gambe de 16', mais pas de Trompette ni de Clairon (ce ne sont d'ailleurs que des Extensions de la Bombarde à Ostwald).
  

Transmission : électrique (Console indépendante tournée vers l'orgue). Sommiers à cônes.
Il y a un Trémolo agissant sur tout l'orgue, une pédale de Crescendo, ainsi qu'un Appel du Tutti. On rapporte que l'orgue contient 1643 tuyaux (à une certaine époque, le public était très friand de ce genre d'information).

Sources :

• P. MEYER-SIAT, "Stiehr-Mockers", AEA XX (1972-73)
• M. BARTH, "Elsass, 'Das Land der Orgeln' im 19. Jahrhundert", AEA XV (1965-66)