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Les orgues de la région de Sierentz
Dietwiller, St-Nicolas
1917 degr > Dégâts
Dietwiller, l'orgue Martin Rinckenbach.
Photo de Charles Krempper (Conseil de fabrique de Dietwiller), 25/10/2015.
Les autres photos de la page sont de Jean-Georges Uhlrich, 08/12/2018.Dietwiller, l'orgue Martin Rinckenbach.
Photo de Charles Krempper (Conseil de fabrique de Dietwiller), 25/10/2015.
Les autres photos de la page sont de Jean-Georges Uhlrich, 08/12/2018.

Il s'agit de l'opus 29 de Martin Rinckenbach. Il a été reçu par Friedrich Wilhelm Sering, qui décidément fut un acteur incontournable de l'école d'orgue alsacienne. A part la façade (et sûrement un décalage de sa Mixture), cet orgue est entièrement authentique. C'est un précieux témoin de la facture symphonique, et de l'âge d'or de l'orgue alsacien.

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L'orgue Andreas Bernauer
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Historique

Il y avait déjà un orgue à Dietwiller sous l'Ancien régime. Il a été installé en 1774 dans l'ancienne église (dont il reste "la Vielle tour" sur la colline). C'était un orgue d'occasion, puisqu'on payait à la fois l'achat, la réparation et le déménagement. On en ignore la provenance. Il a été entretenu entre 1805 et 1814 par Andreas Bernauer. [IHOA] [PMSSUND1982]

Andreas Bernauer était un facteur semi-itinérant, originaire de Todtnau, qui était plutôt actif dans la région à l'époque, puisqu'il a travaillé à Heiteren en 1801, Dessenheim en 1802, Logelheim en 1802, Fessenheim entre 1802 et 1806, à Biltzheim en 1812. Peut-être était-il apparenté à Blasius Bernauer (1740-1818) que l'on retrouve au couvent de Luppach, où il construisit un orgue en 1770 (son buffet est aujourd'hui à Grentzingen). Mais le fils "connu" de Blasius s'appelait Xaver.

En 1842, l'organiste de Dietwiller, Louis Karm, avait une certaine réputation, puisqu'il fut appelé pour procéder à la réception de l'orgue de Steinbrunn-le-Bas. Après août 1842, la charge d'organiste passa au nouvel instituteur, appelé Ancel. [PMSSUND1982] [Barth]

Dietwiller s'est longtemps appelé "Tietwilr", ce qui explique la lettre "T" au blason. En 1881, on fit construire une nouvelle (et splendide) église sur les plans de l'architecte Wilhelm von Tugginer. (Celle de Ballersdorf est aussi de lui. Alexandre Louvat prit sa succession en 1897 lors de l'achèvement de celle de Mitzach, où on trouve également un orgue magnifique.)

Il est clair que dans d'aussi beaux édifices, on avait envie d'installer des orgues exceptionnels. Le vieil instrument allait être totalement inadapté.

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Historique

C'est en 1891 que Martin Rinckenbach posa à Dietwiller son 29ème orgue neuf, de 18 jeux sur 2 claviers et pédale. [LR1907] [IHOA] [ITOA]

Un orgue d'exception

C'est un instrument totalement symphonique - symphonique alsacien, devrait-on dire - malgré son récit sans Hautbois (en fait, sans anche du tout, sans que ce soit un cas unique : voir Kingersheim). Il n'y a encore que 54 notes aux manuels (le standard sera de 56 un peu plus tard, vers 1894), mais la pédale est bien sûr complète, à 27 notes.

Par rapport à l'orgue de Kingersheim (qui lui est contemporain et de même nombre de jeux), il y a une différence notable : à Kingersheim, on a renoncé à la Trompette de pédale, pour pouvoir mettre un jeu supplémentaire au récit : une très originale Wienerfloete. Réciproquement, on peut considérer qu'à Dietwiller, on a renoncé à une Flûte 8' ouverte au récit pour pouvoir s'offrir une Trompette de pédale. C'est donc qu'on y tenait beaucoup...

Pour le reste, la composition s'inspire des canons du style symphonique : le "carré d'or" de fonds de 8' au grand-orgue (Montre, Bourdon, Flûte ouverte - ici harmonique -, Gambe), auquel on ajoute le Bourdon 16' pour assurer les fondamentales, les deux 4' (une principal, une Flûte), la Mixture "de couronnement". Et la Trompette est au grand-orgue, constituant un trait plus germanique : l'orgue symphonique français l'aurait préférée dans la boîte expressive du récit.

Ce récit est doté de trois fonds de 8', plus la Voix céleste. Ici, on a choisi le très emblématique Geigenprincipal (Principal-Violon, mille fois plus symphonique qu'un banal Principal 8'), un Bourdon (à cheminées) et un Salicional - puisqu'on est en Alsace, et qu'il n'y en a pas au grand-orgue. Le récit est complété par l'incontournable Voix céleste, et une Flûte harmonique 4', d'inspiration plus parisienne.

A la pédale, il y a évidemment la Soubasse, la Flûte 8', et l'incontournable Violoncelle (sans quoi ce ne serait pas tout à fait un orgue alsacien...) et la fameuse Trompette, la "petite folie" qu'on voulut bien s'accorder.

On trouve "le modèle juste au-dessus" à Richwiller (II/P 19j), et, sans surprise, le jeu supplémentaire est un Basson/Hautbois pour le récit.

Dietwiller (1891) Dietwiller (1891) Kingersheim (1891) Kingersheim (1891) Richwiller (1898) Richwiller (1898)

On trouvera sur la page dédiée aux compositions des orgues Martin Rinckenbach de 1874 à 1898 plus de détails sur l'art de choisir les jeux tel qu'il était pratiqué à cette époque.

C'est Friedrich Wilhelm Sering, "Musikdirektor in Strassburg" qui procéda à la réception. Il trouva l'orgue "als recht gelungen, als tüchtig und gewissenhaft hergestellt bezeichnet" ("très réussi, réalisé de façon efficace et consciencieuse"). Il est fort probable que Sering ait participé à l'élaboration de l'instrument, en tant que conseiller.

Friedrich Wilhelm Sering (1822 - 1901).Friedrich Wilhelm Sering (1822 - 1901).

Un historique court

Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités le 05/03/1917. [PMSSUND1982]

La façade a été remplacée en 1922, mais on ne sait pas par qui. [PMSSUND1982]

L'entretien fut régulier, et l'orgue est tellement fiable qu'aucune intervention majeure n'a été notée jusqu'en 1982. En 1977, Pie Meyer-Siat nota la composition, qui est l'actuelle, et à coup sûr celle d'origine. [PMSSUND1982] [ITOA]

Il y eut un relevage, mené en 1982 par la maison Steinmetz. [ITOA]

L'historique de cet instrument est donc très court. L'orgue de Dietwiller n'a jamais été modifié, sûrement parce qu'il donnait totale satisfaction, et qu'on était conscient de sa valeur.

Le buffet

Le buffet, de style éclectique (néo-roman, mais avec des éléments néo-gothiques), est constitué de 3 tourelles séparées par deux petites plates faces. La tourelle centrale est la plus large ; elle est plate et présente un arc plein-cintre au sommet, comme les plates-faces. Les tourelles latérales ont la même hauteur que la centrale, mais elles sont en tiers-point, et elles sont munies de claires-voies retombantes, ainsi que de culots richement sculptés. Les 3 tourelles sont surmontées d'un gâble et de pinacles.

En 1891, cette configuration est inédite chez Martin Rinckenbach. On la retrouve à Phalsbourg (1896) mais avec des tourelles latérales prismatiques, et une ornementation néo-gothique. C'est aussi le cas, bien plus tard (1922) sur le malheureux orgue Joseph Rinckenbach de Steinbourg (qui eut un destin funeste), mais à nouveau avec une ornementation purement néo-gothique, et avec des plates-faces gémellées.

Les buffets de Werentzhouse (1889) et St-Louis-Bourgfelden (1899) sont également voisins, mais leurs tourelles latérales sont plates, et les plates-faces plates-faces gémellées.

En 1912, une disposition voisine sera adoptée pour l'orgue de l'institut des aveugles de Still (buffet aujourd'hui à Metz Queuleu) ; mais les plates faces y sont quadruples, et les couronnements moins développés.

Werentzhouse (1889) Werentzhouse (1889) Dietwiller (1891) Dietwiller (1891) Phalsbourg (1896) Phalsbourg (1896) Bourgfelden (1899) Bourgfelden (1899) Queuleu (1912) Queuleu (1912) Steinbourg (1922) Steinbourg (1922)

Ce dessin de buffet reste donc a priori unique et original. On ne sait pas qui a réalisé cette magnifique boiserie, mais il est probable que ce soit la maison Klem de Colmar, avec laquelle Rinckenbach aimait beaucoup travailler. (A la fois les archives Rinckenbach et les archives Klem sont perdues.) Mais cela pourrait aussi être la maison Boehm de Mulhouse.

Le panneau sculpté et ajouré sous la plate-face droite.Le panneau sculpté et ajouré sous la plate-face droite.

Caractéristiques instrumentales

Console:
La console Rinckenbach à Dietwiller.La console Rinckenbach à Dietwiller.

Console indépendante face à la nef, fermée par un couvercle basculant. Tirants de jeux de section ronde à pommeaux tournés munis de porcelaines, disposés en deux gradins de part et d'autre des claviers. Claviers blancs. Blocs claviers noirs.

Le tirant de la Voix céleste est assorti d'une recommandation : "Nicht mit dem Voller Werke ziehen" ("Ne pas tirer avec le tutti"), rappelant que - comme il s'agit d'un ondulant - il produirait un effet indésirable dans les registrations fortes.

La pédale d'expression est à cran, et n'a donc que 2 positions.

Commande de la tirasse et de l'accouplement par pédales-cuillers à accrocher. Chez Rinckenbach, l'expression du récit est toujours à cuiller en 1896 à Eichhoffen et Fouchy, en 1897 à Houssen. Le passage à la pédale basculante a eu lieu peu après.

Banc dont les pieds figurent une lyre (à 3 cordes), d'origine, mais malheureusement repeint.

Plaque d'adresse placée sur la traverse de la console, au-dessus du récit et au centre, disant, en lettres incrustées sur fond noir :

Martin Rinckenbach
Orgelbauer in Ammerschweier.
Ober-Elsas.

Le mot "Ammerschweier" serpente sur deux lignes. Le cadre extérieur est rectangulaire, sans ornement. Le dernier "s" de "Elsass" manque. On retrouve la "faute d'orthographe", corrigée par un "s" ajouté à Kingersheim (1891), Muttersholtz (1892), ou Lauw (1893).

La plaque d'adresse Rinckenbach à Dietwiller.La plaque d'adresse Rinckenbach à Dietwiller.
Transmission:

Mécanique à équerres.

Sommiers:

Sommiers à gravures. Le récit est en hauteur, à l'arrière.

Tuyauterie:
Une vue sur les pieds de la Trompette de pédale.
De chacun dépasse la rasette permettant d'accorder en immobilisant une partie variable de la languette.

Derrière la Trompette, il y a le Violoncelle de pédale, jeu emblématique de la facture
de Rinckenbach, et de l'orgue alsacien en général.
On distingue aussi en bas à droite une des brides en métal, peintes en noir,
qui ferment le tampon de laye, par où on peut accéder aux soupapes.Une vue sur les pieds de la Trompette de pédale.
De chacun dépasse la rasette permettant d'accorder en immobilisant une partie variable de la languette.
Derrière la Trompette, il y a le Violoncelle de pédale, jeu emblématique de la facture
de Rinckenbach, et de l'orgue alsacien en général.
On distingue aussi en bas à droite une des brides en métal, peintes en noir,
qui ferment le tampon de laye, par où on peut accéder aux soupapes.

Références Sources et bibliographie :

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Immatriculation de l'orgue actuel : F680072001P02
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