Le projet de Joseph Stiehr et François-Xavier Mockers pour Bischoffsheim a été accepté par le conseil municipal en 1846. Il s'agissait de construire un grand orgue de 37 jeux sur 3 claviers et pédale. Il a été reçu en 1848 (mais porte sa date de construction : 1847). C'est un des rares 3-claviers de la maison Stiehr, et sûrement l'un des orgues les plus intéressants qui ont été construits dans les célèbres ateliers de Seltz. Il remet en cause - on le verra - des idées préconçues sur la production Stiehr-Mockers. Du point de vue historique, il témoigne d'un temps où la facture d'orgues alsacienne recommença à construire des grands instruments.
Historique
Un premier orgue avait été fourni en 1746 par Jean-André Silbermann. [IHOA] [Barth] [Bischoffsheim1992] [PMSAM82]
C'était un petit instrument de 8 jeux (Fourniture 3 rangs et Cymbale 2 rangs), qui fut en 1762 doté (par Silbermann) d'un pédalier lors de son remontage dans la nouvelle église. On ne sait pas si l'orgue a été doté d'une pédale indépendante ou seulement d'un pédalier agissant en tirasse. [Barth] [Bischoffsheim1992]
En 1823, lors de la construction du clocher, l'orgue a été endommagé. [Barth] [Bischoffsheim1992] [PMSAM82]
L'orgue a été repris par la maison Stiehr en 1849, beaucoup moins cher que ce qui avait été initialement espéré. Il s'agissait probablement plus d'un geste commercial que d'un projet ayant pour but d'en récupérer des éléments. [Bischoffsheim1992] [IHOA]
Déjà en 1846, l'instrument était en piteux état, "[les soufflets] en fort mauvais état", le bourdon inutilisable et "[le mécanisme] usé et défectueux". Il fut mis en vente, mais on ne put trouver une "petite localité où il pourrait encore servir". Ne présentant pas beaucoup d'intérêt, il ne trouva pas d'acquéreur, et resta entreposé, jusqu'à son acquisition par la maison Stiehr. [Bischoffsheim1992]
Historique
En 1848, la maison Stiehr-Mockers de Seltz construisit pour Bischoffsheim l'orgue actuel. L'affaire avait été conclue le 15/05/1846. [IHOA] [ITOA] [Barth] [Bischoffsheim1992] [PMSAM82]
C'est Antoine Ringeisen qui assura la réception, le 15/06/1848, avec Joseph Wackenthaler, et Louis Meyer (1807-1869, curé d'Ergersheim, et auteur du "Manuel pratique de l'organiste de la campagne"). [HOIE] [Bischoffsheim1992] [PMSAM82]
L'instrument est doté de nombreuses spécificités. Avant 1850, et loin de son image très "conservatrice", la maison de Seltz savait innover. Surtout, comme ici, en développant la palette des jeux de fonds. La Fugara (G.O., appelée "Fugura" au devis), la Flûte douce en érable et ouverte (écho), la Hohlfloete et le Gemshorn (positif supérieur) sont inspirés de l'esthétique de l'orgue Souabe. De fait, le Gemshorn et la Flûte creuse ne sont pas des jeux courants en France à l'époque, et la maison Stiehr pratique ici une réelle innovation.
Comme souvent - et comme les Callinet -, la maison Stiehr appelle "Ophicléide" la Bombarde de pédale. D'autres dénominations sont spécifiques : "Jeu céleste" (parfois comme ici au pluriel) désigne un Salicional, surtout quand il est en 4'. Les Callinet et Wetzel ont utilisé le même nom. Il est en étoffe et n'est pas ondulant (rien à voir avec une Voix céleste). Le Gemshorn devient souvent "Cor des Alpes" ou "Flûte pointue", mais apparaît ici sous sa dénomination originelle. Il en va de même pour la Hohlflöte 4' (littéralement "Flûte creuse"), mais elle est déjà appelée "Flûte majeure" (en 8') au grand-orgue. Notons qu'il s'agit essentiellement d'une recherche sur les noms des jeux, et pas de jeux originaux.
Le point le plus fondamental (qu'on oublie un peu avec le recul), c'est qu'à Bischoffsheim la facture alsacienne renoua avec la construction de grands instruments. En effet, les dégâts causés par la Révolution au patrimoine physique mais aussi intangible (la compétence des facteurs) ont été fortement minimisés par l'organologie de la fin du 20ème. Sûrement pour accentuer la portée supposée de l'héritage du 18ème. Au début du 19ème, même s'ils ont été extrêmement nombreux, ce sont surtout de petits instruments qui ont été construits. Même à la fin des années 1840, le monde de l'orgue alsacien devait vraiment innover pour concevoir et réaliser un 3-claviers complet.
Un fait est révélateur : le nom des claviers figurant au devis. Le grand-orgue est appelé "manual", celui dans le soubassement (que l'on appelle aujourd'hui "écho") est désigné par "troisième Clavier", alors qu'il est le premier (celui du bas) à la console. Il devait être expressif, mais cette expression ne fut pas réalisée, sûrement en raison de problèmes techniques que les facteurs ne savaient pas résoudre à l'époque. Ringeisen raya la ligne sur le devis, et précisa "empêché par la place et sans valeur". De fait, si un clavier devait être expressif, c'était logiquement plutôt le "positif" supérieur, avec sa composition fort proche d'un récit. C'est d'ailleurs ce qui fut fait par la suite (puis à nouveau supprimé en 1992). [Bischoffsheim1992]
Malheureusement, dans l'article consacré à cet instrument dans le "Stiehr " de Pie Meyer-Sait, les noms "écho" et "positif" sont inversés. C'est le premier clavier qui est appelé positif, et le troisième qui est appelé "écho". [PMSSTIEHR]
Pour clarifier : le "troisième clavier" du devis (écho) est le premier à la console (comme un positif de dos) ; le grand-orgue est au milieu. Le positif supérieur se trouve en haut, en troisième position, donc à la place habituelle d'un récit (dont il a d'ailleurs le rôle, sauf qu'il manque l'accouplement III/II).
Un autre point très intéressant : le devis prévoyait des manuels de 56 notes (le futur standard), mais finalement, sûrement par habitude (ou qu'on avait considéré qu'il s'agissait d'une incongruité), ce sont des claviers et des sommiers de 54 notes qui ont été construits, et ce ne fut même pas relevé sur le PV de réception ! (On peut d'ailleurs se demander quel répertoire exige 56 notes aux claviers et se contente d'un pédalier de 25 notes.) De fait, la maison Stiehr n'a jamais construit de claviers de 56 notes. [Bischoffsheim1992] [PMSAM82]
La composition de ces ensembles de plus de 35 jeux se faisait donc par tâtonnements : sur le devis, le Nasard du grand-orgue avait été oublié (Ringeisen le rajouta au crayon), et l'écho était dépourvu d'anche. In extremis, on remplaça un Flageolet 2' originellement prévu par une Clarinette 8' (sans octave grave). Au positif supérieur, le Salicional, originellement prévu en 4' (d'où son nom de "Jeu céleste") fut finalement réalisé en 8'. De plus, il semble que la Montre du positif supérieur ait été dans un premier temps prévue en 4'. (Elle est bien en 8' sur le devis, mais des changements qui ont été apportés au dessin du buffet semblent indiquer une Montre supérieure en 4'.) [Bischoffsheim1992] [PMSAM82]
L'instrument nécessita une première réparation dès 1868, qui fut menée par Félix Mockers (et son fils Joseph, ainsi qu'Antoine Meyer, qui ont inscrit leur nom sur le "C" du Violoncelle de pédale, en précisant "de Seltz" et avec la date "1868"). Les travaux comportèrent le remplacement du pédalier, des réparations à la mécanique et à la soufflerie, et des retouches d'harmonie. Des tirants de jeux furent aussi déplacés (Fourniture et Trompette à gauche). [Bischoffsheim1992]
L'orgue a été réparé en 1876 par Heinrich Koulen, qui procéda également à des changements de jeux (réalisation d'une Flûte harmonique 4', décalage d'une Flûte 4' en Grosse quinte 5'1/3). [IHOA]
Puis il y eut un nettoyage, en 1891 par Martin Rinckenbach. [IHOA] [ITOA] [HOIE] [Bischoffsheim1992]
Augustin Moessmer participa aux travaux, car il signa dans le buffet du positif, où on peut lire "Hunckler 1891, Adolf Sick, Ammerschweier Ober Elsass, Andreas Berenzung, August Moessmer". A cette époque, il était question de reconstruire l'église, aussi fut-il procédé à un grand "état des lieux" : Friedrich Wilhelm Sering signala que la soufflerie était insuffisante. (Peut-être encore les fameux soufflets cunéiformes superposés, si Koulen ne les avait pas déjà remplacés ? Toujours est-il qu'après 1891, l'orgue était doté d'un réservoir à plis parallèles.) En fait, l'origine du problème ne se trouvait probablement pas dans la soufflerie, mais plutôt dans le chemin du vent. On apprend aussi que l'orgue disposait à ce moment-là d'une tirasse ou d'un accouplement (sans qu'il ne soit sûr que cet accessoire fut présent à l'origine) et qu'il y avait (encore) des soucis de mécanique (I, III et P). [Bischoffsheim1992] [PMSAM82]
Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités en avril 1917. [HOIE] [ITOA] [Bischoffsheim1992]
En 1921 et 1924, la maison Kriess construisit une façade neuve et fit des transformations. Il s'agissait de rendre le positif supérieur expressif (chose qui était prévue à l'origine pour l'écho). Du coup, la façade du positif devint postiche. Il essaya d'ajouter un accouplement positif/grand-orgue (III/II), à l'évidence très souhaitable, mais en pratique difficilement réalisable et utilisable en raison de la conception (ou de l'absence de conception ?) de la mécanique. [IHOA] [ITOA] [HOIE] [Bischoffsheim1992] [PMSAM82]
De fait, l'instrument nécessitait un entretien conséquent : "en 1931, en 1936, en 1947, en 1951, en 1956, tous les curés ont noté la nécessité de réparer l'orgue, et signalé la chose à l'évêché". [PMSAM82]
L'orgue a été réparé et modifié en 1962 par Max Roethinger. La boîte expressive de Kriess fut malheureusement démontée (les jalousies latérales ont été conservées), et le circuit du vent amélioré. En 1986, le tremblant avait disparu, mais il n'est pas sûr qu'il ait été supprimé en 1962. [IHOA] [ITOA] [Bischoffsheim1992]
En 1992, il y eut un relevage d'envergure, mené par Gaston Kern (tuyaux métalliques et anches en bois) et Yves Koenig (sommiers, soufflerie, tuyaux en bois neufs et harmonie). La maîtrise d'œuvre a été assurée par Marc Schaefer et les recherches historiques par Christine Muller. [IHOA] [Bischoffsheim1992]
Le buffet
Le dessin est dû à l'architecte d'arrondissement Antoine Ringeisen. Comme pour celui de Kintzheim (Stiehr, 1846, lui aussi dessiné par Ringeisen, et lui aussi sans positif de dos à l'origine), le modèle semble avoir été celui de la Madeleine à Paris (Cavaillé-Coll, 1846, inauguré par Lefébure-Wély). Mais, par rapport à Kintzehim, l'ornementation a déjà beaucoup évolué : pas de jouées et de rinceaux de style rocaille, mais des grands motifs géométriques : losanges, motifs circulaires en "boucliers". Il faut probablement y voir une influence du style néo-renaissance.
La réalisation du buffet a été confiée au menuisier Herterich (de Nordhouse ?). [Bischoffsheim1992]
Une suggestion du maire de Bischoffsheim, Jean-Georges Clauss, est exposée dans un courrier adressé à Ringeisen le 20/05/1846. Il a une idée : "[...] le buffet du positif qui, placé dans l'hémicycle de la Voûte du plafond sur le grand jeu, devra être disposé de manière que les tuyaux de ce jeu présentassent les rayons d'une demi circonférence". L'idée de tuyaux "rayonnants" paraît saugrenue, au point qu'on a jusqu'à présent cru qu'il s'était mal exprimé. Toutefois, dans un avenant au devis pour l'orgue Callinet de Selestat, Ste-Foy (1842), daté du 31/07/1842, se trouve un dessin de buffet "différent de celui proposé par les Callinet". Il a été retrouvé assez récemment, et il est réellement très surprenant : il montre un orgue inscrit dans un demi disque, avec les tuyaux de façade disposés en éventail (ceux du bas étant donc horizontaux). L'ensemble ressemblait un peu à un rapporteur. Le tout était complété d'un demi-cercle de "claires-voies" figurant des nuages, et devait reposer sur un soubassement. A la lumière de ce fait nouveau, on peut se demander si Jean-Georges Clauss n'avait pas vu ce projet, et donc réellement demandé une plate-face en éventail. [Bischoffsheim1992]
Caractéristiques instrumentales
Do1 | Do2 | Do3 | Do4 | Do5 |
1'1/3 | 2'2/3 | 4' | 5'1/3 | 8' |
1' 2' | 2'2/3 | 4' | 5'1/3 | |
2/3' | 1'1/3 | 2' | 2'2/3 | 4' |
1/2' | 1' | 1'1/3 | 2' | 2'2/3 |
Console en fenêtre frontale. Tirants de jeux de section carrée, à pommeaux tournés noirs, disposés en 2 fois 3 colonnes de part et d'autre des claviers. Les tirants de la pédale occupent les colonnes extérieures, ceux du grand-orgue les colonnes centrales, et le positif (en haut) et l'écho (en bas) les colonnes intérieures. Claviers blancs.
Les étiquettes (1992) sont disposées au-dessus de chaque tirant, le nom des jeux étant précédé du plan sonore ("PEDALE", "POSITIF", "ECHO"), sauf pour le grand-orgue. Il y a un trou rebouché, au bas de la colonne intérieure gauche, correspondant peut-être à l'accouplement III/II qui a été installé pendant un temps, et supprimé depuis.
Mécanique.
Sommiers à gravures, en chêne, d'origine. Grand-orgue diatonique en M. Echo diatonique en M avec ravalements sur les côtés. Positif supérieur diatonique en mitre. Pédale diatonique en mitre.
Positif supérieur : d'arrière (accès) en avant (façade) : Basson/Hautbois, Flageolet, Gemshorn 4', Gambe d'amour 4', Gemshorn 8', Jeu céleste (Salicional) 8', Flûte pointue 4', Hohlflöte, Flûte à cheminée 8', Montre 8'.
Ordre des chapes à la pédale : Clairon, Trompette, Ophicléide, Prestant, Violoncelle, Flûte 8', Bourdon 16', Principal 16'.
Diapason : Sib 440 Hz.
Une fois de plus, la visite sur place reste déterminante, et apporte de belles surprises. Une bonne part de la littérature consacrée à cet instrument (les articles des années 1970-1980) a été écrite dans le but d'étayer la thèse d'un orgue alsacien directement issu de l'orgue classique du 18ème. Elle cherche donc à dénigrer toutes les innovations et évolutions apportées par le 19ème et la première moitié du 20ème. L'orgue de Bischoffsheim y est évalué bien bas, et, surtout, ses spécificités y sont discréditées. Quelque part "on passe à côté" du fondamental.
De fait, l'image d'Epinal d'un orgue Stiehr "solide, fiable, et conservateur" est sérieusement écornée. Elle s'applique sûrement à bon nombre de petits instruments "de campagne", mais pas à ces grands instruments des années 1850, pour lesquels les facteurs de Seltz ont voulu acquérir de nouvelles compétences. "Acquérir" et non "ré-apprendre", car, non, il ne s'agissait pas de refaire comme au 18ème : la volonté d'innovation est ici patente, forte, assumée, enthousiaste. On sent de nombreuses influences européennes : la facture alsacienne s'ouvrait au monde, envisageait des boîtes expressives, pratiquait les fonds "allemands", et avait cessé son "repli sur soi". Ce que sanctionne - de façon désespérante - le commentaire de Pie Meyer-Siat : "Bref, dans l'ensemble, une grosse machine, plus théorique que pratique". Evidemment, aucune innovation n'est possible sans une certaine prise de risque. Il y eut des tâtonnements, des problèmes de conception, et l'instrument nécessita un effort conséquent pour corriger ses défauts de jeunesse.
Ces instruments "de transition" (1820-1860, mais on continua à en produire, en Alsace, jusqu'en 1880 au moins) ne sont certes ni "pratiques" ni ergonomiques. Mais ce sont justement les spécificités et les "tâtonnements" de conception qui en font tout le charme. Les petits détails (nom des claviers, disposition des éléments, nom des jeux, etc...) sont tous révélateurs de réflexions originales et d'une démarche réellement artistique. En fait, on n'a jamais voulu, à Bischoffsheim d'un orgue traditionnel, sans entretien et "sain" (i.e. conforme aux canons du 18ème). L'idée n'était pas de "refaire du Silbermann" (d'ailleurs, en pratique, on a jeté le vieux !), mais un orgue original, populaire et plaisant.
A la fin des années 1840, on a fait ici le choix délibéré de se tourner vers l'avenir et vers le public, en offrant des timbres variés, une grande dynamique, une grande expressivité. Voici donc l'un des premiers "vrais romantiques". Et il est réussi. C'est sûrement l'origine de l'enthousiasme que l'ont ressent à la visite, et celui qu'a connu Louis Ginter, cet organiste étrange qui avait la particularité d'aimer son instrument ! Grâce à ces choix audacieux, osés au milieu du 19ème siècle, l'orgue alsacien a pu par la suite évoluer, pour aboutir, dans les années 1880-1930 à un style réellement spécifique, d'une amleur encore peu évaluée, et dont une bonne part reste à découvrir. La portée historique de l'orgue de Bischoffsheim est aussi riche que son chœur de jeux de fonds.
Louis Ginter
Louis Ginter a effectué un important travail historique, surtout sur les orgues (Stiehr) dont il a été organiste (à une époque où l'histoire de la Facture d'Orgues n'intéressait pas grand monde) :
- Celui de Wingen (Stiehr-Mockers, 1845, II/P26j), de 1904 à 1911,
- celui d'Avolsheim (Joseph Stiehr, 1865, I/P14j) de 1911 à 1922,
- et celui de Bischoffsheim (Stiehr-Mockers, 1848, III/P38j) de 1922 à 1940.
Il fit une étude de l'orgue de Bossendorf en 1930.
Les travaux de Louis Ginter ont été conservés sous la forme d'un manuscrit de 188 pages, qui a servi de source secondaire à François-Xavier Mathias et à P. Meyer-Siat. Il a en effet eu accès à des documents aujourd'hui disparus. Par exemple, il a recopié le devis pour Seltz, qui était en 1930 en la possession de Mme Eigner-Mockers, et qui fut détruit au cours de la seconde guerre mondiale. Ceux de Fort-Louis, de Mertzwiller, Rosheim, Munchhausen, Setif (1879, non réalisé), Wangenbourg-Engenthal, Barembach, Schweighouse-sur-Moder ou Heiligenberg en sont d'autres exemples. Ginter a aussi laissé des notes de visites et des compositions (Mothern, Barr, Krautergersheim), parfois d'orgues disparus aujourd'hui (comme celui, à nouveau, de Seltz).
Ginter a aussi recopié des devis Stiehr correspondant à des projets non réalisés, ainsi qu'une multitude de devis pour des réparations ou de petites transformations.
Dans les années 1930, il a recopié un cahier de 8 pages, appartenant à la famille Mockers, qui donne une liste de devis Stiehr de 1879 à 1894. L'original a été perdu.
Il est aussi l'auteur d'un article, paru dans "Elsassland", 1939, concernant l'histoire de l'orgue Jean-André Silbermann, 1746, qui a précédé l'instrument actuel de Bischoffsheim.
Les travaux de Louis Ginter corrigent le préjugé d'un monde de l'orgue des années 1930 peu respectueux de son héritage historique. Au contraire, il évoque une époque où l'on aimait l'orgue dans sa diversité, aux antipodes de la "pensée unique" qui a sévi à la fin du 20ème siècle. Enfin, Louis Ginter laisse l'image d'un organiste optimiste, enthousiaste, qui, au lieu de passer son temps à critiquer et "regretter", met en valeur et aime son instrument.
Sources et bibliographie :
Remerciements à Marc Schott.
Photos du 10/09/2017.
Remerciements à Francis Armbruster. Cette belle plaquette, fort bien illustrée et documentée, est un modèle du genre. Elle constitue aujourd'hui une source fondamentale pour connaître cet instrument.
p. 356 pour Louis Ginter aussi, et également 595-598 ; le devis a été retrouvé par la suite ; il est fait état d'une extension de la pédale à 30 notes en 1962, ainsi que du remplacement de la Clarinette par un Cromorne, toujours par Roethinger ; l'article évalue l'instrument bien bas (1969), alors que Louis Ginter parlait dans les années 1930 de façon très enthousiaste de cet orgue qu'il connaissait très bien. Les commentaires - partisans - sont écrits dans la perspective de l'orgue classique, et avec un fort référentiel "18ème". Ainsi l'accouplement positif/grand-orgue (III/II, désigné par erreur "III/I" p. 357), est déclaré "parfaitement inutile", ce qui est révélateur. On peut aussi lire que la boîte expressive a été enlevée "à juste titre" : l'auteur ignorait sûrement qu'une expression (certes sur l'écho, pas sur le "positif") était prévue à l'origine. De plus, il y a confusion entre les deux claviers, p. 358, quand le positif supérieur est appelé "écho". Disposer à la fois d'un Salicional et d'une Gambe est qualifié de "doublure" (!). Le problème fondamental de cet article vient du fait qu'il tend à occulter l'aspect novateur de l'orgue de 1848, pour le réduire à une soit-disant tradition "saine" issue du 18ème. L'article donne les tailles de nombreux jeux, relevés par Louis Ginter.
En quelque sorte la suite de l'article sur Bischoffsheim paru dans l'ouvrage sur les Stiehr, le devis ayant été entre temps retrouvé. Cet article souffre également de nombreux commentaires partisans et de remarques infondées : la mécanique "lourde" et l'alimentation "malsaine" sont par exemple attribuées sans preuve aux modifications ultérieures, alors que des défauts importants étaient liés à des problèmes de conception. Les réparations de 1868 sont appelées "nettoyage". L'article comprend une digression sur Sering et Koulen. Cette dernière comprend une liste d'ouvrages, assortie de commentaires carrément haineux.
im67000910 ; le dossier comprend deux photos (dont une de l'inventaire Erfurth) prises avant les travaux de 1992, et montrant la façade de 1924, avec une ligne de bouches horizontale au positif.
Localisation :