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~ Les orgues de la région d'Illzach ~

Sausheim, St Laurent
Georges Frédéric WALTHER, 2005


Avant... MUHLEISEN Après...

Composition, 2005
Grand-orgue
56 notes
Positif expressif
56 notes
Solo
56 notes
Pédale
30 notes
Montre 16' Bourdon 8' Flûte 16' (Montre 16' G.O.) I/P
Montre 8' Salicional 8' Flûte 8' (Montre 8' G.O.) II/P
Bourdon 8' Prestant 4' Prestant 4' (G.O.) III/P
Prestant 4' Nasard 2'2/3 Doublette 2'  
Flûte 4' Quarte de nasard 2' Ophicléide 16'  
Nasard 2'2/3 Tierce 1'3/5 Trompette 8' (G.O.)  
Doublette 2' Sifflet 1' Clairon 4' (G.O.)  
Cornet 5 rgs (D) Cymbale 3 rgs (2/3')    
Fourniture 4 rgs (2/3') Hautbois 8'    
Cymbale 3 rgs (2/3') III/II    
Trompette 8'      
Clairon 4'      
Voix humaine 8'      
II/I      
III/I      

     Sausheim est à présent l'un des "hauts lieux" de l'orgue alsacien : l'année 2005, marquant l'achèvement d'un des projets les plus fructueux de ces dernières années, a donné la preuve que cette localité peut non seulement produire des projets ambitieux et fédérateurs, mais aussi les mener à terme, avec un résultat qui force l'admiration.
C'est un orgue entièrement neuf qu'a construit la Maison MUHLEISEN pour Sausheim, en y alliant le respect des traditions avec une créativité parfaitement maîtrisée.

Orgue Muhleisen de Sausheim

Sausheim, le 02/10/2005.

     Evidemment, "on n'est pas parti de rien". A Sausheim, on sait ce qu'est un orgue, et ceci parce que cette tradition est déjà plus que séculaire.

Les trois premiers orgues de Sausheim

     On ne sait pas grand chose du premier orgue de Sausheim. Il datait de l'ancien régime, et fut installé dans l'église construite en 1705. Il existait bel et bien en 1788, puisqu'il fut réparé par Christian LANGES. Il s'agissait de réparer les soufflets, et il est donc probable que l'instrument devait déjà avoir une trentaine d'années.

     Le second orgue de Sausheim date de ...1789. Car à l'époque où la France détruisait ses orgues, Sausheim en a fait construire un neuf ! Il fut l'oeuvre du facteur Johachim HENRY, de Thann. Il y eut une réparation en 1840, par Antoine HERBUTE. En 1867, l'orgue Henry n'était plus convenable pour la nouvelle église construite par l'architecte Nicolas RISSLER, et il fallut donc le remplacer. On préféra faire le choix d'un orgue d'occasion, car justement une bonne occasion se présentait.

     En effet, "l'église protestante française" de Mulhouse, St-Jean avait été construite dans les années 1830 et munie d'un orgue par George Wegmann en 1835.

Composition, Wegmann 1835
Manuel
54 notes
Pédale
18 notes
Bourdon 16' Soubasse 16'
Montre 8' Flûte 8'
Bourdon 8' Flûte 4'
Prestant 4'  
Flûte à cheminée 4'  
Doublette 2'  
Larigot 1'1/3  
Fourniture 3 rgs  
Trompette 8' (B+D)  
Tremblant  
Réparé en 1848 par Bernhard Merklin, cet instrument était probablement devenu "insuffisant" après l'agrandissement de l'édifice, en 1856. Lorsque fut acquis par l'église réformée St-Jean l'orgue Jean-André SILBERMANN (ou ce qu'il en restait) de l'ancienne église paroissiale (démolie en 1860), Jacques RIEBER décida que c'était ce qu'il fallait pour Sausheim, et la vente eut lieu en 1867.

L'instrument fut réparé à trois reprises par la Maison BERGER (1902, 1928 et 1939). Voici sa Composition juste avant sa destruction :

Composition, Wegmann 1943
Manuel
54 notes
Pédale
18 notes
Bourdon 16' Soubasse 16'
Montre 8' Flûte 8'
Bourdon 8' Violoncelle 8'
Salicional 8' Flûte 4'
Prestant 4'  
Flûte 4'  
Doublette 2'  
Fourniture 3 rgs  
Trompette 8'  
...Berhard Merklin avait remplacé le "Laricot" par un Salicional. On ne sait pas quand est apparue la Gambe de Pédale, mais c'est probablement Berger qui fit le travail.

L'orgue SCHWENKEDEL, 1957

Orgue Schwenkedel de Sausheim

Sausheim, le 22/04/2005.

     L'orgue Wegmann fut anéanti dans l'incendie de la nef, qui eut lieu, par faits de guerre, le 27/01/1945. Lors de la reconstruction de l'édifice, on put sauver le clocher, et la nouvelle église fut consacrée en 1955. Le 17/02/1957 fut inauguré l'orgue Schwenkedel (et une plaquette fut d'ailleurs éditée à l'occasion).

On peut comparer cet orgue à sa version "à deux Manuels" de Grussenheim. Le Positif de dos "emporte" une partie du grand Récit (le Jeu de Tierce), et il se trouve muni d'un petit Plein-jeu. Le Grand-orgue, à Sausheim, se retrouva... sans Doublette, et le Cromorne curieusement placé au Grand-orgue, donc avec la Trompette manuelle (dommage pour les dialogues). Il n'y a pas non plus de grand Cornet. Quant au Principal italien, c'est une des grandes "tendances" de l'époque, tout comme les tuyaux en cuivre. La façade est constituée de tuyaux en zinc, en cuivre et en bois (la grande Flûte ouverte de 16 pieds est en vue).

Composition, Schwenkedel 1957
Grand-orgue
56 notes
Positif de dos
56 notes
Récit expressif
56 notes
Pédale
32 notes
Bourdon 16' Flûte à cheminée 8' Principal italien 8' Flûte 16'
Montre 8' Montre 4' Cor de nuit 8' Bourdon 16' (G.O.) (1)
Bourdon 8' Nasard 2'2/3 Salicional 8' Grande quinte 10'2/3 (ext.) (2)
Flûte 8' Quarte de nasard 2' Voix céleste 8' Flûte 8' (ext.)
Prestant 4' Tierce 1'3/5 Flûte 4' Bourdon 8' (G.O.)
Fourniture 4 rgs Cymbale 3 rgs Doublette 2' Basse 4' (ext.)
Trompette 8' III/II Plein-jeu 4 rgs Bombarde 16'
Cromorne 8'   Trompette 8' Trompette 8' (ext.)
II/I   Clairon 4' Clairon 4' (ext.)
III/I     I/P
      II/P
      III/P

Transmission : électrique (Console indépendante placée latéralement devant et à droite de l'orgue). Sommiers à Cônes.
Il y avait deux Combinaisons fixes et 6 Combinaisons libres, une pédale de Crescendo, et les Appels des Mutations, des Mixtures des Anches et du Grand-orgue.

     Les Bourdons 16' et 8' de Pédale sont des Emprunts du Grand-orgue.
La grande quinte, la Flûte 8' et la Flûte 4' (Basse) sont en extension de la Flûte 16',
Trompette et Clairon sont en Extension de la Bombarde.

     En 2002, L'orgue Schwenkedel nécessitait des réparations d'envergure. Dont un démontage/remontage complet et la révision des Sommiers. Et tout à coup germa l'idée de se lancer dans un projet beaucoup plus ambitieux que la simple remise en état de l'instrument de 1957. Il fut décidé de construire un instrument neuf, fait rarissime en ce début de 21 ème siècle.

L'orgue Muhleisen, 2005

Orgue futur

Nous sommes sur la tribune et regardons le côté gauche du choeur, le 22/04/2005.
Sous le regard attentif des tuyaux en cuivre du Positif de dos de Schwenkedel,
était en train de se réaliser l'un des projets marquants de l'orgue alsacien contemporain.

     Les Sausheimois allèrent demander conseil à leur ami Maurice MOERLEN, conseiller technique auprès de l'archevêché et titulaire du grand-orgue de la Cathédrale de Strasbourg. Le projet fut élaboré : un orgue mécanique, de... 8 mètres de haut. Il ne trouverait pas sa place sur la tribune, et il fut donc envisagé de le placer en bas, à gauche du choeur.

De plus, la nef en béton de l'église de Sausheim présente une acoustique toute particulière (ce ne sont pas vraiment des voûtes romanes...) et le mur nord présente la particularité de bien protéger l'orgue des écarts de température. Il fut décidé de munir l'instrument d'une Console latérale, permettant à l'organiste de rester caché, mais de bien voir la chorale.

     En mûrissant, le projet gagna en envergure. De "pari fou", il prit vite la tournure d'un projet fédérateur, de plus en plus construit, qui rencontra une forte adhésion, puis une mobilisation dépassant les espérances. De nombreuses choses devinrent possible : pouvoir munir l'orgue de 3 Claviers, et le fonder sur 16 pieds. (Il faut tout de même se livrer à l'exercice de comparer la Composition à celle de l'ancien orgue...)

     De nombreux points restaient à résoudre : par exemple, comment placer la Soufflerie ? Et surtout, la réalisation d'une Console latérale mécanique de 3 manuels est un vrai défi technique, nécessitant une parfaite maîtrise de la conception à la réalisation.

     C'est la Maison Muhleisen qui fut chargée de la construction de l'instrument. L'achèvement était prévu en 2006, mais la chance souriant décidément aux audacieux, le projet bénéficia de circonstances qui permirent d'en avancer la réalisation.

Orgue Muhleisen de Sausheim

Laudate Dominum in chordis et in organo.

     Le Buffet, évidemment autoporteur, en chêne, est l'héritier direct de la tradition du 18 ème siècle.
Les ornements sont résolument contemporains : ils reprennent les motifs arrondis des vitraux (Soubassement) et le rythme en 1/2,5 du "module" architectural de l'édifice. Les Claires voies sont ornées de musiciens figurés et d'instruments de musique. On trouve sur la Tourelle centrale une harpe, une viole de gambe, et - à tout seigneur tout honneur - un positif médiéval que la Dame à la Licorne n'aurait pas renié. Les autres Tourelles montrent, entre autres, un tambourin (qui, lui aussi, après tout, a eu le honneurs du Psaume...) et un trombone.

La façade est le reflet de la structure interne. Le Clavier expressif se trouve logé dans la partie gauche du soubassement (la partie droite étant bien entendu réservée au développement de la mécanique de la fabuleuse console latérale). Le Grand-orgue est évidemment logé au niveau de la façade. Quant au 3 ème Clavier, il a été décidé d'en faire un "Clavier de "Raisonance" (Solo). L'idée dispose d'une référence de poids dans le monde de l'orgue : St-Maximin de la Sainte-Baume (Jean Esprit ISNARD, 1772-1775).
C'est avant tout une "Pédale manuelle" sur l'étendue d'un clavier complet. On peut l'actionner par Tirasse depuis le pédalier, mais c'est aussi un "Clavier d'Accouplement" qui peut compléter le Grand-orgue (avec son Ophicléide 16'), ou encore un "Clavier de Bombarde" comme le concevait l'orgue classique français.

     Il existe d'autres orgues en Alsace qui s'inspirent de la "Raisonance". Citons Strasbourg, St-Pierre-le-Vieux, Munster, St-Léger, l'orgue du CNFA d'Eschau et, dans une moindre mesure, Bourtzwiller.

     Comme pour faire écho à la tradition classique de cette Composition, le problème de la Soufflerie trouva une solution plutôt novatrice : un Soufflet cunéiforme... vertical situé derrière l'orgue, avec son ventilateur d'alimentation. Il est "lesté" par des ressorts.

     La tuyauterie a bien entendu été réalisée selon la tradition : étain, étoffe, épaisseurs allant en se réduisant vers le haut des tuyaux ; tuyaux de bois en chêne et épicéa. Quatre Sommiers permettent l'étagement de la tuyauterie dans cet imposant Buffet de 8m60 de haut : deux Sommiers diatoniques pour le Grand-orgue et le Solo (coté dièses, côté naturelles), complétés d'un Sommier pour les Basses, disposé en mitre (Basses au centre). L'impressionnante Bombarde ("Ophicléide" selon la tradition alsacienne lorsque l'on parle des orgues dits "de transition") est logée dans la Tourelle centrale. Le Positif expressif, logé dans sa boîte, est muni d'un Sommier chromatique, et abrite tout de même un 8 pieds ouverts, avec le Salicional.

     Quant au résultat sonore, il faut aller sur place !
Avant tout, on ne peut que saluer la décision d'avoir su assumer un choix quant à l'esthétique. Ce n'est pas un orgue "à tout jouer", et c'est heureux, car ces instruments, "à l'aise partout", ne sont finalement jamais heureux nulle part.

L'orgue de Sausheim a été harmonisé par André SCHAERER et Jean-Christophe DEBELY selon un vrai choix esthétique, profondément enraciné dans nos traditions : c'est un orgue post-classique alsacien (on dit aussi "de transition", i.e. plus tout à fait Classique, pas encore Romantique). Il est franchement inspiré des années 1820, cette période de renaissance de la facture d'orgue qui fut si féconde dans l'Est de la France (Michel STIEHR, Martin WETZEL, Jean-Frédéric I VERSCHNEIDER).

L'instrument offre ainsi une solide base "classique française" (du type qu'ont définitivement marqué André et Jean-André SILBERMANN, avec une maîtrise absolue, mais sans jamais, finalement, y avoir ajouté une once d'audace). Les facteurs d'après la Révolution amenèrent des Salicionaux, des Hautbois, et surtout beaucoup de poésie.
Avec son grand Cornet finalement discret, mais niché au coeur de l'harmonie, son Sifflet au Positif, ses Anches magnifiquement "bassonnantes" et son Plein-jeu taillé pour sculpter la polyphonie de Bach, c'est un orgue tout simplement attaché à sa terre natale. L'aboutissement contemporain logique d'une tradition trois fois séculaire.

Un choix extrêmement pertinent, car le Répertoire pour cette esthétique est en train d'être redécouvert, et conduit de surprise en surprise : Sausheim sera le lieu privilégié pour faire revivre cette musique à la fois populaire et recherchée, tellement proche des aspirations du 21 ème siècle encore naissant.

Evidemment, ce n'est pas du tout évident à registrer : sur ces orgues, il faut avoir une idée très claire du résultat à obtenir ! Cela se mérite (en particulier par la connaissance et l'étude du répertoire de la première moitié du 19 ème siècle), et surtout cela porte des fruits souvent inespérés, qui laissent admiratif devant le degré d'évolution culturelle et technique que l'on trouvait, chaque dimanche, dans nos "campagnes". Des campagnes qui auraient pu donner pas mal de leçons aux cités : on ne faisait pas dans l' "universitaire", mais on savait se faire plaisir avec une musique évoluée mais accessible.

     La pertinence de ces choix font du "projet fou" lancé en 2002 à Sausheim non seulement un orgue parfaitement réussi, mais aussi un commencement prometteur : un nouvel endroit où l'engagement et la lucidité ont gagné, où les traditions seront perpétuées et enrichies.
C'était l'orgue qu'il fallait, au bon moment, et au bon endroit. Une bonne nouvelle, aussi, au moment où il en fallait. Une bonne leçon d'Economie, qui rappelle que pour sortir des crises, pour assurer la prospérité, il faut avant tout savoir dépenser, prendre des risques et se dépenser.

On ira donc à Sausheim (même de loin...) pour entendre le résultat. Sans oublier d'emporter les Tierces en Taille. Ceux qui ont entendu le Jeu de Tierce de Sausheim comprendront.

Diapason : La 440 Hz à 16,5 °C.
Mécanique : Suspendue - arvec une barre d'Equerres par clavier, Sommiers à Gravures. Titage des Jeux mécanique.
Il y a des Appels (mécaniques) pour le Grand-jeu du Grand-orgue et les Anches du Solo. Au Grand-orgue, Cornet, Montre 16', Prestant, Fourniture, Cymbale, Trompette, Clairon, ainsi que les 3 anches du Solo peuvent être Appelés/Retirés. Ce sont des appels et renvois mécaniques des Jeux dont on a tourné le Tirant d'un quart de tour. Sur les porcelaines, ces Jeux sont marqués d'un losange.
Il y a un Tremblant doux, agissant sur le Grand-orgue et le Positif.

Webographie :

Sources :
  • Plaquette éditée à l'occaison de l'inauguration.
  • P. MEYER-SIAT, "George Wegmann, Facteur d'orgues", AEA XXXVIII (1975)
  • P. MEYER-SIAT, "Les facteurs d'orgues HENRY", AEA XL (1980-81)
  • P. MEYER-SIAT, "Les orgues d'Antoine HERBUTE", AEA XXXIII (1969)

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Dernière mise à jour : 17/09/2006 11:20:33

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