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Les orgues de la région de Strasbourg
Strasbourg, cathédrale Notre-Dame (Choeur)
1917 degr > Dégâts
L'orgue de chœur de la cathédrale, le 26/05/2006.A gauche, la façade avant (côté chœur), à droite la façade arrière (côté transept nord).L'orgue de chœur de la cathédrale, le 26/05/2006.
A gauche, la façade avant (côté chœur), à droite la façade arrière (côté transept nord).

L'histoire des orgues de chœur de la cathédrale est au moins aussi riche que celle du "grand" orgue en nid d'hirondelle. Et le chœur de la cathédrale, rénové dans les années 2000, restructuré et surtout plus ouvert sur la nef, le met assurément bien en valeur. L'instrument est donc plus proche du public que son grand-frère perché. "Proche" ne veut pas dire "accessible", car, bien sûr, il s'agit là d'instrument de cathédrale... Et un orgue de cathédrale a une place "à part", forcément élitiste. Cela n'est pas prêt de changer.

Reste que cet instrument occupe une place déterminante dans l'histoire de l'orgue alsacien, car a été à l'origine construit par Joseph Merklin. Et son impact a été considérable. Evidemment, comme il s'agit d'un orgue de cathédrale, il n'a pu rester authentique. En matière d'orgues, on sait que l'argent trop facilement disponible a fait beaucoup plus de dégâts que les conflits, les infiltrations d'eau et les insectes xylophages réunis... En contemplant cet austère instrument depuis la nef, froid et rigide jusqu'au au cœur de l'été, qui pourrait imaginer qu'il a déchaîné, au cours de son histoire, tant de passions ? Cette histoire commence par une longue et ennuyeuse liste de vieux instruments, dont on ne sait à peu près rien, mais que l'organologie de la fin du 20ème siècle tenait pour fondamentaux. Il était d'usage de pieusement la recopier, en choississant au hasard l'une des nombreuses orthographes pour les noms des facteurs. On peut tranquillement commencer en 1830 par le projet de Wetzel.

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L'orgue de facteur inconnu (1352)
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Historique

Un premier orgue de chœur est simplement cité par Joseph Gass. (D'après les mémoires de Seblad Bühler ?) L'instrument, dit "des trois rois" aurait été présent à la cathédrale dès 1352 (peut-être achevé seulement en 1354), et il serait resté au moins jusqu'en 1363, et fort probablement jusqu'en 1400. [EncyclpedieAlsace]

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L'orgue de facteur inconnu (1402)
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Historique

En 1399, il y avait un "petit orgue", parce qu'un souffleur reçut un salaire pour l'avoir alimenté pendant un trimestre. C'était peut-être encore celui de 1352. Vogeleis rapporte la construction d'un orgue de chœur neuf entre 1400 et 1402. Cet instrument pourrait avoir été placé par Thierry d'Erfurt (Dietrich von Erfurt) dans la chapelle du Saint-Sépulcre. Pour l'abbé Grandidier, le petit orgue fourni par Thierry d'Erfurt (prébendier du grand-chœur) était destiné à servir les samedis, à la grand-messe de la Sainte Vierge, et il était posé dans la chapelle Ste-Catherine. Il rapporte (en 1782) qu'on le voyait encore "à la fin du siècle dernier" (donc fin 17ème), ce qui est... fort peu probable. [Vogeleis] [Grandidier]

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L'orgue Friedrich Krebs,
1478
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Historique

On sait que Friedrich Krebs (Krebser), d'Ansbach (Mittelfranken), plaça en 1491 l'orgue en nid d'hirondelle de la nef (instrument dont il reste le buffet actuel, d'où les pinces de crabe (Krebs=crabe) qui font partie de son ornementation). Mais ce facteur avait également posé en 1478 un orgue de chœur. Le petit orgue semble avoir disparu à l'établissement de la Réforme à la cathédrale. [EncyclpedieAlsace]

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L'orgue Matthias Tretzscher,
1660
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Historique

En 1660, Matthias Tretzscher. (Troestler, Tretscher, Tretzscher), de Culmbach, construisit pour les Luthériens deux orgues : il reconstruisit l'orgue en nid d'hirondelle, et réalisa également un orgue "de chœur" (en fait, placé sur un jubé). Il acheva son travail le 12/04/1660. Cet instrument avait 3 tourelles et pouvait être fermé par les volets. [EncyclpedieAlsace] [Vogeleis] [Barth]

L'orgue du jubé fut déménagé en 1681 (quand la cathédrale redevint catholique) au Temple Neuf de Strasbourg. [EncyclpedieAlsace] [Vogeleis]

Friedrich Ring le reprit vers 1702 au moment de poser son grand orgue, dont le buffet se trouve aujourd'hui à Ribeauvillé.

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L'orgue de facteur inconnu (1694)
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Historique

Ce n'est donc pas l'orgue de Tretzscher, mais un autre instrument, de provenance inconnue, qui fut réparé en 1694 sur instruction de Sébastien de Brossard. De plus, en Octobre 1681, Louis XIV fut reçu au son de *deux* orgues. Cela laisse supposer que l'instrument déménagé a été remplacé dès son départ, et que l'instrument a probablement été fourni à l'occasion de la visite royale. [EncyclpedieAlsace]

C'est Joseph Waltrin qui reprit cet instrument, en 1712. [EncyclpedieAlsace]

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L'orgue Joseph Waltrin,
1712
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Historique

L'organiste Michel Joseph Rauch, en poste depuis 1710, voulut renouveler l'orgue de chœur, et fit construire par Joseph Waltrin un petit instrument de 8 registres probablement. Il a été reçu le 15/08/1712. Waltrin répara son orgue à plusieurs reprises : en 1716 et 1717 (il manquait des tuyaux). Il semble que le facteur ait été payé... en nature, repartant avec une Régale (petit orgue à anches) dont on connaît l'existence car elle avait été accordée en 1656 par Baldner). D'autres réparations furent nécessaires en 1722 et 1723. [EncyclpedieAlsace] [VWellerOdCC]

En fait, l'orgue était soit très mauvais (le plus probable), soit placé dans des conditions très difficiles. L'entretien passa en 1727 à Georg Friedrich Merckel, et c'est probablement à cette date que l'instrument fut déplacé du jubé vers le chœur proprement dit. Le petit instrument disparut lors de la Révolution. [VWellerOdCC]

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Historique

La période sans orgue de choeur

Entre la Révolution et 1878, il semble ne pas y avoir eu d'orgue de chœur à la cathédrale. Toutefois, vers 1830, un projet vit le jour. On passa commande, auprès de Martin Wetzel, d'un petit instrument, qu'il réalisa en 1832. L'instrument étant conçu pour s'harmoniser avec l'intérieur de l'édifice, on peut voir son buffet comme le plus ancien "néo-gothique" en Alsace. Mais évidemment, ce style ne s'étant défini que des décennies plus tard, l'appellation est totalement usurpée. Ce "look néo-gothique" n'est que le fruit des circonstances. Cet instrument et son buffet n'eurent d'ailleurs aucun impact ultérieur. De toutes façons, l'œuvre Notre-Dame annula sa commande. [VWellerOdCC]

Le malheureux Wetzel, pris au dépourvu, ne parvint à placer son orgue à Walbourg qu'en 1835. Mais à quelque chose malheur est bon : à Walbourg, son orgue fut plutôt bien conservé (et a été joliment restauré en 2004). C'est un témoin essentiel de la facture pré-romantique, qui ne serait probablement plus là s'il avait effectivement été placé à la cathédrale.

Le dessin du projet de Wetzel.
On voit clairement une esquisse, au crayon, en haut à gauche,
qui montre une autre courbure possible pour les sommets des plates-faces.
Le dessin dans les tympans n'a finalement pas été retenu.Le dessin du projet de Wetzel.
On voit clairement une esquisse, au crayon, en haut à gauche,
qui montre une autre courbure possible pour les sommets des plates-faces.
Le dessin dans les tympans n'a finalement pas été retenu.

Joseph Wackenthaler

Ensuite, à la cathédrale, commença l'ère de Joseph Wackenthaler : arrivé à Strasbourg dès 1819, il fut maître de chapelle, puis organiste de 1833 à sa mort. Il s'était pratiquement installé une résidence secondaire dans la salle des soufflets du nid d'hirondelle (on dit qu'il y a 280 marches ; et il y avait au minimum deux offices par jour). Wackenthaler demanda un orgue de chœur, ce qui lui fut refusé. Ce n'est donc pas un argument musical qui fut à l'origine de l'idée d'un orgue de chœur, mais l'argument "logistique" de la prohibitive montée des escaliers vers l'orgue de nef ! Le vicaire général Nicolas Schir suggéra d'installer dans le chœur un harmonium pour y accompagner les chants des messes capitulaires. A la mort de Wackenthaler, en 1869, son épouse prit sa suite jusqu'en 1871, puis ce fut Franz Stockhausen, et, à nouveau on se remit à parler d'un orgue de chœur. [VWellerOdCC]

En 1872, l'architecte Gustave Klotz rendit un rapport au maire, dans le quel il "se pose la question de savoir s'il [le grand-orgue] sera réparé et restitué au point de vue historique et archéologique, ou si on mettra à profit tous les progrès de l'art moderne". En fait, lesdits progrès allaient être employés pour réaliser un orgue de chœur neuf. [VWellerOdCC]

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Historique

L'orgue Joseph Merklin a été livré en 1878. Mais les premiers échanges entre Merklin et la cathédrale datent de 1868. Ce facteur jouissait du prestige lié à la construction de plusieurs instruments en Alsace - un véritable et attendu renouveau - et de la promotion assurée par des organistes prestigieux (et parisiens). Merklin, tout comme Cavaillé-Coll (qui proposa ses services à Mgr Raess le 10/05/1869), avait à l'origine pris contact pour rénover le grand orgue. Et Merklin était recommandé par son cousin, l'abbé Jean-Baptiste Schwach, qui était d'origine strasbourgeoise et avait travaillé avec Joseph Wackenthaler. De plus, Merklin avait obtenu un prestigieux 1er prix à l'Exposition universelle de Paris en 1867. [YMParisAlsace] [IHOA] [ITOA] [Barth] [MerklinJurine] [Cathedrale1935] [VWellerOdCC]

Il y avait donc un projet pour les *deux* orgues de la cathédrale. La mission de l'orgue de chœur était : d'"accompagner tous les chants du chœur et, en outre, à servir au culte spécial de la chapelle Saint-Laurent". Mais ses avantages devenaient de plus en plus évidents. Le 15/02/1872, l'architecte Klotz adressa un rapport au maire Humann. Klotz avait déjà déterminé l'emplacement du nouvel rogue de chœur : à l'intersection du chœur et du transept nord, entre la colonne du milieu et le grand pilier de la nef. L'élaboration de cet orgue de chœur eut une conséquence intéressante : elle occulta le compliqué projet de modernisation du nid d'hirondelle (60 000 Frs). Klotz choisit de le laisser en l'état (ce qui eut pour conséquence de le sauver, ainsi que son buffet), et de transférer 35 000 Frs dans le budget pour l'orgue de chœur neuf. [VWellerOdCC]

Joseph Merklin
(Rheinhausen/Oberhausen 17/02/1819 - Nancy 10/07/1905).Joseph Merklin
(Rheinhausen/Oberhausen 17/02/1819 - Nancy 10/07/1905).

Les devis

Franz Stockhausen recommanda aussi Merklin, probablement fort satisfait du projet pour le Temple Neuf. Les deux orgues de la cathédrale et du Temple-Neuf étaient donc des projets parallèles, même si ce dernier fut achevé en premier (1877). Un premier devis de Merklin pour la cathédrale est daté du 13/05/1872 : III/P 24j31r, avec positif expressif et récit "virtuel". Les "jeux de combinaison", annulables et appelables par pédales, sont suivis d'une * : [VWellerOdCC]

Composition, Devis_1872
Grand-Orgue, 56 n. (C-g''')
Bois
Etain fin d'Angleterre
Toute en bois
Etain
Etain
Etain
Etain
Etain
5 rangs à partir de cis' (2x25+5x31)
Etain ; grosse taille
Etain
Positif expressif, 56 n. (C-g''')
Etain
Bois et étain
Etain
Etain
Etain
Etain
Pédale
Récit expressif, 56 n. (C-g''')
Emprunt du II
Emprunt du II
Emprunt du II
Emprunt du II
Emprunt du II
Emprunt du II
Pédale, 27 n. (C-d')
Bois
Emprunt du I
Emprunt
Etain
I/P
[VWellerOdCC]

Le troisième clavier consistait simplement en 6 jeux empruntés au positif. L'accouplement III/II était dans ce contexte totalement inutile. Evidement, comme le positif était expressif, ce "récit transmis" l'était aussi. Sur les 6 jeux de pédale, 3 étaient des emprunts. L'ensemble, évidemment, était quand même un peu compliqué. Et, de fait c'était un 2-claviers. Le projet ne fut pas retenu.

L'entête du devis de 1872 pour l'orgue de chœur de la cathédrale de Strasbourg.
La maison Merklin est basée à Paris (22, rue Delambre) et Romont, canton de Fribourg (Suisse).L'entête du devis de 1872 pour l'orgue de chœur de la cathédrale de Strasbourg.
La maison Merklin est basée à Paris (22, rue Delambre) et Romont, canton de Fribourg (Suisse).

Il y eut d'autres propositions, et on se souvient en particulier de celle de la maison Voit de Durlach (dès 1871). Les vicaires généraux Stumpf François Xavier Marula, le chanoine Reich et les membres du conseil de fabrique Burguburu, Havard, Loyson et Petiti écrivirent au maire Otto Back, pour s'assurer de sa subvention et le tenir informé de l'avancement du projet. Le maire répondit le 20/07/1874 : "Am besten wäre es, von Merklin ein definitives Prospekt einer Begleitungsorgel anfertigen zu lassen". ("Le mieux serait d'obtenir une offre définitive de Merklin pour un orgue d'accompagnement.") [VWellerOdCC]

Et voilà un démenti supplémentaire et cinglant au vieux cliché caricaturant le "chauvinisme" des nouvelles autorités, que l'organologie alsacienne nous a servi pendant plus de 40 ans. En fait, comme ce sera le cas quelques années plus tard pour l'orgue Merklin d'Obernai, la politique, le "patriotisme" et la "préférence nationale" ont été grotesquement exagérés. Ce qui comptait, c'était la musique et son rôle social. Un fois de plus, on ne peut qu'être surpris de constater l'impartialité et le professionnalisme des décideurs de l'époque, et leur façon de ne prendre en compte que l'intérêt général. Mais aussi par leur compétence. Car pour produire de telles réponses tranchées et "engageantes", soit ils étaient bien renseignés, soit ils connaissaient eux-même un peu le sujet. Ces "politiques" étaient des "hommes de dossiers", ce qui est tout à fait à leur honneur.

Il y eut donc un second devis, daté du 19/10/1874 :

La commande fut passée par l'Œuvre Notre-Dame le 07/02/1875. [VWellerOdCC]

Travaux et harmonisation

Le délai plutôt long (1875-1878), il s'explique par le fait que des travaux étaient en cours dans le chœur. Klotz avait mis à profit le délai pour faire des recherches sur la forme des orgues du XIIème siècle. En 1935, on jugeait qu'elles n'avaient "certainement pas été poussées à fond". Klotz confirma dans son rapport que "[si les travaux] n'ont pas été achevés dans le délai prescrit de deux ans, la faute en revient aux travaux préparatoires pour l'emplacement et non au facteur d'orgues.". [Cathedrale1935] [VWellerOdCC]

L'orgue fut donc construit par la "Manufacture de grandes orgues d'Églises J.MERKLIN Lyon-Paris", comme était sa raison sociale entre 1872 et 1879. Il a été construit dans les ateliers de la rue Vendôme à Lyon. D'ailleurs, dans son article paru dans le journal "L'Alsace" le 19/10/1878, François Schwab présente Merklin comme un éminent facteur "de Lyon". [MerklinJurine] [VWeller] [YMParisAlsace]

C'est Jean-François Vogt, harmoniste chez Merklin, qui fut chargé de l'harmonisation. (C'est aussi lui qui s'occupa de celle de l'orgue d'Obernai en 1881.) L'avancée de son travail sonna le départ de l'organisation les festivités d'inauguration : dans une lettre du 06/08/1878 au vicaire général Marual, Joseph Merklin annonce que l'orgue sera achevé entre le 17 et le 20 août 1878, et que l'on peut planifier la réception et l'inauguration. Il souhaitait qu'elle ait lieu avant que ses employés ne quittent Strasbourg. Une commission se mit en place : il y avait Alexandre Guilmant, Franz Stockhausen (maître de chapelle), l'abbé Marie-Alphonse Schaeffer (futur titulaire, représentant aussi le Chapitre), et, pour le facteur d'orgues, Théophile Stern (Strasbourg, Temple-Neuf) et François Schwab (compositeur). De plus, Max Schattenholtz (professeur au conservatoire) et Friedrich Wilhelm Sering ("directeur de la musique" et professeur à l'Ecole Normale) représentaient la ville de Strasbourg. [MerklinJurine] [VWellerOdCC]

L'orgue de Joseph Merklin a été reçu en deux fois (le 20/08/1878 - cette date diffère selon les sources - et le 17/10/1878). On ne sait finalement pas si Guilmant a été présent physiquement à Strasbourg : c'est peu probable au vu des témoignages ultérieurs, et la presse n'a pas relaté sa présence. On dira même que Guilmant fut l'expert "initial". Le 17/10, l'instrument a été examiné par l'abbé Marie-Alphonse Schaeffer, François Schwab, Max Schrattenholtz, Théophile Stern, Franz Stockhausen et Friedrich-Wilhelm Sering. Bien sûr en présence de Klotz. [VWellerOdCC] [YMParisAlsace] [MerklinJurine] [VWeller]

Il semble que la cause de la double réception se situe dans une soufflerie un peu juste. (Peut-être en raison des tailles généreuses des jeux, le vent avait été un peu sous-dimensionné ?) En effet, en 1937, François-Xavier Mathias rapporte que "La soufflerie n'est suffisante que par un ventilateur électrique". (On comprend donc qu'à son époque, avec le tutti, le vent ne "tient" que par le moteur tournant à fond, le réservoir étant presque vide, mais le poids assurant la pression.) Il ajoute que l'abbé Shaeffer a "sauvé le renom de la maison Merklin, au moment de l'expertise, le 20 août 1878, en ne prenant le grand-jeu que pour une minute au maximum." [YMParisAlsace]

Mais la cause des soucis en alimentation peut se trouver ailleurs : la plaquette de 1935 rapporte que, par rapport au plan initial, il y avait eu une "amélioration" : Merklin avait placé les soufflets au sous-sol. Les porte-vent étaient peut-être trop longs, ou trop coudés. [VWellerOdCC]

L'orgue dans sa configuration de 1878, avec la console latérale.L'orgue dans sa configuration de 1878, avec la console latérale.

Le "Journal d'Alsace" du 18/10 relate la réception avec enthousiasme. Il faut noter que François Schwab, expert choisi par Merklin, y était rédacteur... "La sonorité en est puissante comme celle d'un grand-orgue : tous les jeux sont d'une remarquable égalité, et, véritable triomphe pour un facteur, ils portent chacun le caractère, le cachet sonore auquel ils sont appelés à répondre : pour n'en citer que quelques uns, la gambe, l'undamaris (Voix-Céleste), la trompette, la flûte traversière, tranchent avec un relief extraordinaire tout en participant à la pureté qui est un des grands mérites généraux de l'instrument. Et quant aux jeux de pédales, ils remplissent l'édifice de leurs voix profondes et majestueuses." [VWellerOdCC]

Avec 22 jeux, deux manuels de 56 notes, pédale de 30, sa Machine Barker et les fameuses "pédales de combinaisons" (12 !), c'était vraiment un orgue romantique "parisien". Mais on note les anches de batterie au grand-orgue, et pas au récit. Ce dernier plan sonore hésite d'ailleurs entre un vrai récit expressif et un positif expressif (Clarinette, deux Flûtes 8', pas de Principal, Unda-maris). Il n'y a aucun "artifice" (jeux empruntés ou incomplets). [VWellerOdCC]

Vu le volume à remplir, les "tailles" (ici : dimensions intrinsèques des tuyaux, indépendamment du rapport largeur bouche / diamètre) étaient impressionnantes. L'instrument était donc conçu pour "parler fort". La Soubasse 16', avec ces dimensions, était qualifiée d' "unique". [Rupp]

La composition de la Fourniture a été notée par la maison Roethinger le 29/01/1958. La position de la 3ème reprise est illisible. [VWellerOdCC]

La console était latérale (sur le côté gauche, donc côté nef). Une photo (prise dans les années 1940 avec Paul Blondé aux claviers) permet d'attester qu'elle était "accolée" (et pas en fenêtre), munie de claviers blancs et que les tirants de jeux étaient de section ronde à boutons de porcelaine, placés sur le côté des manuels. La traction, mécanique, se faisait avec une machine Barker (disposant d'un annulateur). Et il y avait, bien-entendu, les appels des "jeux de combinaisons" (identifiés par une étoile dans la composition), destinés à enrichir la dynamique de l'instrument. L'expression était "à cuiller", c'est à dire à deux positions seulement (boîte ouverte ou fermée). L'instrument fut apprécié pour sa puissance et pour sa généreuse Soubasse, un modèle du genre, avec des tailles exceptionnelles. François-Xavier Matthias (bien plus tard) complimenta la qualité des jeux, mais regretta l'inadéquation de la composition au répertoire (!), et la faiblesse de la soufflerie. Dans la réédition de l'ouvrage "Les orgues de la cathédrale de Strasbourg à travers les siècles" (1925), l'article sur l'orgue de chœur s'achève par : "Le jugement des experts a été ratifié par l'opinion publique et l'orgue Merklin est encore regardé de nos jours comme un instrument d'une sonorité remarquable." [VWellerOdCC]

Un orgue qui 'fit date', apprécié et très utilisé

L'instrument était cohérent, parfaitement adapté, bien conçu et très réussi. Et on ne peut s'empêcher de penser qu'il s'agissait là de l'orgue idéal pour sa mission à la cathédrale.

En 1882, l'abbé Charles Fritsch prit la succession de l'abbé Schaeffer comme organiste. Né à Ergersheim en 1854, il avait été formé à l'orgue et au piano dans son village natal. Il effectua ses études de théologie à Tours puis à Rome où il fut maître de chapelle et organiste à St-Louis-des-Français. Il appuya le projet de Merklin pour cette église romaine, prouvant par là qu'il appréciait particulièrement l'orgue Merklin de la cathédrale. [VWellerOdCC]

Albert Schwey, l'un des abbés-organistes de la cathédrale.Albert Schwey, l'un des abbés-organistes de la cathédrale.

L'année 1883 fut marquée par l'arrivée de l'abbé Albert Schwey, qui tint les claviers de l'orgue de chœur pendant deux ans conjointement avec Fritsch, puis seul de 1885 à 1898. Schwey, par son destin et son action, restera un des acteurs les plus attachants du monde de l'orgue alsacien. Il fut emporté par la tuberculose à 41 ans.

Ce n'est qu'en mai 1897 que l'orgue de nef fut rénové par Heinrich Koulen. Il y eut donc à nouveau (et jusqu'en 1908) deux orgues à la cathédrale. Jusque là, de fait, "l'organiste de la cathédrale" c'était le titulaire de l'orgue de chœur.

En 1898, le "boss" de l'orgue alsacien, François-Xavier Mathias, prit ses fonctions come organiste. Il y resta jusqu'en 1908, remplacé par un (tout) autre Mathias, Martin Mathias, beaucoup plus "politique" et qui n'eut pas l'envergure de son homonyme. [VWellerOdCC]

En 1907, Martin Rinckenbach écrivit dans un courrier : "L'orgue de chœur de la cathédrale est un instrument qui compte pour le meilleur orgue d'Alsace". Bel hommage de la part de celui qui restera probablement le plus grand facteur d'orgues alsacien de tous les temps. Et belle preuve de modestie, aussi, sachant que Rinckenbach avait tout de même déjà signé des chef d'œuvres tels que Mulhouse, St-Joseph... Mais peut-être n'incluait-il pas ses propres ouvrages dans la comparaison ? [VWellerOdCC]

Entre 1908 et 1935, à nouveau, l'orgue de chœur devint l'instrument principal de la cathédrale, le seul à être (intensément !) utilisé.

C'est Edmond-Alexandre Roethinger (probablement en tant que "successeur naturel" de Koulen) qui équipa la soufflerie d'un ventilateur Meidinger en 1909. On peut penser qu'il assura par la suite l'entretien de l'orgue. [EncyclpedieAlsace] [VWellerOdCC]

Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités en 1917. Mgr Zorn Von Bulach, alors évêque auxiliaire, essaya en vain d'éviter cette réquisition. [EncyclpedieAlsace] [VWellerOdCC]

Après guerre vinrent les Années Folles. Pour les orgues de la cathédrale, ladite folie prit la forme d'un projet pharaonique, avec des jeux un peu partout : au-dessus de l'entrée de la chapelle St Jean (pour 89 d'entre eux, dont la Montre 32'), dans le buffet médiéval (pour 44 autres jeux), et dans le bas-côté sud, en face de la chaire, pour les jeux Merklin (évidemment dépouillés de leur buffet). L'ensemble devait être commandé à partir d'une console de navire amiral placée dans le chœur. [VWellerOdCC]

Dessin du projet de 1920.
Buffet face à la chaire.Dessin du projet de 1920.
Buffet face à la chaire.

Après le second conflit mondial

On sait que la cathédrale a été endommagée au cours de la seconde guerre mondiale. Et, bien sûr, l'orgue Merklin nécessitait des travaux. Edmond-Alexandre Roethinger proposa d'enrichir la composition. On pourrait craindre le pire, mais en fait (accouplements et accessoires non listés) :

Ils devaient vraiment y tenir, à l'époque, à leur "petit plein jeu", justifiant le sacrifice du Hautbois... Mais à part cela, on ne peut s'empêcher de penser que si on avait laissé faire Roethinger, le résultat aurait plutôt séduisant... Dans ce contexte, même le 4' de pédale, qui deviendra par la suite une marotte fort collante (et nuisible, puisque pour l'obtenir, on a découpé beaucoup de beaux Violoncelles 8'), se justifie parfaitement.

En 1946, Paul Gélis se lança dans une grande restructuration du chœur. Bien que pratiquement authentique à ce moment, l'orgue de chœur fut l'objet d'un projet de déplacement et d'agrandissement. Cette fois, la maison Roethinger rédigea un devis, daté du 23/07/1946, pour une "usine à gaz" néo-classique : III/P40+1j, avec Cromorne, Cornet décomposé et Cymbale au récit, où on trouvait aussi des anches en 16', 8', 4', et, bien sûr, Bourdon 32' à la pédale, qui emprunterait aussi une Bombarde au grand-orgue. On avait peut-être oublié à quoi servait l'instrument. Et, bien sûr, un nouveau "buffet" constitué d'une façade "libre" sur une dalle en béton, placée sur la galerie en dessous du vitrail de la Vierge de Notre-Dame de Strasbourg... Finalement, en 1946, l'orgue fut juste "révisé". En 1948, Roethinger procéda au repeaussage des soufflets de la machine Barker qui avait "énormément souffert des explosions et du souffle provenant des bombardements de la tour Klotz en 1944." Mais en fait, l'orgue n'avait souffert que des conséquences climatiques des dégâts à l'édifice. En aucune façon, il n'a été atteint directement par les bombardements. [VWellerOdCC]

Opération discréditation

En 1957 parut un ouvrage écrit par Victor Beyer, Robert Will et Théodore Rieger, qui expliquait ce que devait être une bonne cathédrale. Evidemment, ils critiquent la position de l'orgue de chœur et militent pour sa disparition : "L'orgue de chœur [...] comporte 22 jeux et 2 claviers. Afin de dégager le transept qu'il défigure, cet orgue sera supprimé, mais on aurait l'intention d'incorporer ses jeux remarquables à un nouvel orgue de chœur comptant 5000 tuyaux au moins, dont l'emplacement n'a pas été fixé".

L'orgue à la fin de l'époque néo-classique

Le bel instrument romantique parvint donc - bien qu'il fut logé dans une cathédrale - à passer sans encombres la période 1930-1956. Mais il était bien menacé par le "renouveau" de l'orgue... Malheureusement, surtout dans une cathédrale, on ne peut pas éternellement mettre en échec les Savonarole. En 1958, le monde de l'orgue considérait déjà que le "néo-classique" - initié dans les années 1925 - était trop tiède, et on s'orientait lentement mais sûrement vers un "néo-baroque" beaucoup plus radical : "18ème über alles". Les transformations, menés par Max Roethinger consistaient officiellement à ajouter des Mixtures (Fourniture et Cymbale au grand-orgue). C'est le Chanoine Raymond Gérédis (alors expert diocésain) qui a composé les pleins-jeux "selon l'esprit de Dom Bedos" (!). [ITOA] [VWeller]

Pour la composition, Félix Raugel s'en était mêlé. Du coup, inutile de s'étendre sur les détails... Les archives du projet se transforment en une épouvantable salade de compositions de Mixtures. On imagine bien les caciques de l'orgue en train de les parcourir avec de grands hochements de tête. Et on imagine aussi que si quelque plaisantin y avait glissé une table de Mendeleïev, celle-ci serait passée inaperçue. La seule chose positive... est que la composition de la Fourniture de Merklin a été notée et publiée !

Et, comme le cor sonnait, Roethinger comprit qu'il était temps de s'assurer une petite marge : il proposa de se servir d'une partie de la Fourniture de Merklin pour constituer le Prestant 4' du récit, et de se servir du reste pour faire le Nazard 2'2/3 et la Tierce 1'3/5.

Le 06/01/1958, la "nouvelle composition" fut approuvée par Michel Chapuis qui chanta (à l'avance) les louanges du Plenum "composé de 12 rangs, digne du plus beau vaisseau d'Alsace". Mgr Hoch approuva. Mais il fallait livrer pour Pâques (!), et on imagine la panique chez Roethinger, vu que dans ces cas là, on joue sa boutique. Ce sont les ateliers Roethinger de Poitiers qui furent chargés des travaux. Le 10/02/1958 on se hâta de commander des nouveaux (petits) tuyaux pour la nouvelle (grande) composition chez Laukuff. [VWellerOdCC]

Mais le pire était ailleurs : pour opérer ces changements "à la mode", il était de bon ton de dénigrer les orgues romantiques : la tuyauterie était "trop fine", les anches avaient tendance "à se plier". Il faut se souvenir des mots acides que Pie Meyer-Siat déverse sur Merklin (au sujet du devis de Wintzenheim, certes, mais dans tous ses articles, on retrouve le même parti-pris), pour lequel, à l'évidence, il n'a aucun respect : "il est sans doute inutile de recopier in extenso les cinq pages de verbiage destiné à "faire l'article" [...] ; le lecteur qui tiendrait à connaître les boniments prétentieux de Merklin, retrouvera ce devis aux archives". C'est ainsi que l'on parlait de ce grand facteur qu'était Joseph Merklin dans les années 70-80... pour faire un génie de n'importe quel bricoleur itinérant qui avait assemblé quelques tuyaux au 18ème. Il en résultat un grand "déficit d'image" pour les orgues romantiques, et toute altération était non seulement adoubée, mais encouragée.

1 856 150 Francs plus tard, voici le résultat :

Composition, 1958
Grand-Orgue, 56 n. (C-g''')
Neuve
Neuve
Neuve
Récit expressif, 56 n. (C-g''')
Neuf
Assemblé à partir de la Founriture de Merklin
Assemblée à partir de la Founriture de Merklin
Neuve
Pédale, 30 n. (C-f')
Emprunt du I
I/P
[VWellerOdCC]

Avec une Sesquialtera et un Principal "italien", tout était prêt pour recevoir les applaudissements des Vrais Initiés. Rappelons tout de même qu'il s'agissait d'un orgue de chœur. Avait-on sérieusement l'intention d'accompagner un Kyriale grégorien avec des pleins-jeux à la française ?

Ben oui.

On peut. Il suffit d'avoir l'Autorité. Notons qu'on "peut" aussi le faire avec une vuvuzella, après tout. Ayons l'esprit ouvert : on est peut être "trop dans notre truc", finalement...

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Historique

Suite aux modifications de 1958, l'orgue "composite" ne devait plus plaire à personne, et on le comprend. Alors, on se concentra sur l'Essentiel (de l'époque) : des claviers noirs. Et des tirants de jeux à étiquettes "alla-Silbermann", surtout pas des porcelaines qui font tellement "époque décadente allemande". C'est dans ce contexte très "formaté" que fut initiée une nouvelle transformation. Un projet finalement plutôt original fut confié à Jean-Georges Koenig en 1976. De fait, cela consista en une reconstruction. [EncyclpedieAlsace] [VWellerOdCC]

Passage à 3 claviers

Il s'agissait pour commencer à passer à trois manuels (noirs), et de disposer la console sur la face avant, pour réaliser une mécanique suspendue, la seule ayant alors droit de cité. Le troisième manuel était conçu comme un clavier "de Résonnance", servant de "réservoir de jeux" pour les autres.

Rien à voir avec le 3ème manuel du premier devis de Merklin. C'était même exactement le contraire. Le clavier "de Résonnance" était la "bonne idée" à la mode à l'époque (voir Strasbourg, St-Pierre-le-Vieux). Malheureusement, vu que le clavier "réservoir" n'était pas expressif, de fait, c'était uniquement un complément au grand-orgue... A moins de le voir comme un récit non expressif et de considérer le clavier expressif comme un positif... Finalement, c'était source de grande confusion. Plutôt que de faire simple (grand-orgue, positif, récit) on avait préféré des élucubrations historisantes. Il s'agit là de problèmes de conception, des vues d'experts, quasi idéologiques.

Des jeux neufs furent posés : le dessus de Cornet et la Trompette de grand-orgue, et le Cromorne du récit. Mais surtout, l'harmonisation fut totalement refaite. Les Mixtures (de 1958) furent évidemment recomposées, les errements des années 50 étant déjà insupportables aux oreilles de 1970. Elles ont été recomposés avec l'aide de Michel Chapuis (en 1976) afin d'aboutir à une progression "plus homogène". Et la machine Barker "sentant le pneumatique" disparut évidemment... La réception eut lieu le 26/04/1976. [ITOA] [EncyclpedieAlsace] [VWellerOdCC]

Composition, 1976
Grand-Orgue, 56 n. (C-g''')
1 à 3 rangs
1 à 2 rangs
1976
1958 ; décalés d'1/2ton pour avoir une marge d'accord.
1958 ; idem
1976
Récit, 56 n. (C-g''')
1976
Résonance, 56 n. (C-g''')
Pédale, 30 n. (C-f')
I/P
[YKonig]

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L'orgue Daniel Kern,
1989 (instrument actuel)
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Historique

En 1989, Daniel Kern procéda à une nouvelle reconstruction. Le rayonnement apporté à la maison Kern par le succès du grand-orgue, réalisé en 1981 (par un Alfred Kern juste avant sa retraite avec un engagement passionné et sans limite) pesa évidemment beaucoup dans la décision. Essentiellement, il fut décidé d'à nouveau réharmoniser l'instrument, et retourner vers "un peu plus de Romantisme" (enfin... ce que cela signifiait à l'époque... i.e. boîte expressive, Voix céleste, suppression du Jeu de Tierce au deuxième clavier). L'architecture à trois claviers fut maintenue, ainsi que la position frontale de la console (une console latérale à 3 claviers n'est pas un problème simple, surtout dans un buffet existant). [IHOA]

Quand on émerge d'une une plongée dans les courriers et rapports de l'époque, on ne peut qu'être attristé par l'ambiance délétère qui sévissait dans le monde de l'orgue. Le conflit, plutôt que la musique, semblait être la norme, et au centre de toutes les préoccupations. Il ne faut pas s'étonner que les claviers soient restés noirs...

En novembre 2018, le facteur Christophe Cailleux (Organotech, Huningue) a fait d'importants travaux à la soufflerie. (Peaux neuves de mouton mégis blanc, et reconfection des bandes de recouvrement). [VWeller] [BulParCath2019]

Quel avenir ?

Aujourd'hui (2020) les travaux de restauration de la coupole vont probablement rendre l'orgue de chœur inutilisable. Après cela, il y aurait un projet pour le transformer. Nous n'avons pas beaucoup d'informations à ce sujet. Un appel d'offres aurait été lancé. On peut douter que le public soit très informé. Après avoir étudié l'histoire de cet orgue depuis 1957, on ne peut que rester dubitatif sur l'issue d'une n-ième "amélioration". Mais il n'est pas totalement interdit d'être optimiste.

Le buffet

Les couronnements, photo de Roland Lopes, 16/09/2013.
Les ornements, sombres, sont peu assez visibles depuis la nef.
Mais plus on s'approche de l'instrument, plus il perd son caractère "austère".
A l'origine, on avait prévu "l'or et les peintures [qui] s'y ajouteront pour le mettre en accord avec le grand orgue de nef".Les couronnements, photo de Roland Lopes, 16/09/2013.
Les ornements, sombres, sont peu assez visibles depuis la nef.
Mais plus on s'approche de l'instrument, plus il perd son caractère "austère".
A l'origine, on avait prévu "l'or et les peintures [qui] s'y ajouteront pour le mettre en accord avec le grand orgue de nef".

Le buffet est en chêne, et a 9m65 de haut. Il à été dessiné par les architectes de la cathédrale : Gustave Klotz et J.Knauth dans un style historisant et exécuté par la maison Klem, de Colmar. [YMParisAlsace]

Ce n'est pas étonnant. D'abord parce que la maison Klem était "leader" en Alsace, à l'époque, dans le mobilier religieux. Elle travailla avec les plus grands, dont Martin Rinckenbach. De plus, Marie Joseph Constantine Rosalie, la fille aîné de Joseph Merklin, avait épousé Alphonse Klem (alors ébéniste et sculpteur installé à Nancy). Bien qu'allié de cette façon à la branche nancéenne de la famille, Merklin travailla beaucoup avec les ateliers de Colmar. Michel Jurine souligne que les buffet des orgues Merklin de Willer-sur-Thur, Ranspach, Le Bonhomme et Obernai sont, en plus de celui de la cathédrale, issus des ateliers Klem. [MerklinJurine] [VWeller]

Du point de vue esthétique, on voulait réagir "contre une tendance moderne en opposition flagrante avec les artistiques traditions du siècle passé", comme le souligne Schwab dans son article, qui ajoute : "M. Klotz a voulu que ce buffet fut, non pas une construction imitant la pierre, une maison en quelque sorte, mais bien un meuble servant de cadre à un instrument". La suite est plus surprenante, car on y apprend qu'il était prévu "plus tard, l'or et les peintures [qui] s'y ajouteront pour le mettre en accord avec le grand orgue de nef." [YMParisAlsace]

Le côté "austère" de l'orgue de chœur de la cathédrale n'était donc pas du tout voulu.
Au contraire, il était prévu rouge et or.
Une fois que l'on sait cela, on ne peut s'empêcher de l'imaginer en "troubadour" !

Sur la base d'une photo de Roland Lopes, l'orgue polychrome.Sur la base d'une photo de Roland Lopes, l'orgue polychrome.

Le buffet dispose de deux façades (l'une du côté chœur, et l'autre du côté nord).

Une facture de la maison Klem de Colmar, datée du 16/11/1878 (donc postérieure à l'inauguration), nous apprend qu'un certain nombre d'ornements et de sculptures ont été ajoutés. Sans doute la commission avait-elle trouvé le buffet trop austère avec ses lignes droites très marquées... Il s'agit de 84 rosaces placées au entrevisements de la charpente du buffet, des panneaux des culs de lampes, de chapiteaux et de galeries. [VWellerOdCC]

Des panneaux de motifs végétaux en entrelacs constituent l'essentiel de l'ornementation, avec de petits bulbes en couronnements. L'inspiration générale est néo-renaissance, avec des formes rectangulaires. Il y a 3 "tourelles" rectangulaires et plates, de même taille, ais la centrale est surmontée d'un élément faisant "Kronwerk". Des "boutons" ornementaux sont placés aux intersections des montants. Trois frises d'entrelacs figurent sur la ceinture du buffet, et le soubassement est un peu plus étroit que les superstructures (ce qui éloigne encore un peu plus l'allure générale des standards du 19ème, et renforce son caractère "historisant".

Caractéristiques instrumentales

Console:
La console, photo d'Alexis Platz, vers 2000.La console, photo d'Alexis Platz, vers 2000.

Console en fenêtre frontale (latérale à l'origine). Il ne semple plus y avoir d'éléments Merklin.

Ordre des pédales-cuillers à accrocher : Rossignol, I/P, II/P, III/P, III/I, II/I. Expression du récit par pédale basculante (pas d'origine), située complètement à gauche.

Les tirants de jeux, photo de Victor Weller, 24/01/2015.Ils font plus "début 19ème" que Merklin ; mais il faut se souvenir que la console n'est pas d'origine.Les tirants de jeux, photo de Victor Weller, 24/01/2015.
Ils font plus "début 19ème" que Merklin ; mais il faut se souvenir que la console n'est pas d'origine.
 
Soubasse
Octavebasse
Bombarde
Tremb.Réci
Gd.Bourdon
Montre
Prestant
Doublette
Fourniture
Cymbale
Trompette
Bourdon
Principal
Salicional
Bd à cheminée
Voix céleste
Prestant
Fl. à chem
Flageolet
Carillon
Basson/Hautbois
 

Fl.Harm.
Fl.d'octave
Trompette
Clairon
Sommiers: à gravures, de Merklin pour le grand-orgue, le positif et la pédale.
Tuyauterie:

Il y a un Rossignol (comme à Rosenwiller, ou Bourtzwiller).

Références Sources et bibliographie :

Carte Localisation :

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Immatriculation de l'orgue actuel : F670482008C10
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