Cet bel instrument a été construit en 1856 par Joseph STIEHR. Il est encore de structure très "classique français", avec un Positif de dos, mais présente un Composition agrémentée de Jeux préfigurant l'Orgue romantique. Il est issu d'une époque charnière, très intéressante, où le Basson/Hautbois commençait à remplacer le Cromorne, et les Gambes à remplacer les Tierces, mais où les Compositions intégraient encore de belles Mixtures aiguës, à 4 rangs.

Gunstett, l'orgue Joseph Stiehr. Toutes les photos de la page sont de Franck LECHENE, 29/09/2012.

L'instrument actuel remplace selon Pie MEYER-SIAT l'orgue Joseph WALTRIN, 1723, que Ferdinand STIEFFELL aurait amené vers 1789 du Couvent des Bénédictines de Biblisheim. M. BARTH signale (sous "Froeschwiller") que cet orgue fut racheté, en 1854, par le curé de Woerth. Celui-ci voulait l'installer aux côtés de l'orgue MOELLER, 1767 (propriété des Protestants) dans l'ancienne église "mixte" de Froeschwiller. Il n'est pas certain que ce soit bien l'orgue Waltrin qui fut placé là-bas. L'édifice fut entièrement détruit en 1870, mais l'orgue en avait été retiré en 1862 pour aller au Collège Foch de Haguenau.

     La commune de Gunstett voulut un nouvel orgue dès 1850. On vit grand, mais le Préfet eut à freiner l'enthousiasme des habitants de Gunstett pour leur nouveaux projet d'orgue. Accord fut finalement passé avec Stiehr le 13/07/1854.
L'instrument fut reçu le 29/01/1857.

Louis MOCKERS répara l'orgue en 1893.

Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités allemandes en juin 1917.

     En 1936, il y eut une réparation par Adolphe BLANARSCH (celui qui s'attribua l'orgue Stiehr de Matzenheim en y apposant sa plaque quelques années plus tard).
Des dommages de guerre furent réparés en 1946.
Au cours de l'une de ces deux dernières interventions, le Positif avait été rendu expressif. Durant cette opération, la tuyauterie a malheureusement été altérée (entailles, et dents sur les biseaux).

     La Maison ROETHINGER répara l'instrument en 1952.
Le Positif n'est plus expressif.

La Console en fenêtre.

Mécanique : Suspendue. Sommiers à Gravures.
Les Tirants de registres portent des porcelaines, avec le code de couleurs suivant :

• Positif en rouge
• Grand-orgue en noir
• Pédale en vert

On notera l'absence de Tirasse.
Le Diapason d'origine a probablement été conservé, puisque l'actuel est Sib 440 Hz.

L'erreur de date (1832 au lieu de 1857) de MATHIAS est reprise dans l'ouvrage de M. BARTH. Il y a d'autres erreurs dans le devis (24/02/1854), qui a été recopié, à l'évidence par un profane, car on y trouve : un "Ophygleite 18'" à la place de l'Ophicléide, ...en même temps qu'une Bombarde au prix d'un 4 pieds de Pédale. Le Tremblant doux à la Pédale, avec la précision : "18 tuyaux".

(1) La Fugara 4' est étiquetée "Voix céleste 8'" à la Console. Il y a un "Jeu céleste" au devis, qui désigne très probablement le Salicional, comme chez les CALLINET. Une confusion a donc dû être faite entre "Voix céleste" et "Jeu céleste". L'étiquette "Salicional" est donc en trop, et celle pour la Fugara manque.
(2) La Flûte 4' (conique) est étiquetée "Flûte octaviante 4' à la Console."
(3) Composition actuelle de la Mixture (Il y avait 4 rangs à l'origine) :

Sources :

• P. MEYER-SIAT, "Stiehr-Mockers", AEA XX (1972-73)
• M. BARTH, "Elsass, 'Das Land der Orgeln' im 19. Jahrhundert", AEA XV (1965-66)