Ce n'est pas la Révolution qui chassa les Jésuites de France : cela avait été fait dès 1764. Le collège fut transformé en prison, faisant doublement mentir le vieil adage qui prétend que "quand on ouvre une école, on ferme une prison". Le narthex de l'ancienne église (découpée lors des transformations), ancienne chapelle protestante de la prison, est aujourd'hui l'église protestante d'Ensisheim (rue de la 1 ère Armée). Il fallait pendant longtemps passer par la prison pour y prier... Une belle façade du 18ème rappele la splendeur passée du bâtiment.
1743
Historique
C'est en 1743 que les Jésuites d'Ensisheim acquirent un orgue construit par Jean-Baptiste Waltrin. [IHOA] [PMSAEA85]
Jean-Baptise Waltrin (donc, Waltrin-fils) avait eu le marché grâce au prévôt Götzmann, de Landser. [PMSAEA85]
C'est Weinbert Bussy qui déménagea l'orgue à St-Louis de Neuf-Brisach (et le modifia) en 1743. [IHOA] [PMSBUSSY]
Caractéristiques instrumentales
La composition de l'orgue Waltrin a été notée par Jean-André Silbermann :
Le buffet avait été fourni par Ketterer, de Colmar (qui était aussi l'un des fournisseurs de Silbermann).
Les édifices alsaciens disparus ayant abrité un orgue
De nombreux édifices alsaciens, aujourd'hui disparus, ont abrité un ou plusieurs orgues. Bon nombre ont été détruits au cours de la Révolution. Parfois, les bâtiments ont été reconvertis, et ont servi de prison, d'école ou même de théâtre. Outre l'évident intérêt d'évoquer ces lieux dont beaucoup devaient être d'une rare splendeur, ces références sont nécessaires, car les instruments concernés ont souvent été transférés dans des églises paroissiales, et ils ont donc leur place dans l'histoire des orgues d'Alsace.
- Bien sûr, on pense tout d'abord aux célèbres
abbayes comme Lucelle ou Marbach, qui ont rayonné depuis le moyen-âge, parfois sur toute
l'Europe. On pense aussi à la grande Synagopgue du quai Kléber à Strasbourg, qui a abrité un
orgue de légende. Mais il y en eu a de nombreux autres.
- Tout d'abord, il faut bien évoquer les dégâts de la Révolution, si souvent minimisés par
l'Hitoire "enseignée", mais dont le bilan reste assez impressionnant :
- - Les Clarisses d'Alspach à Kaysersberg : de ce couvent, il ne reste qu'une partie de l'église, située aujourd'hui dans la cour de la cartonnerie de Kaysersberg.
- - Les Bénédictines de Biblisheim : le couvent fut entièrement détruit en 1808 pour faire place à une usine.
- - Les Augustins de Colmar.
- - Les Franciscaines (Tiercelines) d'Ensisheim.
- - Les Dominicaines (Engelpforten) de Guebwiller.
- - Les couvent des Franciscains de Haguenau : l'église a été détruite vers 1820, et seule une aile du couvent a étéconservée.
- - couvent des Tiercelines de Haguenau : le couvent a été supprimé, l'église démolie, comme une grande partie des bâtiments. Mais l'orgue des Soeirs grises - dès le début destiné à l'enseignement - a survécu, et c'est aujourd'hui un exceptionnel témoin précieux du mode de vie du 18ème.
- - Hermolsheim de Mutzig : du ce couvent, il reste... la chapelle Notre-Dame de Lorette, qui jouxtait l'église des Franciscains. L'orgue a été acquis par Reitwiller mais rien n'en a été conservé.
- - abbaye de Koenigsbrück de Leutenheim : du couvent Cistercien de Koenigsbrück, il ne reste absolument rien. Il fut détruit à la Révolution de manière si méthodique que cet épisode de l'Histoire alsacienne restait auréolé de mystère (pendant longtemps, on ne savait même plus où elle se situait). Les bâtiments furent vendus en 1795 à un spéculateur de Roppenheim qui les exploita comme carrière, et en vendit à peu de choses près jusqu'à la dernière pierre ! L'église qui a servi l'appétit vénal de ce profiteur devait pourtant être un joyau du 18ème, puisqu'elle avait été (re)construite par le célèbre Peter Thumb... et elle avait abrité un orgue Silbermann, qui disparut dans l'affaire.
- - Abbaye cistercienne de Lucelle
- - couvent de Luppach de Bouxwiller (HR) : du couvent de Luppach, il ne reste que la crypte de l'église.
- - abbaye de Marbach de Obermorschwihr : l'abbaye de Marbach, un des sommets de la culture et de la spiritualité européennes, a été entièrement détruite. Il ne reste que le narthex de l'église (aujourd'hui muni d'un petit toit) et une partie du mur d'enceinte
- - St-Léger des Dames de Masevaux de Masevaux
- - salle de réunion des Jésuites de Molsheim
- - Bénédictins de Munster
- - abbaye de Neubourg de Dauendorf
- - Chanoinesses de Ottmarsheim
- - collégiale St-Léonard de Boersch
- - Jésuites de Sarre-Union
- - Schoenensteinbach de Wittenheim
- - Dominicains de Selestat
- - Augustins de Strasbourg
- - couvent des Dominicaines Ste-Marguerite de Strasbourge couvent des Dominicaines Ste-Marguerite a été démantelé à la Révolution et transformé en hôpital. Il abritait le premier orgue construit par André et Gottfried Silbemann.
- - Franciscains-Récollets de Strasbourg
- - Franciscains de Thann
- - Augustins de Wissembourg
- - ancienne église St-Michel de WissembourgLes orgues alsaciens à avoir été vandalisés sur place pendant la Révolution ne furent finalement pas nombreux (ils ont été protégés de la rage des porteurs de barres à mines par la cupidité de leurs meneurs). Mais celui-ci fit exception. L'épisode fut particulièrement sauvage.
- D'autres édifices ont disparu ou ont été réaffectés :
- - l'église Sts-Fabien-et-Sébastien à Andlau (transformée en école)
- - la chapelle du château Neuenburg à Guebwiller (déruite par un incendie en 1850 et non reconstruite)
- - Les Jésuites d'Ensisheim : bien sûr, ce n'est pas la Révolution qui chassa les Jésuites de France, cela avait été fait dès 1764. Le collège fut transformé en prison, faisant doublement mentir le vieil adage qui prétend que "quand on ouvre une école, on ferme une prison". Le narthex de l'ancienne église (découpée lors des transformations) est devenu la chapelle protestante de la prison d'Ensisheim (rue de la 1 ère Armée), puis son église protestante, une fois isolé de la Centrale. Il fallait pendant longtemps passer par la prison pour y prier... Une belle façade du 18ème rappele la splendeur passée du bâtiment.
- - collège des Jésuites de Haguenau
- - ancienne église de garnison de Huningue
- - institut des aveugles de Illzach
- - maison St-Michel de Issenheim
- - Notre-Dame du Bon Secours de Lauterbourg
- - Bon Pasteur de StrasbourgIl y avait jadis, près de l'Orangerie de Strasbourg, un couvent de la congrégation des Soeurs d’Anger. Il s'appelait le Bon Pasteur. C'était aussi un établissement d'enseignement. Mais les 6 hectares dans l'un des quartier les plus huppés de Strasbourg suscitèrent la convoitise des promoteurs. Le "Bon Pasteur" fut fermé en 1991, rasé, et remplacé par des résidences dotées d'un lac artificiel.
- - maison de retraite St-Joseph de StrasbourgLa maison de retraite était alors située derrière le Conseil de l'Europe, et sa chapelle datait de 1953. En 1994, elle déménagea au 9, de la rue d'Ypres, et ne voulut pas y installer d'orgue (vu que les nouveaux locaux n'avaient pas été conçus pour). Les anciens bâtiments ont été démolis en janvier 1995.
- - St-Louis à la Citadelle de Strasbourg
- - A Eteimbes, l'orgue a été vendu (démonté en 1954) et n'a pas été remplacé.
- - A la synagogue de Haguenau arriva en 1897 l'ancien instrument de la synagogue de la rue Sainte-Hélène à Strasbourg.
- - Les Dominicains de Guebwiller. Le croira-t-on ? Cet institution qu'on pourrait croire ancrée dans son passé, se passe actuellement, malgré ses missions, d'un orgue à tuyaux...
Sources et bibliographie :
- [IHOA] Pie Meyer-Siat : "Inventaire historique des orgues d'Alsace", éditions ARDAM, puis Coprur, 1985 et 2003, p. 57a
- [PMSAEA85] Pie Meyer-Siat : "Les Waltrin facteurs d'orgues", in "Archives de l'Eglise d'Alsace", vol 44., éditions de la société Haguenau, 1985, p. 279-81
- [ArchSilb] Marc Schaefer : "Das Silbermann Archiv", éditions Winterthur, 1994, p.
- [PMSBUSSY] Pie Meyer-Siat : "Les orgues d'Antoine HERBUTE", in "Archives de l'Eglise d'Alsace", vol 40., éditions de la société Haguenau, 1980-81, p. 149-150
Localisation :
