Au cœur de la vallée de la Lauch, juchée sur une colline ("Buhele"), se trouve l'église St-Jean-Baptiste de Buhl. Son clocher octogonal fait penser à la tour de croisée de Guebwiller, St-Léger. Ce remarquable édifice néo-roman, construit entre 1868 et 1899 par les architectes Langenstein, Hartmann et Kreyer (à l'emplacement d'un sanctuaire bien plus ancien), constitue un écrin idéal pour un orgue romantique. C'est le cas : l'instrument est un témoin presque unique de la facture romantique allemande telle qu'elle était pratiquée en Alsace entre 1870 et 1914. Si, presque partout ailleurs, ces instruments ont été fortement modifiés, Buhl a su conserver un orgue particulièrement authentique. Son auteur, Heinrich Koulen, forma Edmond-Alexandre Roethinger. C'est ainsi que son art se transmit à tous les acteurs marquants constituant l'école alsacienne de facture d'orgues du 20ème siècle, dont il est, d'une certaine façon, le père fondateur.
Historique
La présence d'un orgue à Buhl-Guebwiller est attestée par la présence d'un souffleur avant 1790. [IHOA] [Barth] [PMSCALL]
Ce positif fut réparé et complété en 1827 par Joseph Callinet. Grâce à son devis autographe daté du 06/03/1827, on connaît la composition avant et après son intervention : [PMSCALL]
Les travaux de Callinet furent reçus (de façon élogieuse) le 04/08/1827 par Carl Kientzl (de Guebwiller, où il était Directeur de la Musique) assisté de Valentin Callias, en présence du maire Ehkirch. [PMSCALL]
Historique
En 1892, Buhl se dota d'un instrument très novateur, puisque fourni par Heinrich Koulen, dont sera issue toute l'école de facture d'orgues alsacienne du 20ème siècle. L'inauguration eut lieu le 27/10/1892. [IHOA] [ITOA] [Barth]
Koulen avait appris le métier chez Joseph Merklin, et s'était installé à Strasbourg en 1871. Avant Buhl, il avait construit en Alsace presque 30 orgues, en passant à la transmission pneumatique en 1885. Il en fut donc l'un des pionniers.
Les systèmes de transmission étaient au centre des préoccupations de l'époque. Evidemment, il y avait des tâtonnements. Élève de Merklin, Koulen aurait probablement préféré la traction électrique. En 1887, il acheta la licence Schmoele-Mols (électro-pneumatique - Merklin en avait acquis la licence exclusive pour la France en 1884). Mais la faiblesse des électro-aimants et l'indisponibilité de "secteur" (donc la nécessité d'utiliser et de charger des accumulateurs) rendait cette technique difficile à mettre en pratique. Les systèmes pneumatiques, eux, nécessitent des réglages fins (que bien peu de facteurs maîtrisaient), et, encore à leur balbutiements, ils étaient fragiles et difficiles à entretenir. Cela finit par causer beaucoup de tort à Koulen : beaucoup se souviennent aujourd'hui des défauts de ses transmissions, mais bien peu de ses qualités d'harmoniste.
Ce devait être un instrument magnifique ! Romantique jusqu'au bout de sa Voix céleste, il est bien sûr inspiré par les grands Walcker. Un orgue pour jouer Mendelssohn, Rheinberger, Reger... mais dans une forme plus "européenne" en raison de l'influence de Merklin. Disons donc pour Liszt, aussi. Pour cet orgue, on avait mis les moyens, et osé prendre des risques. L'examen du buffet est toujours révélateur : témoin de l'élan créateur local à l'époque de la construction, il démontre une vive dynamique au cours de sa conception. La boiserie est somptueuse (voir ci-dessous). Sur le plan musical, pour juger de l'accueil, il faut faire confiance au public et aux autorités de la fin du 19ème siècle, qui confièrent à Koulen les marchés les plus prestigieux (conservatoire de Strasbourg, 1890, trois ans de développement pour les équipes de Koulen !) - même si un peu plus de prudence eut été de mise sur le plan technique.
En 1893 (lors de l'inventaire), l'orgue était "neuf et déjà défectueux". [IHOA] [Barth]
Dans les années 1960 à 2000, on se plaisait souvent à répéter que la transmission pneumatique est fragile (certains continuent encore aujourd'hui, par intérêt, habitude, ou ignorance). Curieusement, on se plaisait à répéter cela, sans jamais chercher à en identifier les causes : on n'avait pas envie de trouver une solution, on avait juste envie de tout refaire en mécanique... Et pourtant, cela n'a rien de compliqué. Cette transmission était bien conçue dès l'origine : ce qui était délicat (et ce l'est toujours quand on "implémente" une nouvelle technologie pour la première fois), c'était le choix des matériaux : comment savoir comment ils vont se comporter dans la durée ? Les "tubulures" (tubes en plomb) qui sont utilisées pour relier les touches au relais et les relais aux sommiers sont très fines. Elle ne sont pas conçues pour faire passer un grand débit d'air : il s'agit d'un organe de commande. Et s'il l'on veut que cette commande soit réactive, il ne faut pas adopter un diamètre trop important, car le volume d'air est générateur d'inertie (retards).
On pouvait penser que la résistance à l'humidité n'est pas un facteur déterminant. On se trompait. En effet, l'air sous pression confiné dans les tubulures passe vite à la température ambiante, puis se refroidit encore d'avantage lors des dépressions (quand on appuie sur la touche). Chaque tubulure est donc un mini-climatiseur. Du coup, si l'air était humide, de la condensation se forme (exactement comme un climatiseur produit de l'eau), parce que l'air froid ne peut absorber autant de vapeur d'eau que l'air chaud. La couche interne de la tubulure, si elle est sensible à l'humidité, s'oxyde, gonfle, et elle va se boucher rapidement, car, on l'a vu, elle est très fine. Quand elle se bouche, la note reste muette ; si elle se rompt, il y a cornement (la note parle en continu). Un des secrets d'une pneumatique durable est le choix, pour les tubulures, d'un métal résistant à la corrosion due à l'humidité.
Or, des tubulures, il y en a une grande longueur... Une rapide estimation donne : 56 notes et 11 jeux = 67 tubulures, disons de 7m, pour le grand-orgue (469m) ; idem pour le récit ; 27 notes et 5 jeux pour la pédale, disons avec 9m de longueur moyenne, soit encore 288m. On arrive déjà à environ 1,2 km en tout !
Il y eut une grosse réparation en 1905. [IHOA]
En 1912, de nouveaux problèmes étaient signalés. [IHOA]
En 1923, l'orgue fut réparé par Alfred Berger. [ITOA]
Au cours de cette dernière intervention, mais aussi en 1931, Berger arrangea les problèmes de jeunesse de l'orgue Koulen, en y apportant les modifications rendues possibles par l'expérience de 40 ans d'usage de la transmission pneumatique. L'orgue avait alors 27 jeux. [IHOA] [Barth]
Ce sont probablement les tubulures (au moins en partie), qu'il changea, ainsi que des éléments de la console (et peut-être même la console en entier). [Visite]
Suivirent des années de bons et loyaux services. Buhl devint le siège d'une vie musicale intense qui a laissé de bons souvenirs, en particulier à l'époque des "Petits Chantres". Organisé par l'abbé Emile Wohlschlegel, et le directeur d'école Schreiber, un rassemblement de Petits Chantres eut lieu à Buhl en 1939.
Malheureusement, lors de la pose du ventilateur électrique, celui-ci a été placé dans une pièce attenante à la tribune, dont on peut imaginer l'humidité en hiver. La condensation dans les tubulures n'en a été que plus forte... Koulen avait quitté l'Alsace depuis bien longtemps, et les historiens de l'Orgue alsacien, si prompts à critiquer sans réfléchir tout ce qui a été proposé par les années 1870-1914, ont à nouveau commis une grave "erreur judiciaire" en imputant tous les torts à Koulen. Le problème a été corrigé en 1979 (prise d'air à travers le mur), mais sûrement trop tard : le mal était déjà fait, et les problèmes sont à nouveau apparus plus tard.
En 1979, Christian Guerrier fit un relevage. En 1986, lors de l'inventaire des orgues d'Alsace, l'orgue était noté "en très bon état". [ITOA] [IHOA]
Au cours de cette opération, l'instrument a été nettoyé en profondeur, les membranes ont été remplacées et une prise d'air à la tribune a été aménagée pour le ventilateur. [Devis Guerrier78]
Mais, à l'intérieur des tubulures, l'oxydation poursuivait son œuvre. L'orgue resta muet de 2003 à 2014, soit presque douze ans de silence. Une situation fort périlleuse pour un instrument de musique : seulement un nombre limité de personnes sont alors capables d'en reconnaître la valeur, et en faire la promotion devient une tâche très difficile.
Or, cet instrument, propriété de la commune, est un témoin précieux, presque unique, de la facture de celui qui reste fondateur de l'école d'organiers alsaciens de tout le 20ème siècle. En 1914, à Erstein, Edmond Alexandre Roethinger, élève de Koulen, devint le porte-drapeau de la Réforme Alsacienne de l'orgue. Chez Roethinger ont ensuite été formés tous les fondateurs des grandes maisons alsaciennes de facture d'orgue du 20 ème siècle (Georges Schwenkedel, Ernest Muhleisen, Jean-Georges Koenig, Alfred Kern). L'héritage "intangible" de Koulen est donc toujours bien vivant.
Mais il ne reste plus beaucoup d'orgues que l'on puisse lui attribuer. Beaucoup furent victimes de la vague "néo-baroque" et du dénigrement systématique des transmissions pneumatiques, accusées de tous les maux, juste parce que plus grand monde ne savait les entretenir correctement. Le patrimoine constitué par les orgues pneumatiques a terriblement souffert entre les années 1960 et 2010.
On peut voir des orgues Koulen à Melsheim (un petit bijou de 1879, mais de 11 jeux seulement), à Andlau (1880, 27 jeux, mais un vrai crève-cœur pour tout amateur d'orgue, cette merveille - quasi-invisible - étant supplantée par une horreur électronique), à Matzenheim, collège St-Joseph (1881, 20 jeux), Erstein, église protestante (1883, 12 jeux), Ingenheim, église protestante St-Ulrich (1888, 14 jeux). A Bosselshausen (1893, 11 jeux) se trouve le seul autre orgue Koulen qui soit resté pneumatique, mais il fut malheureusement complètement défiguré en 1959 (il serait toutefois question de le restaurer).
L'orgue Koulen de Lampertheim (1888, 12 jeux) a vu sa partie instrumentale classée Monument Historique le 15/09/2003, et a bénéficié d'un superbe relevage complet en 2009. Ce fut une révélation, et surtout une réhabilitation pour Koulen en Alsace. La plupart des orgues Koulen survivants en Alsace sont bien plus petits que l'orgue de Buhl, et un seul autre (Bosselshausen) est doté d'une transmission pneumatique d'origine. L'orgue de Buhl est donc un témoin irremplaçable. On trouvera un inventaire plus complet des travaux de Heinrich Koulen en Alsace sur la page qui lui est consacrée.
En 2006, Éric Schweinberg a pris ses fonctions comme organiste. Quelques années avant, il avait encore pu évaluer le potentiel de l'instrument (malgré les notes muettes). Puis une chorale se reforma. En véritables musiciens, et soutenus par d'autres personnes de culture, ils ne pouvaient se contenter d'une chose électronique (pour faire de la vraie musique, il faut un vrai instrument de musique). Un moment crucial fut une expertise demandée à l'expert diocésain Jean-Marc Jacquot en 2007. Dès 2008, la municipalité de Buhl s'est montrée fort promouvante pour le projet, et se mit à fournir un support sans faille, démontrant par là son attachement à cet élément marquant de son patrimoine. En 2012, un rapport de Jean-Christophe Tosi donna encore un avis concordant, confirmant la valeur de l'instrument.
L'instrument est revenu participer "pour le symbole" (avec ses moyens limités mais avec sa sonorité ample et profonde) à l'office du Jeudi Saint 2010, puis s'est tu en attendant sa Pâque musicale. [ESchweinberg]
La Commission nationale s'étant prononcée "pour" en décembre 2011 (avec enthousiasme), l'orgue a été intégralement classé Monument Historique le 17 juillet 2012. Ce classement valida donc complètement la position courageuse des initiateurs du projet et de la municipalité.
En 2013, la rédaction du cahier de charges a été confiée à Christian Lutz : le scénario retenu était un relevage en profondeur. [ESchweinberg]
L'orgue Koulen a été relevé, de façon exemplaire, par Hubert Brayé en 2015. [ESchweinberg]
L'instrument a été démonté en 2014 par l'équipe de Mortzwiller. Le buffet a été traité, re-vernis, les sculptures décrochées ont été replacées. La configuration sonore a été restituée (les jeux d'anches "mélangés" à un moment ont retrouvé leur place), et la console légèrement avancée. C'est la console qui a fait l'objet des travaux de relevage les plus poussés : elle recelait l'essentiel des causes de dysfonctionnements de l'orgue jusque là, avec en particulier une oxydation des tubulures en plomb par l'intérieur.
L'inauguration a eu lieu le 17 et le 18/10/2015, avec un récital de Thierry Mechler (Köln, Musikhochschule, et Thierenbach) proposant des pages de Reger, Rheinberger, Herbert Howells et Sigfrid Karg-Elert. Le dimanche, l'orgue a été béni au cours d'un office festif, par le chanoine Greissler, avec Éric Schweinberg aux claviers, accompagnant les chorales de la communauté de paroisses (dirigées par Georges Gully), avec la participation de la chorale africaine de Colmar.
Au cours des cérémonies d'inauguration, il a été rappelé que ce succès trouve son origine dans une prise de conscience, en 2007, de la valeur historique de l'instrument, qui était jusque là méconnu.
Le buffet
Le magnifique buffet néo-roman, idéalement adapté à l'édifice, est très voisin de celui de Flexbourg (Boehm, 1894). Trois tourelles prismatiques (demi-hexagones) sont séparées par des plates-faces doubles (rappelant les baies néo-romanes gemellées de l'édifice). Les couronnements des tourelles sont constitués de coupoles et ceux des plates-faces de frontons, le tout complété de six pinacles et de deux anges aux ailes déployées. L'un d'eux tient un parchemin, tandis que l'autre joue du Luth. Piliers tournés, galeries ajourées sous les plates-faces, culots ornés sous les tourelles : rien ne manque du vocabulaire néo-roman de l'époque ! Positif de dos postiche à deux tourelles plates (frontons) encadrant une plate-face double. La tribune est du même style. L'ornement supérieur du positif, entre les deux tourelles, a retrouvé sa place.
Caractéristiques instrumentales
C | c'' |
2'2/3 | 4' |
2' | 2'2/3 |
1'1/3 | 2' |
Console indépendante face à la nef, fermée par un couvercle basculant. Cette console est probablement de Berger, comme en témoigne son absence d'ornementation. Tirage des jeux et commande des accouplements par dominos placés en rangée au-dessus du récit. Dominos du grand-orgue à porcelaine blanches ; elles sont roses pour le récit et bleues pour la pédale. Comme souvent, le code de couleur est appliqué pour les accouplements : la porcelaine "Pedal koppel II" est donc rose en haut et bleue en bas. Claviers blancs. Commande de l'expression du récit par pédale à bascule. Combinaison libre programmée par picots au-dessus des dominos. Appels et retrait des combinaisons, de la pédale piano automatique et de l'annulateur d'anches par poussoirs situés sous le premier clavier. Les annulateurs sont noirs : de gauche à droite : "P/I", son annulateur, puis les combinaisons, "P.", "MF.", "F.", "T.", "Fr. Comb.", leur annulateur, la pédale piano automatique "Einschaldung auf Pedal", son annulateur, l'annulateur d'anches "Zungen ab", et son annulateur. La plaque d'adresse, déposée, n'a toujours pas retrouvé sa place.
Sommiers à membranes, chromatiques. Koulen construisait ses sommiers mécaniques à cônes ("Kegelladen"), et ses propres pneumatiques à membranes "Taschenladen" (pour lesquels il intenta un procès à Weigle). Le récit est à gauche, le grand-orgue à droite (pas de plafond, mais l'équipement est prévu pour des panneaux arrière, probablement placés par Berger et actuellement déposés). La pédale est placée à l'arrière du buffet (en mitre).
un réservoir à plis parallèle est placé dans le soubassement. Le moteur et le ventilateur (1931 ?) sont logés dans une petite salle attenante à la tribune, du côté droit. La prise d'air en traverse le mur. L'alimentation en vent est particulièrement alambiquée (nombreux coudes). Le soufflage manuel se fait par une grande roue en fer forgé, située à droite du buffet.
Diapason : La 335 Hz. La tuyauterie est bien étoffée, en excellent état, et de facture typiquement romantique : entailles de timbre, bourdons à calottes mobiles, gambes très étroites, flûtes à bouches arquées, biseaux à dents.
A une date inconnue, la Trompette du grand-orgue et la Clarinette du récit avaient été échangées. Les tuyaux n'étaient du coup pas du tout adaptés à leur râteliers. Tout est rentré dans l'ordre lors du relevage de 2014-2015.
A l'écoute de l'orgue relevé, il est évident qu'à la valeur historique s'ajoute une valeur musicale exceptionnelle. La transmission pneumatique donne (évidemment) toute satisfaction, prouvant une fois de plus, si cela est encore nécessaire, la maturité et l'intérêt de cette technique. Bien réglée et bien entretenue, elle est au moins aussi satisfaisante qu'une transmission mécanique, tout en permettant plus de souplesse dans la disposition des éléments de l'orgue. Ainsi qu'une palette d'harmonisation plus étendue que le sommier "à gravures". Les travaux menés à Mortzwiller sur cette transmission, mais aussi sur le rendu musical sont exemplaires. Ils ont été menés avec grand soin et grand respect pour cet héritage spécifique de l'orgue alsacien. Une pièce unique de notre patrimoine technique et artistique a été ramenée à la vie.
Avec le récent relevage de l'orgue Rinckenbach (1906) de Murbach (mené par Hubert Brayé aussi), les projets pour ceux de Lautenbach et Guebwiller, la vallée devient un paradis des orgues ! Rappelons que l'on trouve aussi, non loin de là, le Stiehr "tardif" d'Orschwihr (classé), et que l'on peut goûter aux charmes du post-romantisme à Sengern. Il reste maintenant à attirer l'attention sur le sort du malheureux orgue de Rimbach-près-Guebwiller (un Schwenkedel de la plus belle époque du post-romantisme (1931), d'un style unique, authentique, qui tombe littéralement en ruine faute d'entretien) et sur celui du Rinckenbach de Schweighouse-Lautenbach, "cannibalisé" en 1978.
Le relevage de l'orgue de Buhl lui confère une place parmi les instruments majeurs de la région. En synergie avec l'aura du retable, il dispose de tous les atouts lui permettant de contribuer au tissu culturel régional. A visiter et à venir écouter et jouer, absolument.
Le retable
L'ange jouant du luth contemple un autre trésor qu'abrite l'église de Buhl. Il s'agit d'un extraordinaire retable du 15ème siècle, placé dans le choeur. Il y a été installé peu après la Révolution, et venait donc certainement d'une institution régulière religieuse dissoute. Ce retable, de 10 "registres", figure une crucifixion, et, lorsqu'il est fermé, une vie de la Vierge (avec un "hortus conclusus"). Il y a aussi une scène de Jugement dernier. Au pied du calvaire, à droite, on reconnaît Sainte Ursule (tenant la flèche lancée par un des sbires d'Attila...), et, de l'autre côté, des morceaux de roue brisée (avec l'épée et le livre) ne laissent aucun doute sur le fait qu'il s'agit de Sainte Catherine (d'Alexandrie). A côté d'elle, une (petite) religieuse porte l'habit bénédictin. Il est donc probable que le retable provienne des Dominicaines (Catherinettes) de Colmar. Le nom de l'auteur n'est pas connu, mais son style est fort voisin de celui du génial Martin Schongauer (1450-1491, auteur de la "Vierge au buisson de roses" des Dominicains de Colmar).
L'ange de l'orgue contemple le retable depuis 120 ans, avec deux interruptions : l'une entre 1940 et 1946 (quand le retable de Buhl avait été mis à l'abri à Périgueux ; son chemin de retour est passé par le Mont Ste-Odile et le château des Rohan), l'autre de 1966 à 1971 (quand il a été restauré à Paris, puis exposé à Unterlinden). [RetableBuhl]
Webographie :
Activités culturelles :
Sources et bibliographie :
Documentation.
Remerciements à Éric Schweinberg.
Devis de la maison Guerrier, du 13/11/1978.
Article de Christian Lutz sur Koulen
Le service d'animation du patrimoine de la région de Guebwiller a édité un document de présentation des retables du Florival, dont bien sûr ceux de Buhl et d'Issenheim.
Localisation :